L’Afrique évoque beaucoup de choses et pas forcément que des joyeusetés. Colonisation, guerre, famine sont quelques unes de ces fameuses notions qui viennent à l’esprit. Une face sombre du continent qui en fait pour le cinéma l’occasion parfaite de dénoncer, démontrer et parfois de rendre hommage. Ames sensibles s’abstenir…
Enfer et paradis enchaînés
Si l’Afrique bénéficie d’une place de choix quand il s’agit de parler liberté, grands espaces et nature florissante, elle abrite aussi quelques-unes des pires calamités de ce monde. La guerre, la pauvreté et le racisme, par exemple (et c’est déjà bien assez), sont encore largement au centre des histoires africaines portées au cinéma.
La liberté originelle de ce jardin d’Eden se transforme alors en déchaînement des pires passions. Les luttes pour le pouvoir, la soif de violence et de sang dépeintes dans de nombreux blockbusters en font un lieu en dehors du temps.
Souvent inspirés de faits réels, la majeure partie des histoires portées à l’écran le sont bien souvent par des occidentaux. Les conflits tribaux et les traditions depuis longtemps oubliés ou du moins remisés par ces pays dits du Nord constituent alors une preuve dans la théorie de la violence originelle de ces populations. Ce point de vue ne constitue alors qu’une nouvelle pierre à l’édifice d’une vision de l’Afrique, peut être déformée mais surtout largement répandue.
Le capitalisme et la nature
Une guerre plus récente se joue également au sein de ce continent africain. Du fait de son statut d’un dernier espace sauvage de la planète, au même titre que la forêt amazonienne, elle figure le terrain de bataille privilégié des fables et paraboles écologistes. Le capitalisme et sa soif de pouvoir détruit alors l’harmonie qui règne sur cette terre (la Terre) armé de son industrie.
“Je suis amoureuse d’une terre sauvage. Un sorcier vaudou m’a peint le visage. Son gri-gri me suit au son des tam-tams. Parfum de magie sur ma peau blanche de femme”
Les paroles de Rose Laurens (Africa, 1982), outre leur qualité au sein de toute bonne playlist (oui, oui), dépeignent tout à fait l’une des facettes les plus répandues du continent africain à l’écran. L’Afrique, donc, sa terre rouge, vierge et sauvage fait rêver d’aventure. Une terre de mystère qui fait la joie de nombreux films à succès. Plongée au cœur du mythe…
Une terre sauvage
Encore assez peu industrialisé, le continent africain est très souvent décrit par ses grands espaces et la grande liberté des hommes et des bêtes. Une harmonie des premiers âges semble s’échapper du mythe. Une ambiance qui appelle à l’exploration voire aux péripéties romantiques.
La romance y voit ainsi un terrain parfait pour le déchaînement de ses passions. La liberté de la nature environnante fait alors écho aux intenses sentiments exprimés à l’écran. On pense évidemment à Out of Africa de Sydney Pollack (1986).
Cette harmonie de la nature et de l’homme figure également un prétexte de choix pour un message à visée plus politisée. L’aventurier romantique à la manière du XIXe y voit, en effet, LE lieu pour fuir le capitalisme, l’industrialisation, la dépression, l’aliénation (rayez la mention inutile). Suivant Rousseau et de son bon sauvage (Discours sur l’origine des inégalités parmi les hommes, 1755), “l’homme naît bon, c’est la société qui le corrompt”. La fuite vers la mystérieuse et sauvage Afrique permet ainsi de mettre en évidence ce point à la Into the Wild (Sean Penn, 2008).
La nature africaine est un personnage à part entière. Elle ne fait ainsi pas simplement office de décor mais elle transforme l’histoire, délivre un message et joue avec celui-ci tout autant que les acteurs.
Une terre sacrée
L’environnement africain à l’écran n’est pas anodin. C’est la Nature avec un grand N. Le continent africain et malgré les différentes colonisations n’a pas perdu son mystère. Face à sa présence, l’homme ne peut y être maître mais redevient un élément du tableau. Ce même tableau qui semble dépeindre les âges originels voire le commencement de tout.
La magie fait alors partie à part entière de cette terre aux accents spirituels de paradis perdu.
