Et voilà, c’est (déjà) la rentrée ! Mais pour ne pas trop déprimer en ces temps incertains, Netflix est là pour remonter un peu le moral de chacun.
Et ici le focus va être mis sur une série Sud-Africaine (oui, oui ils font aussi des séries !…) qui s’intitule Blood & Water. Sortie en Mai 2020, cette série nous raconte l’histoire de Puleng Khumalo, une lycéenne vivant dans l’ombre de sa sœur, enlevée lorsqu’elle était bébé dans le cadre d’un trafic humain. Le premier épisode s’ouvre sur la famille Khumalo qui fête un anniversaire. On apprend rapidement que c’est l’anniversaire de Phumele – la sœur disparue – qui est célébré. Pour se changer les idées, Puleng décide de faire le mur et d’aller à une soirée d’anniversaire d’une certaine Fikile Bhele. Celle-ci partage donc la même date d’anniversaire que sa sœur disparue. Puleng nourrit alors l’espoir que cette jeune fille pourrait être sa grande sœur.
La série est plutôt adaptée pour les adolescents car on retrouve surtout des lycéens qui tentent de gérer leur jeunesse -dorée- pour la plupart d’entre eux. On peut alors y découvrir le système scolaire très anglosaxon du pays : uniformes, casiers, clubs plus ou moins “in” à intégrer au lycée etc… Par ailleurs, il peut être également intéressant d’y jeter un coup d’œil pour apercevoir quelques paysages de la côte sud-africaine et entre apercevoir les inégalités qui prennent place dans le pays sans pour autant être littéralement plongée dans la culture à 100% (cependant, on peut noter une bonne playlist d’artiste sud-africains). Certains diront qu’on y retrouve un « Elite » à la sud-africaine.
En tout cas, les jeunes acteurs sont convaincants et on a tendance à s’attacher, à se poser des questions et à vouloir aider Phumele dans sa quête de vérité, même si le scénario n’est pas toujours au top ; un peu lent par moment. Netflix a annoncé par ailleurs qu’une deuxième saison était commandée donc il n’y a plus qu’à espérer qu’ils trouveront un rythme un peu plus soutenu et qu’ils arriveront à nous surprendre.
Je m’appelle Stéphane Orosco, je travaille dans le réseau culturel français à l’étranger depuis 4 ans. Avant ça, j’ai travaillé dans différentes structures culturelles en France comme des opéras, des associations ou encore des fondations privées, tout ça dans différents domaines : médiation culturelle, accueil des publics, communication…
Quel est ton parcours (expérience pro, études…) ?
J’ai commencé avec une licence en histoire, suivie par un master de recherche en histoire médiévale et après j’ai suivi une reconversion en master de gestion de projets culturels orienté vers l’international.,
Pourquoi cette reconversion ?
En fait, j’ai toujours été frustré d’étudier des cultures « mortes », dans le sens où bien souvent ce sont des cultures qui n’existent plus vraiment. Donc j’avais envie d’en découvrir d’autres qui existent toujours mais aussi d’explorer la mienne, de la défendre et de la promouvoir.
Peux-tu nous décrire alors ta dernière mission en quelques phrases ?
Je travaillais comme coordinateur culturel et communication pour les Alliances Françaises de Johannesburg et Soweto en Afrique du Sud. Les missions consistent alors à promouvoir la culture française auprès des sud-africains et de créer des liens entre la culture française et sud-africaine. Et la mission « en extra » c’est aussi de faire connaitre la culture sud-africaine en France en partenariat avec des institutions sud-africaines et françaises.
Impressions
Qu’est-ce que tu préfères dans ton job ?
Le premier point est surtout le fait de pouvoir découvrir de nouvelles cultures, de nouvelles visions et de nouvelles façons d’expérimenter la culture par différents formats artistiques. Ce qui est aussi très intéressant et ce que j’ai pu voir en Afrique du Sud notamment, c’est la débrouillardise et l’ingéniosité des artistes. En effet, ils n’ont pas, pour la plupart, le confort de création qu’on peut trouver en France et pourtant, ils arrivent à créer des choses extraordinaires même avec un manque de supports et de structures évident.
