#CodeStream : Masque/ Bas les masques !

#CodeStream : Masque/ Bas les masques !

Associé au Carnaval ou au bal masqué, le masque n’est pas forcément celui qu’on croit. Il est le plus souvent invisible et nous le portons en société pour cacher notre véritable nature. Il y a le masque qu’on cache parce que nos secrets sont inavouables. Il y a, aussi, le masque qu’on porte parce qu’on assume pas ou qu’on a trop peur de notre véritable nature. 

En matière de masque, les séries ont de quoi faire. Lorsqu’il est physique et fait parti d’un artifice, il permet de lever nos inhibitions. A l’abri sous notre masque, nous pouvons laisser parler notre vraie nature sans avoir le sentiment d’être jugé. On se rappelle du bal masqué de Gossip Girl (Josh Schwartz et Stephanie Savage, d’après les romans de Cecily von Ziegesar, 2007/2012) où les mensonges et révélations fusent. 

Mais c’est lorsqu’il est invisible, qu’il représente une métaphore, qu’il peut être le plus dangereux. Ce masque porté pour cacher sa véritable identité cache bien souvent une personnalité déviante et malsaine. Nous faisons, bien évidemment, référence ici à notre cher Joe Goldberg de la série Netflix, You (Greg Berlanti et Sera Gamble, d’après les romans de Caroline Kepnes, from 2018 till now). Véritable psychopathe, on lui confiait pourtant bien le bon dieu sans confession avec ses airs de gendre idéal. Derrière ce sourire angélique se cache pourtant un véritable sadique persuadé pourtant d’agir pour une noble cause : l’amour. 

L’amour n’est pas toujours la motivation principale de nos tordus. C’est le cas du célèbre docteur Hannibal Lecter (Thomas Harris et Bryan Fuller, 2013/2015) (même si on lui reconnaît un certain amour de la chair humaine). 

Citons aussi nos serial killers préférés de Mindhunter (Joe Penhall, from 2017 to now) mais pas certains qu’on puisse parler d’amour non plus. 

Même lorsqu’il est réel, cet amour nous pousse parfois à porter un masque, parce que nous avons honte, parce que nous n’assumons pas ou tout simplement parce que la société ne veut pas de cet amour. C’est le cas de l’amour homosexuel représenté dans de plus en plus de séries comme Glee (Ian Brennan, Brad Falchuk et Ryan Murphy, 2009/2015), Sense8 (Lana et Lilly Wachowski et Joseph Michael Straczynski, 2015/2018), Grey’s Anatomy (Shonda Rhimes, from 2005 to now) ou encore How to Get away with murder (Peter Nowalk, from 2014 to now). Cet amour interdit peut également se traduire par le rapprochement de deux protagonistes de religions différentes. C’était le cas dans la culte Veronica Mars (Rob Thomas, from 2004 to now) où une jeune femme musulmane est obligée de se cacher pour fréquenter son amant juif. 

Peu importe nos motivations, le masque peu à la fois nous permettre de garder secrète une partie de notre identité quel qu’en soit les raisons. Il peut aussi, au contraire, révéler nos envies secrètes sous couvert de l’anonymat que procure le masque. Paradoxalement.

#ExploCiné: Masque/Eyes Wide Shut, sexe, alcôve et pouvoir

#ExploCiné: Masque/Eyes Wide Shut, sexe, alcôve et pouvoir

Dernier film de Stanley “controlfreak” Kubrick, Eyes Wide Shut est également l’un des plus nébuleux. Stanley est connu, il est vrai, pour ses oeuvres plutôt conceptuelles. EWS traîne, en plus, une réputation d’oeuvre inachevée. Le réalisateur, en effet, connu pour ses retouches de dernière minute, décède quelques mois avant sa sortie. C’est d’ailleurs sur la base du doute qui entoure son statut d’oeuvre complète que la critique s’empresse de dénigrer le film au moment de sa sortie. Ce n’est qu’un peu plus tard qu’il acquiert ses lettres de noblesse. 

