Que serait un Noël sans soirées films/plaid/pizza ? Nous non plus, on voit pas. Mais vous vous êtes perdu dans les tréfonds de votre Netflix/ OCS/ disque dur (rayez la mention inutile) ? On vous a compilé une petite sélection (non exhaustive) qui égayera vos froides soirées d’hiver. Avec l’expression de nos sentiments distingués.
Les classiques
. Love Actually, R.Curtis, 2003
En cette veille de Noël, l’amour est partout, mais souvent imprévisible. Pour le nouveau Premier ministre britannique, il va prendre la forme d’une jeune collaboratrice. Pour l’écrivain au coeur brisé, il surgira d’un lac. Pour le témoin de mariage de son meilleur ami, pour ce veuf et son beau-fils, pour cette jeune femme qui adore son collègue, l’amour est l’enjeu, le but, mais aussi la source d’innombrables complications.
Love Actually c’est la base du film de Noël, un classique parmi les classiques. Si il peut contenir quelques longueurs, c’est l’un de ces films qui éclaire n’importe quelle journée (ne serait ce que pour Colin Firth) !
. Les bronzés font du ski, P.Leconte, 1979
La joyeuse troupe d’amis (plus connu sous le nom des Bronzés se retrouvent aux sports d’hiver. Les retrouvailles passées, problèmes sentimentaux, mésaventures en altitude et fous rires rythment les vacances des amis pour la vie ! L’équipe ira même se perdre en montagne.
La crêpe au sucre des Xmas movies.
. Quand Harry rencontre Sally, R.Reiner, 1989
Harry et Sally viennent tous les deux de finir leurs études. Harry profite de la voiture de Sally pour retourner sur la côte est. En chemin, il tente de la séduire mais elle le repousse. Cinq ans plus tard, ils se croisent par hasard dans un avion. Chacun a une liaison, heureuse en apparence. Cinq nouvelles années passent. Sally est seule à présent. Harry vient de divorcer.
Une belle histoire et des situations plutôt cocasse, à voir et à revoir ! (Avec la crème à part)
. Bridget Jones, S.Maguire, 2001
Bridget Jones, célibataire, la trentaine, a deux ambitions dans la vie : perdre du poids et trouver le grand amour. Tandis que ses amis ne cessent de lui prodiguer des avis aussi inutiles que désespérés, Bridget fond pour son patron, le charmant et sexy Daniel Cleaver. Sa mère, quant à elle, semble toute décidée à la voir former un couple avec le détestable et ennuyeux Mark Darcy…
Un film qui donne envie de sortir notre plus beaux pulls moches de Noël !
. Le père Noël est une ordure, J.M.Poiré, 1982
Le soir de Noël, Pierre et Thérèse s’apprêtent à assurer la permanence téléphonique parisienne de `SOS-détresse-amitié’. Débarquent alors des personnages marginaux farfelus qui provoquent des catastrophes en chaîne : une jeune paumée, son ami et un travesti.
Last but not least , Thérèse ! Last but not least…
La table des enfants
. Gremlins, J.Dante, 1984
Rand Peltzer offre à son fils Billy un étrange animal : un mogwai. Son ancien propriétaire l’a bien mis en garde : il ne faut pas l’exposer à la lumière, lui éviter tout contact avec l’eau, et surtout, surtout ne jamais le nourrir après minuit sinon il pourrait y avoir des soucis.
Le meilleur film de Noël de tous les temps. Fin de la discussion.
. The Grinch, R.Howard, 2000
Il était une fois, niché au coeur d’un minuscule flocon de neige, un village appelé Whoville, dont les heureux habitants ne vivent que pour faire la fête. De tempérament insouciant, ils redoublent d’activité à l’approche de Noël, remplissant leurs réfrigérateurs de victuailles et emballant force cadeaux. Car tout le monde à Whoville aime Noël… tout le monde sauf le Grinch. Le Grinch, dont le seul nom fait trembler les Whos, vit en reclus dans une caverne…
Rien que pour l’interprétation de Jim Carrey, vous devez voir ce film.