L’image largement répandue de l’Afrique au cinéma est cependant véhiculée en majeure partie par les films à succès occidentaux. L’Afrique, au même titre que l’Asie, dégage ainsi un mystère mais surtout un exotisme presque ésotérique aux yeux de l’Occident pour qui ces lieux et ces cultures paraissent plus qu’éloignés. Le regard de l’africain sur sa propre terre est ainsi encore très peu connu même s’il tend petit à petit à faire sa place.
Out of Africa, Sydney Pollack, 2008
Les dieux sont tombés sur la tête, Jamie Uys, 1980
Ah ! L’Afrique ! Sa savane, ses villages et ses safaris transpirent l’aventure. Cette image très romanesque ne cache pas cependant que le continent africain reste encore, en effet, bien mystérieux aux yeux de l’Occident. Et pour cause ! Citez moi un film sur ou autour de l’Afrique tourné par des africains. A moins d’être un peu calé, il y a peu voire aucune œuvre qui viennent immédiatement à l’esprit.
Une chose à mettre au clair tout de suite, il n’existe pas UNE cinématographie africaine mais plutôt panafricaine, multiple. Si celles-ci ont de la peine à s’imposer pour le moment, elles ne sont pas inexistantes pour autant…
Une industrie jeune
Le cinéma africain est encore très récent. Au Maghreb, c’est seulement après les indépendances que l’on a pu voir timidement émerger une scène autochtone. L’Afrique noire, quant à elle, subit encore les répercussions de la colonisation. Le regard et la culture africaine, largement orale, ayant été invisibilisés (coucou Nicolas Sarkozy et l’Afrique sans histoires), les cinématographies peinent à se mettre en place.
Qu’il s’agisse de l’animation ou de la prise de vue réelle, on note jusqu’ici peu de productions et surtout très peu de carrière à l’international.
Le manque d’infrastructures et des conditions économiques nécessaires ne permettent pas encore le développement d’une industrie. Le cinéma africain dépend encore largement des aides économiques extérieures.
Si un peu plus d’œuvres nous parviennent du Maghreb, les professionnels, réalisateurs, scénaristes ou acteurs, débutent souvent leur carrière en Occident et notamment en France. Gad Elmaleh ou Jamel Debbouze, par exemple, sont tous les deux des produits de l’industrie cinématographique française voire américaine. Ceux-ci n’hésitent pas cependant, et de plus en plus, à mettre en place des actions à divers niveaux pour porter le regard sur leur pays d’origine comme c’est le cas avec le Marrakech du rire initié par Jamel Debbouze.
Le continent africain dispose, de plus, d’un réseau de distribution extrêmement réduit. Très peu de salles sont implantées sur le territoire. La visibilité des regards africains passe donc grandement par les festivals comme le FESPACO, le Festival Panafricain du cinéma et de la Télévision à Ouagadougou au Burkina Faso.
Une grande partie de la population étant encore rurale, cependant, l’accès à ces événements pour les habitants est réduit d’autant plus. Des festivals itinérants ont, certes, vu le jour mais ne permettent pas encore l’accès à tous.
L’arrivée du numérique et de ses outils laisse cependant préfigurer un essor tant du domaine de la distribution que de la production.
Mais dynamique
L’essor de la vidéo a permis, en effet, une démocratisation des outils et donc des techniques créatives. Le matériel est moins coûteux que les appareillages plus classiques à la Spielberg et laisse une grande liberté de tournage. Le rendement peut alors être extrêmement rapide puisque la majorité de ces films sont tournés en 15 jours environ. Faute, cependant, d’un réseau de salles conséquent, ils sortent en grande partie directement en DVD ou via le streaming.
On voit alors s’esquisser un début d’industrie prometteuse avec notamment Nollywood au Nigéria. Il est à remarquer, d’ailleurs, que les pays francophones usent d’une démarche inspirée de la philosophie du cinéma d’auteur quand les anglophones lui préfèrent un côté plus industriel (de là à sauter en conclusion….).