La place centrale que tient l’érotisme dans son esthétique, également, n’est certes pas pour ravir la majorité. D’aucuns y ont vu, d’ailleurs un film vulgaire et lent. Il n’en est rien (pour la vulgarité tout du moins). Le film, tourné entre novembre 1996 et janvier 1998 en Angleterre est l’adaptation sur écran de La Nouvelle Rêvée d’Arthur Schnitzler. Mouvements de caméra fluide, plans travaillé, le goût prononcé pour la (magnifique !) composition de son photographe de réalisateur est au rendez vous. L’intrigue, quant à elle, reste fidèle à l’oeuvre originelle mais renferme des trésors de symbolisme kubrickien une fois transposée à l’écran. 

Domination et féminisme 

L’érotisme, on l’a dit, tient une place toute particulière dans EWS. Femmes nues et prostitution côtoient les, plus discrètes, caresses conjugales. Le sexe est présent dans les dialogues et est au coeur même de l’intrigue en ce que Bill ne peut se départir des confessions de sa femme. La caméra se fait voyeuriste et entraîne le spectateur au coeur de l’intimité de la famille Hartford. 

La revue Positif pointe cependant, dans un article titré “Le secret de la Pyramide”, une signification beaucoup plus sérieuse qu’un simple rincement d’oeil. Eyes Wide Shut se fait  alors résolument féministe. Domino, la prostituée, la jeune fille du magasin de costumes et même Alice, les personnages féminins sont ici toujours placés sous le joug de la domination masculine. La scène de la cérémonie secrète renferme alors tout le symbolisme de cette interprétation. Le cercle de femmes cristallise ainsi les abus subit par le “beau sexe”. Les masques représentent alors la dissociation de ces femmes des abus qu’elles ont pu subir et surtout le caractère systématique de ces derniers.

La présence de nombreux colliers ras du cou chez les personnages féminins serait un indice de plus pour signifier ce statut d’esclave de la gente masculine. 

Le personnage d’Alice Hartford, surtout, fait l’objet d’un traitement tout particulier. La jeune mère de famille avoue, tout d’abord, à son mari ses penchants adultères et met ainsi la lumière sur les désirs féminins. “J’aurai abandonné famille et maison sur le champ”, dit elle. Une réaction qui est bien loin du cliché de la mère de famille parfaite qu’elle enseigne à sa propre fille. La scène du cours de math au cours de laquelle elle lui apprend à compter les revenus de personnages fictifs masculins est édifiante. La femme est belle, s’occupe des enfants, des comptes et est, surtout, vénale.

Une théorie répandue serait qu’Alice, elle même se soit retrouvée dans le rôle de la victime d’abus physique (en plus du carcan moral s’entend). Celle ci est corroborée par la symétrie des plans d’entrée du film (Alice qui se déshabille) et du cercle de femmes (qui se déshabille presque en miroir).  

L’apparition du masque dans le lit conjugal appuie également cette interprétation. Les révélations des derniers jours ont permis à Bill d’ouvrir les yeux sur le genre féminin et principalement sa femme qu’il prenait pour acquise. Le masque est tombé, il la découvre enfin. La (fameuse) dernière réplique du film appuie alors la réappropriation de sa sexualité par une femme oppressée par le préceptes d’une féminité qui lui est étrangère. 

“Vous dites que c’est une farce ?!”

Le centre de l’intrigue c’est la cérémonie. Chorégraphiée au millimètre, des psalmodies inversées, des symboles de partout, c’est l’ordre qui tente de contenir le chaos. 

L’auteur du Da Vinci Code (2000), Dan Brown, déclare, by the way, que Kubrick lui aurait inspiré son portrait des sociétés secrètes. 

Les participants après un important cérémonial laisse donc libre cours à leurs passions. Cette catharsis parfaitement orchestrée reste toutefois à visage couvert. Le masque est libérateur. Une fois revêtu, l’identité disparaît. Les passions peuvent alors se déchaîner sans retenue qu’elle soit sociétale ou personnelle. 

Les membres de cette société secrète kubrickienne, d’ailleurs, ont d’autant plus besoin du masque qu’ils figurent les grands du monde “réel”. “Je ne pense pas que vous réalisiez dans quel pétrin vous vous êtes fourré la nuit dernière. Que pensez vous avoir vu ? Ce n’était pas de simples gens ordinaires. Si je vous dis leur nom, et je ne le vous dirai pas, mais si je le faisais, je ne pense pas que vous passeriez une bonne nuit.”, crie Ziegler à Bill lorsque celui ci commence à fouiner un peu trop. 