. L’étrange Noël de Mr. Jack, T.Burton & H.Selick, 1994
Jack est le roi des citrouilles de la ville Halloween. Un beau jour, il découvre la ville de Noël et décide de célébrer lui-même cette fête étrange. Il décide tout simplement de kidnapper le Père Noël et de le remplacer par ses amis qui, au contraire du Père Noël, sont terrifiants.
C’est Tim Burton.
. Le drôle de Noël de Mr Scrooge, R.Zemeckis, 2009
Parmi tous les marchands de Londres, Ebenezer Scrooge est connu comme l’un des plus riches et des plus avares. Ce vieillard solitaire et insensible vit dans l’obsession de ses livres de comptes. Ni la mort de son associé, Marley, ni la pauvre condition de son employé, Bob Cratchit, n’ont jamais réussi à l’émouvoir.
Il s’agit de l’adaptation d’une nouvelle de Charles Dickens, Un chant de Noël. L’occasion de se (re)plonger dans l’oeuvre littéraire pour plus d’expérience chrismastisante.
. Le Pôle Express, R.Zemeckis, 2004
Un jeune garçon qui se met à douter de l’existence du père Noël monte dans un train mystérieux en partance pour le pôle Nord. À mesure que le Pôle Express s’enfonce dans des contrées enchantées, l’aventure est au rendez-vous et les jeunes passagers prennent conscience de l’étendue de leurs dons.
On ne fait plus les présentations. Did we ?
. Les 5 légendes, P.Ramsey, 2012
L’aventure d’un groupe de héros, tous doués de pouvoirs extraordinaires. Emmenées par Jack Frost, un adolescent rebelle et ingénieux, ces cinq légendes vont devoir, pour la première fois, unir leurs forces pour protéger les espoirs, les rêves et l’imaginaire de tous les enfants
Un univers qui lie les légendes enfantines du monde entier à une esthétique qui fait plaisir, à voir et à revoir en famille (ceux qui ont la référence, vous êtes les meilleurs !).
Les inattendus
. Miracle sur la 34e rue, G;Seaton, 1947
Doris Walker, employé de la chaîne de magasins Macy, cherche désespérément quelqu’un pour jouer le rôle du Père Noël afin d’animer sa boutique pendant les fêtes. Il embauche finalement Kris Kringle, un hurluberlu qui prétend être le vrai Père Noël. Devant le scepticisme de son employeur, mais aussi de la petite fille de celui-ci, Susan, Kris décide d’aller au tribunal pour apporter publiquement la preuve de son identité.
Classique, classique, classique ! C’est l’un des canvas de tout film de Noël qui se respecte !
. Bad Santa, T.Zwigoff, 2004
Chaque année, en décembre, Willie T. Stokes incarne le Père-Noël dans un grand magasin différent. Sarcastique et désabusé, il a de plus en plus de mal à tenir ce rôle. Marcus, son fidèle acolyte, un nain déguisé en elfe, l’incite comme il peut à ne pas craquer. Car, sous son habit rouge mal ajusté, Willie cache une panoplie de perceur de coffres. Et la nuit de Noël, avant de disparaître, ce drôle de couple cambriole le grand magasin où il a travaillé.
Cuvée 2019
. Last Christmas, P;Feig, 2019
Kate est une jeune femme qui enchaîne les mauvaises décisions. Sa dernière en date ? Celle d’avoir accepté de travailler comme lutin du Père Noël pour un grand magasin. Cependant, elle va y faire la rencontre de Tom, une rencontre qui va changer sa vie. Néanmoins, pour Kate, cela semble trop beau pour être vrai.
Peut être un chouïa coincé entre Love Actually et Bridget Jone’s Diary mais rien que pour la BO, on leur pardonne.
