La saison des festivals s’installe tranquillement et pour ce nouvel article, nous vous embarquons
avec nous au festival Bobital, de son vrai nom L’Armor à Sons, à Bobital !
Encore une fois la programmation n’était pas très folichonne. En effet, peu de grosses têtes
d’affiches et des concerts en demie teinte.
Cependant, le festival reste un bon moment à passer entre amis ou en famille et permet la
découverte de nouveaux artistes.
Jour 1
22h25 Eddy de Pretto
Et oui encore lui ! Vous savez aussi bien que moi qu’on retrouve toujours plus ou moins les
mêmes artistes tout au long de l’été. Heureusement pour nous on y découvre aussi des
nouveautés. Je serai donc brève en ce qui concerne notre cher ami Eddy. Si vous avez lu mon précédent article sur les papillons de nuit, vous connaissez mon amour pour lui. Et bien ce n’est pas son passage à Bobital qui va me faire changer d’avis. Sa présence est toujours aussi incroyable et je ne parle même pas de sa sensibilité. Bref, vous l’aurez compris je pourrai le voir tout l’été que je ne serai toujours pas lassée.
23h40 Deluxe
Ah enfin une nouveauté ! Et pour le coup une découverte. Bien évidemment je connaissais
Deluxe, mais je n’avais jamais vraiment écouté leur musique. Et bien laissez moi vous dire qu’ils ne manquent pas d’énergie. Les 6 membres du groupe sont survitaminés et nous ont offert une prestation très enjouée et pleine de fougue. Je recommande très fortement !
00h45 Bob Sinclar
Avec une carrière de près de 20 ans Bob Sinclar est l’un des personnages des plus anciens de la scène électronique internationale. On ne compte plus ses succès à travers le monde, entre I feel for you, Cerrone, Rock this party ou encore Word hold on la liste est longue. Et ça se ressent sur scène. On comprend tout de suite qu’il a de l’expérience et qu’il n’en est pas à son premier set. Il maitrise totalement son sujet. Mélangeant ses plus grands succès et des sons d’autres artistes, il met immédiatement le feu. Et le public ne s’y trompe pas en se laissant aller à danser et sauter au rythme de la musique retentissante. Seul petit bémol que l’on pourrait imputer à tous les DJ, serait le manque de dialogue avec le public. Peut-être la barrière des platines est-elle trop importante …
Jour 2
Après toutes ses émotions, place à la deuxième journée riche en couleur !
21h15 Gaëtan Roussel
Si vous connaissez le célèbre groupe Louise Attaque, vous connaissez forcément Gaëtan
Roussel. C’est au rythme d’une pop intimiste qu’il nous a partagé ses nouvelles chansons.
Intimiste certes, mais pas dépourvue de l’énergie qu’on connait de Louise Attaque. Il a su
embarquer la foule dans son histoire et celle de Louise Attaque. A noter les musiciens
d’excellente qualité qui l’accompagnaient sur scène qui ont sans conteste participer à l’ambiance et au succès du concert.
22h30 Pascal Obispo
Quasi unique tête d’affiche du weekend, Pascal Obispo nous a laissé perplexe, je dois vous
avouer. Son entrée sur scène est assez déroutante, en effet, il arrive déguisé en Joker.
L’incompréhension gagne le public, mais bon après tout pourquoi pas. Le concert commence donc avec une reprise de Johnny Hallyday Allumer le feu, qui contrairement à ce que l’on pourrait penser n’allume pas grand chose. La première partie du concert est très spéciale. On sent que le public a du mal à s’y mettre et nous aussi d’ailleurs. La prestation n’est pas mauvaise, mais rien n’y fait. Il faudra attendre la deuxième partie avec la reprise de ses plus grands succès comme Fan ou Tomber pour elle, pour que le public semble rentrer en communion avec le chanteur. L’ambiance est alors là le public reprend en coeur les refrains des chansons. Restera tout de même un sentiment étrange et un léger malaise, heureusement rattrapés de justesse avant la fin du concert.