Les réunions des riches et puissants de ce monde, objet de nombreux fantasmes et théories, continuent, en effet, de fasciner les profanes non autorisés à pénétrer les arcanes du pouvoir. On notera d’ailleurs pour la petite parenthèse histoire que de telles réunions masquées et costumées ont largement eu cours au sein des différentes cours d’Europe et le sont encore dans les cercles les plus sélectifs. 

Pouvoir 

L’objet principal de l’intrigue semble toutefois les jeux de pouvoir tout animal qu’ils puissent être. La société secrète n’est qu’un prétexte pour illustrer la vie underground, les bas fonds d’une société régie par une classe fermée aux non initiés. L’ordre imposé au cours de l’événement permet alors de légitimer les pulsions universelles. Plus encore, c’est l’individu confronté à la société et ses principes qui est, par miroir, figurée ici. Les relations hommes/femmes, les puissants et les autres, le couple… tout est question de pulsion et, surtout de domination (des autres et de soi). 

Les bons parents respectables se disputent à propos de leurs flirts respectifs le pétard à la main. Le père va se laisser tenter par une prostituée. La mère, quant à elle, avoue avoir eu le désir de tout quitter pour le regard d’un autre homme. Les puissants usent de leur position et de leurs ressources pour de sympathiques soirées voyeuristes. On joue avec la vérité. Victor assure avec force à Bill que ce qu’il a vu au cours de la soirée n’était que bluff et mascarade pour lui faire peur. Le gala de la première action du film contient ainsi en substance tout le discours… Jusqu’à ce cri de Victor : “bas les masques”. 

Kubrick nous livre ainsi une nouvelle variation de l’un de ses thèmes fétiches: le conditionnement. Celui ci est, en effet, très largement représenté dans sa filmographie. Son illustration la plus emblématique reste cependant la violente séance de thérapie du comportement dans Orange Mécanique (1972). Plus subtile ici, la manipulation est inhérente à la société. On manipule le peuple, son image et surtout soi même pour satisfaire les principes, l’ordre établi voire son propre statut. Le cadre des festivités de Noël (fête familiale et emplie de magie fantasmagorique) participe ainsi de cette apparence de conte voire de rêve symbolique que le cinéma, comme la psychanalyse, met en lumière.

# ACTU : Gloomy eyes, pépite d’Arte 360°

# ACTU : Gloomy eyes, pépite d’Arte 360°

C’est grâce au  festival digital My French Film Festival que je vais pouvoir vous parler de mon coup de coeur du momoent. Mais avant un petit mot sur ce festival unique en son genre. D’abord, il est totalement digital et met en lumière le film francophone avec une sélection de courts et longs métrages. Par ailleurs, c’est la 10ème édition cette année. Il se déroule du 16 janvier au 16 février 2020 et vous pouvez y accéder via ce lien : https://www.myfrenchfilmfestival.com/fr/

Les visionnages sont gratuits pendant toute la durée du festival et vous pouvez même voter pour vos films favoris. En effet, trois prix sont alors décernés : le prix du jury, le prix du public et le prix de la presse internationale. Lors de mes visionnages j’ai pu découvrir trois court-métrages en collaboration avec Arte. Ces derniers sont des films qui relatent les coulisses de trois tableaux connus (Le Cri de Munch, L’île des morts de Böcklin et Un Bar au Folies Bergères de Manet) en transportant le spectateur dans une expérience immersive car en vidéo à 360° et disponible, pour certains, sur Steam (une plateforme de téléchargement de jeux vidéos) afin d’expérimenter même la VR. La VR est ce procédé par lequel on créer une copie d’un monde réel mais en format virtuel. La création d’objets, de lieux etc. en 3D est un élément de ce procédé mais la VR se veut très immersive notamment jusqu’à suivre les mouvements du protagoniste et alors adapter le monde en fonction de ceux-ci. Très souvent la VR demande le port d’appareillage spécifique comme un casque. 

