“Chaque fois que je me réveille, je crois que je suis de retour dans la jungle”.
Willard est à bout. La bruyante Saigon s’est substituée à la luxuriante canopée. Les arbres couverts de lianes sont maintenant des immeubles aux câbles et étendoirs tentaculaires. Les yeux qui l’observent ne sont plus ceux des panthères, serpents et autres mygales… ou peut être que si ?
Chaleur, bruit et le manque d’air auront presque sa raison.
La jungle c’est le poumon du monde. C’est aussi un livre de légendes, un grimoire, un grenier et un terrain de jeu sans commune mesure. L’homme, comme beaucoup de choses, est né dans la jungle. Certains y vivent encore et d’autres lui ont, déjà, préféré la pierre et le béton.
Si nos sociétés quittent lentement (mais sûrement) la jungle d’écorce et de sève, elle ne cesse cependant d’attirer et d’inspirer.
Un labyrinthe
Une foule
Un voyage
Un monde
On s’y perd et s’y repère. La jungle étend ses lianes jusqu’au ciel. Les grattes ciels tombent comme rayons de soleil. C’est un enchevêtrement d’âmes et de neurones qui grouillent. La jungle qu’elle soit verte ou étendue fabrique un imaginaire qui fascine autant qu’il terrifie.
L’éveil de notre conscience écologique nous fait aujourd’hui comprendre brutalement que sans la jungle nous ne sommes rien. Ne l’avons nous jamais vraiment quittée cependant ? Nous la recréeons finalement sans cesse dans notre environnement, dans nos rapports et sur nos écrans.
C’est un endroit périlleux et magique donc. La forêt nous perd. La jungle nous dévore.
Backpacker, Indiana Jones, touristes et autochtones la traverse de fond en comble sans jamais en comprendre tous les secrets. Leurs récits vont cependant participer de cette imagerie bestiale et tribale.
La jungle est en nous, autour de nous. Sans la jungle, nous ne sommes plus rien.
La jungle, alors, serait plus état qu’Etat ?
Les images
. Apocalypse Now, Francis Ford Coppola (1979)
. Indiana Jones et le temple maudit, Steven Spielberg (1984)
. Tarzan, Chris Buck et Kevin Lima pour Walt Disney Pictures (1999)
. Apocalypto, Mel Gibson (2006)
Les notes
. Welcome to the jungle, Gun N’Roses (1987)
. Run through Creedence, Clearwater Revival (1970)
. The End, The Doors (1967)