Né au début du XXe siècle, le western est considéré comme l’un des premiers genres du cinéma. Initialement, il met en scène les mythes fondateurs des USA pleins de tuniques bleues, de tribus indiennes, de duels au pistolet et bien sur de grands espaces. Au fil des décennies, cependant il s’est politisé, “philosophisé” même. Les héros ont changé de camp, sont devenus moins manichéens et le discours s’est approfondi. S’il garde son caractère légendaire et fait toujours rêver toutes générations confondues, le western ne se limite plus aux frontières de la mythologie américaine.
Avant tout un peu de contexte
A ses prémices, le western est un genre littéraire. On y conte déjà les faits d’arme des tuniques bleues et surtout des héros de l’Amérique pionnière comme George Custer, défait à la bataille de Little Big Horn. On considère souvent que le premier film du genre fut Le Vol du Grand Rapide de Edwin S.Porter sorti en décembre 1903 et distribué par la Edison Manufacturing Company. Il connaît sa première heure de gloire au temps du cinéma muet. Rapidement, l’industrie se rend compte que ces récits d’aventures épiques se marient bien avec le burlesque, en vogue à cette époque. De nombreux noms de l’humour vont alors s’y frotter tel que Buster Keaton. Un ton comique qui restera l’un des piliers du genre à base de bruitages parfois surréalistes, de surenchère…
Le western connaît cependant un passage à vide au moment de la transition avec le parlant avant de retrouver les salles avec notamment les films de John Ford dans les années 1930’s. C’est à cette époque que le genre s’approfondit et se politise. Les films ne sont plus de longues odes à la gloire des grandes figures coloniales (grands noms militaires mais aussi le Pionnier). Il ne s’agit plus seulement de glorifier la victoire de la culture sur la nature (tant dans les “relations” avec les tribus autochtones que littéralement avec la naissance des villes et surtout du chemin de fer). Le western se dote ici d’une double lecture afin de décrire, et décrier, les maux de l’Amérique de l’époque. Les premières nations ne sont plus les grands méchants de l’histoire et deviennent parfois même des héros. Une avancée certaine pour l’époque même si l’amérindien est encore bien souvent campé par un acteur blanc grimé et serti de plumes.
Le western s’exporte bien. La portée légendaire du genre fait rêver le monde si bien qu’outre atlantique on se tente aussi au western. La France ou l’Allemagne s’y essayeront mais c’est en Italie que les USA rencontreront un concurrent sérieux. Appelé western spaghetti de façon sarcastique, le western à l’italienne à marqué l’histoire au point de s’inscrire profondément dans la culture du genre. Les films de Sergio Leone, par exemple, ont rencontré un succès immédiat et sont encore aujourd’hui des classiques du genre. Le western passe ici un cap et la portée de son message devient plus globale. Le grand méchant n’est plus le “sauvage” mais le promoteur qui exproprie les petites gens pour faire passer sa ligne de chemin de fer comme un écho avec les changements sociaux qui secouent l’Europe. Avec des influences diverses comme le japonais Kurosawa et une approche plus philosophique, le réalisateur italien donne au genre ses lettres de noblesse. A tel point que sa trilogie du dollar (Pour une poignée de dollars, 1964, Pour quelques dollars de plus, 1965 et Le Bon, la Brute et le Truand, 1966).
Ecrire sa légende
Bref, le western, ce n’est pas que des cow boys et des indiens qui se battent à coup de carabines. ça, un certain William Frederick Cody l’avait bien compris. Plus connu sous son surnom de Buffalo Bill, gagné au cours d’un duel qui l’opposa à un autre chasseur de bison en en tuant 69 contre 48 en une seule journée, Cody est aujourd’hui une légende de la conquête de l’ouest. Conscient qu’il assiste, fin XIXe, à l’extinction d’une époque faite d’aventure et de grandes plaines et surtout convaincu de l’immense potentiel de divertissement de celle-ci, il se lance dans une tournée de spectacles grandioses. Bisons, chevaux et véritables indiens se partagent la piste dans des reconstitutions (très) romancées de la conquête de l’ouest. Représentations après représentations, ville après ville, cette conquête ressemble plus en plus à une épopée légendaire et fait rêver le monde entier. L’American Dream s’inscrit dans la culture populaire. Le cinéma le marquera au fer rouge quelques décennies plus tard. Le western fait rapidement genre avec ses héros et ses demi-dieux comme John Wayne, Clint Eastwood ou John Fonda.
