En Occident, la mention de cinéma Bollywood équivaut au cocktail : couleurs vives, chants suraigus, danse endiablées et surtout romances. Le tout rend donc des films parfois très longs (minimum 2h environ) et un peu kitch sur les bords. Il s’agit toutefois de la troisième cinématographie mondiale la plus rentable après les USA et la Chine. C’est l’industrie du cinéma la plus rentable hors Occident avec Nollywood originaire du Nigéria. Alors, certes, le cinéma Bollywood, c’est un peu un clash culturel, il est aussi riche du point de vue sociologique que les couleurs de ses costumes. Voici un petit aperçu en cinq points de ce qu’on aurait pu nommer “Bollywood: au delà du kitsch »:
. Le cinéma Bollywood ne désigne pas tout le cinéma indien
L’Inde est un melting pot de cultures, de cultes et d’histoire. De nombreuses ethnies vivent sur le sol du sous continent, tout comme un très grand nombre de langues et dialectes comme le bengali, le pendjabi, le tamoul, l’assamais ou encore le célèbre hindi. On a coutume de classer la très grande diversité de productions cinématographique indienne selon le critère de la langue souvent associée à une région de l’Inde. Le cinéma Bollywood, donc, nous vient de Bombay (ou Mumbai) et désigne le cinéma hindi. Il se caractérise par un patriotisme fort et la mise en avant de la confession hindouiste. Il existe d’ailleurs d’autres expressions associées aux autres cinémas régionaux tels que Sandalwood pour le cinéma kannada basé à Bangalore ou Mollywood pour l’industrie malayalam basée dans le Kerala.
. Une production à la chaîne
Les films de Bollywood sont parmi les plus populaires mais aussi les plus présents avec une moyenne de 1600 films tournés par an pour la période 2014-2019. Hollywood, en comparaison, est assez loin derrière avec 500 productions.
. Et question budget ?
Les productions Bollywood restent assez peu onéreuses avec très peu de films qui dépassent le 20 millions de dollars de budget pour une moyenne d’environ 1,5 millions d’euros. Ce qui permet donc d’en produire en plus grande quantité. Certains acteurs signent d’ailleurs des contrats pour six ou sept films en simultané. On est loin des blockbusters nord-américains et de leur 50 millions de dollars de moyenne mais le nombre de productions sorties par an permet d’en faire la cinématographie indienne la plus rentable.
. Le cinéma Bollywood est aussi ancien que le cinéma européen
A la suite de la projection publique payante des frères Lumières au Salon indien du Grand Café de l’hôtel Scribe à Paris, leur assistant présente quelques unes de leurs oeuvres les plus connues tels que L’arrivée d’un train en gare de La Ciotat ou La Sortie de l’usine Lumière à Lyon au Watson’s Hotel à Bombay, le 7 juillet 1896. Le public se montre enthousiaste et les salles sont combles. Cet intérêt pour le cinéma va se confirmer très tôt avec The Wrestlers (1899) de Harishchandra Sakharam Bhatavdekar, considéré comme le premier film indien tourné par un indien. Le film qui marque cependant les débuts du cinéma indien Raja Harishchandra de Dadasaheb Phalke qui sera présenté à Bombay le 3 mai 1913.
. Un cinéma miroir
Le cinéma Bollywood, de par sa popularité, est en quelque sorte l’ambassadeur de l’Inde à travers le monde mais aussi à travers ses propres régions. Il joue en effet un important rôle de représentation et surtout d’unification sous le même drapeau de l’Inde de ce pays aux cultes, pratiques religieuses, langues et histoires extrêmement diversifié. Il peut ainsi sembler quelque peu fourre tout avec des scénarios souvent inspirés des anciens textes épiques, du théâtre Parsi, mais aussi des comédies musicales hollywoodiennes et même de numéros de danses influencés par le hip hop.
Le cinéma Bollywood c’est donc non seulement du divertissement, pour certains, ou le temple du kitsch, pour d’autres, mais c’est aussi un véritable pilier dans l’essor de l’Inde et la représentation des diverses populations indiennes. On le surnomme d’ailleurs quelques fois le cinéma masala en référence à ce mélange d’épices colorées qui rappelle tout à fait la vaste diversité culturelle du sous continent.
