#ACTU: Oscars 2020

#ACTU: Oscars 2020

La nuit dernière (décalage horaire oblige) s’est déroulée, la 92e cérémonie des Oscars au sein du Dolby Theatre de Los Angeles (CA, USA). Une soirée au palmarès attendu mais qui nous a quand même réservé quelques surprises. Retour … 

Palmarès 

. Sans grande surprise, le coréen Bong Joon ho et son Parasite dominent la soirée et continue son ascension avec sa victoire pour le Meilleur film, Meilleur réalisateur et Meilleur film en langue étrangère (entre autres). Il entre ainsi dans la légende comme le premier film sud coréen à remporter l’Oscar du Meilleur réalisateur.

. Le Meilleur court métrage, lui, revient à The Neighbor’s Window écrit et dirigé par Marshall Curry. 

. Le Meilleur documentaire, quant à lui, est remporté par American Factory de Steven Bognar et Julia Reicher. 

. Le prix de la Meilleur actrice va à notre Bridget Jones préférée, Renée Zellweger pour Judy de Rupert Gold. 

. Sans grande surprise, une fois encore, l’award du Meilleur acteur est remporté par Joaquin Phoenix pour sa superbe performance dans Joker de Todd Philipps. Rôle pour lequel il a, d’ailleurs, perdu pas moins de 23 kg ! 

. Le Meilleur second rôle féminin revient à Laura Dern dans le film Netflix Marriage story de Noah Baumbach. 

. Le Meilleur second rôle masculin, lui, revient à l’hilarant Brad Pitt pour le tarantinesque Once Upon a Time …in Hollywood. 

. Le Meilleur film d’animation est remporté par Toy Story 4 de Josh Cooley tandis que celui du Meilleur court métrage d’animation revient à l’émouvant Hair Love écrit et réalisé par Matthew A. Cherry. 

. Côté musique, l’award de la Meilleure chanson originale va à (I’m Gonna) Love Me Again de la BO du biopic Rocketman de Dewter Fletcher et la Meilleure bande originale à Joker. 

Performances

. On notera la standing ovation qui a accompagné la performance surprise du roi Eminem reprenant son désormais classique Lose Yourself. 

. Billie Eilish rend un vibrant hommage aux disparus du show business avec une superbe reprise de Yesterday des Beatles 

https://www.youtube.com/watch?v=FKmqtaxIS3Y

. Disney Company était dans le game avec la performance de Idina Menzel et la superbe Aurora pour Into the Unknown tout droit sorti de la BO de Frozen 2

https://www.youtube.com/watch?v=iI_cnK_YSro

. Sir Elton John, également, nous a offert une énergique performance de sa chanson désormais oscarisée: 

What’s the tea ? 

Cette année encore, le hastag #Oscarsowhite est de la partie. C’est toutefois sur le front de la parité que les participants à la 92e cérémonies des Oscars se sont fait remarquer. Pour la deuxième année consécutive, en effet, la catégorie Meilleur réalisateur (la plus prestigieuse de toutes) est entièrement masculine. 

Natalie Portman, tout d’abord, arbore sur le tapis rouge un ensemble Dior dont le revers de la cape a été tissé des noms des réalisatrices dont les oeuvres ont été nommés dans plusieurs compétitions cette année mais qui n’ont pas eu la chance de concourir pour le titre de Meilleur réalisateur. 

C’est ensuite au tour de Laura Dern. La lauréate du prix de la meilleure interprétation féminine déclare sur scène que si elle pouvait donner son Oscar à Greta Gerwig, directrice des Filles du Docteur March, elle le ferait sur le champ. 

Sigourney Weaver, Brie Larsson et Gal Gadot ont annoncé, quant à elle, qu’elles étaient un trio assez puissante et de continuer en plaisantant, qu’elles allaient lancer un fight club dans les coulisses. “Même les hommes sont acceptés.. à condition que vous ne portiez pas de short. C’est comme ça. Vous n’avez juste pas le droit”, déclarent elles. Elles annoncent également que le perdant devra répondre aux questions des journalistes sur ce que c’est d’être une femme à Hollywood. Les trois stars finissent par conclure en affirmant que “toutes les femmes sont des héroïnes”. 