Dans quelle mission t’es-tu le plus amusé, épanoui ?
De manière générale toutes mes expériences professionnelles m’ont permis de m’épanouir de différentes façons. Celle qui m’a le plus marqué en revanche a sans doute été ma toute première expérience professionnelle. C’était un service civique dans une association qui intervenait dans le milieu hospitalier et plus particulièrement dans le milieu psychiatrique. Cette expérience m’a beaucoup touché et elle a même presque été un choc, en termes d’apprentissage. Mais encore une fois, chacune de mes expériences à l’étranger m’ont permis de me confronter à différentes visions du monde, et donc m’ont beaucoup apporté personnellement et professionnellement.
Pourquoi ce choix pour ton dernier poste en Afrique du Sud ?
Alors en fait il se trouve que c’était un poste qui été complémentaire au poste que j’occupais juste avant. En effet, je travaillais à l’Ambassade de France en Albanie en tant qu’institution étrangère qui est donc, beaucoup centrée sur du partenariat de soutien à la création, de soutien aux structures. Mais l’Ambassade ne disposant pas de structures elle-même, cela m’a un peu frustré de voir qu’on pouvait faire pas mal de choses mais chez les autres. Alors qu’en Afrique du Sud c’était l’opposé, on parle ici de gestion d’une structure et de sa programmation propre, de faire des choses in situ et soi-même.
Quel est ton meilleur souvenir à ce poste ?
Mon meilleur souvenir je pense a été un évènement qu’on a appelé « Disco soupe », qui se déroulait à Soweto. C’était un événement qu’on a fait en partenariat avec des ONGs locales (qui s’occupent d’orphelinats, ou des associations de quartier) au cours duquel on a cuisiné des aliments retirés de la consommation (car pas assez beaux pour la vente, ou la date de consommation était passée). On a donc cuisiné tous ensemble avec un chef de l’île de la Réunion, puis on a distribué la nourriture à ces ONGs ; ce qui a permis de nourrir entre 300-400 personnes ! Le fait de pouvoir organiser un événement culturel et d’être utile en même temps, ça a été un super moment. Quand on travaille dans la culture, on travaille dans des projets qu’on ne voit pas toujours aboutir ou on peut avoir le sentiment que ça n’apporte pas forcément des choses aux gens et là, voir des sourires sur les visages de tous les participants, c’était une belle expérience.
Crédit photo : Alliance française, Soweto
Quelle est ta plus grande fierté professionnelle ?
Une de mes fiertés c’est d’avoir toujours pu travailler pour des structures qui avaient aussi une mission sociale et un rapport très proche avec les populations qu’elles côtoient. En clair : d’être aussi un peu, à mon niveau, au service des populations locales.
Quelle a été ta plus grosse galère ?
Je ne peux pas être trop spécifique pour cette question… Mais disons que dans certains pays c’est compliqué notamment car on est confronté à une culture du travail qui peut s’avérer être très différente de la sienne mais aussi et surtout on est confronté de plein fouet au manque de moyens structurel de certains pays.
Quel profil faut-il avoir selon toi pour ce genre de poste ? Y a-t-il des qualités à avoir absolument ?
Oh oui : il faut tout d’abord avoir une grande ouverture d’esprit, savoir être adaptable, indépendant car tu es bien souvent dans un milieu complétement différent, et laissé par toi-même ; il faut donc savoir se débrouiller. Et enfin et surtout, il faut être curieux.
Quelles sont les évolutions possibles de ce genre de poste ? Et as-tu ressenti les possibilités de cette évolution dans ton ancienne structure ?