23h50 Bagarre
Autre découverte du festival, mais quelle découverte ! N’essayez pas de les faire rentrer dans une case vous n’y arriverai. Ce groupe est tout bonnement inclassable. Alors, nous étions un peu perplexe au début du concert mais ce sentiment a vite disparu laissant place à une véritable frénésie. Le groupe est survolté, enragé, engagé. Les musiques s’enchainent et ne se ressemblent pas tantôt suivant des rythmiques clubing, tantôt des rythmiques orientales. Les membres chantent tour à tour les morceaux qu’ils ont composé eux-mêmes et semblent habité, voire même en trans. Un groupe à voir sur scène absolument !
1h00 Feder
Pour clôturer cette nouvelle édition, un autre DJ Feder. Tout comme Bob Sinclar, le DJ français maîtrise son sujet. Il enchaîne les tubes, les siens et ceux des autres. Rien de bien extraordinaire mais le job est fait. Le public ne s’y trompe pas et l’ambiance est là. Le DJ clôture dignement cette nouvelle édition de festival.
Une fois encore, ce fut un bon festival, car nous l’avons passé entouré de gens que nous aimons et c’est bien ça le principal mais la programmation du festival décline tout de même d’année en année. Certes il n’est pas évident de satisfaire tout le monde avec budget limité nous l’entendons. Et malgré tout la bonne humeur était au rendez-vous et on a déjà hâte à l’année prochaine !
Suite de nos aventures jeudi aux Vieilles Charrues …
“Les fous, les marginaux, les rebelles, les anticonformistes, les dissidents… tous ceux qui voient les choses différemment, qui ne respectent pas les règles. Vous pouvez les admirer ou les désapprouver, les glorifier ou les dénigrer. Mais vous ne pouvez pas les ignorer. Car ils changent les choses. Ils inventent, ils imaginent, ils explorent. Ils créent, ils inspirent. Ils font avancer l’humanité. Là où certains ne voient que folie, nous voyons du génie. Car seuls ceux qui sont assez fous pour penser qu’ils peuvent changer le monde y parviennent”.
Vous aurez reconnu la plume de l’icône américaine Jack Kerouac. Son oeuvre cultissime Sur la Route, éditée en 1957, fut érigée au fil du temps en une véritable Bible pour jeune barbu réfractaire. Elle est surtout l’une des premières à conceptualiser ce mode de vie qui prône la liberté par dessus tout.
Si une adaptation filmique fut en discussion pendant de nombreuses années. C’est finalement Walter Salles qui présente au Festival de Cannes de 2012 ce road trip existentiel.
Petit point scénario : Au lendemain de la mort de son père, Sal Paradise, apprenti écrivain new yorkais, rencontre Dean Moriarty, jeune ex-taulard au charme ravageur, marié à la très libre et très séduisante Marylou. Entre Sal et Dean, l’entente est immédiate et fusionnelle. Décidés à ne pas se laisser enfermer dans une vie trop étriquée, les deux amis rompent leurs attaches et prennent la route avec Marylou. Assoiffés de liberté, les trois jeunes gens partent à la rencontre du monde, des autres et d’eux-mêmes.
De la page à l’écran, il y a de nombreux pas et travellings. Alors, Walter Salles a-t-il réussi à nous emmener sur la route ?
. La Beat generation
Sur la Route fait figure depuis sa parution de classique au même titre que Les portes de la perception d’Aldous Huxley (1954). Classique dont l’on vous recommande la lecture d’ailleurs.
“Les nouveaux hipsters américains”, comme les nomment Kerouac, ou “Beat” apparaissent, en effet, à la fin des 50’s et révolutionnent notre approche existentielle. L’auteur les définit ainsi dans une interview comme ceux qui ont dépassé le stade des plaisirs charnels et qui s’intéressent maintenant à Dieu et aux Visions sacrées.
Sur la Route raconte alors à la première personne les aventures de Sal Paradise sur les routes d’Amérique. On y croise des lieux, des personnages hauts en couleur et des situations rocambolesques voire fantasmagoriques. Attention toutefois, en 2007, Viking Press publie The Original Scroll, le manuscrit originel et non sectionné. Des épisodes ainsi que le nom de certains personnages diffèrent alors de l’édition originale. A lecteur averti. On retrouve ainsi le fameux Neal Cassady ou Dean Moriarty dans le roman originel, Allan Ginsberg (Carlo Marx) et William Burroughs (Old Bull Lee).