. Klaus, S.Pablos, 2019
Jesper, qui s’est distingué comme le pire élève de son école de facteurs, écope d’une mission sur une île enneigée, au nord du Cercle arctique. Là-bas, les habitants ne s’entendent pas et ne se parlent presque jamais. Autant dire qu’ils n’entretiennent pas non plus de correspondance ! Alors que Jesper est sur le point d’abandonner, il trouve une alliée en la personne d’Alva, l’institutrice de l’île, et fait la connaissance de Klaus, mystérieux menuisier qui vit seul dans son chalet regorgeant de jouets artisanaux. Grâce à ces relations amicales inattendues, la petite ville de Smeerensburg retrouve la joie de vivre. C’est ainsi que ses habitants découvrent la générosité entre voisins, les contes de fée et la tradition des chaussettes soigneusement accrochées à la cheminée pour Noël !
L’année 2020 marquera le 60e anniversaire du film A Bout de Souffle (J.L Godard, 1960). Celui ci, en plus d’être un véritable chef d’oeuvre, est aujourd’hui une icône ambassadrice du mouvement Nouvelle Vague à travers le monde.
A cette occasion la Cinémathèque française tiendra du 8 janvier au 1er mars, une rétrospective consacrée au réalisateur et nommée en toute simplicité, Tout Godard. Une projection de deux cents de ses films (du plus célèbre au plus expérimental) et une série de conférence dont une animée par le réalisateur himself sont au programme.
La maison Chanel parraine l’événement. La maison entretient, en effet, des liens forts avec le septième art. Elle a récemment remplacé Chaumet en tant que partenaire officiel des César et parraine de nombreux événements en marge des Oscars et du Festival de Cannes.
Elle présente également cette année, sous la houlette de Virginie Viard, collection S/S 2020 s’inspirant du mouvement et surtout de ses héroïnes.
1. Extrait du défilé Spring/Summer 2020 par Virginie Viard pour Chanel, Paris Fashion Week 2019 , 2. Anna Karina et son emblématique robe rouge, 3. Jean Seberg, extrait de Au bout de Souffle (Godard, 1965)
La créatrice s’inspire ainsi de ces femmes qui ont fait la Nouvelle Vague, Jean Seberg, Agnès Varda et Anna Karina en tête. Des femmes d’une simplicité presque enfantine mais libre, libre, libre !
La simplicité c’est justement ce qui caractérise la pensée Nouvelle Vague. Pourquoi vouloir à tout prix se creuser la tête pour rentrer dans des codes ? La Nouvelle Vague ne le veut pas, elle crée tout simplement. “Tu me parles avec des mots…que moi je te regarde avec des sentiments” , explique Anna Karina à Belmondo dans Pierrot le fou (J.L.Godard, 1965). Et c’est finalement la meilleure définition que l’on pourrait donner à ce mouvement qui a fait trembler nombre de Cahiers.
L’oeuvre de Godard mais surtout le courant continue d’inspirer de nombreux artistes et créateurs de tous poils et de toutes les disciplines.
Le récent décès d’Anna Karina, cependant, actrice emblématique de J.L.Godard, pourrait bien faire prendre à cette rétrospective une toute autre dimension.
Deux ans après son premier album solo, le sobrement nommé Harry Styles, l’ex-One Direction dévoile son deuxième opus : Fine Line. Sa notoriété acquise grâce à ses années boys band, le tube Sign of the Time et surtout une entrée remarquée parmi les guests du MET gala, font de cet album, un événement très attendu. La pression est grande car il lui faut, en effet, confirmer le succès et surtout le talent entrevu sur Harry Styles.
Que vaut donc le nouvel album de l’ancien candidat de X Factor ?
Trip
C’est une ambiance très rock psychédélique/70ish qui se dégage de ce nouvel album. Des textes imagés comme sur Watermelon Sugar se mêle à des mélodies plutôt hypnotisantes comme celle de Adore You.
La trace d’une pop radio est encore “visible” même si celle-ci tend à s’estomper suivant les morceaux. L’inspiration Fleetwood Mac/Bowie est bien là cependant tant dans les textes mystico-mystiques que l’esthétique même de ces sons.
