La chaîne Syfy lance en juin 2017 sa série titrée : Blood Drive – a Syfy Grindhouse Serie. Celle ci fut créée par James Roland et propose dans les rôles principaux Alan Ritchson (Smallville) et Christina Ochoa (Matador). Un teaser haut en couleurs, une violence débridée et sans tabou qui promettent de bien “beaux” moments pour les fans du genre.
Petit point scénario: Dans un futur proche, la population est confrontée à la pauvreté et à la sécheresse. Quant au pétrole, il vaut une fortune. Aussi la tentation de s’en sortir en empochant 10 millions de dollars à l’issue d’une course mortelle est très forte. Le problème est que les voitures fonctionnent toutes au sang humain, impliquant ainsi quelques sacrifices afin d’atteindre le finish. Considéré comme le dernier bon flic de Los Angeles, Arthur Bailey se retrouve embarqué malgré lui dans la Course de Sang aux côtés de l’effrontée Grace laquelle est prête à tout pour remporter la mise. Le duo s’entretuera-t-il avant d’avoir franchi la ligne d’arrivée ?
Alors Blood Drive, héritier de la bombe Grindhouse ou coup de pub sans intérêt ?
. Dans le sillage de la bombe G(rindhouse)
L’univers Grindhouse trouve ses racines dans la diffusion des sulfureux “films d’exploitation” des années 50/60’s. Ceux ci, produits à bas budget et jugés trop obscènes pour le grand public, sont alors projetés dans des salles de théâtres prévues à cet effet qui deviendront les “Grindhouses”. Explosion de sang, sexualité et violence débridées sont quelques unes des caractéristiques historiques du genre.
Les réalisateurs Quentin Tarantino et Robert Rodriguez tous deux cinéphiles nostalgiques et grands amateurs de scènes trash, sortent en 2007 leur double programme Grindhouse. Celui ci comprend les longs métrages Death Proof (Q.Tarantino) et Planet Terror (R.Rodriguez). Ils poseront ainsi les bases du style Grindhouse moderne à base de CGI invraisemblables.
La série Blood Drive s’insère ainsi parfaitement dans ladite esthétique Grindhouse par des images aux contrastes forts (voire à s’en décoller la rétine) ainsi qu’une sorte de grain sur l’image qui n’est pas sans rappeler celles des années 50. Nostalgie, par ailleurs, récurrente dans l’ensemble des aspects du genre.
Digne héritier du Grindhouse moderne, Blood Drive l’est également dans la place importante qu’y prend l’humour. Un comique certes spécial mais qui reste intrinsèquement lié au Grindhouse via des situations “hardcores” poussées jusque dans l’extrême ainsi qu’un goût certain du spectacle grandiloquent à la manière des freakshow du siècle dernier. Cet esprit se cristallise d’ailleurs dans le personnage de Julian Slink merveilleusement interprété par Colin Cunningham (Elektra, Stargate SG-1).
Blood Drive réunit donc tous les ingrédients du bon élève.
. Road trip chez les zombies
La série nous promet ainsi un grand moment de divertissement avec ses cannibales, nymphos et autres amazones. C’est effectivement une véritable “foire aux dépravés” qui se jouent à chaque épisode tant la violence et les “hors la loi” de la société y sont dépeints. Aucun sujet, habituellement tabou n’y est laissé pour compte. On y rencontre, alors au détour d’un épisode, des exhibitionnistes, des sectes, psychopathes et autres scatophiles.
La place que prennent les grosses mécaniques y est également très importante. Si il s’agit, en effet, du point de départ du scénario, elles sont toutefois érigées en une sorte de culte aux grosses cylindrées. Motos ou voiture de sport, elles sont partout ! La place qui leur est accordée est presque aussi importante que les personnages principaux.
Cet intérêt est d’ailleurs l’un des points centraux de l’univers Grindhouse. Les voitures mais aussi la route, elle même rappellent, en effet, la symbolique du héros badass à la manière des blousons noires mais aussi du poor lonesome cowboy des westerns.
Elle tient également une place toute particulière ici puisqu’elle est au centre de toutes les préoccupations: n’oublions pas qu’il s’agit de la Course de Sang !
. Lobotomie Corporation
Le côté dénonciateur des oeuvres Grindhouse n’est également pas en reste. Il s’adapte aux grandes questions de nos sociétés actuelles. Les grands méchants sont donc ici la toute puissante Heart Entreprise laquelle n’est pas sans rappeler la E Corp de la série Mister Robot. Ce sont ainsi les lobbys et principalement leur ascension fulgurante à l’échelle du pouvoir mondial qui est mis sur le devant de la scène.
A l’écran, Heart Entreprise lobotomise les populations à coup de divertissement toujours plus insensés et n’a de cesse de leur faire miroiter une vie meilleure voire la Gloire avec un grand G via des compétitions comme la Blood Drive. Heart Entreprise semble tout posséder jusqu’à nos pensées et nos rêves via ses émissions de télé réalité et ses publicités.
La structure même de la série va dans ce sens puisque le principe de la Blood Drive à l’écran est .. une série de télé (presque) réalité.
Blood Drive est donc le digne héritier de l’esprit Grindhouse sans nul doute. Tous les ingrédients y sont réunis. Si elle s’est faite plutôt discrète au moment de sa sortie, on ne vous recommendera que trop de la visionner si vous êtes un fan du genre. Si elle ne comporte qu’une saison, l’ensemble est toutefois parfaitement complet et particulièrement jouissif.