Des thèmes et une autre vision de l’Afrique
Le continent n’est, malgré tout, pas absent des écrans. Il y tient, en effet, une bonne place au panthéon des mythes. Tantôt idéalisée, tantôt démonisée, la terre africaine doit principalement sa présence au cinéma au regard occidental. Des films comme Out of Africa (Sydney Pollack, 1986), Blood Diamonds (Edward Zwick, 2007), le Roi Lion (Roger Allers et Rob Minkoff, 1994) ou encore les documentaristes Raymond Depardon avec Afriques : Comment ça va avec la douleur (1996) et Jean Rouch l’ont certes mise à l’honneur mais ces œuvres restent des visions occidentales du continent.
Si les pays africains ne disposent pas en majeure partie des conditions économiques nécessaires pour permettre l’essor d’une industrie, on voit toutefois émerger ces dernières années des œuvres saluées par la scène internationale. Remarquons, par exemple, Rafiki de Wanuri Kahiu qui fut présenté au Festival de Cannes 2018 et qui dénonçait la pénalisation de l’homosexualité au Kenya.
L’appui du réseau de distribution occidental (salles et festivals) ainsi que les aides financières permettent de faire émerger récemment une voix africaine. De plus en plus d’œuvres et d’artistes sont ainsi mis en avant (doucement certes) et permettent de faire connaître le regard de cette cinématographie sur le pas de tir. Ce regard “de l’intérieur” permet alors de figurer une Afrique et ses populations sous un jour plus complexe que la version romantisée des productions occidentales. Les thèmes les plus souvent utilisés sont la violence, la guerre ou encore l’immigration ou la diaspora.
Les cinématographies africaines sont encore en plein développement. Ces dernières années ont cependant permis l’essor de quelques films notables à l’international et ce plus souvent qu’alors, ce qui laisse présager de bonnes augures pour un regard encore trop méconnu.
Seuls siègent à la table ronde les chevaliers au cœur pur et surtout… viriles. Les femmes sont très minoritaires (disons le comme ça) parmi les légendaires gouvernants du royaume celte. L’histoire arthurienne comporte cependant une sélection plutôt garnie de femmes fortes et complexes. Ces figures féminines, donc, s’imposent et,il est bon de le mentionner, certaines de leurs actions changent même le cours de l’histoire.
Des femmes duelles et entières
Morgane, Viviane (ou Nimue suivant les versions), Guenièvre ou Ygraine, les femmes sont plutôt bien représentées à Camelot.
Celles-ci sont d’ailleurs loin de l’image de la pure jouvencelle de chevalerie. Morgane, demi-sœur d’Arthur, est sans doute l’une des plus célèbres. Magicienne, elle aime son frère autant qu’elle le déteste. Prêtresse de l’ancien culte, elle est souvent associée à l’île d’Avalon où elle emmène le roi mortellement blessé. Elle est souvent décrite comme malheureuse en amour et ayant des amants avec qui elle complote pour tuer Arthur. Elle est parfois présentée comme la mère de Mordred, enfant illégitime qu’elle aurait eu avec son frère et qui blessera à mort ce dernier. Ni totalement méchante, ni totalement pure, elle représente une image de la femme rebelle et indépendante.
A l’inverse de Guenièvre, l’autre figure mythique de ce panthéon, qui tend à se rapprocher plutôt de la femme soumise et délicate. Une image qui subira toutefois un petit choc par son amour infidèle avec le chevalier Lancelot du Lac. Elle devient alors l’étincelle qui détruit l’équilibre. A son tour, Guenièvre est alors une figure duelle, un peu plus complexe que la princesse Barbie/Disney/vierge en détresse.
Viviane, tout comme Morgane, est une magicienne et, tout comme elle, son image oscille entre ombre et lumière. Si c’est elle qui donne l’épée Excalibur à Arthur, c’est elle également qui emprisonne Merlin dans une prison de courants d’air.
Un panthéon féminin plus complexe qu’il en a l’air donc mais qui semble presque symboliser les différents archétypes du visage de la féminité. Suivant cette idée, Morgane représente alors la sorcière, Guenièvre, la sainte, Ygraine, la mère. Une analyse qui, toutefois, est soumise à notre regard moderne.
