Comment faire une série sur le Cameroun sans parler du slam et de ce fait, sans parler de l’artiste bamiliké (peuple de l’Ouest du Cameroun) LYDOL ?
Tout d’abord, petit point sur la pratique du slam qui, en France, a été popularisé surtout par Grand Corps Malade. Le slam est un genre musical qui peut être défini comme de la poésie déclamée, accompagnée ou non par de la musique. Le slam est bien souvent un genre engagé et le texte est au centre de l’œuvre.
Le slam est donc militant et on peut dire que Lydol l’est également. Ses thèmes de prédilections sont l’égalité des genres, la violence basée sur le genre et la défense du patrimoine camerounais. Elle a d’ailleurs créé une association de défense des droits des femmes au Cameroun en 2022 appelée SheHeroes.
Lydol a toujours écrit sans vraiment y réfléchir jusqu’en classe de première où elle découvre l’œuvre d’Engelbert Mveng « Balafon ». Elle fait alors attention à son écriture mais n’ose toujours pas partager ses écrits. C’est alors en 2016, dans l’émission “l’Afrique a un incroyable talent” que le grand public la découvre. Elle subjugue le jury (composé à l’époque de Angélique Kidjo (Chanteuse d’origine béninoise multi récompensée et reprise par les Kid’s United…), Claudia Tagbo (Humoriste originaire de Côte d’Ivoire) et Fally Ipupa (Chanteur né à Kinshasa au Congo) – et oui quand même !) quand elle improvise à partir de mots proposés par ce dernier. Lydol n’était pas étrangère aux scènes et aux compétitions avant ce coup de projecteur mais il faut bien avouer que le passage à la télévision accélère les choses.
En 2018 elle sort son premier album « Slamthérapie », titre évocateur qui évoque le pouvoir de cet art sur sa vie. Le titre phare de l’album est alors Le Ndem : une ode au Camfranglais, langue argotique mélange du français, de l’anglais et de mots provenant de plusieurs langues ethniques parlées au Cameroun. Le succès est au rendez-vous mais il faut tout de même préciser qu’au Cameroun se faire une place dans le milieu de la musique reste très compliqué d’autant plus dans le milieu du slam, peu connu du grand public et qui reste un domaine très urbain, et surtout assez masculin.
Mais Lydol s’accroche et continue sur sa fabuleuse lancée ; entre ateliers slam, concerts et compositions de morceaux, personne ne semble l’arrêter. Elle collabore avec des artistes de premier plan du paysage culturel camerounais : l’humoriste Ulrich Takam, le chanteur Aveiro Jess ou encore Cysoul avec qui elle signe un duo en 2023. Qui est aussi la date de sortie de son nouvel album “Hybrid”. L’ album qui porte bien son nom car elle continue à aborder tous ses thèmes de prédilection en collaborant avec de multiples artistes, ce qui prodigue à l’album une variété dans les styles musicaux.
Gardez ce nom en tête ; non seulement ses textes sont travailés mais elle est aussi un sacrée performeuse. Lors de ces concerts elle donne tout : slam, danse, tenues de scène, énergie et tout sourire ! Un vrai bonheur. Sachez que peu importe votre humeur du jour, il y aura un titre de Lydol fait pour vous aujourd’hui !
Que celles et ceux qui kiffent Basquiat lève la main et s’attarde sur cet article !
Nous allons vous parler ici de l’artiste camerounais KEULION. Il nous vient de Banka, dans l’Ouest Cameroun et a étudié … les mathématiques ! Puis il s’est tourné vers l’art travaillant sur plusieurs supports au fil de sa carrière : peinture, graff, body painting…
Son style est très graphique, inspiré par des formes géométriques et en lien avec les symboles utilisés notamment sur le tissu Ndop (tissu camerounais typique de l’Ouest du Cameroun, porté par les notables, rois et reines). Il travaille aussi beaucoup autour de la représentation du masque ; objet très important dans les cultures de l’ouest africain (non, repose ce masque que tu as dans les mains alors que tu te trouves en Afrique du Sud !… Mais il est possible d’en trouver en Côte d’Ivoire, au Congo, au Nigeria, au Burkina Faso, au Gabon ou encore au Mali etc…). Comme beaucoup d’artistes camerounais, Keulion essaie de faire le lien entre son travail et la tradition, l’histoire du Cameroun en ancrant cette iconographie dans son travail, en la révélant au monde. Keulion s’est bien entendu inspiré des cultures africaines, des ancêtres mais on peut aussi y trouver une touche de Basquiat dans ses œuvres.