Le mouvement Beat ne se revendique cependant pas en tant que genre littéraire. Les écrivains du cercle de Kerouac et ceux qui s’en réclame par la suite, s’ils partagent un goût pour la prose spontanée et le surréalisme ont tous des façons d’écrire qui ne se ressemblent pas.
C’est ainsi cette spontanéité et ce goût du fantasme qui caractérise Sur la Route et ses descendants. L’idée du mouvement est ici centrale. In a nutshell : “Tout faire à fond ou pas du tout. De toute façon, on n’en sortira pas vivant”.
. Le sens du courant
Au temps de la surconsommation, il ne s’agit alors plus de trouver un bon parti, un bon travail et suivre le flot. L’urgence est ailleurs. A contre courant.
La route est alors un voyage tant physique qu’intérieur. Ce que l’on recherche c’est quel sens donner à sa vie. Ce que l’on raconte ainsi ce sont des jeunes perdus, écorchés par la vie qui ne se reconnaissent pas dans le système que l’on veut leur imposer. Ils opposent alors à ce fameux système mortifère un véritable ouragan d’énergie et d’inspiration artistique. L’important est de vivre l’instant et uniquement celui ci. Une philosophie qui se veut alors déchaînée et libre de toute emprise du passé et (presque) de l’avenir. Tout tenter, tout voir et danser comme flamme au vent et ainsi contrer la mort, l’oubli et surtout l’ennui.
Cette urgence et cette énergie caractéristiques, on ne les retrouve malheureusement pas dans le film de Walter Salles. Aurait il eu tant peur de l’oeuvre et de sa célébrité qu’il en aurait oublié le sens premier ?
. De la plume à l’écran
Beaucoup de cinéastes s’était intéressés à l’oeuvre de Kerouac avant 2012…et s’y était cassé les dents. Francis Ford Coppola, par exemple, en avait acheté les droits mais ne tournera jamais le film. Il n’est pas chose aisée, en effet, de se frotter à une oeuvre d’une ampleur. On le sait.
Walter Salles comme directeur avait pourtant de quoi constituer une belle promesse. On lui doit notamment la réalisation du biopic autour de Ernesto “Che” Guevara en 2004 avec Diario de motocicleta (Carnets de voyage en français). Le long métrage Sur la Route est cependant décevant. On y retrouve l’idée de mouvement. Mais il s’agit surtout ici de passer d’une scène à une autre sans vraiment de fil conducteur et surtout surtout surtout sans cette énergie qui est (rappelons le) au coeur de la philosophie Beatnik ! Tous les détails sont ainsi très convenus, classiques. On suit le scénario sans un travelling de travers et c’est tout. Le timecode finit presque par transpirer l’ennui auquel souhaite tant échapper Sal, Dean et leurs amis. Les choix scénaristiques se concentre ainsi sur la relation Dean/ Sal et en oublie presque la route et sa quête de sens. La performance de Kirsten Stewart en une Marylou délurée lucide est à saluer cependant. On en oublierai presque la faussement dépressive Bella de la franchise Twilight.
Si l’adaptation de la Bible Beat par Walter Salles n’a pas de quoi faire pleurer dans les chaumières, il n’en reste pas moins un bon récit. Le réalisateur met en scène ici plus un carnet de voyage et perd quelque peu l’essence de vie qui a fait l’oeuvre. C’est toutefois une bonne entrée en matière pour qui n’a pas lu le livre et/ou souhaite s’évader en découvrant cet univers. Une scène surtout retient notre attention. Celle ci prend place au coeur d’une soirée de Nouvel An. Marylou et Dean dansent en une sorte de transe. On ne sait d’ailleurs plus si ils dansent ou s’ils brûlent sur place.
Pour conclure notre mois sur le thème de la route, je vous propose de parcourir ensemble
quelques séries qui ont su à leur manière aborder le thème de la route que celle ci soit le
thème principal ou d’un simple épisode.
Le thème est souvent propice à l’évasion et à la réflexion lorsqu’il est solitaire. Qui ne
s’est jamais surpris à rêvasser au volant de sa voiture ou lors d’une longue promenade.
