#EXPLOCINE : Etats-Unis et western :Comment écrire sa légende 101 ?

#EXPLOCINE : Etats-Unis et western :Comment écrire sa légende 101 ?

Né au début du XXe siècle, le western est considéré comme l’un des premiers genres du cinéma. Initialement, il met en scène les mythes fondateurs des USA pleins de tuniques bleues, de tribus indiennes, de duels au pistolet et bien sur de grands espaces. Au fil des décennies, cependant il s’est politisé, “philosophisé” même. Les héros ont changé de camp, sont devenus moins manichéens et le discours s’est approfondi. S’il garde son caractère légendaire et fait toujours rêver toutes générations confondues, le western ne se limite plus aux frontières de la mythologie américaine.

Avant tout un peu de contexte 

A ses prémices, le western est un genre littéraire. On y conte déjà les faits d’arme des tuniques bleues et surtout des héros de l’Amérique pionnière comme George Custer, défait à la bataille de Little Big Horn. On considère souvent que le premier film du genre fut Le Vol du Grand Rapide de Edwin S.Porter sorti en décembre 1903 et distribué par la Edison Manufacturing Company. Il connaît sa première heure de gloire au temps du cinéma muet. Rapidement, l’industrie se rend compte que ces récits d’aventures épiques se marient bien avec le burlesque, en vogue à cette époque. De nombreux noms de l’humour vont alors s’y frotter tel que Buster Keaton. Un ton comique qui restera l’un des piliers du genre à base de bruitages parfois surréalistes, de surenchère…  

Le western connaît cependant un passage à vide au moment de la transition avec le parlant avant de retrouver les salles avec notamment les films de John Ford dans les années 1930’s. C’est à cette époque que le genre s’approfondit et se politise. Les films ne sont plus de longues odes à la gloire des grandes figures coloniales (grands noms militaires mais aussi le Pionnier). Il ne s’agit plus seulement de glorifier la victoire de la culture sur la nature (tant dans les “relations” avec les tribus autochtones que littéralement avec la naissance des villes et surtout du chemin de fer). Le western se dote ici d’une double lecture afin de décrire, et décrier, les maux de l’Amérique de l’époque. Les premières nations ne sont plus les grands méchants de l’histoire et deviennent parfois même des héros. Une avancée certaine pour l’époque même si l’amérindien est encore bien souvent campé par un acteur blanc grimé et serti de plumes. 

Le western s’exporte bien. La portée légendaire du genre fait rêver le monde si bien qu’outre atlantique on se tente aussi au western. La France ou l’Allemagne s’y essayeront mais c’est en Italie que les USA rencontreront un concurrent sérieux. Appelé western spaghetti de façon sarcastique, le western à l’italienne à marqué l’histoire au point de s’inscrire profondément dans la culture du genre. Les films de Sergio Leone, par exemple, ont rencontré un succès immédiat et sont encore aujourd’hui des classiques du genre. Le western passe ici un cap et la portée de son message devient plus globale. Le grand méchant n’est plus le “sauvage” mais le promoteur qui exproprie les petites gens pour faire passer sa ligne de chemin de fer comme un écho avec les changements sociaux qui secouent l’Europe. Avec des influences diverses comme le japonais Kurosawa et une approche plus philosophique, le réalisateur italien donne au genre ses lettres de noblesse. A tel point que sa trilogie du dollar (Pour une poignée de dollars, 1964, Pour quelques dollars de plus, 1965 et Le Bon, la Brute et le Truand, 1966). 

Ecrire sa légende 

Bref, le western, ce n’est pas que des cow boys et des indiens qui se battent à coup de carabines. ça, un certain William Frederick Cody l’avait bien compris. Plus connu sous son surnom de Buffalo Bill, gagné au cours d’un duel qui l’opposa à un autre chasseur de bison en en tuant 69 contre 48 en une seule journée, Cody est aujourd’hui une légende de la conquête de l’ouest. Conscient qu’il assiste, fin XIXe, à l’extinction d’une époque faite d’aventure et de grandes plaines et surtout convaincu de l’immense potentiel de divertissement de celle-ci, il se lance dans une tournée de spectacles grandioses. Bisons, chevaux et véritables indiens se partagent la piste dans des reconstitutions (très) romancées de la conquête de l’ouest. Représentations après représentations, ville après ville, cette conquête ressemble plus en plus à une épopée légendaire et fait rêver le monde entier. L’American Dream s’inscrit dans la culture populaire. Le cinéma le marquera au fer rouge quelques décennies plus tard. Le western fait rapidement genre avec ses héros et ses demi-dieux comme John Wayne, Clint Eastwood ou John Fonda. 