Un outil marketing
Le western est encore très apprécié de nos jours comme le démontre le succès de Django Unchained de Quentin Tarantino (2013). Les films de Ford ou même ceux de Leone sont aujourd’hui des classiques au panthéon de l’histoire du cinéma.
Le western c’est aussi l’un des piliers de la mythologie américaine et surtout du soft power nord-américain. Le cinéma en tant que divertissement de masse et surtout d’outil de propagande ultra puissant est un atout de choix dans l’attirail d’un pays dont l’histoire s’écrit (semble-t-il) seulement à partir du XVIe siècle. Une tradition si brillamment narrée par l’Olympe-Hollywood qu’aujourd’hui encore, le genre fait parler de lui comme l’illustre le succès du Django Unchained de Quentin Tarantino (2013).
Quelques classiques du genre à voir avant de mourir
Le cinéma est une fantastique plateforme pour qui souhaite faire passer un message. Du film historique à la mémoire des martyrs de la Shoah (Inglorious bastereds, La liste de Schindler …) au film politique engagé contre le racisme (Ten years a slave, Do the right thing, Blackkklansman …) en passant par le film éducatif avec Disney en pole position, nos bibliothèques Netflix et consorts sont emplis de ces plans qui valent plus que des discours. Plus souvent utilisé comme un élément de décor narratif que placé au centre de l’intrigue, la santé mentale est de plus en plus intégrée aux grandes questions fouillées par le cinéma. Il n’est plus si rare de voir des personnages principaux aux prises avec leurs addictions (Trainspotting, Enter the void…) ou la dépression (Happiness Therapy…).
Est-ce pour le meilleur ou pour le pire ? Petit tour d’horizon…
Le besoin de représentation
A la fin des années 1980’s et début 1990’s, le grunge s’installe. Comme en réponse aux représentations dorées et sourires ultra bright des 1980’s, ce nouveau courant réclame du vrai, les craquelures sous la belle peinture chromée. Kurt Kobain au premier plan, l’artiste se fait rockeur, bad boy sensible et réclame la libération des sentiments, de tous les sentiments (comme il n’est pas sans rappeler les Romantiques du XIXe siècles, cc Chateaubriand, Poe et Baudelaire).
Ce retour du sensible et surtout son succès commercial fait émerger de nouvelles oeuvres plus sombres avec une approche plus psychologique des personnages et du contexte. Ce qui permet pour certains leurs premières rencontres avec les troubles mentaux. Jusqu’ici tabou et assez mal compris, les troubles obsessionnels compulsifs, la dépression, les troubles alimentaires et d’autres sont mis alors sur le devant de la scène (quand ce n’est pas au centre) et des oeuvres comme Rainman (Barry Levinson, 1988) ou Requiem for a dream (Darren Aronofsky, 2000) répandent l’émoi et surtout lancent enfin le débat autour de ces pathologies et des vies qu’elles créent.
L’industrie du spectaculaire
Le cinéma, cependant, reste un divertissement de masse. Ce caractère de divertissement induit alors qu’ il faut que le film soit accrocheur, qu’il fasse passer un moment riche en émotions et la volonté d’en faire profiter un public le plus vaste possible implique de devoir s’adapter, aplanir. Le cinéma a donc pour fâcheuse habitude de se concentrer sur ce qui sera fort, spectaculaire et propre à marquer les esprits. Les phases maniaques, qui ne sont pourtant qu’une infime partie de certains troubles du comportements, sont ainsi montrées à outrance lorsque tout le reste (phases dépressives, différences dans l’acceptation du monde, répercussions physiques…) sont presque invisibles des écrans. Seule porte d’entrée dans la psycho-éducation de certains publics, le cinéma met ainsi en avant les pathologies ou les phases de certaines autres, qui inclut des délires parfois spectaculaires, bien loin donc de la réalité.
