Au milieu des loups-garous, vampires et autres créatures de l’enfer, le revenant semble indétrônable. Un peu comme le film pornographique, la figure du fantôme, et plus largement le film d’horreur, fut très rapidement exploité par les cinéastes. Un succès qui n’est toujours pas démenti. Un fantôme fait toujours son petit effet (encore faut-il bien l’amener). Pourquoi un tel succès ? Un élément de réponse consisterait en l’universalité du concept de revenant. Le fantôme parle en effet à tout le monde mais pas forcément de la même manière.
Une réminiscence du passé
Commençons par le commencement, finalement c’est quoi un fantôme ? Du côté purement académique, le Larousse le définit comme une “apparition d’un défunt sous l’aspect d’un être réel”. Plus largement, le fantôme peut définir tout ce qui tient à quelque chose de disparu, d’irréel ou presque. Les expressions “voir un fantôme du passé” , “ressentir des douleurs fantômes”, par exemple, participent de cette idée.
Le fantôme peut donc être rapproché du concept de l’illusion mais surtout du souvenir. Le plus commun des fantômes reste le revenant coincé entre le monde matériel et l’au-delà. Il est donc bien souvent la manifestation d’une personne défunte que l’on peine à oublier.
Il peut être également évoquer le souvenir d’un événement passé comme la Dame Blanche voire d’une époque passé comme le gentil Casper qui symbolise l’âme de la maison ou encore les sorcières en colère du temps de la persécution de la ville de Salem dans la Massachusetts.
Une création de l’esprit
Le fantôme se rapproche donc plutôt d’un souvenir. D’un souvenir qui reviendrait et qui hanterait le ou les protagonistes. Le revenant est donc finalement quelque chose de personnel dans son approche et son interprétation.
Il représente ainsi bien souvent le poids de la culpabilité. Il ne se montre pas ou peu et ne cesse de revenir comme un souvenir que l’on souhaiterait oublier et enterrer pour de bon. Cette approche du fantôme diffère ainsi de la première approche en ce qu’il est perçu comme nuisible chez les vivants.
Le poids du culturel
Le fantôme et son interprétation sont donc plutôt personnelles. Elles sont aussi extrêmement culturelles. L’Occident et son passé judéo-chrétien, par exemple, personnifie le fantôme. Il est bien souvent une personne, une brebis égarée des champs d’or et de lumière du Paradis. Il appartient donc au monde spirituel et, par là, son apparition est indiquée par un halo de lumière voire des contours flous ou carrément le package du corps évanescent gris et flottant.
Le cinéma asiatique et notamment japonais, de passif shinto, bouddhiste et animiste, dépeint le fantôme comme un esprit. Le revenant a ainsi perdu son humanité au moment de sa mort et se serait fondu dans le monde spirituel. Il est ainsi le plus souvent représenté les cheveux longs et noirs et la peau plus pâle que Chamonix au mois de février.
Le fantôme n’est pas un concept unique. Il est à rapprocher du concept de souvenir mais il nous parle également d’individualité, de culture et d’histoire. Le fantôme est bien plus bavard qu’il n’en a l’air.