En ce début de décembre brumeux et froid, Maxenss et ses musiciens se sont arrêtés à Angers lors de leur Arobase tour accompagné de Julien Granel, prêt à réchauffer la soirée.
Il est dix neuf heures quarante, vingt minutes avant que Julien Granel n’arrive sur scène. Une playlist de musiques de Noël est diffusée, sur laquelle la foule chante et se déhanche : le public promet d’être déchaîné.
Les lumières de la salle s’éteignent, le public réagit immédiatement, heureux d’accueillir l’artiste faisant les premières parties des concerts d’Angèle. L’artiste est à peine arrivé sur scène que ses musiques pop electro font déjà danser le public. Seul sur scène, son énergie occupe tout l’espace, dansant, chantant, invitant le public à faire de même, nous transportant dans son univers rayonnant, entraînant. La mer à boire est chantée à tue-tête par le public, tout comme Danse encore, dernière chanson sortie dont le clip montre une petite chorégraphie que la salle s’est empressée de reproduire sur le refrain. Défait clôture le set instaurant une ambiance enivrante au Chabada.
Le terrain est bien préparé, le public est plus que prêt, il n’attend plus qu’une chose, l’arrivé de Maxenss et de ses musiciens sur scène. C’est avec une version aux accents metal de @maxoulezozo que le concert commence, soulignant les origines metal du groupe (référence, en effet, à leur ancien groupe, Fysh). Sur cette note rock, le public fait entendre sa joie de voir et d’écouter Maxenss présenter son projet @. Sur scène, accompagnant Maxenss, sont présents Martin à la guitare et au synthé, Alex à la batterie, ainsi qu’un mannequin représentant l’un des musiciens qui n’a finalement pas pu être présent sur la tournée.
Maxenss sur la scène du Chabada (Angers)
Le groupe nous transporte dans un univers tantôt nostalgique, comme avec La lune à 3h du mat, tantôt envoûtant, avec Le pré des corbeaux, puis totalement délirant, notamment avec Flûtiste sur laquelle Maxenss nous fait une démonstration de danse électro.
Quelques interludes viennent rythmer le show, le temps de quelques blagounettes et de paroles exprimant la reconnaissance du chanteur d’être là, sur scène, de pouvoir faire cette tournée.
Le public a enflammé le dancefloor sur de nombreux morceaux, chanté bien fort les paroles, tout en montrant toujours plus son bonheur et en remerciant les musiciens d’être présent au Chabada en ce début de décembre.
Julien Granel et Maxenss nous ont partagé un concert chargé en humour, émotions et délires à travers leurs univers, leurs chansons, leur énergie que le public a su réceptionner et renvoyer en mettant une ambiance de folie au Chabada. L’arobase tour continue de parcourir la France en 2020, si la curiosité vous prend.
Lundi 16 décembre : Musique / Norman Fucking Rockwell, Lana Del Rey (ColineM)
L’hypnotique Lana del Rey est de retour ! Après avoir apposé sa reprise du culte Season of the Witch (Donovan, 1966) sur la bande son de Scary Stories (Andre Ovredal, août 2019) produit par Guillermo del Toro et juste avant la sortie de sa collaboration sur Don’t call me Angel, Lana nous livre son nouvel album le 30 août. Cet opus fut, d’ailleurs, plusieurs fois repoussé car la chanteuse, perfectionniste, ne cessait de le peaufiner (tout en travaillant sur diverses projets en parallèle comme un recueil de poème). Norman Fucking Rockwell , donc, est son 6e album après Lust for life sorti en 2017. Son titre est un hommage au peintre américain iconique des années 1920’s à 1950’s. Une parenté culte avec laquelle l’album partage le goût de la description en plusieurs tableaux du mythe de l’American Dream. Le feutré Doin’ Time et son drive-in en plein summertime côtoie alors surfers, soleil et surtout le titre anti-gun Looking for America. Lana s’échappe quelque peu de sa pop de prédilection avec cette album mais toujours à pas feutré et nous hypnotise encore une fois.
Mardi 17 décembre : Gaming/ Fire Emblem : Tree Houses (MaëlM)
Pour passer les fêtes de fin d’année, il n’y a rien de mieux qu’un jeu sur Switch pour jouer ou vous le souhaitez. En dehors de la publicité pour la console, c’est le titre Fire Emblem : Three houses qui a su nous enchanter par son gameplay dynamique et bien maîtrisé. Le dernier J-RPG (RPG à la japonnaise) de la série mythique des Fire Emblem est une aventure qui vous met dans la peau d’un enseignant dans un monastère qui forme l’élite de demain. Votre rôle d’enseignant vous permet de former les élèves de la maison de votre choix. Cette personnalisation intelligente et très complète permet d’influencer le gameplay des combats que vous aurez à mener lors de vos différentes missions. Entre des combats au tour par tour exigeants mais très bien construits, des personnages attachants et une durée de vie impressionnante, tout y est pour vous faire oublier votre tonton ivre du 25 décembre.
