Phénomène de l’année 2014, HER explore les relations humains-machine avec une superbe précision. Dans une ambiance colorée et presque rassurante, Spike Jonze installe la réflexion dans un futur à peine anticipé. 

“Los Angeles, dans un futur proche. Theodore Twombly est inconsolable suite à une rupture difficile. Il fait alors l’acquisition d’un programme informatique ultramoderne, capable de s’adapter à la personnalité de son utilisateur. En lançant le système, il fait la connaissance de “Samantha”, féminine, intelligente et drôle…”

Voilà pour le contexte. Un énième film de SF ronflant ? Oh que non ! HER explore notre rapport à la technologie au sein d’un monde où le virtuel fait partie intégrante des communications. 

Pour l’amour du progrès 

Depuis les débuts de la science-fiction au cinéma (mais aussi dès les premiers romans d’anticipation), l’humanité s’est interrogée sur le potentiel intellectuel et émotionnel de la machine. Il en ressort, bien sûr, principalement une peur de se faire détrôner par un être supérieur. Le Metropolis de Fritz Lang en fait un bon exemple. Le discours a cependant évolué avec, notamment, les débuts de la robotique et les premiers androïdes et IA. Si on ajoute à cela le développement des réseaux digitaux, la machine ne fait plus peur mais interroge toujours autant. Elle est devenue une part essentielle de la société humaine et se perfectionne de plus en plus. 

Au cours de la fin des années 1990 et surtout des 2000’s va naître le questionnement grand public sur la sensibilité émotionnelle de ces êtres qui ressemble de plus en plus à leurs créateurs. Blade Runner et la soif de liberté des répliquants ou encore le bouleversant IA en sont les exemples les plus frappants. HER, quant à lui, apporte une dimension nouvelle à la réflexion en ce qu’il s’agit d’une histoire d’amour réciproque et surtout dont l’un des protagonistes n’a pas de corps physique. Peut-on tomber amoureux d’une machine ? Et cela, en sachant qu’il ne s’agit que d’une machine ou d’un programme ? Un tel amour peut-il être réciproque ? Une possibilité nous indique Spike Jonze dans un monde où le contact humain est une denrée rare et monnayable à merci. 

Les sentiments en question 

Le film installe surtout une réflexion de fond autour de la nature même de l’amour. Comment se crée-t-il finalement ? Qu’est ce que l’amour finalement lorsque l’on peut tomber amoureux d’une création virtuelle ? 

Ce questionnement est renforcé par le duo Joaquin Phoenix et Scarlett Johansson. La présence de cette dernière, en effet, est simplement induite par sa voix. L’actrice n’est donc pas à l’écran mais elle incarne bien le personnage. Elle est là et l’action et son partenaire interagissent avec elle.  

Her est un reflet à peine grossi de nos sociétés occidentales. Les couples formés via les réseaux sociaux sont devenus banals. En 2018, Akihiko Kondo épouse la popstar holographique Hatsune Miku. A une époque où les relations se digitalisent de plus en plus, comment définir le sensible, l’attachement et surtout l’amour ? Quelle valeur leur donner ? 

Ex machina, Alex Garland (2014)


AI, Intelligence artificielle, Steven Spielberg (2001)


Blade runner, Ridley Scott (1982)


Ghost in the shell, Mamoru Oshii (1995)