De l’importance du cliché
Le cinéma, s’il est un formidable vecteur de sensibilisation, peut aussi être une machine à clichés tout aussi formidable. Pensez à la représentation de l’autisme dans Rainman (Barry Levinson, 1988), par exemple. Il s’agit là d’une généralisation (un peu grossière) des troubles du spectre autistiques qui a malheureusement encore ses conséquences sur le comportements des non initiés face à ce genre de troubles (malgré le fait, qu’il ai pa La schizophrénie, encore, représentée dans Black Swan est là aussi extrêmement simplifiée et use et abuse du cliché de la double personnalité (trop) souvent liée à ce genre de trouble (le duo tutu blanc et noir). L’ Aviator de Martin Scorsese (2004), également, fait du trouble obsessionnel compulsif, une simple obsession de la propreté. Il y aurait encore énormément matière à pointer les incohérences et les images véhiculées par le grand écran. Le cliché, dans tout ce qu’il a de dévastateur, entretient ainsi une certaine méfiance (voire une exclusion) envers ces pathologies et laquelle peut faire beaucoup plus de dégâts que le trouble lui-même.
En Occident, la mention de cinéma Bollywood équivaut au cocktail : couleurs vives, chants suraigus, danse endiablées et surtout romances. Le tout rend donc des films parfois très longs (minimum 2h environ) et un peu kitch sur les bords. Il s’agit toutefois de la troisième cinématographie mondiale la plus rentable après les USA et la Chine. C’est l’industrie du cinéma la plus rentable hors Occident avec Nollywood originaire du Nigéria. Alors, certes, le cinéma Bollywood, c’est un peu un clash culturel, il est aussi riche du point de vue sociologique que les couleurs de ses costumes. Voici un petit aperçu en cinq points de ce qu’on aurait pu nommer “Bollywood: au delà du kitsch »:
. Le cinéma Bollywood ne désigne pas tout le cinéma indien
L’Inde est un melting pot de cultures, de cultes et d’histoire. De nombreuses ethnies vivent sur le sol du sous continent, tout comme un très grand nombre de langues et dialectes comme le bengali, le pendjabi, le tamoul, l’assamais ou encore le célèbre hindi. On a coutume de classer la très grande diversité de productions cinématographique indienne selon le critère de la langue souvent associée à une région de l’Inde. Le cinéma Bollywood, donc, nous vient de Bombay (ou Mumbai) et désigne le cinéma hindi. Il se caractérise par un patriotisme fort et la mise en avant de la confession hindouiste. Il existe d’ailleurs d’autres expressions associées aux autres cinémas régionaux tels que Sandalwood pour le cinéma kannada basé à Bangalore ou Mollywood pour l’industrie malayalam basée dans le Kerala.
. Une production à la chaîne
Les films de Bollywood sont parmi les plus populaires mais aussi les plus présents avec une moyenne de 1600 films tournés par an pour la période 2014-2019. Hollywood, en comparaison, est assez loin derrière avec 500 productions.
. Et question budget ?
Les productions Bollywood restent assez peu onéreuses avec très peu de films qui dépassent le 20 millions de dollars de budget pour une moyenne d’environ 1,5 millions d’euros. Ce qui permet donc d’en produire en plus grande quantité. Certains acteurs signent d’ailleurs des contrats pour six ou sept films en simultané. On est loin des blockbusters nord-américains et de leur 50 millions de dollars de moyenne mais le nombre de productions sorties par an permet d’en faire la cinématographie indienne la plus rentable.
. Le cinéma Bollywood est aussi ancien que le cinéma européen
A la suite de la projection publique payante des frères Lumières au Salon indien du Grand Café de l’hôtel Scribe à Paris, leur assistant présente quelques unes de leurs oeuvres les plus connues tels que L’arrivée d’un train en gare de La Ciotat ou La Sortie de l’usine Lumière à Lyon au Watson’s Hotel à Bombay, le 7 juillet 1896. Le public se montre enthousiaste et les salles sont combles. Cet intérêt pour le cinéma va se confirmer très tôt avec The Wrestlers (1899) de Harishchandra Sakharam Bhatavdekar, considéré comme le premier film indien tourné par un indien. Le film qui marque cependant les débuts du cinéma indien Raja Harishchandra de Dadasaheb Phalke qui sera présenté à Bombay le 3 mai 1913.