Mercredi 18 décembre : Beaux Arts/ Exposition Toulouse Lautrec, résolument moderne (ColineM)
Depuis le 9 octobre, et jusqu’au 27 janvier 2020, se tient au Grand Palais l’exposition “Toulouse Lautrec, résolument moderne”. Dois-t-on encore le présenter ? Le peintre qui était une figure du Paris de la fin du XIXe, est devenu aujourd’hui une véritable icône de cette époque. Soulignons d’ailleurs la participation de Baz Lurhmann et de son Moulin Rouge (2001) dans la construction du mythe chez les plus jeunes d’entres nous. L’exposition du Grand Palais, cependant, s’attache à déconstruire cette image du peintre (et de créature) des bafonds qui s’est installé au fil des ans. Certes, Toulouse-Lautrec aimait Montmartre, ses cabarets et ses bordels mais cela ne résume en rien son oeuvre. Bien au contraire. Henri de Toulouse Lautrec (1864-1901), donc, est fasciné par une chose en particulier : le mouvement. Si il est tant attiré par la butte Montmartre, ce qui l’intéresse c’est surtout le tumulte et l’énergie qui s’en dégage. Le peintre, fasciné, va ainsi réaliser plus de 200 pièces rendant ainsi hommage à ce monde qu’il aime tant. Henri va surtout développer un style unique et résolument moderne composé de tournoiements, de traits inachevés laissant entrevoir la dynamique et surtout de couleurs et de vide. Le peintre se concentre ainsi sur l’essentiel: un geste, des couleurs et surtout la vie ! “Toulouse-Lautrec, résolument moderne” est l’une des plus grandes rétrospectives qui lui est consacrée avec des pièces qui viennent des quatres coins du monde. Pour plus d’infos, c’est par ici :
Jeudi 19 décembre : Série / The Umbrella Academy, Steve Blackman pour Netflix (AnastasiaM)
Telle la vierge Marie, 43 femmes donnent naissance à des enfants le même jour. Ces femmes ne sont pourtant pas enceintes. Les enfants sont dotés de pouvoirs surnaturels et 7 d’entre eux sont alors recrutés par Sir Reginald Hargreeves, un célèbre inventeur. Ils grandissent alors au sein de la Umbrella Academy et mettent leurs dons au service de la société, empêchant ainsi des crimes. De nombreuses années plus tard alors que la famille est éparpillée à droite et à gauche, nos jeunes héros se retrouvent à la suite de la mort de leur père adoptif. Ils vont rapidement découvrir qu’une menace plane sur la suivie de l’humanité tout entière. Pourquoi on aime ? Pour son visuel et la qualité du casting.
Vendredi 20 décembre : Cinéma / Alita Battle Angel, R. Rodriguez (ColineM)
“Lorsqu’ Alita se réveille, elle n’a plus aucun souvenir de qui elle est. Elle est accueillie par Ido, un médecin qui comprend que derrière ce corps de cyborg abandonné, se cache une jeune femme au passé extraordinaire.” L’annonce de l’adaptation à l’écran du (très très cool) manga Gunnm de Yukito Kishiro en a fait frissonner plus d’un. Un tel projet ne pouvait être que risqué cependant. Là où le matériau de base est considéré comme un classique du genre, on ne pouvait qu’attendre au tournant sa version cinéma. C’est donc Robert Rodriguez qui s’y colle sous la production de James Cameron (lequel participe également au scénario). Choix plutôt étonnant lorsque l’on connaît le registre de prédilection de Rodriguez. Les fans ne retrouveront malheureusement pas le côté sombre du roman. Le film préfère, en effet, emmener un plus large public. L’intrigue est cependant plutôt bien retravaillée dans cette optique et s’intéresse (comme le manga) à l’essence de l’être, de ce qui fait humanité. Le film se pare également de visuels qui, si ils ne sont pas vraiment originaux, sont tout de même très beaux. Petit bémol: on regrette les rouages visibles d’une construction en série dans l’optique d’une potentielle franchise. A noter que c’est surtout l’occasion de (re)lire le manga d’inspiration : Gunnm !