De loin on peut se perdre dans les méandres de ses lignes, de ses couleurs ; il casse un peu les codes classiques du graff et offre aux yeux un savant mélange dynamique, plein de vie.
En plus de s’illustrer et de se faire sa place sur le marché international de l’art, Keulion a à cœur de rendre le monde un peu meilleur, en tout cas plus beau. C’est pour cette raison que vous pourrez admirer plusieurs de ses œuvres dans différents endroits de la ville de Douala et de Yaoundé ; alors, gardez les yeux bien ouverts !
Vous savez il y a ce genre de personne qui semble avoir tout dans la vie ; succès, génie artistique, style, gentillesse… et j’en passe ! Et bien l’artiste présenté dans cet article fait partie de cette population. Je vous vois venir le style et surtout l’art ça reste subjectif tout ça tout ça, mais quand même, ouvrez vos chakras vous n’allez pas être déçu.e !
Arnold Fokam a très vite décidé de se consacrer à sa passion du dessin. Directement après le bac il intègre l’Institut des Beaux-Arts de l’Université de Nkongsamba / Douala. Il en ressort diplômé et explore en premier lieu la peinture sur toile avant d’expérimenter plus tard d’autres pratiques.
Il travaille entre Nkongsamba et Douala – ville du peuple Sawa aussi appelé Peuple de l’eau. Son travail est d’ailleurs très axé sur l’eau mais aussi sur le corps, la femme, et la relation des Hommes, de la Société avec tout cela.
Son univers est très onirique et sa couleur de prédilection est le bleu. Il ajoute toujours à son travail une dimension écologique, spirituelle et culturelle (liées à la culture camerounaise). Ses œuvres proposent un dialogue entre les légendes camerounaises, la Société et l’univers aquatique.
C’est pourquoi il représente très souvent les « Mamy Wata ». Ces personnages, très connus de la mythologie du pays, sont une version africaine des sirènes occidentales. Les légendes et histoires liées aux « Mamy Wata » sont très répandues partout au Cameroun et pas seulement auprès du peuple Sawa. Ne tentez même pas d’uriner dans l’eau dans la ville côtière de Kribi : vous risqueriez de vous faire emporter par une de ces créatures !
Arnold fait partie d’une génération de jeunes artistes (il est né en 1996) qui essaie de défendre l’environnement par son art. Un thème qui n’est pas encore très abordé au Cameroun. L’environnement donc mais aussi il faut le dire la femme ; qui est surreprésentée dans son travail.
Par ailleurs, ses oeuvres concernant sa représentation de la femme sont assez portée sur l’image de la femme-mère, porteuse de vie et donc de l’Humanité. Ce qui est en soi un très beau message mais qui peut paraître réducteur. Cependant, n’oublions pas que cette image est très mise en avant au Cameroun.
En dehors de cela, je vous laisse admirer les quelques images ici de son travail et je vous invite à vous tenir au courant de son actualité sur son Instagram @arnoldfokam
Ce lundi 1 mai s’est tenu l’iconique Met Gala. On ne présente plus le plus célèbre gala de charité de New York. Parce que, oui, le Met gala est avant tout un événement avec pour objectif de rassembler des dons au profit du musée…du Met (le Metropolitan Museum of Art pour être précis). Depuis quelques années, et grâce à la main créative mais ferme de la non moins iconique Anna Wintour, le Gala est devenu l’un des point d’orgue de la mode et de la celeb-sphère. C’est LE lieu où il faut être vu. L’invitation au Met est donc aussi importante pour les VIPs que pour les couturiers qui sont choisi par ces derniers pour les habiller. Les maisons rivalisent alors de créativité pour créer le red carpet moment de l’édition selon le thème choisi en rapport avec une grande exposition au musée.
Le Met Gala c’est surtout un événement ultra médiatisé. Vous le voyez venir, c’est donc une plateforme parfaite pour défendre ses convictions de manière plus ou moins frontale. On se souvient, par exemple, de la députée démocrate Alexandria Ocasio-Cortez en 2021 et de sa robe taguée “Tax the rich” ou du manteau arc-en-ciel du producteur de théâtre Jordan Roth (aussi en 2021).
