Qui êtes tu ? Que fais-tu ? Peux-tu te présenter brièvement ?
Je m’appelle Tom Boulangée, je vis à Metz (France), j’ai 30 ans et je suis actuellement Chargé de Communication au Centre Pierre Janet, un service de l’Université de Lorraine.
Quelles sont tes missions actuellement ?
Je suis responsable de toute la communication de ma structure, des réseaux sociaux à la création de visuels en passant par l’organisation d’événements (conférences, séminaires scientifiques…) et les Relations Presse. J’assure également la promotion de nos formations, de notre offre de soins thérapeutiques (hypnose, EMDR, suivis pychologiques…) et de la visibilité de nos projets de recherche dans les domaines des sciences humaines et de la santé auprès du grand public.
Pourquoi ce métier ? Cette structure ?
Après l’obtention de mon diplôme, je voulais trouver un emploi dans la communication culturelle (au sein d’une institution, d’un musée, pour un festival…). Malheureusement, c’est un secteur où les offres sont rares ; beaucoup d’appelés et peu d’élus. J’ai donc opté pour le culturel, et après 10 ans dans le domaine, je suis passé à la communication.
Quel est ton parcours (expérience pro, études…) ?
Je suis titulaire d’un Master en Communication, après être passé par un bac littéraire et un D.U.T. Communication et Publicité. Lors de ma dernière année d’étude, j’ai jonglé entre mes études et mon premier travail : médiateur culturel au sein d’un musée. J’ai obtenu mon diplôme et j’ai continué à travailler dans la médiation culturelle.
Impressions
Revenons lorsque tu étais dans le champ de la culture, qu’est-ce que tu préférais dans ton job ?
Il y avait deux choses que j’aimais tout particulièrement et je suis incapable de choisir entre les deux. La première était le contact avec le public. En tant que médiateur culturel puis conférencier, j’ai eu la chance de rencontrer toutes sortes de personnes : des passionnés, des réfractaires, des curieux, des jeunes, des moins jeunes, des enfants… J’ai fait de très belles rencontres, certes éphémères (on parle avec elles, on échange, on transmet et chacun repart de son côté) mais enrichissantes. J’ai plein de souvenirs ou d’anecdotes dont je vais me souvenir longtemps.
La deuxième chose qui me motivait était l’ouverture d’esprit que l’on acquiert au contact des œuvres exposées. J’ai des connaissances et des goûts plutôt « Art Classique », et mon premier travail de médiateur culturel était dans un musée d’art contemporain. J’ai appris tellement de choses, découvert tant d’artistes que je ne connaissais que de nom… Tout cela a aiguisé, affiné mon sens critique. Je suis toujours plus classique que contemporain MAIS ça m’a donné envie d’en voir, d’en apprendre toujours plus dans toutes les branches et les périodes artistiques.
Quel est ton meilleur souvenir lors de tes expériences dans le culturel ?
Lors de mon dernier poste culturel, au sein d’une grande compagnie de danse à Nancy, j’ai assisté au ballet contemporain Cela nous concerne tous de Miguel Gutierrez. Cette pièce m’a touché, emporté, boulversé. La mise en scène, le décor, les costumes, la performance des danseurs… C’est une œuvre d’art totale, ni totalement danse, ni totalement performance artistique, à la frontière avec le théâtre. Bref, c’était extraordinaire, et l’un des avantages du métier : être aux premières loges dans les coulisses.
Dans quelle mission t’es-tu le plus amusé ?
Je ne dirai pas amusé mais épanoui. Sans hésitation, en tant que Chargé de Programmation pour le Festival du Film Subversif de Metz, un festival de films (courts et longs-métrages) qui met à l’honneur des œuvres cinématographiques fortes, parfois dérangeantes, toujours très humaines et qui ont une distribution et une visibilité plus limitées.
Quel est ta plus grande fierté (événement organisé, anecdote…) ?