. Un cinéma miroir
Le cinéma Bollywood, de par sa popularité, est en quelque sorte l’ambassadeur de l’Inde à travers le monde mais aussi à travers ses propres régions. Il joue en effet un important rôle de représentation et surtout d’unification sous le même drapeau de l’Inde de ce pays aux cultes, pratiques religieuses, langues et histoires extrêmement diversifié. Il peut ainsi sembler quelque peu fourre tout avec des scénarios souvent inspirés des anciens textes épiques, du théâtre Parsi, mais aussi des comédies musicales hollywoodiennes et même de numéros de danses influencés par le hip hop.
Le cinéma Bollywood c’est donc non seulement du divertissement, pour certains, ou le temple du kitsch, pour d’autres, mais c’est aussi un véritable pilier dans l’essor de l’Inde et la représentation des diverses populations indiennes. On le surnomme d’ailleurs quelques fois le cinéma masala en référence à ce mélange d’épices colorées qui rappelle tout à fait la vaste diversité culturelle du sous continent.
C’est l’un des réalisateurs phares de ces dernières années. Wes Anderson est désormais director superstar par son style unique, ludique et surtout coloré. La couleur, justement, est au centre de chaque œuvre du texan (oui, oui, Wes est né à Houston) et fait partie intégrante de son style
Qu’est-ce qui fait la patte Wes Anderson ?
Une palette pour chaque film
Aviez vous remarqué qu’à chacun des films d’Anderson correspond une sélection de couleurs reconnaissables ? The Grand Budapest Hotel est, en effet, inséparable de ses violets profonds, de ses roses pastels et de son rouge passion tandis que Moonrise Kingdom met en valeur tout une palette de jaune, beige et vert.
Ces palettes sont indissociables de l’identité du film. Mieux, elles en font partie intégrante et participent du message et de l’ambiance choisie. Le violet et le rose appellent aux concepts du raffinement, de la douceur tandis que les touches de rouge symbolisent la violence sous-jacente de l’histoire du Grand Budapest Hotel.
Ces palettes ne sont d’ailleurs pas uniformes tout au long du film. Elles évoluent avec les sentiments et les événements. Les couleurs criardes et ultra lumineuses de l’âge d’or de l’hôtel font ainsi face à des couleurs plus passées qui évoquent un temps révolu avec une pointe de nostalgie vintage.
1. Le Grand Budapest Hotel au sommet de sa gloire/ 2. Plusieurs décennies plus tard…
L’oeuvre de Wes Anderson tourne généralement autour de couleurs simples, saturées et lumineuses. On a presque l’impression de se retrouver au cœur d’un livre pour enfant, réconfortant, coloré et joyeux.
Couleur et psychologie
Le survêtement rouge de Chas Tenenbaum dans The Royals Tenenbaum (2001) traduit l’urgence, la tension et le traumatisme dans lequel l’ont plongé les épreuves du temps tandis que l’uniforme violet du Grand Budapest Hotel inspire le raffinement.
La couleur est également un élément non négligeable de l’expression et de la définition de ses personnages. Les principaux possèdent en général une sélection de couleur qui évoque leur personnalité, leurs émotions voire leur traumas. C’est un peu comme la carte d’identité de leur subconscient, une sorte de film dans le film.
La couleur comme outil narratif
Le choix des couleurs est un élément central dans la production d’une œuvre cinématographique. Chez Wes Anderson, elle est un outil de narration extrêmement important puisqu’elle permet de renforcer, de créer le discours voire parfois de révéler ce que l’on ne dit pas.
Le cinéma de Wes Anderson est indissociable de ses jeux de couleurs. Elles sont un pilier de sa patte tout autant que de son message. Un élément qui est savamment doublé d’un discours souvent mélancolique voire triste. Anderson nous parle, en effet, qui peuvent être extrêmement durs (le suicide, la guerre, les troubles politiques, l’exclusion) dans un monde aux couleurs éclatantes comme une fable pour adultes qui n’en ont pas tout à fait fini avec leur enfance.