Il faut savoir qu’il n’y a pas vraiment de possibilité d’évolution. Pour être honnête je veux prévenir tous ceux qui veulent faire carrière dans la culture et d’autant plus à l’international. C’est un milieu très compliqué, il faut vraiment le noter. La porte d’entrée la plus simple ce sont les stages, les services civiques puis les volontariats internationaux. Après ces postes, ceux qui sont disponibles, ce sont ceux de direction donc des postes que tu ne peux pas avoir à moins d’avoir déjà 5 à 10 ans d’expérience. En fait, il n’y a pas de postes intermédiaires. C’est le milieu qui est vraiment particulier. Ceux qui souhaitent y entrer doivent vraiment bien réfléchir. De plus, c’est un secteur avec de moins en moins de moyens. Le gouvernement français serre la vis par rapport aux emplois, ce qui veut dire : peu de remplacements, moins de places pour les expatriés et plus de places pour les locaux. On dit souvent que la culture c’est bouché mais la culture à l’international c’est bouché de chez bouché, encore plus bouché que la culture en France. Il faut donc bien y réfléchir quand on se lance, ce n’est pas simple et de toute manière il faut retourner en France à un moment ou à un autre pour espérer retrouver un jour du travail en métropole. C’est un beau métier mais encore une fois réfléchissez bien !
Actualités
Comment la situation actuelle affecte-t-elle ton quotidien professionnel ?
Du point de vue des structures, les Alliances Françaises qui dépendent des ventes de leurs cours ont beaucoup été touchées par le COVID-19 (évidemment ça dépend du pays dans lesquels elles se situent mais en général c’est assez dur, beaucoup d’Alliances Françaises ont perdu une part significative de leurs revenus.) Heureusement elles ont pu compter sur le soutien de la France et de ses opérateurs comme les Ambassades, les Instituts Français. Mais elles restent fragilisées. Beaucoup ont tout de même réussi avec succès, comme à l’Alliance de Johannesburg, à proposer une reconversion digitale avec des programmations culturelles en ligne, des cours en ligne. De mon côté, pour permettre à l’Alliance de voir un peu plus loin dans l’avenir et étant bien conscient que l’organisation d’événements en présentiel allait être impossible pour un long moment, j’ai préféré quitter mes fonctions plutôt qu’être une charge financière pour l’Alliance.
Avec quel œil vois-tu l’avenir (un renouveau, un manque de visibilité, méfiance, découragement …) ?
Par rapport à la culture, l’avenir m’apparaît en demi-teinte. La situation actuelle va être vraiment difficile avec notamment la limitation des spectacles avec public. Mais je pense avec optimisme pour les artistes. Cette crise est une nouvelle source d’inspiration qui leur permet de tester de nouveaux formats, de nouvelles façons d’appréhender leur médium. J’ai d’ailleurs hâte de pouvoir professionnellement les aider à mettre en place ces nouveaux formats et ces nouvelles visions.
Quels sont tes projets futurs (au vu de la situation mais aussi dans l’absolu) ?
Je suis rentré en France aujourd’hui et je souhaite y travailler pour me réactualiser avec la création française et me rapprocher de la création artistique française. Dans le but de pouvoir repartir plus tard et aider ces artistes à exporter leurs nouvelles démarches, leurs nouvelles créations et leurs nouveaux moyens de création.
Question bonus : Quelle est l’œuvre culturelle/artistique qui t’a le plus marqué ? As-tu une œuvre (film, musique, spectacle divers) qui t’a vraiment touché et de laquelle tu te sens proche ?
Je pense à un artiste d’art brut, un des premiers artistes avec lequel j’ai pu travailler, par ailleurs, c’est André Robillard. Ces créations sont faites de matériaux de récup’, il crée notamment des fusils. Il a grandi pendant la 2nde guerre mondial donc maintenant il a 88 ans ! C’est vraiment un artiste qui m’inspire. C’est-à-dire aussi qu’il a été reconnu comme artiste par les autres. Lui se considère comme un bricoleur, il est d’une naïveté c’est magnifique, il représente pour moi la quintessence de l’artiste, la plus belle et la plus pure forme de création. Il ne crée pas pour se faire de l’argent ou pour délivrer un message politique etc. c’est sa façon de communiquer, il en a juste besoin. Après j’aime aussi beaucoup Pollock. J’adore également tout ce qui est Orientalisme. Et je suis un très grand fan de danse, c’est vraiment un de mes mediums préférés.