Cette année, donc, le Met Gala rendait hommage au couturier allemand Karl Lagerfeld, disparu en 2019. S’il est devenu une légende dans le monde de la mode de part, notamment, sa silhouette iconique, son travail chez Chanel et son amour pour son chat Choupette, l’idée de lui rendre hommage est loin d’avoir fait l’unanimité.
A la suite de Jameela Jamil, le débat a enflé sur les réseaux. En cause ? Les propos polémiques déclarés par le couturier allemand tout au long de sa carrière. On ne compte plus, en effet, les déclarations problématiques et notamment grossophobes. Il était également ouvertement critique envers le mouvement #metoo. Mouvement dont il se déclarait d’ailleurs “fatigué”.
Hommage ou pas hommage ?
C’est donc un personnage clivant qu’Anna et le MET on choisit d’honorer cette année. Jameela Jamil, qui s’est élevée contre ce thème dès qu’il fut annoncé, mais aussi une association de modèles ont protesté contre le choix d’un hommage à Karl Lagerfeld non seulement sur l’un des red carpets les plus médiatisés mais aussi au travers d’une exposition dans l’un des plus grands musées du monde.
Les défenseurs du Kaiser Karl prônent un esprit libre et indifférent à l’avis des autres ainsi qu’un génie créatif tandis que ses détracteurs dénoncent des propos qui, post-Weinstein, ne passent pas. Le conservateur de l’exposition, lui, a déclaré avoir bien conscience de la polémique mais a expliqué vouloir mettre en avant “le travail du couturier plutôt que les mots ou l’homme (…). La seule chose qui était authentique, réelle et tangible était sa production créative”. Une déclaration qui n’a fait que jeter de l’huile sur le feu des réseaux enflammés par le débat autour de la séparation de l’homme et de l’artiste et du double standard favorable aux célébrités.
Disponible sur les plateformes depuis le 9 novembre, La petite Némo et le monde des rêves était l’un des projets les plus attendus de 2022. Librement adapté de l’une des plus anciennes bande dessinée du même nom, le film de Francis Lawrence (“Je suis une légende”, “Hunger Games: L’embrasement”, “Constantine”) tente de porter l’œuvre de Winsor McCay à l’écran. C’est plutôt une réussite.
Rêves et autres troubles
Le monde de Némo s’effondre lorsque son père, gardien de phare, perd la vie alors qu’il vient en aide à un bâteau en difficulté. Elle qui suivait l’école à la maison et souhaitait reprendre le phare est confiée à un oncle aussi maladroit qu’ennuyeux dont elle ne sait pas grand-chose. Heureusement, la nuit, elle plonge dans un monde fantastique où, accompagnée de son fidèle Monsieur Cochon et d’un hors-la-loi nommé Flip, elle se met en quête de perles mystérieuses qui pourraient lui permettre de revoir son père.
S’il ne reprend pas tout à fait l’œuvre originale, le film en condense la moelle pour en faire une histoire qui nous entraîne malgré des lieux communs somme toute assez classiques. Un adulte doit retrouver son âme d’enfant, l’enfant doit accepter le changement… c’est plutôt du réchauffé tout ça. L’originalité du film tient cependant en ce qu’il fait la part belle à la question des troubles de la dépression et autres deuils de toutes sortes. Un sujet qu’il n’est pas si facile à aborder dans un film pour toute la famille. Le discours mais aussi (et surtout) l’émotion est là qui rendent le film plus profond (et surtout plus intéressant) qu’il n’y paraît.
Un (trop) plein la vue
Qui dit monde des rêves, cependant, dit univers merveilleux, complètement incroyable (ajouter votre superlatif). Alors, oui, on en a plein la vue avec des vols d’oies sauvages ou des danseurs papillons. On est toutefois déçu de ne trouver finalement assez peu de plans du monde des rêves, ou plutôt toujours les mêmes, et surtout de son organisation (qui ressemble d’ailleurs beaucoup au TVA de la série Marvel, Loki). Le peu d’interactions de Nemo avec le monde des rêves dans sa construction nous laisse un petit goût amer de “Tais-toi, c’est magique”.
Malgré un certain manque d’originalité, une trop légère utilisation du monde merveilleux des rêves et un Jason Momoa qui peine à trouver sa formule (oscillant entre Khal Drogo et Johnny Depp), le film de Lawrence s’en tire plutôt pas mal. Le discours est intéressant autant pour les petits que pour les grands et l’histoire est divertissante. Attention cependant aux âmes sensibles et à tout ceux qui ont la larme facile.