Danse Bollywood : entre mythe et culture

Danse Bollywood : entre mythe et culture

La danse Bollywood est l’élément indissociable voire central d’un film de l’industrie indienne. Les numéros musicaux sont, en effet, devenus la marque de fabrique du Bollywood en Occident. Sa technicité et son caractère narratif en a même fait une activité prisée et ambassadrice de la culture du sous continent au même titre que le yoga. Relativement récente car inventée pour les besoins du cinéma, elle s’est fait une place de choix dans l’éventail culturel indien. 

Un enracinement culturel

Tout comme les films Bollywood, la danse du même nom ne désigne pas LA danse culturelle du pays. Apparue avec le développement du cinéma indien et surtout des productions Bollywood en provenance de Mumbai (anciennement Bombay), elle intègre un vaste catalogue de mouvement des différents styles de danses tant classiques indiennes comme le kathak, banghra mais aussi occidental comme le modern jazz ou plus récemment le hip hop. Ce mélange traduit la diversité du sous continent de même que son histoire liée à la colonisation puis l’expansion mondiale de l’American way of life. 

Elle intègre notamment des gestes des mains ou mudras (“signes” ou “sceau” en sanskrit), éléments typiques, bien connus des yogis et yoginis, censés invoquer ou représenter une divinité hindoue ou un concept. Le plus connu de ces gestes est le anjali mudra qui consiste à rassembler les deux paumes et de les placer au niveau de la poitrine sur le chakra du coeur en signe de remerciement et de lien entre l’énergie solaire et lunaire, le yin et le yang. 

A l’image de son pays : un melting pot toujours en mouvement

La danse Bollywood n’est pas une pratique fermée, c’est à dire qu’elle n’est pas immuable. Elle est un mélange de toutes les influences qui ont pu traverser la culture indienne dans le sous continent avec le mélange d’éléments de diverses ethnies qui l’habite ou en provenance de l’Occident. 

Elle est également fortement soumise à la loi commerciale. De nouveaux styles sont ainsi ajoutés afin de séduire un plus large public et surtout une audience plus jeune et moderne. 

Un art à part entière

Les numéros musicaux des films Bollywood sont le coeur de la production. Souvent grandioses, ils sont destinés à être visuellement agréable mais aussi à raconter une histoire, à participer au storytelling. Une attention toute particulière est donc portée aux chorégraphies afin d’en faire une performance voire parfois une véritable oeuvre d’art. 

Les chorégraphes sont ainsi des superstars dans le milieu du cinéma Bollywood de part leur importance et sont courtisés par les plus grands studios comme, par exemple, Farah Khan ou Prabhu Deva. 

La danse Bollywood est à l’image de l’industrie du même nom, grandiose, colorée mais surtout profondément ancrée dans la diversité de la culture indienne dont elle est l’un des plus important ambassadeur.

# Explociné : Bollywood/ 5 faits à savoir sur le cinéma Bollywood

# Explociné : Bollywood/ 5 faits à savoir sur le cinéma Bollywood

En Occident, la mention de cinéma Bollywood équivaut au cocktail : couleurs vives, chants suraigus, danse endiablées et surtout romances. Le tout rend donc des films parfois très longs (minimum 2h environ) et un peu kitch sur les bords. Il s’agit toutefois de la troisième cinématographie mondiale la plus rentable après les USA et la Chine. C’est l’industrie du cinéma la plus rentable hors Occident avec Nollywood originaire du Nigéria. Alors, certes, le cinéma Bollywood, c’est un peu un clash culturel, il est aussi riche du point de vue sociologique que les couleurs de ses costumes. Voici un petit aperçu en cinq points de ce qu’on aurait pu nommer “Bollywood: au delà du kitsch »: 

. Le cinéma Bollywood ne désigne pas tout le cinéma indien 

L’Inde est un melting pot de cultures, de cultes et d’histoire. De nombreuses ethnies vivent sur le sol du sous continent, tout comme un très grand nombre de langues et dialectes comme le bengali, le pendjabi, le tamoul, l’assamais ou encore le célèbre hindi. On a coutume de classer la très grande diversité de productions cinématographique indienne selon le critère de la langue souvent associée à une région de l’Inde. Le cinéma Bollywood, donc, nous vient de Bombay (ou Mumbai) et désigne le cinéma hindi. Il se caractérise par un patriotisme fort et la mise en avant de la confession hindouiste. Il existe d’ailleurs d’autres expressions associées aux autres cinémas régionaux tels que Sandalwood pour le cinéma kannada basé à Bangalore ou Mollywood pour l’industrie malayalam basée dans le Kerala. 