Crédit photo: 1. Collection de l’art brut / 2. Le Progrès 22/09/2016
Qui êtes tu ? Que fais-tu ? Peux-tu te présenter brièvement ?
Je m’appelle Tom Boulangée, je vis à Metz (France), j’ai 30 ans et je suis actuellement Chargé de Communication au Centre Pierre Janet, un service de l’Université de Lorraine.
Quelles sont tes missions actuellement ?
Je suis responsable de toute la communication de ma structure, des réseaux sociaux à la création de visuels en passant par l’organisation d’événements (conférences, séminaires scientifiques…) et les Relations Presse. J’assure également la promotion de nos formations, de notre offre de soins thérapeutiques (hypnose, EMDR, suivis pychologiques…) et de la visibilité de nos projets de recherche dans les domaines des sciences humaines et de la santé auprès du grand public.
Pourquoi ce métier ? Cette structure ?
Après l’obtention de mon diplôme, je voulais trouver un emploi dans la communication culturelle (au sein d’une institution, d’un musée, pour un festival…). Malheureusement, c’est un secteur où les offres sont rares ; beaucoup d’appelés et peu d’élus. J’ai donc opté pour le culturel, et après 10 ans dans le domaine, je suis passé à la communication.
Quel est ton parcours (expérience pro, études…) ?
Je suis titulaire d’un Master en Communication, après être passé par un bac littéraire et un D.U.T. Communication et Publicité. Lors de ma dernière année d’étude, j’ai jonglé entre mes études et mon premier travail : médiateur culturel au sein d’un musée. J’ai obtenu mon diplôme et j’ai continué à travailler dans la médiation culturelle.
Impressions
Revenons lorsque tu étais dans le champ de la culture, qu’est-ce que tu préférais dans ton job ?
Il y avait deux choses que j’aimais tout particulièrement et je suis incapable de choisir entre les deux. La première était le contact avec le public. En tant que médiateur culturel puis conférencier, j’ai eu la chance de rencontrer toutes sortes de personnes : des passionnés, des réfractaires, des curieux, des jeunes, des moins jeunes, des enfants… J’ai fait de très belles rencontres, certes éphémères (on parle avec elles, on échange, on transmet et chacun repart de son côté) mais enrichissantes. J’ai plein de souvenirs ou d’anecdotes dont je vais me souvenir longtemps.
La deuxième chose qui me motivait était l’ouverture d’esprit que l’on acquiert au contact des œuvres exposées. J’ai des connaissances et des goûts plutôt « Art Classique », et mon premier travail de médiateur culturel était dans un musée d’art contemporain. J’ai appris tellement de choses, découvert tant d’artistes que je ne connaissais que de nom… Tout cela a aiguisé, affiné mon sens critique. Je suis toujours plus classique que contemporain MAIS ça m’a donné envie d’en voir, d’en apprendre toujours plus dans toutes les branches et les périodes artistiques.
Quel est ton meilleur souvenir lors de tes expériences dans le culturel ?
Lors de mon dernier poste culturel, au sein d’une grande compagnie de danse à Nancy, j’ai assisté au ballet contemporain Cela nous concerne tous de Miguel Gutierrez. Cette pièce m’a touché, emporté, boulversé. La mise en scène, le décor, les costumes, la performance des danseurs… C’est une œuvre d’art totale, ni totalement danse, ni totalement performance artistique, à la frontière avec le théâtre. Bref, c’était extraordinaire, et l’un des avantages du métier : être aux premières loges dans les coulisses.
Dans quelle mission t’es-tu le plus amusé ?