Les trois actrices soulignent également que c’est la première fois (en 92 ans tout de même) qu’une femme cheffe d’orchestre est choisie pour diriger la soirée. Eimear Noone est, by the way, reconnue pour son travail en matière de jeux vidéo. 

Il est à noter d’ailleurs que la compositrice de la bande originale de Joker était la première femme à être oscarisée dans cette catégorie. 

L’avènement d’une sororité hollywoodienne, un Oscar sud coréen… Les 2020’s seront elles la décennie du changement ?

# ExploCiné: MASQUE/ Le méchant masqué

# ExploCiné: MASQUE/ Le méchant masqué

Porter un masque est synonyme de jouer un rôle, de cacher son vrai soi et ses intentions. Il arrive cependant que le masque soit plutôt un instrument de liberté. On se cache alors le visage afin de pouvoir se laisser aller. Le visage devient le véritable masque. 

A l’écran, l’un des classiques pour insuffler le malaise et surtout identifier un personnage comme le “grand méchant” reste donc encore … de le masquer. Technique, ô combien culte, elle est largement utilisée et pas simplement dans le film d’horreur. 

Au moindre revers funeste, le masque tombe; l’homme reste et le héros s’évanouit”, Jean Baptiste Rousseau, Ode à la fortune 

Le mystère du masque 

Le masque maléfique au cinéma intrigue et surtout inquiète. On ne peut voir ses traits humains, ses yeux (parfois) et ses expressions qui nous donnerait au moins quelques indices sur son prochain move. 

Il avance donc dans l’ombre. On ne sait plus vraiment si il s’agit d’un autre spécimen humain ou d’une chose toute autre. 

C’est lorsqu’il revêt son masque que le méchant devient “le Méchant”. Le masque ainsi personnifié prend alors une telle importance qu’il devient personnage à part entière. En un seul regard, il glace le sang même lorsqu’il n’est pas porté. Il suffit de voir le stress causé par le masque du tueur de la saga Scream de Wes Craven. Un visage tordu par un cri ignoble lequel est devenu comme un symbole du méchant masqué énigmatique.

Il en appelle ainsi à notre peur de l’inconnu et de ce qui est différent. 

On ne peut seulement qu’imaginer à quoi doit ressembler l’homme en dessous… ce qui est beaucoup plus terrifiant que n’importe quelle balafre.  

Monstre 

Son masque porté, le méchant fait peur car il ne ressemble alors plus à un quelque chose que l’on connaît et reconnaît. Il s’éloigne de l’humain. Sa colère et ses penchants le font devenir quelqu’un (ou quelque chose de tout autre).

Il permet cependant à nombre des ces sombres personnages de révéler ce qui se cache derrière le masque du visage humain et, donc, social. La musolière d’Hannibal Lecter, par exemple, met à jour ses instincts véritables et le fait devenir la bête qui sommeille en ce distingué psychiatre.

Le méchant masqué incarne ainsi les deux versants d’un tel accessoire à savoir, se cacher et se libérer (lesquels ne sont pas indissociables). L’accent est cependant de plus en plus souvent pointé sur les raisons d’un tel déchaînement de violence. Pourquoi le méchant est méchant donc. Il apparaît alors comme un être brisé, triste et qui a de sérieux problèmes d’extériorisation. Le masque lui permet donc de cacher plus qu’une identité ou une nature bestiale mais bien les fissures d’une poupée russe au bord de l’implosion.

Reconnaissable et iconique 

Le masque devient donc une caractéristique indissociable du personnage. Qu’il serve à cacher une identité, une balafre ou quoique ce soit, il libère du masque social et donc de l’humain. 

Il devient souvent aussi célèbre (voire plus encore) que son porteur. Le masque du méchant devient surtout l’élément reconnaissable d’un film, son symbole. Il devient la vraie star de l’histoire. 