. Une production à la chaîne 

Les films de Bollywood sont parmi les plus populaires mais aussi les plus présents avec une moyenne de 1600 films tournés par an pour la période 2014-2019. Hollywood, en comparaison, est assez loin derrière avec 500 productions. 

. Et question budget ? 

Les productions Bollywood restent assez peu onéreuses avec très peu de films qui dépassent le 20 millions de dollars de budget pour une moyenne d’environ 1,5 millions d’euros. Ce qui permet donc d’en produire en plus grande quantité. Certains acteurs signent d’ailleurs des contrats pour six ou sept films en simultané. On est loin des blockbusters nord-américains et de leur 50 millions de dollars de moyenne mais le nombre de productions sorties par an permet d’en faire la cinématographie indienne la plus rentable. 

. Le cinéma Bollywood est aussi ancien que le cinéma européen 

A la suite de la projection publique payante des frères Lumières au Salon indien du Grand Café de l’hôtel Scribe à Paris, leur assistant présente quelques unes de leurs oeuvres les plus connues tels que L’arrivée d’un train en gare de La Ciotat ou La Sortie de l’usine Lumière à Lyon au Watson’s Hotel à Bombay, le 7 juillet 1896. Le public se montre enthousiaste et les salles sont combles. Cet intérêt pour le cinéma va se confirmer très tôt avec The Wrestlers (1899) de Harishchandra Sakharam Bhatavdekar, considéré comme le premier film indien tourné par un indien. Le film qui marque cependant les débuts du cinéma indien Raja Harishchandra de Dadasaheb Phalke qui sera présenté à Bombay le 3 mai 1913. 

. Un cinéma miroir 

Le cinéma Bollywood, de par sa popularité, est en quelque sorte l’ambassadeur de l’Inde à travers le monde mais aussi à travers ses propres régions. Il joue en effet un important rôle de représentation et surtout d’unification sous le même drapeau de l’Inde de ce pays aux cultes, pratiques religieuses, langues et histoires extrêmement diversifié. Il peut ainsi sembler quelque peu fourre tout avec des scénarios souvent inspirés des anciens textes épiques, du théâtre Parsi, mais aussi des comédies musicales hollywoodiennes et même de numéros de danses influencés par le hip hop. 

Le cinéma Bollywood c’est donc non seulement du divertissement, pour certains, ou le temple du kitsch, pour d’autres, mais c’est aussi un véritable pilier dans l’essor de l’Inde et la représentation des diverses populations indiennes. On le surnomme d’ailleurs quelques fois le cinéma masala en référence à ce mélange d’épices colorées qui rappelle tout à fait la vaste diversité culturelle du sous continent.

#Explociné : L’enfance/ L’animation c’est seulement pour les enfants ?

#Explociné : L’enfance/ L’animation c’est seulement pour les enfants ?

Qui ne se souvient pas du scandale créé par la sortie du film d’animation Sausage party ? Un dessin animé au caractère ouvertement sexuel qui a fait couler beaucoup d’encre. Ces dernières décennies, le marché du cinéma d’animation regorge de films d’animation à destination des enfants petits et moins petits. Ce serait presque à en oublier que le cinéma d’animation n’a jamais eu vocation qu’à être ce qu’il est: du cinéma c’est-à-dire de l’image animée dans le but de raconter une histoire, parfois mais surtout (et toujours) un art. Alors, certes, La Reine des Neiges, ce n’est pas la tasse de thé de tout le monde mais ce n’est qu’un exemple dans une cinématographie à l’histoire et aux œuvres aussi riches que son célèbre (et célébré) petit frère. 

Qu’est ce que le cinéma d’animation ? 