Je ne dirai pas amusé mais épanoui. Sans hésitation, en tant que Chargé de Programmation pour le Festival du Film Subversif de Metz, un festival de films (courts et longs-métrages) qui met à l’honneur des œuvres cinématographiques fortes, parfois dérangeantes, toujours très humaines et qui ont une distribution et une visibilité plus limitées.
Quel est ta plus grande fierté (événement organisé, anecdote…) ?
Ma plus grande fierté, c’est justement d’avoir participé aux deux premières éditions du Festival du Film Subversif de Metz. Nous sommes partis de pas grand chose et nous avons été jusqu’au bout : nous avons donné naissance à notre “bébé”. Grâce à sa directrice, Charlotte Wensierski, qui nous a porté à bout de bras, et à tous les bénévoles et les partenaires qui nous ont soutenu.
Quelle a été ta plus grosse galère ?
J’ai eu beaucoup de chance, je n’ai pas connu de grosse galère. Rien qui ne pouvait être arrangé par une bonne dose de réactivité et de débrouillardise.
Quel profil selon toi pour ces postes dans la culture ? Quelles sont les 3 qualités à avoir absolument ?
Je ne pense pas qu’il existe un profil type pour travailler dans la culture. Déjà, travailler dans la culture, ça veut tout et rien dire : il y a tellement de métiers différents, qui demandent des connaissances, des approches différentes : des administratifs, des artistes, des techniciens, des programmateurs, des administrateurs…
Par contre, il y a certainement des qualités nécessaires pour « survivre » dans le domaine culturel : polyvalence, humilité et ouverture d’esprit. Je conclurai en disant que pour travailler dans ce domaine, il faut avoir des reins solides, une volonté de fer et beaucoup de sang-froid.
Connais-tu les possibles évolutions de carrière de ton dernier poste ?
Pour être honnête, je ne voyais pas de perspectives d’évolutions de carrière dans mon dernier poste culturel. C’est l’une des raisons de mon départ : évoluer au sein de ma précédente structure me semblait compliqué, voire impossible. Pour moi, mon unique porte de sortie était de trouver un poste ailleurs.
Actualités
Qu’est-ce qui t’a fait changer de domaine ?
C’est une convergence de plusieurs facteurs qui m’ont incité à changer : la lassitude de travailler dans ce secteur, un peu de désillusion sur mes opportunités de carrière et mes perspectives d’avenir, les contraintes liées au domaine culturel (horaires décalées – soirs et week-ends, ma paie à la fin du mois…), le sentiment de n’être qu’un maillon de la chaîne… En y repensant, je n’avais peut-être pas les reins assez solides pour le culturel.
Est-ce que ce poste est si différent de tes anciens postes ?
C’est le jour et la nuit. Je ne regrette rien de mon expérience dans le domaine culturel mais je n’y pense pas y retourner un jour. J’ai désormais un emploi où je m’épanouis, dans lequel j’ai vraiment l’impression de contribuer personnellement. Mais j’ai peut-être juste eu beaucoup de chance.
Comment la situation actuelle affecte-t-elle ton quotidien professionnel ?
Comme beaucoup, nous sommes passés en télétravail. Il a fallu continuer à communiquer, à gérer la crise, à proposer de nouveaux formats (conférence à distance, réunions par visio…) auxquels nous n’étions pas formés. C’était un challenge professionnel et personnel qui nous a paradoxalement beaucoup appris. La situation actuelle a éprouvé notre capacité d’adaptation. A nous de ne pas nous laisser dévorer et d’en tirer les bons enseignements !
Pour en revenir au secteur culturel, j’ai été impressionné par la réactivité et la créativité dont les structures et les artistes ont fait preuve !
Avec quel œil vois-tu l’avenir (un renouveau, un manque de visibilité, méfiance, découragement …) ?
Je suis peut-être un peu pessimiste mais je ne suis pas certain que cette crise va changer beaucoup de choses. Pour beaucoup, c’est déjà de l’histoire ancienne, quelque chose de l’ordre du passé.