Si il y a bien un débat qui n’a pas pris une ride, c’est bien celui qui porte sur l’usage des jeux vidéos par les enfants. Certes, du chemin a été parcouru depuis les 1980/1990, le digital a acquis ses lettres de noblesse et est rentré dans nos pratiques quotidiennes. Il est fini le temps où un enfant qui passe son temps libre sur un ordinateur est forcément un hacker accro aux drogues et à la solitude. Le débat reste ouvert cependant autour de l’âge à partir duquel autoriser les jeux vidéos et surtout leurs effets sur le psychisme de l’enfant. Petit tour du champ de bataille…
Les jeux comme outil d’éveil
De l’eau a coulé sous les ponts depuis l’avènement des premiers jeux. Le marché ne se limite plus (dans l’imaginaire collectif) aux jeux de guerre et autres GTA. Les enfants de la fin des années 1990’s se souviennent sûrement d’Adibou et de ses chansons. Le jeu éducatif est aujourd’hui florissant pour enfants comme pour les adultes d’ailleurs. Les aventures du Professeur Layton, les jeux Wii, la Cerebral Academy ou même Réussir: Code de la Route (dispo sur Switch au besoin) ont largement prouvé que les opportunités qu’offrent le digital en matière d’outils éducatifs. Selon certaines études, le jeu vidéo permet de développer les réflexes, l’analyse ainsi que favorise l’apprentissage de la représentation dans l’espace. Dans une étude publiée dans la revue médicale Annals of Neurology, une expérience a montré que les enfants qui jouent ont un meilleur temps de réponse aux stimulis. Ceux qui jouent en ligne ont, de plus, des facilités à la sociabilisation et aux travail d’équipe.
“Mais c’est ultra violent !”
Combien de fois est-ce qu’on a pu entendre des parents s’insurger de la violence des jeux vidéos, du côté solitaire du gaming ou encore de potentielles lésions au cerveau causées par un trop plein d’écran trop tôt.
Il convient tout d’abord que le gaming, comme tout loisir, peut mener à certaines dérives. Ce n’est, cependant pas parce que vous buvez un petit verre de rouge de temps en temps au repas que vous êtes alcooliques, si (on vous voit) ? Le gaming est avant tout un loisir et peut révéler une passion que l’enfant peut partager avec ses camarades dans la cour de récréation et même une vocation pour la création digitale.
Notons, que la classification PEGI (ou Pan European Game Information) est utilisée sur les jeux vidéos comme les films depuis 2003 et est mise à jour suivant les évolutions du marché du gaming. Les étiquettes qu’on peut retrouver sur la jaquette d’un jeu pour un achat physique ou sur la page du site marchand à l’achat en ligne. Ce classement permet ainsi d’indiquer non seulement l’âge recommandé pour l’usage d’un jeu mais aussi si il y figure l’usage de drogues, du langage grossier, de la violence et même des achats intégrés (c’est à dire des achats facultatifs ou non à faire directement dans le jeu pour améliorer un personnage, se procurer du matériel…). Chaque âge recommandé correspond à une liste de critères bien définis. Les jeux moins de 12 ans, par exemple, sont classés comme telles lorsqu’il y a allusion à caractère sexuel légère. Ceux classés moins de 16 ans, quant à eux, peuvent contenir du tabac, des drogues, des jeux de hasard ainsi que de la violence explicite. Cette classification est donc un indicateur à usage des parents qui peuvent ainsi faire leur choix quant aux jeux à mettre sous la main de leurs enfants.
Les jeux pour enfants, top ou flop ?
Le marché du gaming est aujourd’hui ultra diversifié et encadré et offre de nombreuses possibilités pour l’usage d’un enfant quel que soit son âge. Ce qui semble poser problème finalement n’est pas tant l’usage d’un média digital mais les pratiques qui lui sont induites. Ce sont elles qui peuvent ainsi mener à des dérives comme l’enfermement sur soi, l’irascibilité, la fatigue chronique…
Les chercheurs tendent ainsi à s’accorder pour dire qu’il vaut mieux “éduquer les enfants numériquement” , les éduquer au numérique pour limiter les mauvaises pratiques dans un monde ultra connecté.
Le psychiatre Serge Tisseron, par exemple, propose une formule appelée “3/6/9/12” basée sur ces âges qui représentent des caps dans le développement de l’enfant. Avant 3 ans, par exemple, c’est la relation avec l’adulte qui compte, les écrans ne sont pas indispensables. Vers 6 ans, l’enfant est plus ouvert sur son environnement et surtout explore beaucoup. C’est le moment où l’on peut utiliser les écrans et autres outils numériques dans une démarche créative style photographie …
Le jeu vidéo c’est donc comme une boîte de Ferrero Rocher, c’est bon mais si on mange toute la boîte c’est moins cool. Le médium digital peut ainsi être une merveilleuse opportunité pour l’éveil et le développement de l’enfant… à condition d’être encadré de manière bienveillante par un adulte. Le jeu peut d’ailleurs également être un levier d’échange et de partage avec toute la famille comme on a pû le voir avec l’expansion des jeux participatifs et des consoles de salons comme la Wii, la Switch ainsi que les jeux Mario Kart ou Just dance. La pratique de ces jeux dans un schéma familial peut ainsi permettre d’apprendre les bonnes pratiques de manière ludique tout en valorisant les concepts de collaboration et de partage pour que le jeu reste un plaisir.