Styles reconnaît d’ailleurs bien volontiers son admiration pour Stevie Nicks avec qui il a partagé la scène a quelques occasions pour un duo sur Landslide.
Le visuel de l’album lui-même traduit cette volonté de rendre hommage à ses influences psychédéliques. L’intégralité de ces visuels (pochette, posters …) a, d’ailleurs, été réalisée par le photographe de mode Tim Walker dont Harry affectionne le travail. Lequel, du reste, colle parfaitement avec l’ambiance souhaitée pour cet opus.
Photographies réalisées par Tim Walker pour l’album Fine Line par Harry Styles (2019)
Fine Line a cela de spécifique qu’il s’agit plus que d’un album. C’est un conte que dévoile Styles. Un univers musical, visuel mais aussi narratif s’ébauche et on entrevoit surtout le potentiel créatif de Harry.
Le clip de Adore you, par exemple, est construit en un court métrage aux accents Wes Anderson. Sur l’île d’Eroda, un garçon n’arrive pas à trouver sa place. Il finit par souhaiter se jeter dans la mer lorsqu’il aperçoit un poisson qui lui aussi souhaite en finir. Les deux compères deviennent alors des amis inséparables. Le poisson grandit cependant. A tel point, qu’il n’y a plus qu’une solution: le rejeter à la mer. Ce que le garçon fera avant de s’embarquer pour l’aventure en bateau poussé par ses cris de désespoirs d’autrefois.
Mise en abîme ? Dans tous les cas, ce nouvel album impose son Styles et figure une nouvelle brique à la construction de celui de Harry.
Personal healing
Cet album, c’est celui de quelqu’un qui s’aventure dans l’abîme, a récemment déclaré le chanteur. “Va toujours plus que ce que tu penses être capable”, déclare Bowie dans une interview que Styles déclare au magazine Pitchfork toujours garder sur son portable pour l’inspiration. C’est donc l’album de la recherche de soi et de l’introspection pour Styles. Celui-ci, tout comme ses illustres idoles de Fleetwood Mac, cache ainsi des bouts de lui-même et de son cheminement dans ses textes mystiques.
Il n’a d’ailleurs pas hésité à se mettre à nu, littéralement, sur certains visuels ainsi que pour la promotion de Lights up (premier extrait de l’album).
Photographie pour l’album Fine Line par Harry Styles (2019), Tim Walker
“Ecrire un album c’est comme une thérapie. Il n’y a que toi et l’instrument, tu ne peux pas tricher”, a déclaré Harry.
Fine Line est un album très personnel donc. Encore plus, lorsqu’on sait que certains textes font références à sa récente rupture avec le mannequin français, Camille Rowe. Harry suivrait-il les pas de son ex Taylor Swift, connue pour raconter ses aventureuses amours en chanson ?
Ce qu’il faut retenir
Adore you : Cette ligne de basse, ce rythme !
Golden : Joyeux, dynamique, on pourrait presque sentir le soleil à son écoute.
Lights up : Un hymne à la confiance en soi
Watermelon Sugar : Une ambiance colorée aux accents de tube de l’été
Harry veut s’affranchir de son passif de boys band. “Je suis un artiste sérieux” répète-t-il. Son premier album solo nous laissait, en effet, entrevoir ses influences pop rock et rock psyché. Fine Line s’éloigne encore un peu plus mais il semble qu’Harry hésite encore pour se jeter complètement à l’eau. Il s’agit toutefois d’un très bel album à la lisière entre un Wes Anderson et un Fleetwood Mac moderne. On attend les lives avec impatience surtout connaissant son talent de chauffeur de salles. L’artiste a, par ailleurs, annoncé une tournée pour 2020 et sera le 13 mai prochain à l’AccorHotel Arena à Paris.
En ce début de décembre brumeux et froid, Maxenss et ses musiciens se sont arrêtés à Angers lors de leur Arobase tour accompagné de Julien Granel, prêt à réchauffer la soirée.