Top 6 des méchants masqués les plus célèbres

(cités ici pour leur première apparition à l’écran) 

. Hannibal Lecter aka Anthony Hopkins in Le silence des agneaux (Jonathan Demme, 1991)

. Dark Vador aka David Charles Prowse in Star Wars IV, V et V (Georges Lucas, 1977/1983) 

. Bane aka Tom Hardy in The Dark Night Rise (Christopher Nolan, 2012) 

. Le tueur de la série Scream in Scream (Wes Craven, 1996) 

. Jason Voorhees aka Ari Lehman in Vendredi 13 (Sean S. Cunningham, 1980)

Le masque est devenu un élément phare lorsqu’il s’agit de signifier un personnage sombre et plus complexe qu’il n’y paraît. Il est également devenu l’un des plus grands succès commerciaux de l’industrie du cinéma en matière de goodies. Il n’y a qu’à voir le nombre de masque du tueur de Scream en circulation pendant Halloween. Simple mais efficace.

# ExploCiné: REVOLUTION/ La rébellion par le cinéma

# ExploCiné: REVOLUTION/ La rébellion par le cinéma

Dans notre monde contemporain, le cinéma est à son insu la courroie de transmission la plus efficace de la propagande. Il n’a pas son pareil pour propager idées et opinions”, Edward Bernays 

Le plus célèbre des publicitaires ne s’y est pas trompé. Lors de l’écriture de son Propaganda, Comment manipuler l’opinion publique en démocratie (Bible s’il en est de tout marketeux et affiliés) à la fin de 1920’s, il prévoit l’immense pouvoir des images animées sur le public. O combien il avait raison ! Le 7e art est l’outil par excellence de démonstration du discours à destination des masses. Fictionnel ou documentaire, animé ou filmé in situ, les conteurs en usent et abusent afin de propager leurs idées et rallier le public. Le poids des mots, le choc des … plans, qu’ils disaient à Paris Match

Des films qui dénoncent 

Certains films ont permis de pointer du doigt et mettre sur le devant de la scène injustices et grandes questions existentielles. Il arrivent également que certaines de ces productions participent au démarrage d’une rébellion. C’est d’ailleurs là que le discours doit être pris avec des pincettes. Le cinéma est un art et repose donc sur un discours. Qui dit discours, dit potentielle manipulation. Le choix du script, de l’angle de vue et de montage peuvent amener à déformer le réel. Il est donc nécessaire de s’intéresser au contexte de production d’une telle oeuvre (qui ? quoi ? où ? comment ?) avant toute analyse hâtive. 

AI (S.Spielberg, 2001) & Blade Runner (R. Scott, 1982): Ces deux oeuvres sont des précurseurs dans le domaine de la réflexion autour de l’intelligence artificielle. Elles amènent également une belle parabole sur l’acceptation de la différence. 

The Dallas Buyers Club (J.M. Vallée, 2014): Une très belle histoire (vraie) sur le combat de la communauté homosexuelle pour sa reconnaissance. 

Mais aussi :

Les Misérables (Ladj Ly, 2019)
Bowling for Columbine (M. Moore, 2002)

Des films étendards 

D’autres films, encore, cristallisent une lutte d’une manière saisissante. Ceci à tel point, qu’ils en deviennent l’emblème de la cause. Ces films sont, la plupart du temps, considérés comme des oeuvres de premier plan, passionnent les foules en salle et deviennent cultes. Oui, oui! On insiste si vous ne connaissez aucuns des films de cette catégorie, filez tout de suite dans votre canapé, un bol de pop corn à la main. 

Soleil vert (R. Fleischer, 1974) : Cette oeuvre d’anticipation explore la question du monde moderne sur industrialisé et des inégalités sociales qui en découle. Attention ! A ne pas mettre sous toutes les paires d’yeux. 

Le Congrès (A.Folman, 2013) : Le réalisateur de Valse avec Bachir (2008) s’intéresse, ici, à la virtualisation grandissante de notre perception du monde 

Home (Y.A. Bertrand, 2009) et Océans (J.Perrin, 2010) 

Dans un côté plus social, on notera le très beau (mais un peu classique) Human (Y.A. Bertrand, 2015) ou si on pense fiction, l’impact de Slumdog Millionnaire et, bien sur, V pour Vendetta

Des films du souvenir 

Une rébellion, une cause ou toute autre combat passe par trois phases: l’étincelle qui met le feu aux poudres, le combat en lui même et, enfin le devoir de mémoire. Se souvenir des évènements et des acteurs qui y ont contribués est, en effet, nécessaire en signe de respect mais aussi à titre d’exemple pour l’Histoire future. 