Samedi 21 décembre : Cinéma / Midsommar, Ari Aster (MaureenT)
Les années 2000 avaient signé la fin de l’âge d’or du cinéma d’horreur, et plongé ses fans dans la frustration en nous abreuvant de suites par dizaines de films pour adolescents, de scènes gores qui nous faisaient plus rire que peur et bien sûr de remakes pour lesquels on se passera de commentaires. Mais les amateurs du genre ont pu voir une lumière au bout du tunnel ces dernières années avec le cinéma d’épouvante indépendant qui renaît de ses cendres aux États-Unis. On pense notamment à Jordan Peele qui nous a livré Get Out en 2017 et U cette année, Robert Eggers qui a fait le mitigé mais intéressant The Witch et nous livre The Lighthouse pour conclure 2019, les Conjuring et Insidious de James Wan, qui à la base étaient des films à petits budgets avant de se transformer en franchises. Parmi tous ces nouveaux talents qui donnent un second souffle à l’épouvante, il en est qui se détache clairement des autres : Ari Aster. En 2018, il traumatisait un bon nombre de personnes avec Hérédité, long métrage atrocement malsain et malheureusement très bien écrit. Le film avait reçu un accueil unanimement positif et est considéré comme L’Exorciste de notre génération, même si seul le temps peut se permettre de l’affirmer. Un an après la sortie de son premier film, il nous en propose un second : Midsommar. Pour le réalisateur qui a pour certains déjà réalisé son chef d’oeuvre avec Hérédité, le défi est de taille : faire aussi mieux. A-t-il réussi ? Midsommar raconte l’histoire de Dani et Christian, dont le couple bat un peu de l’aile. Avec un groupe d’amis, ils embarquent pour des terres reculées de Suède, où ils doivent passer une semaine dans un festival célébrant le solstice d’été « à l’ancienne ». Comme le film se déroule en été en Suède, le soleil ne se couche jamais vraiment. Le cadre est idyllique : prairies vertes et fleuries, ensoleillées en permanence, et des gens vêtus des longues robes blanches. Comment peut-on effrayer avec ça ? Ari Aster l’a fait. Tout d’abord grâce à la première scène du film qui est vrai coup de poing dans la salle. Il pose l’ambiance dès le début, là où Hérédité prenait son temps avant de sombrer. Le personnage de Dani, rongée par l’anxiété, est formidablement interprété par l’actrice Florence Pugh et l’audience se retrouve avec l’estomac noué avec elle tout au long du film. Si la troisième partie souffre d’une écriture inégale, Midsommar n’en est pas moins bien ficelé. Il parvient à capturer les tripes de son public et à réveiller nos angoisses personnelles profondes en tournant les relations amoureuses, la famille et les vacances d’été en trip cauchemardesques. En bonus, une bande son envoûtante dont certains morceaux peuvent hanter l’esprit et une imagerie remarquable. Ari Aster est parvenu cette année à montrer qu’on peut créer l’épouvante dans un pré verdoyant illuminé, et qu’il est inutile d’aller chercher des monstres sanguinaires pour réveiller la peur. C’est peut-être ce qu’il y a de plus poignant dans Midsommar : le réalisme des situations explorées font qu’on y croit de A à Z. 2019 annonce alors peut-être un nouvel âge d’or pour le cinéma d’épouvante, à l’aube d’une nouvelle décennie.
Le 18 octobre sortait sur les ondes et les écrans, le nouvel album d’un certain YUNGBLUD, the underrated youth. Dominic Richard Harrison, pour les intimes, est plus connu sous le nom de YUNGBLUD. Le jeune britannique de 22 ans, originaire de Doncaster, s’est fait un nom par ses textes ouvertement politisés et surtout, surtout, une énergie sans filtre qui donne l’impression d’un coup de 15 000 volts. Son univers est fortement marqué par le punk rock anglais des origines à base de cuir, clous, impression léopard, chaussettes rose vif et eyeliner. On lui reconnaît toutefois des influences glam rock, rap voire même reggae sur des titres comme Parents. Si son premier album, sobrement intitulé YUNGBLUD, n’est sorti que l’an dernier (très récemment donc), le jeune artiste s’implante rapidement grâce notamment à de prestigieuses collaborations. La plus connues d’entre toutes (pour le moment) est le titre 11 minutes en featuring avec Halsey. La révélation de leur relation, terminée en septembre, lui apportera un peu de projecteurs supplémentaires. YUNGBLUD signe également une collaboration avec Dan Reynolds des Imagine Dragons sur ce nouvel album. Il est à noter qu’il pose également le titre Die a little sur la BO de la série 13 reasons why. L’artiste souhaite, par là, s’engager pour la cause du mal être juvénile, de même qu’il l’avait fait il n’y a pas si longtemps après les fusillades de Dayton et El Paso aux côtés de Machine Gun Kelly sur le plateau du Late Late Show with James Corden.
Mardi 10 décembre : Gaming / Hadès (MaëlM)
Hadès est le dernier titre du studio Supergiant Games. Il s’agit d’un Rogue-like qui nous plonge dans l’univers des enfers de la mythologie gréco-romaine. Le terme de Rogue-like induit que la construction des niveaux est aléatoire à chaque partie et que lorsque vous mourrez vous revenez au début du jeu. Le challenge est donc de le finir en une seule partie. Rassurez-vous, vous pouvez cependant au fil de vos parties collecter de la monnaie qui vous permet d’acheter de manière permanente de nouvelles armes et pouvoirs pour vous aider dans votre quête, vous échapper de l’enfer.Même si les mécaniques restent classique pour le genre, c’est par sa direction artistique et son ambiance que le titre brille. Il s’agit de la marque de fabrique du studio Supergiant Games qui depuis la sortie de Bastion en 2011 ne cesse de nous éblouir. Un titre à découvrir en early acces (accès anticipé) sur l’Epic Games Store pour une vingtaine d’euros.
