La représentation de la guerre à l’écran n’est jamais chose facile. Le souci de véracité (historique ou narrative), les choix de scénario ou de montage sont autant de caractéristiques qui classent l’oeuvre du côté de la contestation, du documentaire voire de la propagande.
La guerre du Vietnam, en particulier, fut (et est toujours) largement contée au cinéma. Le conflit reste encore, en effet, une large cicatrice sur la joue de l’Oncle Sam.
C’est ainsi en mars 1987, seulement 10 ans après la fin des combats, que le réalisateur Oliver Stone présente sa vision du conflit avec Platoon. Il s’agit là du film qui le projettera sur le devant de la scène, notamment en raison de la controverse qu’il créera.
Oliver Stone (JFK, Snowden…), qui se spécialisera par la suite sur le film de combat (sur le terrain ou politique), est avant tout un vétéran de la Guerre du Vietnam au sein de laquelle il s’est engagé volontairement. Platoon s’inspire donc directement de son expérience au front comme une sorte de catharsis.
Petit point synopsis as usual : En septembre 1967, Chris Taylor, dix neuf ans, rejoint la compagnie Bravo du 25e régiment d’infanterie près de la frontière cambodgienne. Chris, issu d’une famille bourgeoise, s’est engagé volontairement. Mais la réalité est tout autre et ses idéaux vont voler en éclats.
Platoon c’est le premier volet d’une trilogie que construira Stone autour de la Guerre du Vietnam (avec Né un 4 juillet et Entre ciel et terre) Ses lead roles sont tenues par un jeune Charlie Sheen, William Dafoe et est l’une des premières apparitions à l’écran d’un certain Johnny Depp. Le film remporta également plusieurs Oscars en 1986 (dont meilleur film et meilleur réalisateur)
A l’état naturel
Le conflit, finalement, est assez naturel. C’est par notre expérience et nos lois (Coucou Rousseau et le Pacte Social) que nous avons crée le concept d’Humanité pour nous éloigner de celui de l’Animal. La jungle de la modernité occidentale ce sont les grattes ciels et les jardins clôturés. La guerre, cependant, répond à ses instincts les plus primitifs.
A l’écran, dans Platoon la jungle, comme un Etat naturel, est présente au premier plan. Elle devient presque personnage à part entière voire ennemi tentaculaire. Dès son arrivée, Chris en fait les frais. Des fourmis venimeuses s’immiscent sous ses vêtements et des sangsues s’accrochent à ses joues. Les éléments le mettent également à mal et il fait un malaise peu après le début de sa première mission.
Ce qui tue le plus d’hommes, toutefois, c’est l’homme lui même. Poussé par son instinct de survie, il revient à la bestiale loi du Talion par la vengeance aveugle de ses semblables GIs ou Vietcongs. Une escalade de la violence provoquée et expliquée par le très simple “c’est la guerre” ou autrement dit, tue ou c’est toi qui sera tué.
Les factions américaines portent également à demi mot le germe des conflits qui séparent ses hommes. Un exemple criant en est l’étonnement des amis de Charlie lorsqu’ils lui demandent pourquoi il est sur le front malgré son air éduqué. On envoie pas les riches au casse pipe déclarent ils. L’un des soldats ajoutera plus tard également qu’on veut toujours “faire tomber le noir au plus bas de l’échelle”.
Light and Dark
Le coeur de Platoon s’apparente alors plus à une guerre entre la Bête et l’Humanité. Ce combat est illustré par la guerre civile au sein même de la faction. Les Sergent Barnes et Elias représentent alors chacun l’un des camps qui s’affrontent en chacun des soldats. Elle est également la représentation type de la formation de groupes autour d’un leader fort et charismatique qui fait alors office de gourou. Un petit big up de Stone à la Maison Blanche ?
Là où Apocalypse Now (Francis Ford Coppola, 1979), le superbe, s’intéresse à l’individualité, Platoon se penche plutôt sur les relations sociales, la collectivité et leurs impacts. Les GIs sont, en effet, traqué, perdu dans un environnement qui leur est hostile et doivent défendre leur vie pour une guerre à laquelle ils ne croient plus. Une situation extrême qui appelle chez certains un retour aux instincts primitifs de l’animal quand certains prennent la décision de rester dans les codes et tabous de l’humanité. L’attaque du village de civils est alors la cristallisation de ce conflit intérieur dans sa dimension individuelle ou collective.