Mais la route peut être prise à plusieurs, entre amis ou en famille. Pour partir en voyage
ou pour accomplir une mission. La route devient alors le symbole de l’émancipation, elle est un chemin initiatique. Nos héros sont souvent à la recherche d’un sens à leur existence.
Nous verrons à travers trois séries comment le thème de la route est abordé.
Supernatural
Supernatural suit la quête de deux frères, fils d’un chasseur de créatures démoniaques et
mystiques. Lorsqu’ils sont enfants leur mère est tuée par un démon, leur père décide alors
de devenir chasseur de créatures surnaturelles afin de venger sa mort et entraîne ainsi ses fils dans sa quête. La première saison prend place 22 ans après la mort de leur mère. John
Winchester, leur père a disparu et son fils Dean décide de partir à sa recherche avec
l’aide de son frère Sam.
Chaque saison est construite selon un fil conducteur mais chaque épisode raconte une
histoire différente. Les frères avancent de villes en villes au volant de l’Impala de Dean,
essayant de résoudre les enquêtes surnaturels auxquelles ils sont confrontées. L’Impala
est d’ailleurs un élément essentiel de la série. Dean la surnomme son « bébé » et pour
son acteur Jensen Ackles elle est « la vie, le sanctuaire de Dean ».
Sons of Arnarchy
La série relate l’histoire d’un club de bikers, les Sons of Anarchy Motorcycle Club
Redwood Original (SAMCRO) dont les affaires sont perturbées par une lutte de
territoires entre dealers et trafiquants d’armes.
Le club fait régner l’ordre dans la ville de Charming en Californie. Et si le gang est craint il est aussi respecté pour son code d’honneur et la justice dont il fait preuve.
La série nous fait découvrir divers gang de bikers comme les Mayans qui ont d’ailleurs eu
droit à leur spin off.
The Walking Dead
Comment évoquer le thème de la route dans les séries sans parler bien évidemment de
The Walking dead. En effet, la série est un véritable phénomène dès la première saison elle rencontre un succès d’audience fulgurant. Plus de 5 millions de téléspectateurs sont devant leur écran pour découvrir cette première saison adaptée de la bande dessinée à succès. La 4ème saison enregistrera une audience record de plus de 17 millions de téléspectateurs. La série est donc un véritable succès tant du côté des audiences que des critiques.
Je vous plante donc le décor : Rick se réveille à l’hôpital après plusieurs mois de coma (les fans du genre auront sûrement comme un sentiment de déjà vu avec 28 jours plus tard) et découvre que le monde a changé. Une guerre semble avoir éclatée, le chaos règne des les rues et c’est alors qu’il découvre avec stupéfaction que les êtres humains ont changé, ils sont devenus des zombies !
Rick part alors à la recherche de sa femme et de son fils à dos de cheval portant son
uniforme de shérif. Sur son chemin il va croiser des zombies et alors que la mort semble
inévitable (à tout point de vue) il croise Glenn. Celui-ci vient alors à sa rescousse et lui propose de rejoindre son groupe de survivants. C’est dans ce groupe qu’il va retrouver sa femme, son fils mais également son meilleur ami. Le groupe va alors partir sur les routes d’Atlanta pour tenter de trouver un remède ou tout du moins une solution pour survivre à cette apocalypse.
La série a elle aussi eu droit doit à son spin off avec Fear the walking dead qui se déroule
à l’époque où l’épidémie se propage. Les individus ne savent alors pas ce qui se passe ni
comment venir à bout de ses monstres qui semblent ne jamais mourir.
La route est donc synonyme de fantasmes. Nous l’avons vu les héros de nos différentes séries ont tous un but différent mais le chemin qu’ils empruntent est souvent le même. Il est sinueux et tortueux. Nos héros, sont la représentation parfaite du anti héro même si Rick démarre du côté du héros classique il bascule rapidement dans le côté obscure de la force. Ils sont tous à la recherche d’un sens à leur vie. Certains veulent simplement trouver un foyer, d’autres essayent tant bien que mal d’en finir avec une vie de hors la loi et enfin certains tentent tout simplement d’accomplir une vengeance. On les imagine alors très bien sur le dos de leur destrier à la recherche d’une princesse à sauver.