Un outil marketing 

Le western est encore très apprécié de nos jours comme le démontre le succès de Django Unchained de Quentin Tarantino (2013). Les films de Ford ou même ceux de Leone sont aujourd’hui des classiques au panthéon de l’histoire du cinéma. 

Le western c’est aussi l’un des piliers de la mythologie américaine et surtout du soft power nord-américain. Le cinéma en tant que divertissement de masse et surtout d’outil de propagande ultra puissant est un atout de choix dans l’attirail d’un pays dont l’histoire s’écrit (semble-t-il) seulement à partir du XVIe siècle. Une tradition si brillamment narrée par l’Olympe-Hollywood qu’aujourd’hui encore, le genre fait parler de lui comme l’illustre le succès du Django Unchained de Quentin Tarantino (2013).

Quelques classiques du genre à voir avant de mourir

#Explociné : Le Lauréat, manifeste d’une époque

#Explociné : Le Lauréat, manifeste d’une époque

Si il est UN film à retenir de la fin des sixties, c’est bien Le Lauréat ! S’il est souvent éclipsé au profit du célèbre Easy Rider, Le Lauréat, adapté par Mike Nichols d’après un roman en grande partie autobiographique de Charles Webb (selon ce dernier),pourtant, est un vrai condensé de la révolte culturelle qui se trame à ce moment précis. Là où Easy Rider explore les limites d’un mouvement sur le déclin, il se pose en véritable manifeste de ce même mouvement qui vit alors son heure de gloire. Un classique donc, tant dans le discours qu’il déploie que par sa forme avec des plans inhabituels pour l’époque et qui lui aura valu d’être considéré comme le point de départ du Nouvel Hollywood. 

Les femmes au pouvoir 

L’un des premiers éléments de rupture est la place qu’occupent les femmes tout au long du film. Alors, certes, il y a encore du chemin à faire. Les personnages féminins sont encore très marqués par la dichotomie de la vierge (Elaine) et de la putain (Mrs Robinson). Elles occupent cependant une place centrale dans l’action. Benjamin est ballotté entre deux femmes et leurs décisions de sorte que ce sont elles qui mènent la danse. Notre héros désabusé aurait pu se laisser guider par une figure paternelle, un mentor, un gourou mais ce sont les femmes Robinson qui l’entraîneront dans un imbroglio presque oedipien. On est alors tenté de faire le lien avec le revival des mouvements féministes de cette époque et notamment le Women’s International Terrorist Conspiracy from Hell ou Witch. 

L’affiche, elle-même, traduit cette nouvelle place que commencent à se faire les femmes. On y voit, en effet, Benjamin posant avec une panthère noire, un symbole sensuel mais non moins dangereux. 

La sexualité 

La figure de la panthère, et plus largement du félin, est, en effet, largement associée aux femmes. Sa beauté, ses traits fins mais aussi ses mouvements souples ont très tôt inspiré ce lien dans l’imaginaire collectif dont le fameux chat noir, familier des sorcières en est l’exemple le plus répandu. On eût dit même qu’une sorcière pouvait se transformer en chat à l’envie.

Le félin, par ses mouvements lascifs, est aussi associé à la sexualité et surtout à la sensualité féminine. Dans Le Lauréat, le sexe prend en effet une toute nouvelle place. On en parle, il fait partie de l’initiation de Benjamin comme n’importe quel domaine de la vie mais surtout on parle du désir de Mrs Robinson, délaissée par son mari ou encore de sa grossesse. N’oublions pas, non plus, les célèbres plans subliminaux de poitrine féminine. Une approche résolument moderne du sexe à l’écran qui fait écho à la libération sexuelle de cette fin des sixties. 

Jeunesse et révolte 

Le film dans son ensemble est donc un condensé de la pensée des sixties. Il transpire de cette rupture entre une jeunesse avide d’expérience et un système dans lequel elle ne se reconnaît pas. Plusieurs scènes traduisent ainsi ce détachement de façon presque littérale. La scène du cadeau du père du jeune diplômé à celui-ci, par exemple, en est une allégorie aussi criante qu’un tableau. Engoncé dans un scaphandre peu pratique, Benjamin se voit obligé de faire une démonstration de l’équipement devant tout un parterre de relations de ses parents. Ne voulant pas les embarrasser, il saute dans la piscine sous le regard de tous qui le regarde plonger avec une joie polie. Son hublot devient son seul moyen de voir autour de lui mais son tuba l’empêche d’interagir. 