Mercredi 11 décembre : Arts / Arte Trips (ColineM)
https://www.youtube.com/watch?v=NXPU-alluT4
“Van Gogh: la nuit étoilée” à l’Atelier des Lumières, le “cabinet VR” au Muséum d’Histoire Naturelle.. les solutions digitales et surtout immersives s’infiltrent à vitesse grand V dans le monde artistique. On connaissait le mapping qui consiste en la projection d’images animées et potentiellement interactives au sein de pièces entières. Les réalités virtuelle et augmentée permettent aujourd’hui de faire un plongeon à 360° dans les expériences proposées. Ces solutions digitales, par les opportunités qu’elles permettent, sont très rapidement devenues des outils à part entière tant créatifs que de diffusion et de vulgarisation. Si certains défendent encore l’art “sensible” , force est de constater que l’expansion des solutions numériques est bel et bien là (et sans pour autant signer l’arrêt de mort de toute autre forme de créativité). L’invasion est telle qu’un festival français leur est consacré : l’Immersive Art Festival du 18 au 24 octobre à l’Atelier des Lumières (lieu réservé à la création numérique et immersive à Paris). Le Palais de Tokyo inaugura, d’ailleurs, en janvier 2020, le Palais virtuel, un espace à vocation pérenne réservé aux VR et AR. C’est dans ce contexte de diffusion (et d’expérimentation) qu’Arte production lance cette année Arte Trips. Ce programme consiste en une bibliothèque de programmes courts en VR à voir via casque équipé ou le combo cardboard/smartphone. Ces expériences, scénarisées et d’une durée entre 5 et 15 min, proposent un trip tant dans les secrets des plus grandes oeuvres telles que Le Cri (E.Munch) ou Les Nymphéas (C.Monet) mais aussi dans le temps avec notamment Un bar aux Folies Bergères. Une sélection d’expériences à 360° ou interactives que l’on peut explorer de chez soi. A découvrir via https://www.arte.tv/sites/webproductions/arte-trips/ mais aussi : https://www.arte.tv/sites/webproductions/category/vr/ ou via l’application ARTE360 VR .
Jeudi 12 décembre : Série / His Dark Materials (MaelM)
Malgré un film qui n’a pas laissé un souvenir mémorable, cette série était très attendue puisqu’elle est avant tout une trilogie littéraire culte, À la croisée des mondes de Philip Pullman. L’action nous place dans un monde parallèle dans lequel une jeune orpheline, Lyra Belacqua, se retrouve au coeur d’une intrigue politique et idéologique pour sauver son ami enlevé par de sombres personnages, les enfourneurs. Accompagnée par son daemon (familier avec qui tous les humains sont liés dès la naissance) et de ses divers compagnons de route, elle va poursuivre son enquête vers le grand Nord. Elle en profitera pour en découvrir plus sur son histoire personnelle. La première saison est actuellement en diffusion sur HBO et est d’ores et déjà renouvelée pour une deuxième saison.
Vendredi 13 décembre : Cinéma / Joker, Todd Phillips (MaëlD)
Bien loin d’un film de super héro, le Joker de Todd Philipps, nous présente un Gotham pré-Batman au bord de l’explosion dans un contexte d’austérité socio-économique. Il s’agit d’un film coup de poing qui nous présente la violence d’un homme perdu dans son esprit et dans la vie. Poussé par des crises de fou rire incontrôlable, c’est la performance de Joaquin Phoenix qui sublime le personnage du Joker. La violence y est montré comme un échappatoire à sa situation, inextricable, qui l’étouffe. De part ses actes, ce dangereux personnage va cristalliser la colère des petites gens qui finisse par se révolter contre un système qui les opprime. Bien que présentant une ville américaine des années 80, on ne peut s’empêcher de faire le parallèle avec l’actualité comme perspective de diffusion du film. Attention, un film à ne pas prendre pour argent comptant mais qui fait réfléchir sur la violence de notre société.
Samedi 14 décembre : Cinéma / Parasite (MaureenT)
Lauréat à la Palme d’Or du Festival de Cannes cette année, Parasite ne l’a pas volé. En compétition face à Jim Jarmusch, Xavier Dolan, Terrence Malick et Quentin Tarantino que l’on voyait déjà remporter la récompense avec son Once Upon A Time… in Hollywood, cette pépite cinématographique sud-coréenne s’est vu attribuer le grand prix à l’unanimité par le jury, devenant par la même occasion le premier film sud-coréen à obtenir cette récompense. Réalisé par Bong Jon-Ho que certains connaissent pour Memories of murder, Okja, ou encore Snowpiercer, le film raconte comment les membres d’une famille survivant dans la pauvreté voient leurs vies prendre un tournant quand le fils est engagé comme professeur d’anglais chez une famille très riche. À la fois comédie noire, thriller et drame social, Parasite parvient à faire rire, pleurer et sauter d’effroi en 131 minutes, à un rythme chirurgical. C’est là la force du cinéma sud-coréen : des films qui s’affranchissent du genre unique. Le cinéma occidental est encore, à l’opposé, très catégorisé : on sait qu’on va être triste devant un film d’auteur social comme on sait qu’on va rire devant une comédie ; alors qu’avec les films comme Parasite, on ne peut pas prévoir quelles émotions on va ressentir, ni même deviner la fin puisque les scénarios sont libérés des codes attachés aux différents genres. Les montagnes russes émotionnelles que l’on expérimente pendant le visionnage sont alors d’autant plus fortes. Ce qui est intéressant c’est que Parasite s’inscrit aussi dans cette sorte de Nouvelle Vague qui a vu le jour ces dernières années en Corée du Sud. Celle des cinéastes qui écrivent et réalisent des films socialement engagés, qui critiquent avec acidité et sincérité les problèmes sociaux de leur pays. On pense notamment à la fable horrifique de Dernier train pour Busan et les futurs classiques comme Old Boy. Doté d’un scénario redoutable, un casting dont les performances font qu’on oublie complètement les acteurs derrière les personnages et d’une réalisation simple et efficace, Parasite a laissé derrière lui des salles entières muettes d’émotions. Il a également affirmé l’avènement de ce cinéma sud-coréen en pleine expansion qui nous touche de plus en plus, et dont on a hâte de découvrir les prochaines œuvres.