Peu importe le but, la quête de nos héros leur route est pavée de fantastique. Il ne cesse de les accompagner. Quel comble serait de découvrir que le monde apocalyptique ne serait en réalité qu’un rêve de Rick encore plongé dans un long et interminable coma. Le fantastique aurait donc atteint son apogée et notre déception aussi !
La chaîne Syfy lance en juin 2017 sa série titrée : Blood Drive – a Syfy Grindhouse Serie. Celle ci fut créée par James Roland et propose dans les rôles principaux Alan Ritchson (Smallville) et Christina Ochoa (Matador). Un teaser haut en couleurs, une violence débridée et sans tabou qui promettent de bien “beaux” moments pour les fans du genre.
Petit point scénario: Dans un futur proche, la population est confrontée à la pauvreté et à la sécheresse. Quant au pétrole, il vaut une fortune. Aussi la tentation de s’en sortir en empochant 10 millions de dollars à l’issue d’une course mortelle est très forte. Le problème est que les voitures fonctionnent toutes au sang humain, impliquant ainsi quelques sacrifices afin d’atteindre le finish. Considéré comme le dernier bon flic de Los Angeles, Arthur Bailey se retrouve embarqué malgré lui dans la Course de Sang aux côtés de l’effrontée Grace laquelle est prête à tout pour remporter la mise. Le duo s’entretuera-t-il avant d’avoir franchi la ligne d’arrivée ?
Alors Blood Drive, héritier de la bombe Grindhouse ou coup de pub sans intérêt ?
. Dans le sillage de la bombe G(rindhouse)
L’univers Grindhouse trouve ses racines dans la diffusion des sulfureux “films d’exploitation” des années 50/60’s. Ceux ci, produits à bas budget et jugés trop obscènes pour le grand public, sont alors projetés dans des salles de théâtres prévues à cet effet qui deviendront les “Grindhouses”. Explosion de sang, sexualité et violence débridées sont quelques unes des caractéristiques historiques du genre.
Les réalisateurs Quentin Tarantino et Robert Rodriguez tous deux cinéphiles nostalgiques et grands amateurs de scènes trash, sortent en 2007 leur double programme Grindhouse. Celui ci comprend les longs métrages Death Proof (Q.Tarantino) et Planet Terror (R.Rodriguez). Ils poseront ainsi les bases du style Grindhouse moderne à base de CGI invraisemblables.
La série Blood Drive s’insère ainsi parfaitement dans ladite esthétique Grindhouse par des images aux contrastes forts (voire à s’en décoller la rétine) ainsi qu’une sorte de grain sur l’image qui n’est pas sans rappeler celles des années 50. Nostalgie, par ailleurs, récurrente dans l’ensemble des aspects du genre.
Digne héritier du Grindhouse moderne, Blood Drive l’est également dans la place importante qu’y prend l’humour. Un comique certes spécial mais qui reste intrinsèquement lié au Grindhouse via des situations “hardcores” poussées jusque dans l’extrême ainsi qu’un goût certain du spectacle grandiloquent à la manière des freakshow du siècle dernier. Cet esprit se cristallise d’ailleurs dans le personnage de Julian Slink merveilleusement interprété par Colin Cunningham (Elektra, Stargate SG-1).
Blood Drive réunit donc tous les ingrédients du bon élève.
. Road trip chez les zombies
La série nous promet ainsi un grand moment de divertissement avec ses cannibales, nymphos et autres amazones. C’est effectivement une véritable “foire aux dépravés” qui se jouent à chaque épisode tant la violence et les “hors la loi” de la société y sont dépeints. Aucun sujet, habituellement tabou n’y est laissé pour compte. On y rencontre, alors au détour d’un épisode, des exhibitionnistes, des sectes, psychopathes et autres scatophiles.
La place que prennent les grosses mécaniques y est également très importante. Si il s’agit, en effet, du point de départ du scénario, elles sont toutefois érigées en une sorte de culte aux grosses cylindrées. Motos ou voiture de sport, elles sont partout ! La place qui leur est accordée est presque aussi importante que les personnages principaux.
Cet intérêt est d’ailleurs l’un des points centraux de l’univers Grindhouse. Les voitures mais aussi la route, elle même rappellent, en effet, la symbolique du héros badass à la manière des blousons noires mais aussi du poor lonesome cowboy des westerns.