La scène d’ouverture, déjà, nous présentait également un Benjamin blasé à l’aéroport. Il se laisse glisser le long du tapis roulant sans aucune expression. Des visages, des silhouettes passent sans lui prêter la moindre attention (il ne leur en prête pas non plus). On ne peut en distinguer réellement l’une ou l’autre et elles ne semblent être que des ombres colorées prise dans un ballet monotone sur le superbe The sound of Silence de Simon and Garfunkel. 

Une bande son, d’ailleurs, qui restera estampillée sixties pour les décennies à venir.

Le Lauréat fait partie de la liste des films à voir avant de mourir. Par son sujet, le traitement qui en est fait, ses personnages et sa mise en scène, il casse les codes de l’ancienne garde et met en place ce qui devra le nouvel Hollywood. Surtout, le film de Mike Nichols cristallise toute une génération plongée dans une époque de grands changements sociétaux. Il déclare une nouvelle approche du monde mais laisse toutefois planer le doute quand à sa mise en pratique à l’image de sa scène finale qui laisse libre cours à l’interprétation. 

Explociné : Le cinéma nourrit-il les clichés sur la santé mentale ?

Explociné : Le cinéma nourrit-il les clichés sur la santé mentale ?

Le cinéma est une fantastique plateforme pour qui souhaite faire passer un message. Du film historique à la mémoire des martyrs de la Shoah (Inglorious bastereds, La liste de Schindler …) au film politique engagé contre le racisme (Ten years a slave, Do the right thing, Blackkklansman …) en passant par le film éducatif avec Disney en pole position, nos bibliothèques Netflix et consorts sont emplis de ces plans qui valent plus que des discours. Plus souvent utilisé comme un élément de décor narratif que placé au centre de l’intrigue, la santé mentale est de plus en plus intégrée aux grandes questions fouillées par le cinéma. Il n’est plus si rare de voir des personnages principaux aux prises avec leurs addictions (Trainspotting, Enter the void…) ou la dépression (Happiness Therapy…). 

Est-ce pour le meilleur ou pour le pire ? Petit tour d’horizon… 

Le besoin de représentation  

A la fin des années 1980’s et début 1990’s, le grunge s’installe. Comme en réponse aux représentations dorées et sourires ultra bright des 1980’s, ce nouveau courant réclame du vrai, les craquelures sous la belle peinture chromée. Kurt Kobain au premier plan, l’artiste se fait rockeur, bad boy sensible et réclame la libération des sentiments, de tous les sentiments (comme il n’est pas sans rappeler les Romantiques du XIXe siècles, cc Chateaubriand, Poe et Baudelaire). 

Ce retour du sensible et surtout son succès commercial fait émerger de nouvelles oeuvres plus sombres avec une approche plus psychologique des personnages et du contexte. Ce qui permet pour certains leurs premières rencontres avec les troubles mentaux. Jusqu’ici tabou et assez mal compris, les troubles obsessionnels compulsifs, la dépression, les troubles alimentaires et d’autres sont mis alors sur le devant de la scène (quand ce n’est pas au centre) et des oeuvres comme Rainman (Barry Levinson, 1988) ou Requiem for a dream (Darren Aronofsky, 2000) répandent l’émoi et surtout lancent enfin le débat autour de ces pathologies et des vies qu’elles créent. 

L’industrie du spectaculaire 

Le cinéma, cependant, reste un divertissement de masse. Ce caractère de divertissement induit alors qu’ il faut que le film soit accrocheur, qu’il fasse passer un moment riche en émotions et la volonté d’en faire profiter un public le plus vaste possible implique de devoir s’adapter, aplanir. Le cinéma a donc pour fâcheuse habitude de se concentrer sur ce qui sera fort, spectaculaire et propre à marquer les esprits. Les phases maniaques, qui ne sont pourtant qu’une infime partie de certains troubles du comportements, sont ainsi montrées à outrance lorsque tout le reste (phases dépressives, différences dans l’acceptation du monde, répercussions physiques…) sont presque invisibles des écrans. Seule porte d’entrée dans la psycho-éducation de certains publics, le cinéma met ainsi en avant les pathologies ou les phases de certaines autres, qui inclut des délires parfois spectaculaires, bien loin donc de la réalité. 