Cadeau de Noël avant l’heure, Céline Dion fera son grand retour en France en 2020. Celle ci est, en effet, en pleine promotion de son nouvel album sorti ce 13 novembre : Courage. Il s’agit de son 25e album et surtout du premier créée entièrement sans son mari et producteur, René Angelil disparu il y a 4 ans. Cet album, c’est celui de la renaissance de Céline après cette épreuve et surtout de la nécessité de se ré-inventer pour avancer. Après le déchirant Encore un soir (sorti quelques mois seulement après la disparition de René) plutôt classique, ce nouvel opus est beaucoup plus pop et plus solaire dans la veine de Ashes, titre qu’elle signe sur la bande originale de Deadpool 2 (David Leitch, 2018). Non content d’un concert à La Défense Arena (Paris), le 26 juin, la diva canadienne s’offre un set au cours du célèbre festival breton Les Vieilles Charrues. Si les 55 000 places de ce dernier se sont vendues en 10 min, il en reste encore quelques unes pour la date de Paris à l’heure où sont écrites ces lignes.
Mardi 3 décembre : Gaming/ Star Wars : Jedi Fallen Order (MaëlD)
C’est avec méfiance que nous avons reçu le dernier titre de l’univers Star Wars le 15 novembre dernier. La série de jeux basée sur l’univers est depuis 2010, avec Star Wars le pouvoir de la force II, légèrement en retrait puisqu’elle n’a connu que 2 jeux depuis cette date (Battlefront et Battlefront II) qui n’ont pas rencontré le succès. Star Wars : Jedi Fallen Order avait alors suscité bien des interrogations après son annonce à l’E3 2019 (convention de jeux vidéo). C’est cependant un excellent titre que nous livre là Respawn Entertainment, connu par ailleurs pour la série des Titanfall.Le jeu se déroule après Star Wars Episode III : La revanche des sith et nous place dans la peau d’un ancien padawan, Cal Kestis, qui a réussi à échapper à l’ordre 66. Pour sauver un de ses amis il aura recours à la force. Il sera alors traqué par les Inquisiteurs, un ordre de chasseur de jedi sous les ordres de Dark Vador. L’empire est tout puissant mais déjà des actes de rébellion fleurissent dans toute la galaxie. C’est dans ce contexte que nous rencontrons l’équipage du Mantis, le vaisseau qui nous permettra de voyager de planète en planète. Star Wars : Jedi Fallen Orders’inspire du gameplay des anciens Tomb Raider. Il mélange en effet le jeu de plateforme et les phases de combat en zone fermée. Mais ce n’est pas là sa seule influence, on peut notamment citer Dark souls et la série des Metroidvania comme fondement de son gamedesign. Un patchwork d’inspiration qui ne gâche en rien l’expérience de jeu qui bien que classique est très convaincant. Les combats quant à eux semblent inspirés d’un Sekiro Shadows Die Twice qui donne un bon challenge mais qui n’est pas aussi punitif. Avec un panel de coup, certes limité, mais qui permettra de sentir une vraie montée en puissance de notre héro. Les pouvoirs de la force nous permettront en plus d’être très utile en combat de pouvoir explorer notre environnement plus en profondeur pour y découvrir ses secrets. Une exploration pas trop compliquée qui saura vous récompenser par des éléments de personnalisation sympathiques à collectionner. Un jeu qui est sorti des ombres et qui saura ravir pendant les 25h qu’il dure les jeunes padawans en herbe de notre galaxie avant les fêtes.