Tout d’abord mettons les points sur les i : le cinéma d’animation, comme pour la prise de vue réelle est un terme générique. Les dessins ne sont pas les seuls à pouvoir se targuer d’être animés. Il se décline ainsi de nombreuses techniques comme le stop motion, la 3D ou les silhouettes de papiers.

L’expression consacrée pour désigner l’animation, d’ailleurs, est le septième art bis. Le septième est le cinéma et le huitième, la télévision (mais je ne vous apprends rien). Une dénomination qui laisse entendre que l’animation est subordonnée à la prise de vue réelle. Elle est cependant plus ancienne que son illustre parentée puisqu’on a pu retrouver la volonté de créer une image en mouvement depuis l’art pariétal. La grotte de Lascaux comporte, en effet, un dessin de taureau à plusieurs pattes semblant traduire la marche. Les jeux optiques (kinétoscope et consorts) participent également de cette volonté d’animer une image mais sans la technologie suffisante, le médium pictural fut le seul pendant longtemps. L’envie de donner vie à quelque chose d’inerte, d’ anima qui signifie en latin, “souffle, âme”, remonte aussi loin que le besoin de raconter. 

Le dessin animé et sa valeur pédagogique 

L’animation a d’ailleurs ce pouvoir particulier de pouvoir plus subtilement parler de certains sujets. Des dessins, des poupées ou surtout, des personnages anthropomorphiques permettent au spectateur de se dissocier plus facilement des péripéties du film. Animer des objets (ou des pixels) c’est aussi se libérer des lois de la physique et créer plus librement un monde nouveau souvent fantastique. Ceci procure alors à l’animation une grande capacité pédagogique car on peut alors accéder plus subtilement à l’inconscient du spectateur voire lui montrer différemment. Si, certes, énormément de films sont adaptés aux enfants (avec ou sans double discours pour les plus grands, comme c’est souvent le cas avec les Disney par exemple) grâce notamment de cette capacité pédagogique, l’animation permet aussi de parler de questions plus obscures. Les films de Ari Folman en sont l’exemple parfait.  Le réalisateur discute ainsi les questions de notre siècle tels que notre relation au numérique et les inégalités sociales dans Le Congrès ou la guerre et le syndrome post traumatique avec Valse avec Bachir. 

Notons que le pouvoir de l’animation fut d’ailleurs utilisé à des fins politiques, tout comme la prise de vue réelle. Le cartoon, par exemple, fut un fort outil de propagande et de soft power des USA au cours des conflits des années 1940’s.

L’art d’animer 

Le cinéma d’animation est parfois considéré comme le parent pauvre du cinéma. Il est, en effet, souvent réduit au dessin animé pour enfant ou aux animés japonais avec des ninjas (faut dire que c’est cool les ninjas). Il s’agit cependant bien d’une forme d’art aux techniques et univers diversifiés. Comme tout art, il n’a pas pour seule vocation à simplement occuper le petit Kévin après le goûter. Il s’agit ici de parler au spectateur, d’instaurer un dialogue de manière plus ou moins subtile afin de le faire se questionner ou simplement s’émerveiller et ce quel que soit son âge. 

Petite sélection de films animés pas si enfantins que ça :

Le roi et l’oiseau, Paul Grimault, 1953

Valse avec Bachir, Ari Folman, 2008

Le Congrès , Ari Folman, 2013

Akira, Katsuhiro Otomo, 1988

Ghost in the shell, Mamoru Oshii, 1995

Persepolis, Marjane Satrapi & Winshluss, 2007

#SORTIE : GARDEN OF DELIGHT, SISTERHOOD PROJECT

#SORTIE : GARDEN OF DELIGHT, SISTERHOOD PROJECT

Aérien, tripant, explosif, esthétique, puissant… on pourrait continuer longtemps la liste des qualificatifs pour décrire le duo Sisterhood project. Fondé en 2018 par Marie de Lerena et Dorothée Rascle (dite “Doo”), il compte à son actif deux albums dont le récent Garden of Delight, sorti le 25 mars dernier.