La Guerre du Vietnam et Seconde Guerre Mondiale (notamment le Débarquement et la Résistance), notamment, sont très représentés à l’écran. Il s’agit effectivement d’événements tragiques d’ampleur mondiale. Ils sont encore considérés comme des traumatismes et participent d’un travail de “digestion patrimonial” pour les USA avec la première et pour l’Europe avec la seconde. 

Platoon (0.Stone, 1987) & Apocalypse Now (F.F.Coppola, 1979) : Ces oeuvres cultissimes dénoncent le traitement des soldats par les hauts lieux dans une guerre qui a perdu son sens.

Les Sentiers de la Gloire (S.Kubrick, 1975): Le grand manitou de 2001, l’Odyssée de l’espace (1968) et Orange Mécanique (1972) se penche ici, à l’instar des oeuvres précédentes, sur les conséquences des choix stratégiques en temps de guerre. 

Mais aussi :

12 years a slave (S.McQueen, 2014)
L’étincelle: Une histoire des luttes LGBT + (B.Masocco, 2019)

Le cinéma est un outil (si ce n’est THE outil) puissant pour conter histoires et idées. Il peut être très utile lorsqu’il s’agit d’alerter l’opinion publique et de faire bouger les choses. Son discours est néanmoins à prendre avec d’extrêmes précautions. Entre propagande et témoignage, le 7e art n’a pas fini de déchaîner les passions.

#ExploCiné: REVOLUTION/L’émeute au cinéma

#ExploCiné: REVOLUTION/L’émeute au cinéma

Kill, kill, kill !”, c’est par ce cri que débute l’émeute à Springfield dans Les Simpsons, le film (David Silverman, 2007). Une émeute c’est impressionnant, effrayant, grisant … C’est tout cela mais c’est surtout l’expression de la colère collective. C’est une rage trop longtemps contenue, sous jacente, qui explose et détruit. L’émeute est bien souvent décrite comme le chaos déchaîné sur Terre. Elle est, parfois aussi, le mal nécessaire, la destruction pour mieux reconstruire. 

A l’écran, elle peut être un outil puissant. Qui n’a jamais eu envie de monter à la barricade suite à une telle scène ? Une question se pose cependant : Comment filmer le chaos ? Comment en retranscrire surtout le sens du collectif ? 

Le visage de la colère 

Le Larousse définit le phénomène comme un soulèvement populaire généralement spontané et non organisé, mouvement, agitation, explosion de violence. 

Le terme de mouvement n’est pas anodin. C’est une explosion certes, mais qui résulte d’un besoin (certain ou ressenti) de passer à l’action. Le peuple trop longtemps enchaîné choisit de se faire justice. Elle devient foule déchaînée. 

C’est la colère dans son côté le plus social. Un mouvement par lequel les individus disparates ne sont plus qu’un tout en étant multiple. Les participants par ce formidable élan d’appartenance deviennent entité : l’Emeute.

Filmer le chaos 

Deux grandes problématiques entrent alors en jeu lorsqu’il s’agit de filmer le phénomène. La première est purement technique. C’est une explosion de violence. Quels moyens mettre en place alors pour rapporter des images depuis l’oeil du cyclone ? 

La seconde est plus théorique et esthétique. Que montrer et surtout comment le montrer ? Un plan depuis l’hélico TV ne traduira pas la même chose que des images des participants face à la police. Le contexte même dans lequel l’émeute l’inscrit dans le message final. Est ce un documentaire ? Une fiction d’émancipation ? 

L’émeute c’est une explosion sociale, certes, mais non moins violente. Le principal risque est alors de romancer un tel phénomène. 

Raciale, politique ou même manipulée, l’émeute est de plus en plus représentée en salle. 

Voici une petite liste (non exhaustive) des plus célèbres de ces retranscriptions : 

. Kings, Deniz Gamze Erguven (2018) 

Le film retrace le procès de Rodney Kings et des événements qui ont menés aux émeutes de 1992 à Los Angeles sous le prisme d’une résidente de la ville des Anges. 