Il est dix neuf heures quarante, vingt minutes avant que Julien Granel n’arrive sur scène. Une playlist de musiques de Noël est diffusée, sur laquelle la foule chante et se déhanche : le public promet d’être déchaîné.
Julien Granel sur la scène du Chabada à Angers
Les lumières de la salle s’éteignent, le public réagit immédiatement, heureux d’accueillir l’artiste faisant les premières parties des concerts d’Angèle. L’artiste est à peine arrivé sur scène que ses musiques pop electro font déjà danser le public. Seul sur scène, son énergie occupe tout l’espace, dansant, chantant, invitant le public à faire de même, nous transportant dans son univers rayonnant, entraînant. La mer à boire est chantée à tue-tête par le public, tout comme Danse encore, dernière chanson sortie dont le clip montre une petite chorégraphie que la salle s’est empressée de reproduire sur le refrain. Défait clôture le set instaurant une ambiance enivrante au Chabada.
Le terrain est bien préparé, le public est plus que prêt, il n’attend plus qu’une chose, l’arrivé de Maxenss et de ses musiciens sur scène. C’est avec une version aux accents metal de @maxoulezozo que le concert commence, soulignant les origines metal du groupe (référence, en effet, à leur ancien groupe, Fysh). Sur cette note rock, le public fait entendre sa joie de voir et d’écouter Maxenss présenter son projet @. Sur scène, accompagnant Maxenss, sont présents Martin à la guitare et au synthé, Alex à la batterie, ainsi qu’un mannequin représentant l’un des musiciens qui n’a finalement pas pu être présent sur la tournée.
Maxenss sur la scène du Chabada (Angers)
Le groupe nous transporte dans un univers tantôt nostalgique, comme avec La lune à 3h du mat, tantôt envoûtant, avec Le pré des corbeaux, puis totalement délirant, notamment avec Flûtiste sur laquelle Maxenss nous fait une démonstration de danse électro.
Quelques interludes viennent rythmer le show, le temps de quelques blagounettes et de paroles exprimant la reconnaissance du chanteur d’être là, sur scène, de pouvoir faire cette tournée.
Le public a enflammé le dancefloor sur de nombreux morceaux, chanté bien fort les paroles, tout en montrant toujours plus son bonheur et en remerciant les musiciens d’être présent au Chabada en ce début de décembre.
Julien Granel et Maxenss nous ont partagé un concert chargé en humour, émotions et délires à travers leurs univers, leurs chansons, leur énergie que le public a su réceptionner et renvoyer en mettant une ambiance de folie au Chabada. L’arobase tour continue de parcourir la France en 2020, si la curiosité vous prend.
Expression plus que courante mais qui semble tout à fait convenir au Lolita de Stanley “Grand Maître” Kubrick. Le réalisateur de Shining et Orange Mécanique (entre autres chef d’oeuvre) est, en effet, fasciné par le roman éponyme du russe Vladimir Nabokov sorti en 1955. Il s’agit là de l’une des premières oeuvres à briser le tabou de la pédophilie en un temps où le Code Hays est encore en vigueur. L’auteur, surtout, choisit le point de vue de l’abuseur, ce qui continue d’entretenir le malaise. Il ne le discrimine en rien mais apporte un regard nouveau autour de la question de la mentalité criminelle.
Kubrick n’en achètera les droits qu’en 1958 notamment en raison de la censure et des interdictions multiples du roman. Ce n’est qu’en 1962 que sort finalement la première adaptation à l’écran des émois et déboires de la jeune Lolita et de son beau père Humbert.
Petit point scénario : Durant l’été, dans la petite ville de Ramslade, Humbert Humbert, un professeur de lettres, divorcé et séduisant, loue une chambre dans la maison de Charlotte Haze, une matrone éprise de culture. Celle ci essaie de séduire Humbert mais ce dernier se montre beaucoup plus attiré par sa fille, la juvénile Lolita.
Si le livre fait sortir de l’ombre ce qui était jusqu’alors un obscur tabou, le film et surtout la polémique qu’il crée nous en apprend beaucoup sur notre bienséance si codifiée.
