“Roman épistolaire”, tout de suite des images des cours de français barbants et surtout des épreuves du bac de français commencent à remonter non ? 

Et pourtant ! Le roman par lettres est l’un des exercices les plus périlleux de la littérature. Il s’agit de faire comprendre ce qui se passe tout en n’utilisant que le point de vue biaisé d’un personnage à chaque fois, et encore, ce qu’il veut bien en dire. C’est également l’occasion de faire un tour côté psychologie, expression des sentiments et tant d’autres choses qui permettent de faire monter la tension romantique. Convaincu ? Non ? Commencez par lire les romans qui suivent et si ça ne vous fais pas changer d’avis, on vous rembourse votre abonnement Netflix (disclaimer de la rédac: on ne peut pas, bisous).

Les liaisons dangereuses, Pierre Choderlos de Laclos, 1782 

Au petit jeu du libertinage, l’adorable Valmont et la délicieuse Madame de Merteuil se livrent à une compétition amicale et néanmoins acharnée : c’est à celui qui aura le plus de succès galants, et le moins de scrupules. Peu importent les sentiments, seule la jouissance compte. Les conquêtes se succèdent de part et d’autre, jusqu’à ce que Valmont rencontre la vertu incarnée : la présidente de Tourvel. Elle est belle, douce, mariée et chaste : en un mot, intouchable. Voilà une proie de choix pour Valmont : saura-t-il relever ce défi sans tomber dans les pièges de l’amour ? De lettre en lettre, les héros dévoilent leurs aventures, échangent leurs impressions et nous entraînent dans un tourbillon de plaisirs qui semble n’avoir pas de fin.

Est-il réellement nécessaire de commenter ici l’un des piliers du roman épistolaire voire même de la littérature galante (enfin presque) ? 

Le roman, s’il fut censuré longtemps, n’a pas manqué de captiver bon nombre de lecteurs et d’inspirer les auteurs comme les cinéastes. Stephen Frears signe, en effet, l’adaptation la plus célèbre avec au casting Glenn Close, John Malkovich, Michelle Pfeiffer et Uma Thurman mais on peut signaler aussi celles de Roger Vadim et Milos Forman. Roger Kumble signe également une adaptation moderne de l’œuvre avec Sarah Michelle Gellar et Reese Whiterspoon en 1999. Bref, culte ! Ne serait-ce que pour la fameuse lettre 48.

Le lys dans la vallée, Honoré de Balzac, 1835 

Il imagine son roman comme une confession. Félix de Vandenesse raconte, avant de l’épouser, ses amours passées à la comtesse de Manerville. Très jeune, au cours d’un bal, il couvre de baisers les épaules – d’une belle inconnue assise à ses côtés. Mme de Mortsauf était douce et maternelle. Il l’aima, et ce lys dans une vallée de Touraine brûla d’amour pour lui. Son mari ne vivait que pour la défunte monarchie, et Félix quitta la vallée pour une brillante carrière politique et mondaine à Paris, au bras d’une sensuelle marquise anglaise. Mme de Mortsauf avait la beauté d’un ange, elle le devint.

Longue confession d’un homme rongé par une histoire qu’il n’arrive pas à oublier, le Lys dans la vallée c’est surtout les lettres qui ne parviennent pas à faire message, qui n’atteigne jamais un vrai échange.

Julie ou la nouvelle Héloïse, Jean-Jacques Rousseau, 1761 

«J’ai vu les mœurs de mon temps, et j’ai publié ces lettres» : c’est par ces mots que l’«éditeur» Rousseau ouvre La Nouvelle Héloïse, correspondance amoureuse entre Julie d’Étange et son précepteur Saint-Preux. Sur les rives du lac Léman, ces «belles âmes» forment une petite société idéale, où priment les passions douces et la sincérité du sentiment, à l’écart des maux de la civilisation. Dans la lignée des Lettres persanes de Montesquieu, Rousseau conçoit son œuvre comme un laboratoire d’idées nouvelles, qui concentre les questionnements de son époque sur l’homme et ses passions. Roman d’amour, chant élégiaque, mais aussi fiction expérimentale au croisement de l’anthropologie et de la politique : La Nouvelle Héloïse, plus grand succès de librairie de son temps, consacre avec éclat les noces du roman et de la philosophie au XVIIIe siècle. (Editions Flammarion) 

Julie d’Etange, d’origine noble, aime son précepteur, Saint-Preux qui lui est issu d’un milieu modeste. Après avoir lutté en vain, il s’abandonne à leur passion en secret. 

Julie ou la Nouvelle Héloïse est un véritable prototype du mouvement romantique. On y retrouve, en effet, l’exaltation des sentiments et la plainte envers la fatalité de ceux à laquelle personne ne peut échapper.

Lady Susan, Jane Austen, 1794 (publié en 1871) 

Lady Susan est une mère moderne et surtout une femme qui aime entretenir flirts appuyés et l’attention qui lui ai portée. Traversant une mauvaise passe financière, elle cherche à marier sa fille, Federica, avec un riche époux et envisage elle-même de se remarier malgré son goût de la vie de séductrice libre. 

Il s’agit là de l’une des premières oeuvres importantes de l’autrice d’Orgueil et Préjugés. Plutôt court, le roman n’en est pas moins caustique et engagé contre la dépendance des femmes envers le mariage.

Les souffrances du jeune Werther, Johann Wolfgang von Goethe, 1774

Quête d’absolu, transcendance de l’amour, lyrisme de la douleur… il s’agit bien là d’un des plus célèbres textes fondateurs du Romantisme. Werther, perché sur le pic solitaire de la passion qu’il éprouve pour Charlotte, est en proie au vertige. L’objet de son désir n’est autre que la fiancée de son meilleur ami, mais la pureté de son âme ne saurait tolérer l’idée même d’une trahison. (Babelio)

Premier roman d’un certain Goethe, l’oeuvre est un véritable condensé du tout ce qui fait le mouvement romantique. L’homme y est sensible, vulnérable et malgré ses efforts ne peut se soustraire à la souffrance inhérente à chaque être sensible. 

Le roman fut controversé lors de sa parution, principalement en raison du thème du suicide qui était encore très tabou dans une société judéo-chrétienne. Il inspire cependant, plus tard, nombre de monument de la littérature classique comme Victor Hugo, Alfred de Vigny et Alfred de Musset …