. Do the Right Things, Spike Lee (1989)

Lee retrace une journée estivale dans son quartier d’enfance, Brooklyn. La chaleur ambiante va très vite faire monter la tension. 

. Joker, Todd Philipps (2019) 

Dans un contexte socio économique tendu, le Gotham pré Batman est en proie à de grosses disparités sociales. La ville est une vraie poudrière. L’action remarquée de celui qui se fait appelé “Joker” en direct ne fera que mettre un visage sur la colère ambiante et met le feu aux poudres. 

. V pour Vendetta, James McTeigue (2006) 

Est il besoin de le présenter ? Vraiment ! 

Le film montre, à l’égal de Joker, comment une personne peut devenir le visage de la colère et ainsi personnifier la rébellion. Il indique cependant aussi comment par la manipulation d’images et autres stratégies, on peut manipuler l’opinion pour l’amener à se soulever. 

. Détroit, Kathryn Bigelow (2017) 

Inspiré de faits réels, le film raconte les événements de l’été 1967 aux USA. Le contexte est fortement tendu entre la guerre au Vietnam vu par la population comme une intervention colonialiste et la ségrégation raciale. Les événements de l’Algiers Motel à Detroit vont alors mener à ce qui est à ce jour, l’une des émeutes les plus violentes de l’histoire des Etats Unis. 

. What you gonna do when the world’s on fire ?, Roberto Minervini (2018) 

Un an après la mort d’Alton Sterling, il s’agit d’un documentaire autour de la communauté Afro Américaine de Baton Rouge (Louisiane, USA) à l’été 2017 alors qu’une série de meurtres violents secoue le pays. 

# ACTU : Oscars 2020, french touch et controverses

# ACTU : Oscars 2020, french touch et controverses

Ce lundi 13 janvier était annoncé en direct la liste finale des nominés aux Oscars 2020. Cette sélection, gérée par l’AMPAS (Academy of Motion Pictures, Arts and Sciences ou FR: Académie des arts et des sciences du cinéma) fut très vite la cible des critiques. Pourquoi tant de bruits ? Qui succédera à Green Book : Sur les routes du sud (Peter Farelly, 2019, meilleur film) et Alfonso Cuaron (Roma, 2018, Meilleur réalisateur) ? Réponse le 9 février….

Et les nominés sont… 

Pas de grosses surprises, cette année encore, Golden Globes et Oscars semblent s’être passé le mémo. Rien de bien surprenant donc à voir figurer les Once upon a time in Hollywood (Q. Tarantino, 2019), The Irishman (M.Scorsese, 2019) et autres Le Mans 66 (James Mangold, 2019)

Spotlight tout de même sur Joker de Todd Phillips (2019) et ses 11 nominations dont Meilleur film et Meilleur réalisateur. Le super vilain de l’univers DC Comics continue ainsi son ascension. On notera que s’il ne s’agit pas d’un film de super héros à proprement parler, c’est une bulle de plus pour la pop culture sur le chemin de la reconnaissance. 

Parasite, également, figurent l’une des comètes de cette année 2019 ! Après une Palme d’or 2019, le Golden Globes du meilleur film en langue étrangère, il s’illustre avec pas moins de 6 nominations. Bong Joon Ho devient ainsi le premier réalisateur sud coréen à figurer au sein des prestigieuses catégories de Meilleur Film et Meilleur réalisateur. “Le cinéma coréen a une longue histoire. Ce serait super si les gens s’intéressaient à (ce) cinéma grâce à ma nomination”, déclarait il dans une interview pour Variety en novembre. 

Il est à noter également la belle performance du macédonien Honeyland (Tamara Kotevska et Ljubo Stefanov, 2019) qui s’octroit une place dans la compétition pour le Meilleur film étranger et Meilleur documentaire. Il s’agit là d’ailleurs, d’un fait assez rare pour un documentaire.

Oscars plus white que Wild 

La sélection des Golden Globes, il y a quelques semaines, fut critiquée pour avoir privilégié encore une fois les réalisateurs masculins. Qu’à cela ne tienne ! Les Oscars…font exactement la même chose ! 