Petits secrets de tournage
Le tournage du film, déjà, ne fut pas une mince affaire. Kubrick dû, en effet, interrompre sa réflexion autour du projet, très tôt après en avoir acquis les droits, pour aller remplacer Anthony Manne sur le set de Spartacus.
Fun fact : Nabokov écrit un scénario au début du projet d’adaptation. Scénario dont Kubrick ne se servira que partiellement même si le nom de l’auteur figure au générique.
Le choix des acteurs ne fut pas de tout repos non plus. De nombreux interprètes renommés ont ainsi refusé le rôle de Humbert comme, par exemple : Cary Grant, Errol Flynn, Charles Boyer… Un refus somme toute compréhensible lorsque l’on connaît les penchants légèrement machiavéliques et pervers du personnage. Ce sera finalement James Mason qui entrera dans le rôle.
La jeune actrice Sue Lyon, inconnue à l’époque, se souvient d’une audition quelque peu atypique pour un personnage qui ne l’était pas moins.
Le place de Humbert
Lolita c’est donc un homme mature attiré par la jeune (très jeune) Dolorès “Lolita” Haze. Humbert va tenter manipulations et autres stratagèmes pour rester auprès de notre charmante demoiselle. Le livre nous en apprend même davantage sur son attirance pour les “nymphettes” c’est à dire de jeunes filles juste avant que la puberté ne les “pourissent”. Ambiance.
Dolores en fait cependant baver au professeur Humbert. Ce sont ainsi de petits coups répétés et réflexions que Dolorès en rupture avec son âge inflige à notre professeur de lettres. Celui ci malgré ses scènes de jalousie régulières et violentes laisse tout de même la jeune fille faire.
Kubrick réussit ainsi à rendre presque sympathique le personnage d’Humbert. On pourrait croire à l’histoire de l’amoureux transi, incapable de contrôler ses sentiments. Ce ne sont toutefois pas eux qui le torture mais bien ses instincts et son inconscient marqué par un amour de jeunesse tragiquement décédé et qu’il recherche désormais en toutes les jeunes filles qu’il croise.
Masque coupable
Cette tempête psychiatrique peut alors s’incarner dans le personnage de Clare Quilty. Il est à noter d’ailleurs que son nom même ressemble à s’y méprendre au terme “guilty” (fr: coupable). C’est ainsi, plus qu’un rival amoureux, la conscience d’Humbert aux multiples visages qui rôde au dessus de lui où qu’il aille. Quilty l’intriguant, le chasseur nous montre ainsi le côté sombre d’un Humbert qui va jusqu’à séduire la mère de Dolorès pour rester auprès d’elle. Les déguisements de Quilty en policier également, moralisateur, pourrait également nous faire penser au surmoi du professeur dans une vision freudienne de notre affaire.
Si l’on va un peu plus loin, on peut également voir dans son regard derrière un journal, une critique d’une société qui observe, qui sait mais se cache derrière ses manuels de bonne conduite.
Tout n’est pas si noir et blanc et c’est finalement le plus grand scandale révélé par Lolita. Saluons d’ailleurs au passage la performance de Peter Sellers qui lui vaudra de collaborer à nouveau avec Stanley par la suite.
La censure
Le film comme on peut s’y attendre est pris en otage par la censure avant même sa sortie et ce malgré le travail de Kubrick pour minimiser les dégâts.
Dolores n’a, ainsi, plus 12 ans comme dans le roman mais 14 et l’actrice, elle même, Sue Lyon en a 16. Elle fut d’ailleurs prise pour son physique mûr afin de ne pas pousser le vice plus qu’il n’en faut. Le réalisateur a, de plus, opté pour un fondu au noir dès qu’une scène s’annonce un peu trop olé olé.