Elle tient également une place toute particulière ici puisqu’elle est au centre de toutes les préoccupations: n’oublions pas qu’il s’agit de la Course de Sang !
. Lobotomie Corporation
Le côté dénonciateur des oeuvres Grindhouse n’est également pas en reste. Il s’adapte aux grandes questions de nos sociétés actuelles. Les grands méchants sont donc ici la toute puissante Heart Entreprise laquelle n’est pas sans rappeler la E Corp de la série Mister Robot. Ce sont ainsi les lobbys et principalement leur ascension fulgurante à l’échelle du pouvoir mondial qui est mis sur le devant de la scène.
A l’écran, Heart Entreprise lobotomise les populations à coup de divertissement toujours plus insensés et n’a de cesse de leur faire miroiter une vie meilleure voire la Gloire avec un grand G via des compétitions comme la Blood Drive. Heart Entreprise semble tout posséder jusqu’à nos pensées et nos rêves via ses émissions de télé réalité et ses publicités.
La structure même de la série va dans ce sens puisque le principe de la Blood Drive à l’écran est .. une série de télé (presque) réalité.
Blood Drive est donc le digne héritier de l’esprit Grindhouse sans nul doute. Tous les ingrédients y sont réunis. Si elle s’est faite plutôt discrète au moment de sa sortie, on ne vous recommendera que trop de la visionner si vous êtes un fan du genre. Si elle ne comporte qu’une saison, l’ensemble est toutefois parfaitement complet et particulièrement jouissif.
Robert Rodriguez et Quentin Tarantino sont mondialement reconnus pour leur patte respective souvent copiée, jamais égalée. Les deux réalisateurs, en effet, partagent un goût certain pour les couleurs qui flashent, les combats sanglants et une nostalgie cinéphilique. Amis dans la vie, ils sortent en 2007 leur double programme: Grindhouse. Celui-ci est composé des long métrages, Death Proof (ou Boulevard de la Mort pour les francophones) et Planet Terror. Ces deux là, bien que pièce d’un ensemble plus large, sont construits de sorte qu’ils se visionnent aussi bien ensemble (et c’est ce que l’on vous recommande) qu’ indépendamment l’un de l’autre.
Death Proof est donc non seulement une pièce du puzzle mais aussi la vision personnelle du Grindhouse par Tarantino. Il s’agit donc bien du 6e film de Quentin et en cela est une oeuvre à part entière.
Petit point scénario avant toute chose: C’est à la tombée du jour que Jungle Julia, la DJ la plus sexy d’Austin, peut enfin se détendre avec ses meilleures copines, Shanna et Arlene. Ce trio infernal, qui vit la nuit, attire les regards dans tous les bars et dancings du Texas. Mais l’attention dont ces trois jeunes femmes sont l’objet n’est pas forcément innocente.
. Grindhouse… quoi ?
Le Grindhouse c’est plus qu’un genre, c’est un univers visuel complet avec ses (quelques) codes et une façon de raconter des histoires sans commune mesure.
Death Proof fait donc partie du diptyque Grindhouse avec le survolté Planet Terror de Robert Rodriguez. Sang, sexe, drogue et gros calibres sont au rendez vous. Ce qui caractérise surtout le Grindhouse c’est cette manière de ne surtout pas se prendre au sérieux. L’étalage impressionnant de seins, pus et autres joyeusetés défile alors à l’écran avec une auto dérision non voilée. On remarquera également (en même temps, il est très difficile de rater ça), l’amour presque obsessionnel des CGI et autres cascades grandioses. Tout ceci se mêle dans une esthétique aux accents vintages 50’s et rend un tout surréaliste et incroyablement visuel. Le Grindhouse possède également ses sujets de prédilection à savoir notamment horreur, thriller et slasher le tout parsemés de relents western.
Si ce double programme pose les bases du Grindhouse moderne, le phénomène ne date cependant pas d’hier. Le point de départ, en effet, est le “film d’exploitation” des années 50/60’s. Ceux ci sont un tel déchaînement de violence qu’ils ne peuvent être diffusés au sein des réseaux habituels. Le faible budget de leur production également ne les aident pas à se créer une place sur le devant de l’affiche. Ils sont alors distribués dans des théâtres sur la scène desquels se produisait les spectacles de bump’n’grind. C’est d’ailleurs de ceux ci que viendra le nom des ces salles d’un genre nouveau: les Grindhouses. Ces films ont ainsi inspiré toute une génération de cinéastes.
