Le 3 septembre dernier, la famille de Peter Lindbergh annonce la mort du photographe et réalisateur à l’âge de 74 ans. Le monde de la mode est en deuil. Retour sur une carrière qui a définitivement laissé son empreinte.
Peter Brodbeck (aka, plus tard, Lindbergh) naît le 23 novembre 1944 dans la ville de Lezno en Pologne. Il s’intéresse très vite à l’art et suit les cours de l’école des Beaux Arts de Berlin. Il collaborera, par la suite, avec les marques et les médias les plus prestigieux. Naomi Campbell (dont il a contribué au lancement sur les podiums), Estelle Lefébure et bien d’autres passeront ainsi devant son objectif. Plus récemment, il collabore avec Megan Markle pour la couverture du Vogue UK de Septembre 2019 (la fameuse September Issue).
Ce sont les années 1980’s et surtout 90’s qui figureront la période charnière de sa carrière en ce qu’il participera à la création du mouvement que l’on nomme plus tard, les “super models”. Ces femmes seront à l’image de cette période : fortes et libres, de vraies business woman qui n’ont rien à envier aux hommes et n’ont peur de rien.
Les femmes sont d’ailleurs le sujet de prédilection de Peter. Il préfèrera toutefois se revendiquer “photographe du côté des femmes” et non “photographe féministe”.
La femme Lindbergh est donc libre, belle, audacieuse mais surtout pas parfaite car c’est là que réside sa personnalité et sa beauté. Androgyne, le minimalisme cher au photographe fait ressortir un magnétisme intemporel.
Le photographe a ainsi en horreur, et ce dès le début de sa carrière, les retouches lourdes en post-production et lui privilégie le travail par la caméra. “C’est là le vrai sport de la photographie”, insiste-t-il dans une interview pour le Festival Planche(s) Contact (Deauville,14).
Sa composition souvent très simple, naturelle, traduit sa vision du monde épurée et naturellement ciselée. Beaucoup de noir et blanc, peu de maquillage, tout est fait pour se concentrer uniquement sur son principal outil de travail : la lumière.
Le caractère narratif de ses photos ajoute alors un grain onirique à un artiste dont les plus grandes influences ont été : le Metropolis de Fritz Lang (1927), le vieux cinéma allemand et les cabarets. « La beauté, c’est la vérité », déclarera – t – il à Libé en 2014.
C’est ainsi bien plus qu’un simple photographe de mode qui disparaît. C’est un monstre sacré.
A lire :
Peter Lindbergh, A different vision of photography, éditions Taschen
Publié en lien avec la grande rétrospective proposée par le Kunsthal de Rotterdam, aux Pays-Bas, cet ouvrage rassemble plus de 400 images réalisées par Lindbergh en quarante ans de carrière et rend ainsi hommage à sa façon si singulière de raconter la mode et ses bouleversements.