Le film, qui se souhaite respectueux de l’oeuvre, a donc subit un très gros traitement de censure. Le code Hays encore en vigueur dans les studios Hollywoodiens de l’époque supprime, en effet, systématiquement nudité, moqueries envers la religion, appel à la dépravation… De nombreux films de cette “époque Hays” présentent cependant des trésors d’ingéniosité pour suggérer sans montrer. Le générique de Lolita, par exemple, en est un bel exemple, comme un pied de nez (vous l’avez ?) à la bien pensance.
Scandaleusement vôtre
Le film fut tout de même interdit aux moins de 18 ans à sa sortie en salle. Ce qui est assez risible lorsque l’on pense que Sue Lyon, l’actrice principale donc, n’a pas été autorisée à se rendre à l’avant première en raison de son âge.
Lolita et son réalisateur Kubrick s’attireront cependant les foudres des deux côtés. Les ligues de bienséances crient tout de même au scandale. Les admirateurs du livre, quant à eux, sont déçus du manque d’initiative d’un film qu’ils trouvent trop lisse.
L’auteur de l’oeuvre originale, Vladimir Nabokov, se demandera au cours d’une interview : “Comment ont ils pu tourner Lolita ?”. Exclamation reprise d’ailleurs dans la bande annonce dudit film. Kubrick, lui même, déclare plus tard “Si je savais à quoi je m’ exposais, je n’aurai pas tourné Lolita” . Le sujet est effectivement épineux et s’oppose à une foule d’opinions contradictoires et parfois violentes auprès du public. Le film est, malgré (ou grâce) au scandale, très souvent cité au panthéon cinématographique. Ne serait ce que par la difficulté de tourner un sujet si délicat avec toutes les contraintes qu’il impose.
Lolita a tout de même le mérite de déverrouiller le tabou autour de la pédophilie et des maladies mentales et autres traumatismes ou, communément appelés “perversion” sans autre forme d’analyse. Lolita nous choque, oui, mais elle nous ouvre les yeux au canif.
Le film noir, genre célèbre de l’âge d’or du film hollywoodien, a souvent été mis à l’honneur au fil des époques. Inspiré des nouvelles et romans de détectives qui font leur apparition durant la Grande Dépression, il est à son apogée entre 1940 et 1950. Qui n’a jamais vu l’un des classiques du genre verront alors le jour tel que Le Faucon maltais, L’inconnu du Nord-Express ou encore La dame de Shanghai. Mais alors quelle est la particularité du film noir ? Et bien tout simplement il fait partie de la catégorie des polars. Le plus souvent l’intrigue est assez dramatique et laisse peu de place à l’optimisme. L’esthétisme y est contrasté et l’intrigue prend souvent place dans une ville ce qui permet de jouer avec les ombres et les recoins (comme un miroir avec l’intrigue). Et si on retrouve souvent les mêmes personnages stéréotypés, il ne faut pas se fier aux apparences, on est bien loin du cliché bon flic/mauvais flic. Au contraire l’intrigue se focalise plus sur le traitement de la victime.
D’abord critiqué par la presse américaine, c’est en France qu’il va trouver la reconnaissance qu’il mérite. Et d’ailleurs même s’il est associé au cinéma américain le film noir va faire son chemin en France, en Allemagne en Grande-Bretagne, en Italie ou encore au Japon. Amenant avec lui son lot de personnages stéréotypés comme la femme fatale, le couple en cavale ou encore le détective.
Rien d’étonnant que de nombreuses séries se soient alors inspirées de ce genre culte au cours d’une de leurs aventures. Le plus souvent cet épisode sort de l’intrigue principale et est perçu comme un rêve ou comme une pause dans l’histoire de nos héros. Voici donc quelques exemples de séries qui ont souhaité rendre hommage à leur manière au film noir.
Référence illustration de couverture : La Dame de Shangaï, Orson Welles (1947)
Castle
La série surfe sur le succès de Mentalist et la mode des consultants atypiques travaillant pour la police. Elle a su se démarquer grâce à son humour décapant et son atmosphère si particulière. Rappelons que Castle est auteur de polar, le film noir étant l’héritier du polar, ce n’est donc pas une surprise de retrouver un épisode rendant hommage au film noir.