En alchimistes musicales, le duo explore les divers styles musicaux du trip hop au jazz en passant par le rock et s’appuie sur des harmonies vocales puissantes. L’album Sisterhood (sorti en 2018), l’EP Brotherhood (2020) et Garden of Delight (2022) sont ainsi de véritables odes à la créativité mais aussi à l’inclusivité. 

La production du Sisterhood project est, en effet, imprégnée de cette volonté de s’inscrire aux côtés des luttes féministes et minorités de genre. Marie et Doo ont à cœur de se joindre au débat autour de la société patriarcale et surtout de ses conséquences sur l’industrie musicale. A travers leurs textes, elles interpellent ainsi le public sur des concepts tels que le body positivisme, la liberté ou le sexisme. Elles insèrent également dans leur nouvel opus, Garden of Delight, une réflexion autour de la thématique écologique. 

Des textes pointus et qui vous empoignent, des arrangements aériens, Sisterhood project c’est engagé et planant et c’est surtout à surveiller de près absolument !

crédits photo de couverture : Sébastien Renault ou Laura Ma

Explociné: Les couleurs au cinéma/ Petite introduction à la couleur & l’image

Explociné: Les couleurs au cinéma/ Petite introduction à la couleur & l’image

Les goûts et les couleurs ça ne se discute pas. Cet adage qui sent fort la naphtaline a bien raison dans la vie. Pour ce qui est de l’art et du design, si on peut, certes, difficilement remettre en cause les goûts de votre tonton Jéjé pour les Fast’n’furious, la réflexion autour des couleurs, elle, est au centre de toute démarche de création. La couleur est en effet l’un des piliers d’une œuvre qu’elle soit dessinée, peinte, animée…. Si elle fait autant débat, c’est en raison de la charge d’expression culturelle et psychologique qu’elle contient. Petit tour, non exhaustif, de la relation entre couleur et arts visuels. 

Un peu de théorie des couleurs 

La théorie des couleurs est assez fascinante une fois que l’on s’y plonge. Au-delà de tout ce que vous pourriez trouver, rappelez-vous surtout cette combinaison de base : teinte, saturation et luminosité (ENG: HSB ou Hue, Saturation, Brightness). 

La teinte c’est la couleur elle-même. 

La saturation c’est son intensité.

La luminosité, enfin, désigne à quel point…roulement de tambour… la couleur est claire ou foncée.

La triade HSB est la base de toute réflexion sur la couleur. Il existe ensuite tout un tas de “règles” régissant (ahah) les différentes combinaisons et utilisations qui en sont faites. Les couleurs primaires, par exemple, se marient bien avec les couleurs secondaires. C’est ce que l’on appelle un couple complémentaires car elles sont opposées sur le cercle chromatique tel que le jaune et le violet ou le orange et le bleu. Il existe un certain nombre de ces combinaisons (triadiques, carré, adjacentes…) mais le meilleur moyen de découvrir tout cela est encore de les tester en direct via vos médiums favoris. 

Ce que la couleur nous raconte 

Les règles de la théorie des couleurs permettent de codifier son utilisation. Trop s’imprégner de celle-ci peut cependant uniformiser l’arc-en-ciel. La couleur est, en effet, un moyen d’exprimer son style et ses goûts personnels (plutôt froid, cinématique, saturé, joyeux) mais c’est aussi un véritable outil de mise en scène. Le choix des couleurs qui vont être utilisées et surtout de quand elles vont apparaître permet de plonger le public dans une ambiance ou de lui faire comprendre un message de façon plus subtile mais non moins parlante qu’un panneau lumineux.

La couleur influence notre perception. Elle provoque chez nous une réponse émotive, une association consciente ou inconsciente issue de notre imagination personnelle mais aussi culturelle. 

Toute une histoire 

Parler rapidement de la couleur n’est pas aussi simple que cela en a l’air. Les différentes combinaisons permettent de créer un rendu qui sera plus ou moins agréable à l’œil humain mais lorsqu’il s’agit de se pencher sur leur signification, c’est tout un monde de possibilités qui s’ouvre… au sens propre.