. La patte de Tarantino
Death Proof, si il s’insère dans l’univers Grindhouse ainsi que dans le dyptique éponyme de 2007 reste avant tout une oeuvre estampillée Tarantino. Il contient en effet tous les ingrédients de la recette tarantinesque, de même que Planet Terror et Robert, fan de comics, Rodriguez. Chaque plan est minutieusement travaillé et on ressent fortement l’influence des films de l’âge d’or.
De nombreuses références sont d’ailleurs disséminées à l’écran par Quentin comme à son habitude. Les voitures notamment font l’objet d’une attention toute particulière et renvoient à de grands moments de cinéma mais également aux précédentes oeuvres du réalisateur. On peut apercevoir ainsi un autocollant “Pussy Wagon” sur le pare choc de la voiture sur laquelle Lee s’adosse en attendant que ses amies finissent les courses. La plaque de Mike, également, qui au début du film affiche JJZ 109 reprend celle de Steeve MCQueen dans Bullitt (Peter Yates, 1969).
. Le Grand Frisson
La voiture possède une place à part dans l’univers de Tarantino mais également du Grindhouse. Elle est vu presque comme un élément à part entière du casting voire une extension des personnages qui en sont propriétaires. L’amour de la vitesse est d’ailleurs une caractéristique répandue parmi les personnages Grindhouse.
La route permet aussi d’insérer les personnages et l’action dans la mythologie du héros à la manière du mercenaire des westerns d’antan.
La route est ainsi la voie de la liberté laquelle permet un déchaînement cathartique et la recherche du Grand Frisson. Elle est d’ailleurs à la base du scénario de Death Proof puisque le point de départ de ce dernier est (justement) un départ en road trip entre amies.
. Bagnole, bain de sang et féminisme
Une telle explosion de violence, trips et boyaux est bien sûr cathartique. Il permet surtout la dénonciation. Les traits des personnages et les situations sont, en effet, étirés au maximum afin d’en démontrer le ridicule. Ce que Death Proof met en ainsi en lumière, c’est la libération des femmes et le spectre de l’homme qui reste tout de même au dessus d’elles.
Les jeunes filles, si elles sont (très) sexualisées, restent toutefois maîtresses de leur corps et de leurs envies. Elles aiment aussi les grosses bagnoles et n’hésitent pas à jouer de leurs charmes pour amadouer la gente masculine.
Death Proof est ainsi représentatif de l’esprit Grindhouse tant dans son univers narratif que dans sa construction visuelle. Il trouve également complètement sa juste place au sein de la filmographie de Quentin Tarantino. Une bande originale cultissime achève de faire de ce film un indispensable. Si le double programme fut un échec commercial, son impact continue de se faire sentir sur la route de la cinéphilie.
Pour ceux qui souhaitent aller plus loin dans la découverte de cet univers explosif:
La recherche du bonheur. L’Illumination. Vaste sujet. Cette problématique emmène son lot de questionnements douteux et de phrases bateaux.
La route de l’initiation est toutefois largement représentée au cinéma et dans la littérature. Cette thématique figure ainsi un genre à part entière au sein de laquelle la route devient le symbole du chemin vers le sens de la vie.
Le Little Buddha de Bernardo Bertolucci (1993) et Hector et la recherche du bonheur de Peter Chelsom (2014) réussissent cependant à explorer le thème de façon légère et sans (trop) de clichés.
Commençons par un petit point scénario: Hector est un psychiatre londonien à la vie bien ordonnée et sans remous. Il s’enfonce cependant petit à petit dans une profonde crise existentielle : qu’est ce que le bonheur ? Suis – je heureux ? Et sinon, comment l’atteindre ? Il part alors sur la route afin de trouver des réponses et (pourquoi pas ?) l’épiphanie tant souhaitée. Notons qu’il s’agit bien de l’adaptation du roman éponyme de François Lelord paru en 2002.