L’épisode 14 de la saison 4 nous plonge à la poursuite du meurtrier d’un chasseur de trésor. Nos deux héros Richard Castle et Kate Beckett vont se retrouver en 1947, dans les habits de l’époque et vont devoir mener l’enquête. Le titre de l’épisode (The Blue Butterfly) fait référence au film The Blue Dahlia et l’épisode reprend l’intrigue d’un des plus grands classiques du genre.
Supernatural
Dans cet épisode 19 de la saison 13, nos deux frères cherchent par tous les moyens à ouvrir un portail vers le monde apocalyptique. Cet épisode nous offre un énième hommage au Faucon Maltais. On y retrouve des personnages nommés Margaret Astor et Richard Greenstreet en référence à Mary Astor et Sydney Greenstreet acteur du fameux film. Tout y passe, les mystères, les femmes fatales et même les mafieux le tout avec une légère pointe de dérision.
Charmed
Lors de l’épisode 8 de la saison 7, nos trois sœurs préférées doivent résoudre une enquête au cœur des années 30. Paige et l’agent Brody se retrouvent alors plongés dans un roman dont l’intrigue n’a jamais eu conclusion. Ils sont alors menacés par des mafieux qui les soupçonnent d’être à la recherche du Burmese Falcon. Inutile de préciser à quel autre faucon il fait référence ! Tous les codes sont là, l’intrigue qui se déroule dans le roman est en noir et blanc. Nous avons une femme fatale, des mafieux et de mystérieux objets que tout le monde semble vouloir posséder.
Star Trek
L’épisode 8 de la saison 2 de Star Trek nous plonge à l’époque de l’occupation Cardassienne. Odo enquête sur un meurtre non résolu. Et même si l’intrigue ne déroule pas dans les années 40, elle reprend les codes du film noir. On y retrouve une part de mystère, une voix off, des flashbacks et des femmes fatales.
Community
Dans un autre registre la série humoristique à décidé de rendre hommage au genre de manière caricaturale. Durant le 3e épisode de la saison 3, nous retrouvons notre ancien professeur d’espagnol Ben Chang dans une enquête haute en couleur. Il se découvre une curieuse vocation pour le métier de détective lorsqu’il intègre son poste de surveillant de Greendale. Il se lance alors dans une enquête dénuée de sens qu’il s’est imaginé de A à Z. L’épisode est loufoque mais bien ficelé. Ben Chang fait lui-même sa voix off et se joue des codes du film noir.
Les Simpsons
Coutumier du fait, les Simpsons rendent régulièrement hommage à des films, des genres ou des artistes quels qu’ils soient. C’est donc sans surprise que la série animée rend hommage à plusieurs reprises au film noir lors d’épisodes spéciaux. On retrouve régulièrement le détective Dexter Colt, notamment lorsqu’Homer l’engage pour enquêter sur Lisa et ses centres d’intérêt. De nombreux hommages au film Citizen Kane sont également présents tout au long de la série. On y retrouve alors Homer dans le costume d’un détective privé, Marge devient une femme fatale et les enfants sont des mafieux.
C’est lors du 200e épisode de la série, que les réalisateurs rendent hommage à l’iconique Hitchcock. L’épisode sort de la trame habituelle de ses épisodes et nous emmène dans les années 50. Ici nos héros Brennan et Booth ne sont ni anthropologue ni agent du FBI. Brennan est détective et Booth est un bandit. Ils vont devoir prouver l’innocence de ce dernier et au passage créer l’anthropologie judiciaire. C’est David Borenaz qui a réalisé cet épisode hommage tout en reprenant les codes du film noir, ainsi que son esthétisme.
Le film noir a donc su inspirer tous les genres. Alors qu’on l’attend naturellement dans des intrigues policières, nous l’avons vu il s’adaptent aussi bien au fantastique, au comique, qu’à l’animé. Une belle revanche pour ce genre qui, à l’origine, était décrié et malmené.