On a tendance à associer le rouge avec la passion, le danger voire le sang. Il est d’ailleurs utilisé sur certains drapeaux pour représenter le sang versé pour la défense du territoire. Le jaune, quant à lui, appelle plutôt la joie. Les associations de couleurs avec des concepts abstraits sont universels mais toutefois pas uniformes. Le plus célèbre de ces non uniformisation est la couleur du deuil qui n’est pas le noir partout. En Inde ou en Chine, par exemple, le blanc est de mise. L’or, de même, symbolise la richesse, la fortune et la fécondité en Occident tandis que dans le bouddhisme elle réfère plutôt à l’éveil de la conscience, la spiritualité, le bonheur et la santé. 

La couleur dans l’art visuel est tout autant un outil qu’une prolifique source d’inspiration. Elle permet non seulement de rendre plus agréable notre expérience en tant que public par la création d’un rendu harmonieux à l’oeil mais aussi de traduire un message. Ce dernier peut être interne au langage du film comme être associé à un moment, un lieu, un personnage ou s’inscrire dans le langage encore plus vaste du culturel. Une science expérimentale à creuser donc.

Le petit livre des couleurs, Pastoureau

L’étonnant pouvoir des couleurs, Jean Gabriel Causse

Explociné: La couleur au cinéma / Wes Anderson

Explociné: La couleur au cinéma / Wes Anderson

C’est l’un des réalisateurs phares de ces dernières années. Wes Anderson est désormais director superstar par son style unique, ludique et surtout coloré. La couleur, justement, est au centre de chaque œuvre du texan (oui, oui, Wes est né à Houston) et fait partie intégrante de son style 

Qu’est-ce qui fait la patte Wes Anderson ? 

Une palette pour chaque film 

Aviez vous remarqué qu’à chacun des films d’Anderson correspond une sélection de couleurs reconnaissables ? The Grand Budapest Hotel est, en effet, inséparable de ses violets profonds, de ses roses pastels et de son rouge passion tandis que Moonrise Kingdom met en valeur tout une palette de jaune, beige et vert.

Ces palettes sont indissociables de l’identité du film. Mieux, elles en font partie intégrante et participent du message et de l’ambiance choisie. Le violet et le rose appellent aux concepts du raffinement, de la douceur tandis que les touches de rouge symbolisent la violence sous-jacente de l’histoire du Grand Budapest Hotel. 

Ces palettes ne sont d’ailleurs pas uniformes tout au long du film. Elles évoluent avec les sentiments et les événements. Les couleurs criardes et ultra lumineuses de l’âge d’or de l’hôtel font ainsi face à des couleurs plus passées qui évoquent un temps révolu avec une pointe de nostalgie vintage.

L’oeuvre de Wes Anderson tourne généralement autour de couleurs simples, saturées et lumineuses. On a presque l’impression de se retrouver au cœur d’un livre pour enfant, réconfortant, coloré et joyeux. 

Couleur et psychologie 

Le survêtement rouge de Chas Tenenbaum dans The Royals Tenenbaum (2001) traduit l’urgence, la tension et le traumatisme dans lequel l’ont plongé les épreuves du temps tandis que l’uniforme violet du Grand Budapest Hotel inspire le raffinement.

La couleur est également un élément non négligeable de l’expression et de la définition de ses personnages. Les principaux possèdent en général une sélection de couleur qui évoque leur personnalité, leurs émotions voire leur traumas. C’est un peu comme la carte d’identité de leur subconscient, une sorte de film dans le film.

La couleur comme outil narratif 

Le choix des couleurs est un élément central dans la production d’une œuvre cinématographique. Chez Wes Anderson, elle est un outil de narration extrêmement important puisqu’elle permet de renforcer, de créer le discours voire parfois de révéler ce que l’on ne dit pas.

Le cinéma de Wes Anderson est indissociable de ses jeux de couleurs. Elles sont un pilier de sa patte tout autant que de son message. Un élément qui est savamment doublé d’un discours souvent mélancolique voire triste. Anderson nous parle, en effet, qui peuvent être extrêmement durs (le suicide, la guerre, les troubles politiques, l’exclusion) dans un monde aux couleurs éclatantes comme une fable pour adultes qui n’en ont pas tout à fait fini avec leur enfance.