Mythes et lectures
Des analyses de ces figures, il y en a eu au cours des siècles. La figure de Morgane, par exemple, subit de nombreuses altérations suivant les époques. D’abord prêtresse de l’ancien culte, elle devient sorcière malfaisante à l’apogée du christiannisme. Dans une lecture plus politisée du mythe, Morgane et la Dame du Lac, Nimue, représentent alors l’ancien culte qui tente de survivre malgré la christianisation massive des contrées celtiques. Leur rébellion symbolise alors la résistance des croyances traditionnelles face au monothéisme. Les diverses attaques de Morgane contre la table ronde deviennent alors le symbole d’un paganisme qui tente de survivre face à l’oppresseur symbolisé par la quête de l’artefact ultime, le Graal.
Il existe de nombreuses lectures diverses des figures féminines au sein du panthéon arthurien. Les différentes versions et surtout les différentes époques traversées n’ont fait qu’ajouter des couches à leur mystère. Ce côté universel du mythe est d’ailleurs ce qui en fait une grande inspiration encore aujourd’hui. Il est encore tout à fait malléable malgré les (très) nombreuses interprétations qui en ont été faites. La légende arthurienne a ceci de plus qu’elle fait la part belle aux femmes et surtout à des femmes puissantes dont l’image ne cesse de se transformer.
S’il est une figure mythique du cercle arthurien, c’est bien Merlin. Le fameux magicien est, en effet, l’une des pierres angulaires de la légende. Il est sorcier, guérisseur, orateur et fin diplomate. C’est surtout le conseiller privilégié du roi Arthur. Une figure protéiforme, donc, qui perdure encore de nos jours sous bien des visages grâce à la littérature, la peinture mais aussi le cinéma…
“C’est un…un druide”
Merlin c’est avant tout une figure protéiforme. Entre les différentes sources autour de la légende de la Table ronde et les interprétations qui en ont été faites ensuite, il est bien difficile de cerner le personnage.
Il est le fils d’un démon, voire parfois, selon certaines versions, du Diable lui-même et d’une humaine. Cette jeune femme, devenue plus tard une religieuse sous la plume du clergé catholique, se serait donc fait abuser par le malin et mis au monde un bébé d’une apparence pour le moins inhabituelle. Il est en effet extrêmement poilu et fait preuve rapidement d’une très grande intelligence. Il aurait ainsi défendu sa mère et ainsi évité la mise à mort pour cause de grossesse non maritale.
Tel père, tel fils comme on dit. L’étude des versions antérieures à la christianisation massive rapporte cependant que Merlin serait plutôt le fils d’un dieu celtique. L’idole païenne serait donc devenue démon avec le temps.
Le mythe peut être lu et relu de diverses manières. La zone géographique, l’époque et bien d’autres variables entre en compte quant à la forme que prend la figure du sorcier… et c’est bien ce caractère universel qui en fait un mythe.
Il a donc traversé les siècles et fut, dans les années 1800, rapproché du druidisme que l’on redécouvre alors. De ces prêtres celtiques, on ne sait pas grand-chose mais la légende en a fait des magiciens, patrons de la nature et du cycle de la vie. Merlin devient alors la parfaite personnification de ces mystérieux personnages.
Sorcier, druide, conseiller mais aussi barde qui voyage et fait les mythes, notre cher Merlin est l’un des incontournables de tout scénariste.
Merlin ou le complexe du mentor
Le sorcier est avant tout rendu célèbre pour avoir veillé sur le roi Arthur. Conseiller et ami, il est surtout son mentor. C’est lui qui dirigera le futur roi des Bretons vers sa fabuleuse destinée. Il lui enseignera par la suite comment gouverner avec sagesse et bienveillance tout au long de son temps passé à la cour.
Merlin, souvent représenté vieillard à la barbe blanche, est donc l’ancien ou plutôt le mentor. Il est celui qui éclaire le chemin et permet de passer à l’âge adulte.
Ses mystères et secrets le rapproche alors de la Nature qu’il symbolise en tant que druide ou fils de dieu païen. On lui accorde souvent un air un peu joueur voire carrément loufoque, mélange de l’enfantin caprice et de la plus grande sagesse qui participe de son côté insaisissable.
Aussi célèbre que le Roi Arthur, le sorcier a ainsi traversé les âges et est aujourd’hui une source d’inspiration plus ou moins assumée dans tous les arts et surtout le cinéma.