En 2019, seuls 10% des compositeur.ice.s de musique en activité sont des femmes. Iels représentent, d’ailleurs, 80% des effectifs en écoles d’art mais seuls 20% vivent de leur travail. Rien d’étonnant lorsque l’on sait que les acteur.ices, par exemple, gagnent en moyenne 9% de moins que leurs homologues masculins. Cet écart se creuse même jusqu’à 42% dans le milieu de la réalisation.
Oui, oui, vous avez bien lu. Non, ces chiffres ne datent pas de 1950 mais bien d’aujourd’hui. Si le mouvement #metoo a, certes, permis d’apporter plus de visibilité à la situation des femmes dans le milieu de l’art et plus particulièrement le cinéma, il reste encore du chemin à parcourir.
Le milieu de l’art reste largement dominé par des stéréotypes patriarcales et est imprégné de discrimination genrée (le plus souvent intégrée et normalisée) à l’encontre des femmes mais aussi minorités de genre. C’est autour de ce constat que se sont réunies en 2020 les trois fondatrices du projet qui, si elles exercent des métiers différents, partagent, pourtant, une expérience commune. Marie De Lerena est productrice et autrice compositrice du groupe Sisterhood project, Marion Degorce est directrice artistique et Julie docteur.e en histoire de l’art contemporain. Des milieux différents, donc, bien que reliés par la créativité. Leurs ressentis du milieu cependant convergent. La discussion se conclut alors en un constat simple : il faut montrer. Il faut montrer ces artisans créatifs, ces artistes et leurs productions. Il faut montrer leurs expériences. Il faut montrer pour libérer et avancer enfin.
Un événement brûlant
Montrer, éduquer, discuter, célébrer, soutenir, c’est cela l’essence du Burning Womxn Festival. L’événement se veut inclusif et intersectionnel mais surtout tout public et pluridisciplinaire. L’objectif est de mettre en place un lieu d’échange et de partage réservé aux artistes femmes et minorités de genre. Il accueille ainsi des artistes de tous horizons. La programmation est, de plus, composée essentiellement de personnalités émergentes.
Le festival comprend en plus des concerts, des tables rondes, des conférences, du spectacle vivant, une marketplace ainsi qu’une exposition d’art graphique et photographique. L’événement souhaite ainsi s’intégrer dans un mouvement de réflexion autour de l’art. Le partage donc mais également la pédagogie sont mis à l’honneur pour un festival qui souhaite non seulement célébrer et soutenir mais surtout sensibiliser et questionner au travers d’une programmation qui se veut underground, pionnière et audacieuse.
Et ensuite ?
A l’origine du festival, l’association Burning Womxn étend ses actions en dehors de l’événement. Un nom qui n’est d’ailleurs pas anodin. Le nom fait référence aux femmes brûlées au cours de l’histoire du monde, traitées de sorcières pour avoir usé de leur liberté d’être et de penser. Ce “x” inscrit ainsi l’association dans une démarche non genrée et inclusive voulue par les trois fondatrices. Elle est pensée, à l’instar du festival, comme un lieu d’expression pour tous les artistes quel que soit leurs identité et expression de genre. L’association Burning Womxn, par son action et son festival, se veut une tribune pour valoriser les oubliés, les invisibles et tous ceux qui ne rentrent pas dans les cases du cis-stème.
L’association a pour souhait de diversifier et d’intensifier son action et surtout de pérenniser son festival afin d’en faire un tremplin pour les voix passées et à venir de la lutte des genres.
L’événement se tiendra les 28 et 29 mai 2022 à La Maroquinerie, à Paris de 10h à 23h.
Qui ne se souvient pas du scandale créé par la sortie du film d’animation Sausage party ? Un dessin animé au caractère ouvertement sexuel qui a fait couler beaucoup d’encre. Ces dernières décennies, le marché du cinéma d’animation regorge de films d’animation à destination des enfants petits et moins petits. Ce serait presque à en oublier que le cinéma d’animation n’a jamais eu vocation qu’à être ce qu’il est: du cinéma c’est-à-dire de l’image animée dans le but de raconter une histoire, parfois mais surtout (et toujours) un art. Alors, certes, La Reine des Neiges, ce n’est pas la tasse de thé de tout le monde mais ce n’est qu’un exemple dans une cinématographie à l’histoire et aux œuvres aussi riches que son célèbre (et célébré) petit frère.
