Il y a certaines règles lorsque l’on fait un film. Des règles techniques, administratives mais surtout sociales. Pendant de nombreuses années, les majors d’Hollywood furent soumises au code Hays. Certains pays pratiquent encore la censure. Ces règles, si elles peuvent être régies par des lois, sont en grande partie induites par le spectateur lui-même. Ce que l’on peut ou pas montrer à l’écran, ce qui est obscène ou non, dépend principalement du débat social. Le cinéma a cela de particulier qu’il permet tout à la fois de témoigner d’une époque tout comme de la dénoncer.
Les couleurs de l’amour
L’amour entre différentes ethnies a très souvent été dépeint à l’écran. Son traitement n’a cependant cessé d’évoluer de même que les mentalités colonialistes, racistes voire carrément esclavagistes. Il n’y a qu’à voir le récent débat soulevé par Autant en emporte le vent (Cukor) ou une série de dessins animés de la firme Disney. La société évolue. Le regard du cinéma aussi.
Les premiers films notables qui traitent de ce genre de romance mettent en scène principalement un colon blanc et une indigène ou vice versa.
C’est ensuite au tour des histoires entre un blanc et une jeune femme noire. Toute proportion gardée, bien évidemment. Si aujourd’hui, les différences inter-raciales sont clairement montrées à l’écran, notons qu’il a fallu en passer des étapes avant d’en arriver là. En 1957, Raoul Walsh raconte dans L’esclave libre (de son titre original, Band of Angels) , l’histoire d’une jeune femme élevée par son père découvre à la mort de celui-ci que sa mère était noire. Elle devient alors esclave et est vendue au plus offrant. Clark Gable en tête d’affiche permet d’apporter au film un cachet certain pour le grand public. La jeune fille en question, Amantha Starr, cependant, est interprétée par Yvonne de Carlo… c’est à dire une actrice blanche ! Un petit pas pour la représentation afro-américaine à l’écran mais un grand pas pour la société encore très manichéenne de l’époque.
Moins régulièrement à l’écran, on a pu suivre également une romance entre occidental et asiatique. Bref, vous l’aurez compris, c’est pratiquement l’histoire géopolitique du monde que l’on peut retracer par l’observation du traitement des différentes ethnies à l’écran.
La France n’est pas en reste avec les couples mixtes franco-arabe et surtout catholico-musulman.
Les films les plus marquants et surtout clairement militants portent sur les pairs blancs et noirs. Si il y a toujours eu une dénonciation de ce racisme à l’écran (toute proportion gardée suivant les époques), ces dernières années ont vu un grand nombre de long métrage grand public mettant en scène ces couples mixtes.
Classes sociales et romantisme
Une autre catégorie de discrimination largement étudiée au cinéma est bien entendue celle de la classe sociale. Si il s’agit souvent de la combinaison d’un homme riche et d’une femme pauvre, ils permettent tout de même le questionnement social. A défaut d’être féministe, ces films mettent ainsi en scène le mélange des classes sociales encore plus cloisonné à l’époque de Cukor et de son adaptation de My Fair Lady.
En une centaine d’années d’existence, le cinématographe s’est imposé comme LE divertissement de masse. Les usages ont grandement changé, certes, mais on ne peut nier que les plateformes Netflix et consorts ont permis aux images animées de développer encore plus leur impact.Ces images, par leur nombre et leur popularité, ont un impact qui ne fait que se renforcer sur le spectateur et le débat social. Le cinéma est une usine à rêves mais il est aussi et surtout le reflet de la société de son époque. Il n’a jamais été si simple de voir un film. La communauté cinéphile n’a d’ailleurs jamais été aussi active grâce au développement des médias et des discussions en ligne.
My fair lady, George Cukor, 1964
Les hauts des hurlevents, Andrea Arnold, 2012
Coup de foudre à Bollywood, Gurinder Chadha, 2004
Hiroshima mon amour, Alain Resnais, 1959
Joue la comme Beckham, Gurinder Chadha, 2002