Je ne me fais pas de souci pour les grosses structures qui ont la capacité (et les aides) pour rebondir. Mais je pense aussi aux intervenants du spectacle, aux artistes indépendants, aux petites compagnies, aux associations…qui vont durement subir l’après-covid.
Quels sont tes projets futurs (au vu de la situation mais aussi dans l’absolu) ?
Une petite citation que je trouve très à propos : Sois toujours comme la mer qui, se brisant contre les rochers, trouve toujours la force de recommencer.
Le Festival de Cannes, temps fort parmi les temps fort du printemps si il en est, est reporté cette année en raison de la crise sanitaire mondiale. Qu’à cela ne tienne, son délégué général, Thierry Frémaux a d’ores et déjà annoncé une sélection en juin (laquelle sera estampillée du label « Cannes 2020 ») ainsi que des opérations hors les murs et diverses partenariats avec les festivals partenaires.
En attendant de voir comment l’industrie du grand écran se réorganise malgré la crise, on a eu envie de se replonger dans ces films palmés qui ont fait l’histoire du Festival. Voici donc notre petite sélection (non exhaustive):
. La Vie d’Adèle: chapitres 1 & 2, Abdellatif Kechiche (palme d’or 2013)
A 15 ans, Adèle ne se pose pas de question : une fille, ça sort avec des garçons. Sa vie bascule le jour où elle rencontre Emma, une jeune femme aux cheveux bleus qui lui fait découvrir le désir et lui permettra de s’affirmer en tant que femme et adulte. Face au regard des autres, Adèle grandit, se cherche, se perd, se trouve…
. La Dolce Vita, Federico Fellini (palme d’or 1960)
Marcello Rubini a quitté sa province italienne pour Rome dans le but de devenir écrivain. Mais celui ci est chroniqueur dans un journal à sensations. Il fait donc la tournée des lieux dans lesquels il est susceptible de décrocher quelques scoops afin d’alimenter sa chronique.
Dans un parc de Londres, un jeune photographe surprend ce qu’il croit être un couple d’amoureux. Il découvre sur la pellicule une main tenant un revolver et un corps allongé dans les buissons…
. Apocalypse Now, Francis Ford Coppola (palme d’or 1979)
Cloîtré dans une chambre d’hôtel à Saïgon, le jeune capitaine Willard, mal rasé et imbibé d’alcool, est sorti de sa prostration par une convocation de l’état major américain. Le général Corman lui confie une mission qui doit rester secrète : éliminer le colonel Kurtz, un militaire aux méthodes quelques peu expéditives.
. Amour, Michael Haneke (palme d’or 2012)
Georges et Anne sont octogénaires, ce sont des gens cultivés, professeurs de musique à la retraite. Leur fille, également musicienne, vit à l’étranger avec sa famille. Un jour, Anne est victime d’une petite attaque cérébrale.
. Le Guépard, Luchino Visconti (palme d’or 1963)
En 1860, tandis que la Sicile est submergée par les bouleversements de Garibaldi, le prince Salina se rend dans sa résidence de Donnafugata. Prévoyant le déclin de l’aristocratie, ce dernier marie son neveu Tancrède à la fille du maire de la ville, symbole de la classe montante.
. Taxi Driver, Martin Scorsese (palme d’or 1976)
Vétéran de la Guerre du Vietnam, Travis Bickle est chauffeur de taxi dans la ville de New York. Ses rencontres dans le monde de la nuit, la violence quotidienne qu’il croise lui font peu à peu perdre la tête.
Vétéran de la Guerre du Vietnam, Travis Bickle est chauffeur de taxi dans la ville de New York. Ses rencontres dans le monde de la nuit, la violence quotidienne qu’il croise lui font peu à peu perdre la tête.