Qu’est ce que le cinéma d’animation ?
Tout d’abord mettons les points sur les i : le cinéma d’animation, comme pour la prise de vue réelle est un terme générique. Les dessins ne sont pas les seuls à pouvoir se targuer d’être animés. Il se décline ainsi de nombreuses techniques comme le stop motion, la 3D ou les silhouettes de papiers.
L’expression consacrée pour désigner l’animation, d’ailleurs, est le septième art bis. Le septième est le cinéma et le huitième, la télévision (mais je ne vous apprends rien). Une dénomination qui laisse entendre que l’animation est subordonnée à la prise de vue réelle. Elle est cependant plus ancienne que son illustre parentée puisqu’on a pu retrouver la volonté de créer une image en mouvement depuis l’art pariétal. La grotte de Lascaux comporte, en effet, un dessin de taureau à plusieurs pattes semblant traduire la marche. Les jeux optiques (kinétoscope et consorts) participent également de cette volonté d’animer une image mais sans la technologie suffisante, le médium pictural fut le seul pendant longtemps. L’envie de donner vie à quelque chose d’inerte, d’ anima qui signifie en latin, “souffle, âme”, remonte aussi loin que le besoin de raconter.
Le dessin animé et sa valeur pédagogique
L’animation a d’ailleurs ce pouvoir particulier de pouvoir plus subtilement parler de certains sujets. Des dessins, des poupées ou surtout, des personnages anthropomorphiques permettent au spectateur de se dissocier plus facilement des péripéties du film. Animer des objets (ou des pixels) c’est aussi se libérer des lois de la physique et créer plus librement un monde nouveau souvent fantastique. Ceci procure alors à l’animation une grande capacité pédagogique car on peut alors accéder plus subtilement à l’inconscient du spectateur voire lui montrer différemment. Si, certes, énormément de films sont adaptés aux enfants (avec ou sans double discours pour les plus grands, comme c’est souvent le cas avec les Disney par exemple) grâce notamment de cette capacité pédagogique, l’animation permet aussi de parler de questions plus obscures. Les films de Ari Folman en sont l’exemple parfait. Le réalisateur discute ainsi les questions de notre siècle tels que notre relation au numérique et les inégalités sociales dans Le Congrès ou la guerre et le syndrome post traumatique avec Valse avec Bachir.
Notons que le pouvoir de l’animation fut d’ailleurs utilisé à des fins politiques, tout comme la prise de vue réelle. Le cartoon, par exemple, fut un fort outil de propagande et de soft power des USA au cours des conflits des années 1940’s.
L’art d’animer
Le cinéma d’animation est parfois considéré comme le parent pauvre du cinéma. Il est, en effet, souvent réduit au dessin animé pour enfant ou aux animés japonais avec des ninjas (faut dire que c’est cool les ninjas). Il s’agit cependant bien d’une forme d’art aux techniques et univers diversifiés. Comme tout art, il n’a pas pour seule vocation à simplement occuper le petit Kévin après le goûter. Il s’agit ici de parler au spectateur, d’instaurer un dialogue de manière plus ou moins subtile afin de le faire se questionner ou simplement s’émerveiller et ce quel que soit son âge.
Petite sélection de films animés pas si enfantins que ça :
Aérien, tripant, explosif, esthétique, puissant… on pourrait continuer longtemps la liste des qualificatifs pour décrire le duo Sisterhood project. Fondé en 2018 par Marie de Lerena et Dorothée Rascle (dite “Doo”), il compte à son actif deux albums dont le récent Garden of Delight, sorti le 25 mars dernier.
En alchimistes musicales, le duo explore les divers styles musicaux du trip hop au jazz en passant par le rock et s’appuie sur des harmonies vocales puissantes. L’album Sisterhood (sorti en 2018), l’EP Brotherhood (2020) et Garden of Delight (2022) sont ainsi de véritables odes à la créativité mais aussi à l’inclusivité.
La production du Sisterhood project est, en effet, imprégnée de cette volonté de s’inscrire aux côtés des luttes féministes et minorités de genre. Marie et Doo ont à cœur de se joindre au débat autour de la société patriarcale et surtout de ses conséquences sur l’industrie musicale. A travers leurs textes, elles interpellent ainsi le public sur des concepts tels que le body positivisme, la liberté ou le sexisme. Elles insèrent également dans leur nouvel opus, Garden of Delight, une réflexion autour de la thématique écologique.
Des textes pointus et qui vous empoignent, des arrangements aériens, Sisterhood project c’est engagé et planant et c’est surtout à surveiller de près absolument !
crédits photo de couverture : Sébastien Renault ou Laura Ma