Je me suis alors demandé si Arte proposait d’autres programmes de la sorte. Et évidemment je n’ai pas été déçue. J’ai tout simplement cherché sur notre cher YouTube et je suis tout de suite tombée sur une mini série de trois épisodes sortie d’ailleurs quelques heures avant la rédaction de cet article mi-février. Cette mini série est intitulée Gloomy Eyes. L’illustration de la vidéo a un design très cartoonesque mais avec un esprit (attention) “gloomy”, c’est-à-dire un peu sinistre. Mais ça a piqué ma curiosité et j’ai donc décidé de cliquer sur la première vidéo.

Et là, c’était fini, j’étais accro. Les vidéos durent entre 7 et 15 minutes, ce qui est très court d’autant plus que ce sont des vidéos de très belle qualité. 

L’histoire est très simple : la terre est plongée dans les ténèbres pour une période indéfinie alors que l’humanité est divisé entre ce qu’il reste d’humains et de l’autre côté des zombies. Dans ce fabuleux monde vivent nos deux personnages principaux Nina, une humaine et Gloomy, un zombie, qui a des yeux qui brillent. Ces deux enfants vont se rencontrer et vouloir profiter de leur belle amitié voire amour. Évidemment, pas besoin de préciser que tout ne va pas se passer comme prévu, mais ça, vous le verrez par vous même.

En tout cas, ces épisodes sont tellement poétiques, les personnages principaux sont trognons et on s’y attache très rapidement. L’ambiance est aussi fabuleuse. De préférence il faut regarder ses épisodes avec un appareillage VR mais rien qu’avec des écouteurs on peut déjà les apprécier à leur juste valeur. Le design est très soigné, volontairement sombre, on cherche les couleurs et les lumières qui sont utilisés avec parcimonie et c’est ce qui fait la force du projet. Je trouve également que le narrateur, Tahir Rahim (Le Prophète) est très bon et cela participe à l‘ambiance générale. De plus, la fonction 360° est plutôt bien exploitée et on doit même l’utiliser afin de suivre les différents personnages dans les épisodes. Les angles et les mises en scènes sont très diversifiés, on ne s’ennuie pas et les transitions sont également très bien amenées. Bref, si vous voulez prendre une petite demi-heure pour vous aujourd’hui, n’hésitez plus et cliquez ici pour le premier petit chef d’oeuvre.

A défaut d’attendre que quelqu’un mette des paillettes dans votre vie, prenez les choses en main et amenez-y un peu de poésie et de lumière.

#ExploCiné: Masque/ American Beauty, le rêve américain démasqué

#ExploCiné: Masque/ American Beauty, le rêve américain démasqué

En un sens, je suis déjà mort”, “j’ai perdu quelque chose”, déclare Lester Burnham dans le monologue d’amorce aka personnage principal d’American Beauty (1999). L’homme est lessivé, “léthargique” comme il le dit lui même. Il a pourtant tout ce que l’on souhaiterait: un job, une femme, un enfant et une maison. Il n’est pas heureux cependant et se trouve coincé dans un modèle qui n’est pas le sien. Le changement ne va cependant pas tarder et faire tomber le(s) masque(s).  

C’est une superbe parabole sans fard (ou presque) que nous livre Sam Mendès et son oeuvre désormais cultissime, primée 14 fois sur 16 nominations (dont Oscar du meilleur film). Le réalisateur britannique fut d’ailleurs recommandé par Steven “Dieu” Spielberg, lequel a apporté un peu de son regard avisé sur le tournage. C’est dire ! Kevin Spacey dans le rôle principal et un scénario par Alan Ball (True Blood, Six Feet Under…), bref, un générique tout en Beauty pour une histoire pas si rose (vous l’avez ?).

Apparences & Perfection

Quel meilleur cadre pour un jeu de cache cache d’intrigues scandaleuses que la famille ? 

Celle ci figurent en effet le lieu parfait pour toute étude sociale en ce qu’elle constitue un microcosme divers et varié. Il n’y a qu’à voir le nombre d’oeuvres à but “d’exploration sociologique” qui utilisent ce cadre : Millenium (2009, Niels Arden Oplev) dont vous devez absolument lire le roman de base, Le Prénom (2012, Alexandre de la Patellière et Matthieu Delaporte), Rocco et ses frères (1960, Luchino Visconti), Hannah et ses soeurs (1986, Woody Allen)…pour n’en citer qu’un échantillon. 