Greta Gerwig figure aux nominés pour le Meilleur Film avec Les Filles du Docteur March mais c’est à peu près la seule à avoir trouvé un peu de place dans cette liste. La prestigieuse catégorie Meilleur réalisateur, pour ne citer qu’elle, est exclusivement masculine. On regrette d’ailleurs l’absence de Jennifer Lopez après sa prestation come back dans Queens, de même que Lupita Nyong’o dans Us

Il n’y a pas que du côté parité que l’Académie pêche cependant. La diversité culturelle, elle aussi, prend un petit crochet du gauche. Une seule représentante de la communauté noire est en lice cette année, en effet, Cynthia Erivo, sélectionnée pour la Meilleure actrice dans Harriet. Les Oscars s’étaient, cependant, déjà illustrés en 2016 avec la polémique #OscarsSoWhite et avaient fait quelques pas (sur la pointe des pieds). La leçon n’a toutefois pas été retenue. 

Parasite et les Misérables figurent ainsi le peu d’ouverture qui colorera cette sélection. 

Netflix, Marvel & pop culture 

Les plateformes numériques avec Netflix comme fer de lance gagnent encore un peu plus de terrain avec 20 nominations cette année. The Irishman (starring Monsieur Al Pacino) figurent dans neuf catégories. L’outsider Marriage Story avec Adam “Kylo Ren” Driver et Scarlett Johansson, quant à lui, s’illustre dans pas moins de six de ces catégories dont Meilleur film. Ces nominations démontrent que, plus que jamais, la question des acteurs numériques est décisive dans le destin de l’audiovisuel (pour le meilleur et pour le pire). 

La culture pop (arme digitale par excellence) est cependant peu représentée par l’Académie. Avengers: Endgame s’en sort avec une nomination pour Meilleur effet spéciaux malgré les espoirs qu’il suscitait chez Marvel. Star Wars: The Rise of Skywalker, quant à lui, fait un peu mieux avec 3 catégories : Meilleurs effets visuels, Meilleur bande originale (avec John Williams aux commandes, on aurait été étonné du contraire) et Meilleur montage sonore. Serait ce là une conséquence des propos de Scorsese (et des débats qui ont suivi) lorsqu’il déclarait que les “films de super héros ne sont pas du cinéma” ? 

Hollywood’s frenchies 

La France, quant à elle, effectue une belle performance avec deux oeuvres nominées à son palmarès. 

Les Misérables (Ladj Ly, 2019) s’illustre dans la course pour le prix du Meilleur film en langue étrangère. 

L’animation française est également représentée avec le très beau, J’ai perdu mon corps (Jérémy Clapin, 2019) nommé pour le Meilleur Film d’animation

Chaque année les nominations pour les grands prix de cinéma, Oscars et autres Golden Globes en tête sont l’occasion de prendre la température de la galaxie cinéma. De très belles oeuvres éclairent cette liste de nomination des Oscars 2020. Cette dernière, cependant, appuie les problématiques qui secouent l’industrie audiovisuelle. Parité et diversité en tête, autant d’ajustements qui deviennent indispensables. Malgré l’effervescence, c’est tout de même du beau monde qui est attendu à Los Angeles début février ! Une cérémonie qui sera, d’ailleurs, sans animateur prévu pour la seconde année consécutive. A vos pronostics !

#ACTU : 10 faits à savoir sur Spike Lee

#ACTU : 10 faits à savoir sur Spike Lee

Thierry Frémaux l’a annoncé ce matin: Spike Lee sera le président du jury pour l’édition 2020 du Festival de Cannes qui se tiendra du 12 au 23 mai prochain. Absent des projecteurs depuis 27 ans, le réalisateur, scénariste et producteur a beaucoup fait parlé de lui ces deux dernières années avec le poignant Blackkklansman. Qui est Spike Lee et pourquoi sa nomination produit un tel impact ? Voici quelques éléments de réponse.

1. Shelton Jackson Lee, dit Spike Lee, est né à Atlanta (Géorgie, USA), le 20 mars 1957. Il fut élevé à Fort Greene dans l’arrondissement de Brooklyn à New York.