La lettre 48, la table pour la première fois consacrée, Madame de Merteuil, un grand classique de la littérature française qui ne se démode toujours pas. Bien qu’il fut publié en 1782 dans le contexte de la décadence de l’aristocratie et de ses libertins en mal de sensations fortes, l’œuvre semble intemporelle. Amour et trahison sont en effet des thèmes universels comme en témoigne le succès non démenti de Roméo et Juliette (William Shakespeare, 1597). Ces lettres entre le vicomte, la marquise, Madame de Tourvel et consorts abordent cependant bien plus qu’une simple histoire de coeur. On parle ici de la condition de la femme, de la volonté de s’émanciper des carcans étroits de la société, du monstre derrière le masque, du spectacle de la scène public, de stratégie… Une oeuvre des plus inspirantes donc qui n’a pas été sans inspirer les cinéastes. On connait bien évidemment l’adaptation de Stephen Frears sortie 1989 (et trois fois oscarisée). Le roman fut aussi mis en image pour des projets divers tels que le film très sixties de Roger Vadim (1960), le plus moderne Sex Intentions de Roger Kumble (1999) ou même la version sino-coréenne dirigée par Hur Jin-ho (2012) avec Zang Ziyi. Un projet de série serait même sur les rails.
Aussi intemporelle et universelle qu’est l’oeuvre de Choderlos de Laclos, elle est également soumise à l’éternel casse-tête de l’adaptation cinématographique. Lorsqu’on en vient au roman épistolaire, surtout, comment rendre le message exprimé par des points de vue subjectifs tout en gardant son identité de base ?
La subjectivité
Un roman épistolaire est composé de lettres. Jusque là, on ne vous apprend rien. Des lettres, cependant, sont l’expression d’un point de vue subjectif sur un événement. Non seulement subjectif mais tout y est construit selon ce que la personne qui écrit souhaite communiquer ou non. C’est d’ailleurs là tout l’intérêt du roman. Comment alors exprimer cela à l’écran où la caméra dévoile ce que l’écriture pouvait occulter ? Il s’agit là de la problématique majeure d’une adaptation de la plume à l’écran : utiliser les opportunités de chaque médium. Les expressions faciales, le ton de la voix mais aussi l’angle de caméra permettent de donner une toute autre interprétation au discours oral.
Les lettres
La dimension littéraire est également l’un des piliers de l’oeuvre. Le langage et surtout sa manipulation figure le point central de l’intrigue. Ceci se retrouve également dans la plupart des adaptations comme celle de Frears dans laquelle on retrouve régulièrement les protagonistes assis à leur bureau voire en train de lire en voix off une de leur production épistolaire. A ceci près de différent de l’oeuvre première que ces scènes d’écriture semblent plus servir à révéler qu’à manipuler comme le démontre la fameuse scène de la lettre 48.
Les interprétations ne sont pas en reste non plus. Sex intentions, notamment, utilise le journal du Valmont comme témoignage et preuve de l’arnaque de Kathryn Merteuil.
Le message de fond
En ce qui concerne le passage d’un médium à un autre, l’une des principales préoccupations reste le sens à donner à tout cet étalage d’images ou de lettres. Choderlos de Laclos a délivré un véritable plaidoyer pour la cause féministe et surtout une critique de la société du spectacle comme dirait Guy Debord.
L’adaptation de Stephen Frears nous en livre, heureusement, une version assez proche de la version originale avec notamment sa scène finale.
L’adaptation de Roger Kumble, même si elle est transposée en des temps plus modernes, se penche toujours sur la même problématique avec, notamment, les petits détails et les accessoires qui révèlent bien plus qu’un long discours. La croix que porte continuellement Kathryn, symbole de son apparente perfection, cache en réalité une réserve de cocaïne.
Les Liaisons dangereuses est sans conteste une oeuvre des plus actuelles tant dans sa version littéraire (que les puristes apprécieront) que dans sa dimension d’inspiration inépuisable pour les auteurs et réalisateurs de cinéma qui continue d’actualiser une oeuvre qui reste résolument moderne.