Mercredi 4 décembre : Arts / Exposition Tolkien : Voyage en Terre du Milieu (ColineM)
Depuis le 22 octobre et jusqu’au 16 février 2020, se tient à la BNF (Paris) une exposition toute particulière: Tolkien, voyage en Terre du Milieu. Celle-ci, comme son nom l’indique, est conçue comme un véritable voyage en Terre de Milieu, certes, mais en tant qu’imaginaire de son créateur J.R.R Tolkien. Manuscrits originaux cohabitent ainsi avec des aquarelles réalisées par l’auteur mais également des artefacts et références qui ont inspiré le professeur de langues anciennes. Il ne s’agit donc pas de la soeur jumelle de l’exposition qui s’est tenu à Oxford un peu plus tôt dans l’année. L’événement parisien s’applique, en effet, à mettre l’oeuvre de Tolkien dans son contexte extrêmement riche d’inspiration et mettre au jour l’oeuvre d’un artiste complet. La BNF réussit surtout le défi de proposer une exposition tout autant pour les fans de l’auteur comme pour les amateurs et, surtout, pour tous les âges. Des conférences se tiennent également en parallèle de l’événement. Pour toute infos à ce propos, voir site officiel de la BNF (rubrique “Autour de l’exposition”) : https://www.bnf.fr/fr/agenda/tolkien-voyage-en-terre-du-milieu Il est à noter également qu’au vu de l’affluence des premiers mois d’exposition, il est préférable de réserver vos billets en ligne.
Jeudi 5 décembre : Série / Chernobyl, HBO (AnastasiaM)
Véritable phénomène de cette année 2019, la série a même réussi l’exploit de dépasser Game of Thrones dans le classement des séries les mieux notées. Pour celles et ceux d’entre vous qui seraient passés à côté, la série retrace les événements qui ont précédé et suivi la catastrophe de Tchernobyl. Le premier épisode plante le décor et nous plonge dans une tension digne des meilleurs films de suspens. La série nous permet de savoir ce qu’il s’est réellement passé. Car on doit l’avouer on est tous au courant de la catastrophe de la centrale, du nuage qui par miracle n’a pas franchi nos frontières et en fait ah bah si il est bien passé par chez nous ! La série retrace ainsi l’histoire en détails, les décisions qui ont été prises bonnes (et mauvaises) et surtout les conséquences. Le nombre de mort direct et indirect est impressionnant et surtout effrayant. Tout comme l’est la série. Effrayante de réalisme, elle appuie son propos avec des enregistrements originaux des appels passés aux pompiers le soir de l’explosion, ainsi que des images d’archives. Elle nous montre surtout le visage d’une U.R.S.S au bord de la rupture prête à tout pour cacher la catastrophe. D’ailleurs elle n’aura pas survécu longtemps après la révélation du drame. Aujourd’hui encore la ville est interdite au public même si des imprudents s’y risque quotidiennement. Aucune forme de vie n’a su retrouver son chemin à Tchernobyl. En ces temps de réflexion écologique sur l’impact de l’homme sur notre planète il semble plus qu’évident que les centrales nucléaires ne doivent plus être envisagées comme solution à l’énergie, Fukushima en est le dernier exemple malheureux. Encore faudrait-il que les gouvernements prennent la mesure de l’enjeu et mettent en place des solutions concrètes et réellement engagées. Les décisions prises par le Brésil et les États Unis ne vont visiblement pas dans ce sens. Reste à compter sur la jeunesse avec en tête de file la jeune Greta Thunberg qui représente l’espoir d’un renouveau pour notre planète et sa survie.
Vendredi 6 décembre: Cinéma / Green Book: Sur les routes du Sud (ColineM)
Si il est un film à retenir de cette année 2019, c’est bien Green Book. Le pitch s’intéresse à l’histoire du pianiste afro américain, Don Shirley et de son chauffeur italo-américain, Tony Lip, au cours de sa tournée dans les états du Sud. Inspiré d’une histoire vraie, le film nous plonge dans l’Amérique ségrégationniste et pleine de clichées des années 60. Celle-ci n’est, d’ailleurs, pas sans rappeler subtilement (ou non), le climat que fait régner un certain président à la mèche blonde. Le tout porté par le duo Viggo Mortensen et Mahershala Ali (Alita Battle Angel, Moonlight…) qui fonctionne superbement même si on salue surtout la performance géniale de Ali. Green Book, donc, est sorti en salle en janvier 2019 et fut largement récompensé par de prestigieux awards. On retiendra notamment 3 Oscars (meilleur film, meilleur scénario et meilleur second rôle pour Ali) ainsi que 3 Golden Globes (meilleur film musical ou comédie, meilleur scénario et meilleur second rôle). On connaissait, d’ailleurs, Peter Farrelly plutôt pour son duo avec son frère Bobby Farrelly avec lequel il a notamment réalisé Mary à tout prix (1998) et Dumb et Dumber (1995). De ce passif, il garde principalement une expertise du gag qui tombe toujours parfaitement. Le titre du film fait référence au Negro Motorist Green Book, guide de voyage américain du nom de son auteur Victor.H.Green, postier afro-américain, qui notifiait tous les établissements, stations services et autres commerces ouverts aux afro américains dans le pays. Ce livre vert fut publié entre 1936 et 1966. La loi ségrégationniste ayant été aboli qu’en 1964. Si Green Book ne se revendique pas grosse machine à émotions à la suite d’un Blackkklansman (Spike Lee, 2018) , il ne s’agit pas non plus d’un simple feel good movie. Le film ne s’intéresse pas simplement à la critique de la discrimination raciale mais explore les différentes strates des clichés et autres préjugés socio-économiques. On note, en effet, que Don Shirley est, certes, afro américain mais aussi riche et célèbre tandis que Tony, est videur de boîte de nuit et surtout d’origine italienne (communauté soumise à de nombreux préjugés également). Le film a surtout beaucoup fait parler de lui en raison de la controverse qu’il créée parmi la communauté noire. D’aucuns le déclare, en effet, film raciste en ce qu’il s’agirait de la question noire vue sous le prisme d’un blanc notamment parce que Tony apprendrait à Don la “manière d’être noir”. Le sujet est, en effet, difficile à traiter mais Peter Farrelly s’en sort cependant aussi bien que possible. C’est aussi l’occasion de se plonger dans l’héritage musical du véritable Don Shirley disparu en 2013.