De l’importance du cliché 

Le cinéma, s’il est un formidable vecteur de sensibilisation, peut aussi être une machine à clichés tout aussi formidable. Pensez à la représentation de l’autisme dans Rainman (Barry Levinson, 1988), par exemple. Il s’agit là d’une généralisation (un peu grossière) des troubles du spectre autistiques qui a malheureusement encore ses conséquences sur le comportements des non initiés face à ce genre de troubles (malgré le fait, qu’il ai pa La schizophrénie, encore, représentée dans Black Swan est là aussi extrêmement simplifiée et use et abuse du cliché de la double personnalité (trop) souvent liée à ce genre de trouble (le duo tutu blanc et noir). L’ Aviator de Martin Scorsese (2004),  également, fait du trouble obsessionnel compulsif, une simple obsession de la propreté. Il y aurait encore énormément matière à pointer les incohérences et les images véhiculées par le grand écran. Le cliché, dans tout ce qu’il a de dévastateur, entretient ainsi une certaine méfiance (voire une exclusion) envers ces pathologies et laquelle peut faire beaucoup plus de dégâts que le trouble lui-même. 

Requiem for a dream, Darren Aronosfky, 2001

Rainman, Barry Levinson, 1988

Aviator, Martin Scorsese, 2004

Happiness therapy, David O.Russel, 2013

Danse Bollywood : entre mythe et culture

Danse Bollywood : entre mythe et culture

La danse Bollywood est l’élément indissociable voire central d’un film de l’industrie indienne. Les numéros musicaux sont, en effet, devenus la marque de fabrique du Bollywood en Occident. Sa technicité et son caractère narratif en a même fait une activité prisée et ambassadrice de la culture du sous continent au même titre que le yoga. Relativement récente car inventée pour les besoins du cinéma, elle s’est fait une place de choix dans l’éventail culturel indien. 

Un enracinement culturel

Tout comme les films Bollywood, la danse du même nom ne désigne pas LA danse culturelle du pays. Apparue avec le développement du cinéma indien et surtout des productions Bollywood en provenance de Mumbai (anciennement Bombay), elle intègre un vaste catalogue de mouvement des différents styles de danses tant classiques indiennes comme le kathak, banghra mais aussi occidental comme le modern jazz ou plus récemment le hip hop. Ce mélange traduit la diversité du sous continent de même que son histoire liée à la colonisation puis l’expansion mondiale de l’American way of life. 

Elle intègre notamment des gestes des mains ou mudras (“signes” ou “sceau” en sanskrit), éléments typiques, bien connus des yogis et yoginis, censés invoquer ou représenter une divinité hindoue ou un concept. Le plus connu de ces gestes est le anjali mudra qui consiste à rassembler les deux paumes et de les placer au niveau de la poitrine sur le chakra du coeur en signe de remerciement et de lien entre l’énergie solaire et lunaire, le yin et le yang. 

A l’image de son pays : un melting pot toujours en mouvement

La danse Bollywood n’est pas une pratique fermée, c’est à dire qu’elle n’est pas immuable. Elle est un mélange de toutes les influences qui ont pu traverser la culture indienne dans le sous continent avec le mélange d’éléments de diverses ethnies qui l’habite ou en provenance de l’Occident. 

Elle est également fortement soumise à la loi commerciale. De nouveaux styles sont ainsi ajoutés afin de séduire un plus large public et surtout une audience plus jeune et moderne. 

Un art à part entière

Les numéros musicaux des films Bollywood sont le coeur de la production. Souvent grandioses, ils sont destinés à être visuellement agréable mais aussi à raconter une histoire, à participer au storytelling. Une attention toute particulière est donc portée aux chorégraphies afin d’en faire une performance voire parfois une véritable oeuvre d’art. 

Les chorégraphes sont ainsi des superstars dans le milieu du cinéma Bollywood de part leur importance et sont courtisés par les plus grands studios comme, par exemple, Farah Khan ou Prabhu Deva. 

La danse Bollywood est à l’image de l’industrie du même nom, grandiose, colorée mais surtout profondément ancrée dans la diversité de la culture indienne dont elle est l’un des plus important ambassadeur.

