Ca y est ! Le premier grand festival de cinéma de l’année s’est terminé et le moins qu’on puisse dire c’est que ce ne fut pas de tout repos.
Du 20 février au 1er mars, en effet, se tenait la 70e Berlinale (aka Festival international du film de Berlin). C’est un duo de dirigeants qui signe sa première édition cette année, à savoir Carlo Chatrian (ancien directeur artistique du Festival de Locarno) et Mariette Rissenbeek (ex gérante de la section parallèle German Films). Ces derniers remplacent Dieter Kosslick, en poste depuis 2001.
Cette édition, si elle est certes moins controversée que sa soeur française, n’en demeure pas moins riche de moments forts.
Palmarès
. Ours d’or : There Is No Evil, Mohammad Rasoulof
. Ours d’argent/ Grand prix du jury : Never Rarely Sometimes Always, Eliza Hittman
. Ours d’argent/ Mise en scène : The woman who ran, Hong Sang soo
. Ours d’argent/ Meilleure actrice : Paula Beer pour Ondine (Christian Petzold)
. Ours d’argent/ Meilleur acteur : Elio Germano pour Caché (Giorgio Diritti)
. Ours d’argent/ Meilleur scénario: Favolacce, Damiano et Fabio D’innocenzo
. Ours d’argent / Meilleure contribution artistique : Jürgen Jürges pour la photographie dans DAU. Natasha
. Ours d’argent du 70e anniversaire : Effacer l’historique, Benoît Delépine et Gustave Kervern
. Ours d’or d’honneur : Helen Mirren
Une édition à haute valeur engagée
Une minute de silence fut observée avant la projection du film d’ouverture, My Salinger Year (par Philippe Falardeau avec Sigourney Weaver), en hommage aux victimes de la double fusillade ayant fait neuf morts à Hanau, près de Francfort. L’équipe du festival déclare un peu plus tôt dans un communiqué “sa détresse et sa peine” après ces événements à caractère xénophobe et affirme son engagement contre la violence.
La polémique était malheureusement également de la partie. Des propos de Jeremy Irons datant de 2016, en effet, ont été exhumés et ont été largement diffusé afin de contester sa légitimité à la présidence du jury de cette année. L’acteur qui avait déclaré au cours d’une conférence de presse que “l’avortement est un péché” (mais aussi “ qu’elle devrait avoir le droit de choisir”) est revenu sur cette déclaration et mentionne qu’il a “évolué” et soutient désormais des associations pro IVG et contre les violences faites aux femmes.
Les révélations sur le passé nazi d’Alfred Bauer, fondateur de la Berlinale, ont également secoué la sphère du cinéma. Il était effectivement de notoriété publique qu’il avait travaillé avec l’office du cinéma du gouvernement nazi au cours des années 1940. Un article de l’hebdomadaire allemand Die Zeit indique toutefois que sa filiation avec ledit gouvernement serait plus étroite que cela. L’administration du festival a alors très vite annoncé la suspension du prix Alfred Bauer qui récompensait jusqu’ici une oeuvre qui ouvre de nouvelles perspectives ou offre une vision esthétique novatrice et singulière. Une enquête est ouverte et le prix est remplacé par un ours d’argent.
L’un des pics de cette édition restera cependant la remise de l’Ours d’or à Mohammad Rasoulof pour son There Is No Evil mosaïque de quatre histoires traitant de la peine de mort en Iran. Le film, tourné illégalement, et le statut de son réalisateur considéré comme un dissident par le gouvernement iranien ne lui ont pas permis de se rendre en Allemagne pour le festival. C’est sa fille, Baran Rasoulof, également actrice dans le film qui est venu chercher le prix à sa place. Un moment fort en émotion…
Un palmarès attendu quoique très riche, de l’engagement et de l’émotion sont les éléments principaux de cette nouvelle édition. Une Biennale qui ouvre la voie à une année 2020 qui s’annonce riche en cinéma.