C’est cependant du rêve américain à la Desperate Housewives qu’il est question ici et, par extension, du fantasme de la parfaite famille moderne. La pression est forte. On veut y coller coûte que coûte…même si cela revient à sombrer dans une prison dorée. Devant les amis, devant les membres même de sa famille, on s’y accroche. Il faut sourire, montrer qu’on a du succès, que l’on rentre dans le moule quoi. Ceci à tel point que l’individu derrière le masque de sourire s’efface doucement. Notre sympathique Lester dit lui même s’être “réveillé” suite à sa première rencontre avec la belle Angela Hayes. “Notre mariage n’est qu’une devanture. Une publicité pour faire croire que tout va bien alors qu’on est loin d’être standard”, crie t il à sa femme workaholic psychotique. Cette femme qui est d’ailleurs l’incarnation même de cette pression sociale tant elle l’a interiorisé. Elle finit par perdre le contrôle de ce personnage qu’elle s’est construit. La scène de sa crise de nerf pour une maison invendue en est l’illustration même.

Il se met alors à tout envoyer valser et (re)commence à vivre sa meilleure vie sans plus se soucier des règles de conduite d’un quarantenaire de banlieue. Le père de son nouvel ami, Ricky Fitts, en comparaison tient plus de la cocotte minute. Son fils, réfractaire à la morale paternelle stricte, militaire et franchement homophobe, devient alors le parfait punching ball pour laisser aller ses frustrations.

Le lien du couple Jane/Ricky, adolescents rebelles et artistes à fleur de peau avec ceux de leurs parents est, d’ailleurs, plus que flagrant de contrastes. L’inexpérience est, ici, l’allié en ce que le masque, plus fin, n’est pas encore tout à fait défini. 

Extrait American Beauty (Sam Mendes, 1999)

Beauté & brutalité 

Notre Lester ne sera malheureusement apaisé que dans la mort. Libéré de toutes ces intrigues qui faisaient sa vie, il se souvient des longues soirées à regarder le vent jouer avec les branches des arbres. Il trouve alors cela tellement beau qu’il en est envahi d’un immense sentiment de gratitude. Il est reconnaissant d’avoir simplement été autorisé à passer dans un monde si beau et d’avoir pu le contempler ne serait ce qu’un moment.

Le monologue de Richy face à sa plus belle prise, également, rejoint ce message et va même plus loin encore. Il y a tellement de beauté dans le monde, dit il, que ça en est presque insupportable. 

Tout est Beauté. Celle ci dépendrait du regard cependant. Il faut alors apprendre à regarder sans filtre.  

La Beauté se fait donc ici femme fatale baudelairienne. Elle obsède. On tente d’y résister. Elle déchire et brutalise. Celle ci est alors représentée, non pas comme un “rêve de pierre” comme chez le poète, mais sous les traits d’une jeune fille aux fleurs. Elle réveille Lester et lui rappelle ce qui lui manque tant. Un wake up call qui ne sera pas au goût de son entourage qui, lui, n’est pas prêt à faire tomber le masque et les faux semblants. 

Le rôle de la caméra est alors central de le processus de destruction du masque. Le jeune Richy ne cesse de filmer ce qui l’entoure. Il documente ce monde qu’il trouve violemment beau. Les gens, les plantes, les phénomènes naturels… tout est matière à révéler sa beauté. La caméra devient alors outil de vérité là où le regard est baisé par le psychologique. Le cinéma mais surtout l’Art (avec un grand A) est, de ce fait, nécessaire. 

American Beauty c’est donc, plus qu’une crise de la quarantaine aux faux airs thriller ish. C’est une critique du fantasme de la vie parfaite dans les banlieues américaine mais surtout de la société moderne. Un vie où la pression sociétal est tel que l’on doit ériger des masques comme des murs entre le monde et soi. L’Art sous les traits de la caméra devient le médiateur et l’artiste le fou gênant à l’image de Richie guidant Lester.

#ACTU: Oscars 2020

#ACTU: Oscars 2020

La nuit dernière (décalage horaire oblige) s’est déroulée, la 92e cérémonie des Oscars au sein du Dolby Theatre de Los Angeles (CA, USA). Une soirée au palmarès attendu mais qui nous a quand même réservé quelques surprises. Retour … 

Palmarès 

. Sans grande surprise, le coréen Bong Joon ho et son Parasite dominent la soirée et continue son ascension avec sa victoire pour le Meilleur film, Meilleur réalisateur et Meilleur film en langue étrangère (entre autres). Il entre ainsi dans la légende comme le premier film sud coréen à remporter l’Oscar du Meilleur réalisateur.