# Explociné : Bollywood/ 5 faits à savoir sur le cinéma Bollywood

# Explociné : Bollywood/ 5 faits à savoir sur le cinéma Bollywood

En Occident, la mention de cinéma Bollywood équivaut au cocktail : couleurs vives, chants suraigus, danse endiablées et surtout romances. Le tout rend donc des films parfois très longs (minimum 2h environ) et un peu kitch sur les bords. Il s’agit toutefois de la troisième cinématographie mondiale la plus rentable après les USA et la Chine. C’est l’industrie du cinéma la plus rentable hors Occident avec Nollywood originaire du Nigéria. Alors, certes, le cinéma Bollywood, c’est un peu un clash culturel, il est aussi riche du point de vue sociologique que les couleurs de ses costumes. Voici un petit aperçu en cinq points de ce qu’on aurait pu nommer “Bollywood: au delà du kitsch »: 

. Le cinéma Bollywood ne désigne pas tout le cinéma indien 

L’Inde est un melting pot de cultures, de cultes et d’histoire. De nombreuses ethnies vivent sur le sol du sous continent, tout comme un très grand nombre de langues et dialectes comme le bengali, le pendjabi, le tamoul, l’assamais ou encore le célèbre hindi. On a coutume de classer la très grande diversité de productions cinématographique indienne selon le critère de la langue souvent associée à une région de l’Inde. Le cinéma Bollywood, donc, nous vient de Bombay (ou Mumbai) et désigne le cinéma hindi. Il se caractérise par un patriotisme fort et la mise en avant de la confession hindouiste. Il existe d’ailleurs d’autres expressions associées aux autres cinémas régionaux tels que Sandalwood pour le cinéma kannada basé à Bangalore ou Mollywood pour l’industrie malayalam basée dans le Kerala. 

. Une production à la chaîne 

Les films de Bollywood sont parmi les plus populaires mais aussi les plus présents avec une moyenne de 1600 films tournés par an pour la période 2014-2019. Hollywood, en comparaison, est assez loin derrière avec 500 productions. 

. Et question budget ? 

Les productions Bollywood restent assez peu onéreuses avec très peu de films qui dépassent le 20 millions de dollars de budget pour une moyenne d’environ 1,5 millions d’euros. Ce qui permet donc d’en produire en plus grande quantité. Certains acteurs signent d’ailleurs des contrats pour six ou sept films en simultané. On est loin des blockbusters nord-américains et de leur 50 millions de dollars de moyenne mais le nombre de productions sorties par an permet d’en faire la cinématographie indienne la plus rentable. 

. Le cinéma Bollywood est aussi ancien que le cinéma européen 

A la suite de la projection publique payante des frères Lumières au Salon indien du Grand Café de l’hôtel Scribe à Paris, leur assistant présente quelques unes de leurs oeuvres les plus connues tels que L’arrivée d’un train en gare de La Ciotat ou La Sortie de l’usine Lumière à Lyon au Watson’s Hotel à Bombay, le 7 juillet 1896. Le public se montre enthousiaste et les salles sont combles. Cet intérêt pour le cinéma va se confirmer très tôt avec The Wrestlers (1899) de Harishchandra Sakharam Bhatavdekar, considéré comme le premier film indien tourné par un indien. Le film qui marque cependant les débuts du cinéma indien Raja Harishchandra de Dadasaheb Phalke qui sera présenté à Bombay le 3 mai 1913. 

. Un cinéma miroir 

Le cinéma Bollywood, de par sa popularité, est en quelque sorte l’ambassadeur de l’Inde à travers le monde mais aussi à travers ses propres régions. Il joue en effet un important rôle de représentation et surtout d’unification sous le même drapeau de l’Inde de ce pays aux cultes, pratiques religieuses, langues et histoires extrêmement diversifié. Il peut ainsi sembler quelque peu fourre tout avec des scénarios souvent inspirés des anciens textes épiques, du théâtre Parsi, mais aussi des comédies musicales hollywoodiennes et même de numéros de danses influencés par le hip hop. 

Le cinéma Bollywood c’est donc non seulement du divertissement, pour certains, ou le temple du kitsch, pour d’autres, mais c’est aussi un véritable pilier dans l’essor de l’Inde et la représentation des diverses populations indiennes. On le surnomme d’ailleurs quelques fois le cinéma masala en référence à ce mélange d’épices colorées qui rappelle tout à fait la vaste diversité culturelle du sous continent.

#Explociné : L’enfance/ L’animation c’est seulement pour les enfants ?