. Orfeu Negro, Marcel Camus (palme d’or 1959)
https://www.youtube.com/watch?v=Klio800I6Ys
A la veille du Carnaval de Rio, Eurydice arrive de la campagne pour y retrouver sa cousine Sérafina. Elle fait la rencontre d’Orphée, conducteur de tramway et artiste adulé par le peuple pour ses qualités de danseur et de guitariste.
. Kagemusha, l’ombre du guerrier, Akira Kurosawa (palme d’or 1980)
En 1573, le Japon est le théâtre de guerres incessantes entre clans rivaux dont l’un est mené par Takeda. Tombé au front, celui ci demande que sa mort reste cachée. Un voleur lui ressemblant fait alors office de doublure pour duper leurs ennemis.
Fun fact : Francis Ford Coppola et Georges Lucas sont tout deux producteurs exécutifs.
. Barton Fink, Ethan & Joel Coen (palme d’or 1991)
En 1941, Barton Fink est un jeune dramaturge timide et effacé, dont la dernière pièce est encensée par la critique à New York. Son agent le pousse à tenter sa chance à Hollywood comme scénariste sous contrat pour un studio, Capitol Pictures.
Fun fact: Barton Fink rafla presque tous les prix du festival cette année là et c’est à partir de cette date que son administration prit des mesures pour empêcher que cela se reproduise.
Richard Wayne Penniman alias Little est décédé à 87 ans le 9 mai des suites d’un cancer des os. Pianiste, auteur, compositeur, interprète et acteur, il laisse un héritage musical immense.
Né le 5 décembre 1932 à Macon en Géorgie, c’est, avec Chuck Berry, Fats Domino et Bo Diddley, l’un des pionnier du rock n’roll à la fin des années 1950’s et l’un des premiers musiciens noirs de rock à connaître le succès auprès des blancs. Il est même surnommé “l’architecte du rock” en ce qu’il réussi la fusion du boogie, gospel et blues agrémenté d’un piano énergique joué debout
Sa légende tient également en sa personnalité excentrique. Raillé dans sa jeunesse en raison de ses manières efféminées, il va en prendre son parti sur scène à base de tenues flamboyantes.
Little Richard c’est aussi un répertoire sulfureux et sexuellement connoté.
Il a ainsi influencé nombres d’artistes. Bob Dylan, par exemple, a commencé par des reprises de ses tubes. Les Rolling Stones ont fait évolué leur musique vers un style plus blues à son contact. Jimi Hendrix et Otis Redding ont même débuté comme musiciens anonymes dans son groupe. Une expérience qui marquera leur style à jamais comme toute une génération d’artistes noirs américains tel que Prince ou encore Bowie, Elvis ou The Beatles. Son ami James Brown déclarera d’ailleurs Richard comme l’un des artistes les plus importants de sa carrière et précurseur avec son groupe de la soul funk des années 1960.
Tous les grands artistes lui ont rendent aujourd’hui hommage à commencer par Mick Jagger, Iggy Pop ou Bob Dylan.
Plus qu’un architecte, Little Richard avec ses performances, ses tenues et son attitude rebelle et provocante donne le ton d’un genre musical qui le fera entrer au Rock and Roll Hall of Fame (dont il est un des fondateurs) dès sa création en 1986. Architecte musical, oui, il est surtout l’un des chefs de file de l’émancipation noire et homosexuelle.
. Tutti Frutti (1955)
Fun fact : le célèbre “Tutti Frutti” fait référence au sexe anal qu’il maquille dans des onomatopées groovy “a wop bam a loo bam a wop bam boum”
En ce moment de confinement toutes les plus grandes institutions culturelles du monde nous proposent de découvrir certaines de leurs œuvres, de leurs créations de manière digitalisées. Et le National Theater du Royaume-Uni n’échappe pas à cela. Ils ont alors posté leur adaptation du célèbre roman de Mary Shelley : Frankenstein sur leur chaîne Youtube. Et tenez-vous bien, car le casting est plutôt exceptionnel avec Benedict Cumberbatch et Jonny Lee Miller ! Deux acteurs anglais qui ont notamment en commun d’avoir incarné sur le petit écran le plus fameux des détectives : Sherlock Holmes ! (Benedict Cumberbatch dans Sherlock, une série anglaise créée par Mark Gatiss et Steven Moffat et diffusée sur BBC One. Produite par Hartswood Films et BBC Wales pour la BBC et WGBH Boston – Jonny Lee Miller dans Elementary, une série américaine créée par Robert Doherty et diffusée sur le réseau CBS aux États-Unis, produite par CBS). Alors, que valent-ils sur les planches ?