Little Buddha, quant à lui prend les traits de Jesse, petit garçon américain qui serait la réincarnation d’un grand maître bouddhiste. Un vieux moine le prend alors sous son aile et le guide sur les voies du Buddha à travers les aventures du prince Siddhartha.
Leurs castings respectifs sont plutôt réussi avec, notamment, Simon Pegg (Shaun of the Dead) dans le rôle d’Hector pour l’un et Keanu Reeves (Matrix, John Wick..) pour l’autre. Des compagnons de routes 4 étoiles pour un voyage inspirant au cours duquel la route se fait véritable chemin initiatique voire fantasmagorique.
L’élèv(ation)
Les deux oeuvres permettent ici une vraie identification au personnage principal. L’élève est aussi et surtout le spectateur après tout. Si elle est assez évidente pour Hector,Jesse cristallise également une vision certaine du spectateur.
L’aventure d’Hector c’est un peu celle de Mr. Tout le monde finalement. C’est en cela que réside son essence “good vibes”. Qui ne s’est jamais interrogé sur le sens de sa vie ? Et surtout qui n’a jamais souhaité tout quitter pour partir à l’aventure ?
On se reconnaît donc très facilement en Hector, bien dans sa vie où rien ne manque sinon l’essentiel, la spontanéité. Une crise du “où vais je ? Dans quel état j’erre ?” que tout le monde traverse un jour ou l’autre.
Jesse, quant à lui, symbolise plutôt l’Homme au début de sa quête de sens. L’individu ordinaire est alors un enfant à qui il faut enseigner les grands préceptes du monde.
De l’art de vivre
L’art tient également une grande place dans le processus initiatique. Il permet, en effet, de visualiser, imager et interpréter l’enseignement qui est alors dispensé au cours de la (ou les) leçons.
Hector, par exemple, emporte avec lui un petit carnet dans lequel il consigne ce qu’il tire de ses péripéties. La route et ses étapes se mêlent au dessin et autres réflexions à la manière du carnet de voyage ou plutôt d’un journal pas si intime. Ce voyage se fait alors tant physique que spirituel. Partir à la recherche du bonheur serait donc partir en quête de qui l’on est et de ce que l’on souhaite. L’apparition d’Hector enfant à plusieurs reprises puis de celui-ci se changeant en homme adulte participe de cette dynamique. Le dessin apporte alors une dimension onirique et mystique à cette aventure.
Jesse, notre little Buddha, lui use de la littérature bouddhiste et notamment des légendes autour de la naissance de cette religion. Le conte est d’ailleurs utilisé dans ses fonctions d’enseignement dès les premières scènes du film ! Le principe du film d’initiation, lui même, est d’ailleurs construit en ce sens rappelons le.
Qu’il soit oral, écrit ou dessiné, la narration est alors présenté comme le moyen privilégié d’illustrer ces leçons de vie.
Eclaircissements
Si les deux oeuvres traitent le même sujet à savoir l’initiation, leur moralité n’est pas tout à fait la même. Ils empruntent cependant tous les deux le même outil, à savoir le voyage donc la Route dans tous ses sens. Elle est, en effet, le chemin physique en ce que chacun des personnages sort de sa zone de confort et part vers le vaste monde. Elle symbolise également le concept légendaire du voyage intérieur.
Hector recherche toutefois un sens à donner à sa vie terrestre actuelle tandis que Jesse se voit offrir une Illumination plus complexe à base de réincarnation. Deux versions qui se rejoignent autour d’une grande question: comment être pleinement vivant. Deux aventures qui se complètent en somme.
La recherche de l’Illumination est donc un thème largement exploré au cinéma. Marqué par les problématiques de chaque époques, le message distillé, si il est toujours plus ou moins le même en substance s’adapte. L’avancée de la cause écologique voit fleurir ses dernières années quantité de retours à la nature sauvage à l’image de Into the Wild (Sean Penn, 2007). Little Buddha et Hector et la recherche du bonheur traitent principalement de l’homme face à son propre mysticisme dans une société toujours plus mondialisée. On notera toutefois que si Little Buddha a reçu la Caméra d’or de Berlin en 1994, Hector peine à se détacher du lot (assez impressionnant) d’oeuvres initiatiques.