#Explociné : L’enfance/ L’animation c’est seulement pour les enfants ?

Qui ne se souvient pas du scandale créé par la sortie du film d’animation Sausage party ? Un dessin animé au caractère ouvertement sexuel qui a fait couler beaucoup d’encre. Ces dernières décennies, le marché du cinéma d’animation regorge de films d’animation à destination des enfants petits et moins petits. Ce serait presque à en oublier que le cinéma d’animation n’a jamais eu vocation qu’à être ce qu’il est: du cinéma c’est-à-dire de l’image animée dans le but de raconter une histoire, parfois mais surtout (et toujours) un art. Alors, certes, La Reine des Neiges, ce n’est pas la tasse de thé de tout le monde mais ce n’est qu’un exemple dans une cinématographie à l’histoire et aux œuvres aussi riches que son célèbre (et célébré) petit frère. 

Qu’est ce que le cinéma d’animation ? 

Tout d’abord mettons les points sur les i : le cinéma d’animation, comme pour la prise de vue réelle est un terme générique. Les dessins ne sont pas les seuls à pouvoir se targuer d’être animés. Il se décline ainsi de nombreuses techniques comme le stop motion, la 3D ou les silhouettes de papiers.

L’expression consacrée pour désigner l’animation, d’ailleurs, est le septième art bis. Le septième est le cinéma et le huitième, la télévision (mais je ne vous apprends rien). Une dénomination qui laisse entendre que l’animation est subordonnée à la prise de vue réelle. Elle est cependant plus ancienne que son illustre parentée puisqu’on a pu retrouver la volonté de créer une image en mouvement depuis l’art pariétal. La grotte de Lascaux comporte, en effet, un dessin de taureau à plusieurs pattes semblant traduire la marche. Les jeux optiques (kinétoscope et consorts) participent également de cette volonté d’animer une image mais sans la technologie suffisante, le médium pictural fut le seul pendant longtemps. L’envie de donner vie à quelque chose d’inerte, d’ anima qui signifie en latin, “souffle, âme”, remonte aussi loin que le besoin de raconter. 

Le dessin animé et sa valeur pédagogique 

L’animation a d’ailleurs ce pouvoir particulier de pouvoir plus subtilement parler de certains sujets. Des dessins, des poupées ou surtout, des personnages anthropomorphiques permettent au spectateur de se dissocier plus facilement des péripéties du film. Animer des objets (ou des pixels) c’est aussi se libérer des lois de la physique et créer plus librement un monde nouveau souvent fantastique. Ceci procure alors à l’animation une grande capacité pédagogique car on peut alors accéder plus subtilement à l’inconscient du spectateur voire lui montrer différemment. Si, certes, énormément de films sont adaptés aux enfants (avec ou sans double discours pour les plus grands, comme c’est souvent le cas avec les Disney par exemple) grâce notamment de cette capacité pédagogique, l’animation permet aussi de parler de questions plus obscures. Les films de Ari Folman en sont l’exemple parfait.  Le réalisateur discute ainsi les questions de notre siècle tels que notre relation au numérique et les inégalités sociales dans Le Congrès ou la guerre et le syndrome post traumatique avec Valse avec Bachir. 

Notons que le pouvoir de l’animation fut d’ailleurs utilisé à des fins politiques, tout comme la prise de vue réelle. Le cartoon, par exemple, fut un fort outil de propagande et de soft power des USA au cours des conflits des années 1940’s.

L’art d’animer 

Le cinéma d’animation est parfois considéré comme le parent pauvre du cinéma. Il est, en effet, souvent réduit au dessin animé pour enfant ou aux animés japonais avec des ninjas (faut dire que c’est cool les ninjas). Il s’agit cependant bien d’une forme d’art aux techniques et univers diversifiés. Comme tout art, il n’a pas pour seule vocation à simplement occuper le petit Kévin après le goûter. Il s’agit ici de parler au spectateur, d’instaurer un dialogue de manière plus ou moins subtile afin de le faire se questionner ou simplement s’émerveiller et ce quel que soit son âge. 

Petite sélection de films animés pas si enfantins que ça :

Le roi et l’oiseau, Paul Grimault, 1953

Valse avec Bachir, Ari Folman, 2008

Le Congrès , Ari Folman, 2013

Akira, Katsuhiro Otomo, 1988

Ghost in the shell, Mamoru Oshii, 1995

Persepolis, Marjane Satrapi & Winshluss, 2007