Samedi 7 décembre : Littérature / Tebori, José Robledo (auteur) et Martial Toledano (illustration) / (ColineM)
De gauche à droite : Couverture des tomes 1, 2 & 3 de la série graphique Tebori
Yoshi, jeune Japonais turbulent, est placé par son père chez Seijun, grand maître tatoueur. Contre toute attente, le garçon apprend avec assiduité cet art, y compris la technique complexe du tebori. Dix ans plus tard, Seijun confie ses secrets à son élève: ses clients sont de redoutables yakuza, et chaque tatouage a une signification précise, souvent en lien avec des meurtres. Lorsque Yoshi découvre que son amie possède le même étrange tatouage que l’un des chefs d’une puissante famille, son univers bascule… Le terme Tebori désigne dans la langue japonaise les techniques de tatouage à la main. Il signifie littéralement “couper à la main” . Le tatouage traditionnel se disant Irezumi et couvrant une large partie voire l’intégralité du corps. S’il est aujourd’hui largement reconnu en Europe pour son esthétique, il est encore fortement connoté en Asie. Certains bains traditionnels préfèrent d’ailleurs refuser l’entrée aux personnes tatouées plutôt que de laisser entrer le déshonneur. Cette mauvaise réputation est principalement dûe aux yakuzas et aux travailleurs de professions considérées comme impures qui ont pour tradition d’arborer de larges pans de peaux encrés. Le tatouage est cependant reconnu par tous comme un art véritable. Il est surtout entouré d’une foule de rituels et demande un apprentissage et une technique rigoureux. La série Tebori nous plonge ainsi à la suite de Yoshi l’apprenti, dans une initiation en 3 tomes où se mêle symboles, traditions et secrets enfouis. Les 3 tomes furent publiés entre 2016 et 2017 mais en raison d’une découverte récente et au vu de sa qualité, nous avons souhaité l’intégrer à ce calendrier 2019.
Expression plus que courante mais qui semble tout à fait convenir au Lolita de Stanley “Grand Maître” Kubrick. Le réalisateur de Shining et Orange Mécanique (entre autres chef d’oeuvre) est, en effet, fasciné par le roman éponyme du russe Vladimir Nabokov sorti en 1955. Il s’agit là de l’une des premières oeuvres à briser le tabou de la pédophilie en un temps où le Code Hays est encore en vigueur. L’auteur, surtout, choisit le point de vue de l’abuseur, ce qui continue d’entretenir le malaise. Il ne le discrimine en rien mais apporte un regard nouveau autour de la question de la mentalité criminelle.
Kubrick n’en achètera les droits qu’en 1958 notamment en raison de la censure et des interdictions multiples du roman. Ce n’est qu’en 1962 que sort finalement la première adaptation à l’écran des émois et déboires de la jeune Lolita et de son beau père Humbert.
Petit point scénario : Durant l’été, dans la petite ville de Ramslade, Humbert Humbert, un professeur de lettres, divorcé et séduisant, loue une chambre dans la maison de Charlotte Haze, une matrone éprise de culture. Celle ci essaie de séduire Humbert mais ce dernier se montre beaucoup plus attiré par sa fille, la juvénile Lolita.
Si le livre fait sortir de l’ombre ce qui était jusqu’alors un obscur tabou, le film et surtout la polémique qu’il crée nous en apprend beaucoup sur notre bienséance si codifiée.
Petits secrets de tournage
Le tournage du film, déjà, ne fut pas une mince affaire. Kubrick dû, en effet, interrompre sa réflexion autour du projet, très tôt après en avoir acquis les droits, pour aller remplacer Anthony Manne sur le set de Spartacus.
Fun fact : Nabokov écrit un scénario au début du projet d’adaptation. Scénario dont Kubrick ne se servira que partiellement même si le nom de l’auteur figure au générique.
Le choix des acteurs ne fut pas de tout repos non plus. De nombreux interprètes renommés ont ainsi refusé le rôle de Humbert comme, par exemple : Cary Grant, Errol Flynn, Charles Boyer… Un refus somme toute compréhensible lorsque l’on connaît les penchants légèrement machiavéliques et pervers du personnage. Ce sera finalement James Mason qui entrera dans le rôle.