. Le Meilleur court métrage, lui, revient à The Neighbor’s Window écrit et dirigé par Marshall Curry. 

. Le Meilleur documentaire, quant à lui, est remporté par American Factory de Steven Bognar et Julia Reicher. 

. Le prix de la Meilleur actrice va à notre Bridget Jones préférée, Renée Zellweger pour Judy de Rupert Gold. 

. Sans grande surprise, une fois encore, l’award du Meilleur acteur est remporté par Joaquin Phoenix pour sa superbe performance dans Joker de Todd Philipps. Rôle pour lequel il a, d’ailleurs, perdu pas moins de 23 kg ! 

. Le Meilleur second rôle féminin revient à Laura Dern dans le film Netflix Marriage story de Noah Baumbach. 

. Le Meilleur second rôle masculin, lui, revient à l’hilarant Brad Pitt pour le tarantinesque Once Upon a Time …in Hollywood. 

. Le Meilleur film d’animation est remporté par Toy Story 4 de Josh Cooley tandis que celui du Meilleur court métrage d’animation revient à l’émouvant Hair Love écrit et réalisé par Matthew A. Cherry. 

. Côté musique, l’award de la Meilleure chanson originale va à (I’m Gonna) Love Me Again de la BO du biopic Rocketman de Dewter Fletcher et la Meilleure bande originale à Joker. 

Performances

. On notera la standing ovation qui a accompagné la performance surprise du roi Eminem reprenant son désormais classique Lose Yourself. 

. Billie Eilish rend un vibrant hommage aux disparus du show business avec une superbe reprise de Yesterday des Beatles 

https://www.youtube.com/watch?v=FKmqtaxIS3Y

. Disney Company était dans le game avec la performance de Idina Menzel et la superbe Aurora pour Into the Unknown tout droit sorti de la BO de Frozen 2

https://www.youtube.com/watch?v=iI_cnK_YSro

. Sir Elton John, également, nous a offert une énergique performance de sa chanson désormais oscarisée: 

What’s the tea ? 

Cette année encore, le hastag #Oscarsowhite est de la partie. C’est toutefois sur le front de la parité que les participants à la 92e cérémonies des Oscars se sont fait remarquer. Pour la deuxième année consécutive, en effet, la catégorie Meilleur réalisateur (la plus prestigieuse de toutes) est entièrement masculine. 

Natalie Portman, tout d’abord, arbore sur le tapis rouge un ensemble Dior dont le revers de la cape a été tissé des noms des réalisatrices dont les oeuvres ont été nommés dans plusieurs compétitions cette année mais qui n’ont pas eu la chance de concourir pour le titre de Meilleur réalisateur. 

C’est ensuite au tour de Laura Dern. La lauréate du prix de la meilleure interprétation féminine déclare sur scène que si elle pouvait donner son Oscar à Greta Gerwig, directrice des Filles du Docteur March, elle le ferait sur le champ. 

Sigourney Weaver, Brie Larsson et Gal Gadot ont annoncé, quant à elle, qu’elles étaient un trio assez puissante et de continuer en plaisantant, qu’elles allaient lancer un fight club dans les coulisses. “Même les hommes sont acceptés.. à condition que vous ne portiez pas de short. C’est comme ça. Vous n’avez juste pas le droit”, déclarent elles. Elles annoncent également que le perdant devra répondre aux questions des journalistes sur ce que c’est d’être une femme à Hollywood. Les trois stars finissent par conclure en affirmant que “toutes les femmes sont des héroïnes”. 

Les trois actrices soulignent également que c’est la première fois (en 92 ans tout de même) qu’une femme cheffe d’orchestre est choisie pour diriger la soirée. Eimear Noone est, by the way, reconnue pour son travail en matière de jeux vidéo. 

Il est à noter d’ailleurs que la compositrice de la bande originale de Joker était la première femme à être oscarisée dans cette catégorie. 

L’avènement d’une sororité hollywoodienne, un Oscar sud coréen… Les 2020’s seront elles la décennie du changement ?