2. Spike Lee est le premier président noir du jury cannois et plus généralement d’un grand festival de cinéma. D’autres personnalités de la diaspora africaine ont déjà été membres de ce même jury comme l’acteur Will Smith en 2017. C’est la première fois, cependant, qu’il sera présidé par un représentant de la communauté noire.

3. Son premier long métrage Nola Darling n’en fait qu’à sa tête (She’s Gotta Have It) fut présenté à la Quinzaine des réalisateurs de 1986. Il raconte une portion de la vie d’une jeune femme et de ses relations amoureuses (mais pas que) desquelles elle parle librement et notamment de son hésitation entre trois amants. Il sera adapté en série, trente ans plus tard, par Netflix notamment en raison de son rôle de précurseur auprès de la cause féministe.

4. Spike a présenté 7 de ses films au Festival de Cannes dans diverses catégories. Do the Right Thing (1989), Jungle Fever (1991), Girl 6 (1996), Summer of Sam (1999) et Ten Minutes Older (2002) et reçoit en 2018 le Grand Prix pour Blackkklansman.

5. Il a explosé au début des années 90 avec Do The Right Thing. Le film porte à l’écran une journée dans le célèbre quartier de Brooklyn (NY, USA) mais surtout casse avec beaucoup d’humour et de bon sens les préjugés du racisme ordinaire. Ce sera la première fois qu’une émeute à caractère racial est montrée sur grand écran.

6. Spike Lee c’est un cinéma engagé et surtout frontal comme son réalisateur qui n’hésite pas à faire savoir son avis de manière claire. Sa tentative de sortie remarquée du Dolby Theatre après la victoire pour l’Oscar 2019 du meilleur film par Green Book en est un exemple. Lee est connu pour ses clashs violents. Il a notamment épinglé Q.Tarantino pour sa représentation de la culture noire et son utilisation trop fréquente du terme “nègre”. Il a notamment déclaré ne pas vouloir voir Django Unchained (2013) en ce qu’il est un “manque de respect pour (ses) ancêtres” car “l’esclavage américain n’était pas un western spaghetti de Sergio Leone. C’était un holocauste.

7. Le réalisateur revendique son droit de travailler librement et va, pour ce faire, fonder sa propre entreprise de production en 1978. 40 Acres and a Mule Filmworks se nomme ainsi en référence au Special Field Order 15 lequel promettait d’offrir des terres aux ex esclaves au moment du passage du 13e amendement en 1865. Terre qui fut rendue à ses précédents propriétaires à la mort de Lincoln. L’entreprise est toujours en activité.

8. Spike Lee était très ami avec le musicien Prince. Il s’est d’ailleurs rendu à la cérémonie des Oscars 2019 tout de violet vêtu en hommage à la superstar disparue en 2016. La BO de Blackkkansman contient d’ailleurs un titre unreleased du chanteur.

9. Il est admiratif du travail de Michael Jackson et il est le réalisateur du clip de They Don’t Care About Us (1996).

10. Grand fan des Knicks de New York, il participe au scénario du jeu vidéo NBA 2k16 sorti le 29 septembre 2015 sur consoles, PC, iOS et Androïd.

Spike Lee c’est une énergie folle ! Beaucoup de colère, bien sûr, mais aussi beaucoup d’humour. C’est d’ailleurs ce savant mélange de fervent militantisme et de punchlines toujours justes qui font de ses oeuvres tellement plus que de simple pamphlets militants. Black Panthers(2018), Get out (2017), US (Jordan Peele, 2020)… autant de productions qui ont pu voir le jour (ou plutôt les projecteurs) grâce au travail de Spike Lee. Le cinéma noir par les noirs fait, en effet, de plus en plus parler de lui. Des oeuvres moins polémiques, certes, mais qui ont vocation à s’étendre à tous les publics. On murmure, d’ailleurs, que Lee aurait un projet en cours avec Chadewick Boseman, l’acteur principal de Black Panthers (2018). Ce printemps, Spike Lee et son jury désigneront le successeur de Parasite (Boog Joon ho, 2019) pour la Palme d’or. Nul doute qu’il s’agit de la promesse de moments forts pour le cinéma tant artistiquement que politiquement.