Tout d’abord, la pièce mise en scène par Danny Boyle (Slumdog Millionnaire, Transpotting, 127 heures et aussi réalisateur du prochain James Bond) est disponible en deux versions. En effet, Benedict Cumberbatch et Jonny Lee Miller se sont prêtés au jeu d’interpréter chacun à tour de rôle la créature de Frankenstein et le docteur Victor Frankenstein. Ce qui permet d’apprécier les deux styles d’interprétation des comédiens et peut-être de choisir son préféré…
La mise en scène de cette adaptation est très dynamique déjà par le choix d’une scène ronde qui permet aux spectateurs de bien entrer dans la pièce et aux personnages d’être au plus près de ces derniers surtout qu’une passerelle traverse le public à certains moments. Et aussi, l’ajout par instant de rails qui permettent de faire bouger des éléments des décors. Le choix de ceux-ci oscille entre univers steampunk lorsqu’il s’agit de représenter l’univers des travailleurs, des usines, et de l’atelier du docteur en Ecosse. Et beaucoup plus classique pour représenter notamment la demeure du jeune docteur Frankenstein ; avec des couleurs pastel, des lignes droites rassurantes qui enferment les personnages de cette maison. Le contraste est alors frappant entre les deux univers. Ce ne sont pas des idées à proprement nouvelles mais elles sont très bien élaborées et présentées. Cette scénographie ne noie pas, en tout cas, le jeu des acteurs car elle sait rester sobre et efficace. Prenons pour preuve la première scène qui est la naissance de la créature, le comédien sortant alors d’une espèce de cocon, qui essaie tant bien que mal de comprendre ce qu’il se passe, où il est et comment faire bouger son corps afin de ne pas tomber… Cette scène dure alors vingt minutes et M. Cumberbatch ou M. Lee Miller se doivent d’être captivants et vrais afin d’attirer le spectateur et ne pas le perdre pendant cet instant douloureux et perturbant. Et je trouve qu’ils ont su l’être. Le spectateur suit avec émotions, les premiers pas, les premiers sons puis les premiers mots, premières phrases et même premiers raisonnements philosophiques et moraux de la créature tout en connaissant déjà son inexorable destinée ; quand en parallèle on assiste au triomphe de l’ego du docteur et à sa chute, de même, inévitable.
En quelques mots, cette adaptation est bien réalisée. Elle est moderne, neuve et pleine d’énergie. L’échange des rôles entre Cumberbatch et Miller nous fait évidemment nous poser la question : qui est alors le monstre ici ? Le casting des quelques personnages principaux est de qualité et il est aisé d’entrer dans l’histoire, même si la langue anglaise peut représenter une barrière. Mais le théâtre c’est souvent bien plus que des mots. Ce sont des personnages, des lieux, des représentations, des émotions, qui lorsqu’ils sont justes, permettent au spectateur d’être touché et de comprendre facilement la trame de la narration.
Alors cliquez sur le lien ci-dessous pour découvrir le trailer de la pièce et laissez-vous tenter par une nouvelle pièce du National Theater tous les jeudis ! De plus, à chaque pièce son contenu exclusif sur la chaîne Youtube du théâtre. Si vous êtes frustré.e de ne pas avoir pu voir Benedict, vous pourrez alors le retrouver dans différentes vidéos présentant l’oeuvre. Alors on clique et on reste curieux !