La jeune actrice Sue Lyon, inconnue à l’époque, se souvient d’une audition quelque peu atypique pour un personnage qui ne l’était pas moins.
Le place de Humbert
Lolita c’est donc un homme mature attiré par la jeune (très jeune) Dolorès “Lolita” Haze. Humbert va tenter manipulations et autres stratagèmes pour rester auprès de notre charmante demoiselle. Le livre nous en apprend même davantage sur son attirance pour les “nymphettes” c’est à dire de jeunes filles juste avant que la puberté ne les “pourissent”. Ambiance.
Dolores en fait cependant baver au professeur Humbert. Ce sont ainsi de petits coups répétés et réflexions que Dolorès en rupture avec son âge inflige à notre professeur de lettres. Celui ci malgré ses scènes de jalousie régulières et violentes laisse tout de même la jeune fille faire.
Kubrick réussit ainsi à rendre presque sympathique le personnage d’Humbert. On pourrait croire à l’histoire de l’amoureux transi, incapable de contrôler ses sentiments. Ce ne sont toutefois pas eux qui le torture mais bien ses instincts et son inconscient marqué par un amour de jeunesse tragiquement décédé et qu’il recherche désormais en toutes les jeunes filles qu’il croise.
Masque coupable
Cette tempête psychiatrique peut alors s’incarner dans le personnage de Clare Quilty. Il est à noter d’ailleurs que son nom même ressemble à s’y méprendre au terme “guilty” (fr: coupable). C’est ainsi, plus qu’un rival amoureux, la conscience d’Humbert aux multiples visages qui rôde au dessus de lui où qu’il aille. Quilty l’intriguant, le chasseur nous montre ainsi le côté sombre d’un Humbert qui va jusqu’à séduire la mère de Dolorès pour rester auprès d’elle. Les déguisements de Quilty en policier également, moralisateur, pourrait également nous faire penser au surmoi du professeur dans une vision freudienne de notre affaire.
Si l’on va un peu plus loin, on peut également voir dans son regard derrière un journal, une critique d’une société qui observe, qui sait mais se cache derrière ses manuels de bonne conduite.
Tout n’est pas si noir et blanc et c’est finalement le plus grand scandale révélé par Lolita. Saluons d’ailleurs au passage la performance de Peter Sellers qui lui vaudra de collaborer à nouveau avec Stanley par la suite.
La censure
Le film comme on peut s’y attendre est pris en otage par la censure avant même sa sortie et ce malgré le travail de Kubrick pour minimiser les dégâts.
Dolores n’a, ainsi, plus 12 ans comme dans le roman mais 14 et l’actrice, elle même, Sue Lyon en a 16. Elle fut d’ailleurs prise pour son physique mûr afin de ne pas pousser le vice plus qu’il n’en faut. Le réalisateur a, de plus, opté pour un fondu au noir dès qu’une scène s’annonce un peu trop olé olé.
Le film, qui se souhaite respectueux de l’oeuvre, a donc subit un très gros traitement de censure. Le code Hays encore en vigueur dans les studios Hollywoodiens de l’époque supprime, en effet, systématiquement nudité, moqueries envers la religion, appel à la dépravation… De nombreux films de cette “époque Hays” présentent cependant des trésors d’ingéniosité pour suggérer sans montrer. Le générique de Lolita, par exemple, en est un bel exemple, comme un pied de nez (vous l’avez ?) à la bien pensance.
Scandaleusement vôtre
Le film fut tout de même interdit aux moins de 18 ans à sa sortie en salle. Ce qui est assez risible lorsque l’on pense que Sue Lyon, l’actrice principale donc, n’a pas été autorisée à se rendre à l’avant première en raison de son âge.
Lolita et son réalisateur Kubrick s’attireront cependant les foudres des deux côtés. Les ligues de bienséances crient tout de même au scandale. Les admirateurs du livre, quant à eux, sont déçus du manque d’initiative d’un film qu’ils trouvent trop lisse.
L’auteur de l’oeuvre originale, Vladimir Nabokov, se demandera au cours d’une interview : “Comment ont ils pu tourner Lolita ?”. Exclamation reprise d’ailleurs dans la bande annonce dudit film. Kubrick, lui même, déclare plus tard “Si je savais à quoi je m’ exposais, je n’aurai pas tourné Lolita” . Le sujet est effectivement épineux et s’oppose à une foule d’opinions contradictoires et parfois violentes auprès du public. Le film est, malgré (ou grâce) au scandale, très souvent cité au panthéon cinématographique. Ne serait ce que par la difficulté de tourner un sujet si délicat avec toutes les contraintes qu’il impose.
Lolita a tout de même le mérite de déverrouiller le tabou autour de la pédophilie et des maladies mentales et autres traumatismes ou, communément appelés “perversion” sans autre forme d’analyse. Lolita nous choque, oui, mais elle nous ouvre les yeux au canif.