Ma plus grande fierté, c’est justement d’avoir participé aux deux premières éditions du Festival du Film Subversif de Metz. Nous sommes partis de pas grand chose et nous avons été jusqu’au bout : nous avons donné naissance à notre “bébé”. Grâce à sa directrice, Charlotte Wensierski, qui nous a porté à bout de bras, et à tous les bénévoles et les partenaires qui nous ont soutenu.
Quelle a été ta plus grosse galère ?
J’ai eu beaucoup de chance, je n’ai pas connu de grosse galère. Rien qui ne pouvait être arrangé par une bonne dose de réactivité et de débrouillardise.
Quel profil selon toi pour ces postes dans la culture ? Quelles sont les 3 qualités à avoir absolument ?
Je ne pense pas qu’il existe un profil type pour travailler dans la culture. Déjà, travailler dans la culture, ça veut tout et rien dire : il y a tellement de métiers différents, qui demandent des connaissances, des approches différentes : des administratifs, des artistes, des techniciens, des programmateurs, des administrateurs…
Par contre, il y a certainement des qualités nécessaires pour « survivre » dans le domaine culturel : polyvalence, humilité et ouverture d’esprit. Je conclurai en disant que pour travailler dans ce domaine, il faut avoir des reins solides, une volonté de fer et beaucoup de sang-froid.
Connais-tu les possibles évolutions de carrière de ton dernier poste ?
Pour être honnête, je ne voyais pas de perspectives d’évolutions de carrière dans mon dernier poste culturel. C’est l’une des raisons de mon départ : évoluer au sein de ma précédente structure me semblait compliqué, voire impossible. Pour moi, mon unique porte de sortie était de trouver un poste ailleurs.
Actualités
Qu’est-ce qui t’a fait changer de domaine ?
C’est une convergence de plusieurs facteurs qui m’ont incité à changer : la lassitude de travailler dans ce secteur, un peu de désillusion sur mes opportunités de carrière et mes perspectives d’avenir, les contraintes liées au domaine culturel (horaires décalées – soirs et week-ends, ma paie à la fin du mois…), le sentiment de n’être qu’un maillon de la chaîne… En y repensant, je n’avais peut-être pas les reins assez solides pour le culturel.
Est-ce que ce poste est si différent de tes anciens postes ?
C’est le jour et la nuit. Je ne regrette rien de mon expérience dans le domaine culturel mais je n’y pense pas y retourner un jour. J’ai désormais un emploi où je m’épanouis, dans lequel j’ai vraiment l’impression de contribuer personnellement. Mais j’ai peut-être juste eu beaucoup de chance.
Comment la situation actuelle affecte-t-elle ton quotidien professionnel ?
Comme beaucoup, nous sommes passés en télétravail. Il a fallu continuer à communiquer, à gérer la crise, à proposer de nouveaux formats (conférence à distance, réunions par visio…) auxquels nous n’étions pas formés. C’était un challenge professionnel et personnel qui nous a paradoxalement beaucoup appris. La situation actuelle a éprouvé notre capacité d’adaptation. A nous de ne pas nous laisser dévorer et d’en tirer les bons enseignements !
Pour en revenir au secteur culturel, j’ai été impressionné par la réactivité et la créativité dont les structures et les artistes ont fait preuve !
Avec quel œil vois-tu l’avenir (un renouveau, un manque de visibilité, méfiance, découragement …) ?
Je suis peut-être un peu pessimiste mais je ne suis pas certain que cette crise va changer beaucoup de choses. Pour beaucoup, c’est déjà de l’histoire ancienne, quelque chose de l’ordre du passé.
Je ne me fais pas de souci pour les grosses structures qui ont la capacité (et les aides) pour rebondir. Mais je pense aussi aux intervenants du spectacle, aux artistes indépendants, aux petites compagnies, aux associations…qui vont durement subir l’après-covid.
Quels sont tes projets futurs (au vu de la situation mais aussi dans l’absolu) ?
Une petite citation que je trouve très à propos : Sois toujours comme la mer qui, se brisant contre les rochers, trouve toujours la force de recommencer.
Propos recueillis par Aurélia Pogorzelski
Plus d’infos sur le centre Pierre Janet : http://centrepierrejanet.univ-lorraine.fr/