Oliver Stone ou l’Amérique racontée
Si Oliver Stone est aujourd’hui un habitué de la critique frontale envers le gouvernement US, à l’époque Platoon fit pas mal de bruit. Si il fut quelque peu éclipsé par Apocalypse now, il n’en est pas moins une oeuvre de tout premier ordre. Là où le premier montrait comment l’armée venait à se nécroser par des soldats en quête de sens (qu’ils ne retrouvaient plus dans la bataille), le second choisit de montrer le point de vue d’un simple soldat volontaire qui se trouve confronté à une horreur qu’il ne comprend pas. Platoon c’est alors un témoignage sous forme de fiction aux accents autobiographiques comme peut l’être Valse avec Bachir (Ari Folman, 2008). On ne voit pas l’envergure de la guerre comme dans Apocalypse Now, on est au coeur du conflit tel que le voyait un simple soldat sans autres contacts avec l’extérieur et la hiérarchie que ses officiers. C’est ainsi le visage de la guerre dans toute sa vérité qui explose à l’écran.
La scène finale termine d’installer Platoon dans une contestation qui prend alors la forme d’une mise en garde. Le discours de Chris, blessé nous l’affirme. Une image, cependant, est encore plus parlante : la vue depuis son hélico de secours composée d’un charnier aux dimensions extraordinaires dans lequel sont rassemblés par des GIs mal en point les corps des Vietcongs éparpillés un peu partout sur le front.
Platoon c’est une autre vision de la guerre et de l’Amérique. Le film fit largement polémique à sa sortie et son réalisateur reçut nombre de menaces de mort. Il est également à noter qu’il fut interdit au Vietnam en raison de la description qui était faite de son peuple. Stone nous place dans la peau d’un soldat sur le terrain pour un témoignage immersif au discours philosophique. Le choix de sortir ce film quelques années seulement après la fin du conflit lui permet alors d’appliquer ses propres commandements. “Ceux qui ont survécu ont le devoir de reconstruire et d’enseigner ce que nous savons”, déclare Chris à bord de l’hélico infirmier.
Oliver Stone n’aura alors de cesse d’apporter critique et contre vision de l’Amérique afin que plus jamais une guerre aussi insensée n’ai lieu.
Seule série adolescente de l’année 2019 pour le moment, Euphoria est une explosion trippante de larmes pailletées. La série produite par Drake s’attaque, en effet, à la question de l’adolescence dans un monde conquis par le digital et la libération de l’individualité. Le filtre Instagram et le look queer sont rois dans ce qui se rapproche d’un Skins façon 2019.
Petit retour scénario : A 17 ans, Rue Bennett, fraîchement sortie de désintox, cherche à donner un sens à son existence. Elle se lie très vite à Jules Vaughn, une jeune fille trans récemment arrivée en ville. Dans leur sillage gravitent le sportif Nate Jacobs, Maddy Perez, la petite amie de Nate, Chris McKay, star de l’équipe de la fac, Cassie et Lexi Howard et Kat Hernandez.
Adaptation US de la série israëlienne éponyme (2012), voici quatre raisons pour lesquelles vous devez la voir.
L’esthétique
Règne des réseaux et autres VSco oblige, on ne peut prétendre créer un portrait de la génération Z sans un filtre travaillé. Et quel travail ! C’est un véritable tsunami de paillettes, de strass et d’imprimés dans une lumière principalement tamisée. Un trip visuel qui accompagne celui vécut à l’écran. La série a d’ailleurs inspiré un certain nombre de Youtubeurs et même magazines beauté (Cosmopolitan..) dans des tutos make up et outfits inspirés par la série. Gros crush sur l’oeil paillettes by the way.
Une bande son jouissive
Des sons rap avec une pointe de remix 80’s aux accents mélancoliques accompagnent les péripéties de nos “héros”. C’est presque une brume nostalgique qui enveloppe l’action. Elle nous embarque dans les réflexions existentielles et l’esthétique trippante qui se déroule sous nos yeux. Comme un clin d’oeil qui finit d’inscrire la série dans son époque, le groupe de K pop, désormais mondialement reconnu (pour preuve son featuring avec l’américaine Halsey), BTS signe le titre éponyme Euphoria.
Le casting
Ce sont des guests de qualité qui mène l’action. Icône représentative de la génération Z et de ses statements, l’actrice et chanteuse Zendaya incarne l’attachante Rue. A sa suite, le mannequin trans Hunter Shafer ainsi que Barbie Ferreira, mannequin, également, plus size complète un casting qui ne nous déçoit pas.
une catharsis
Euphoria ce sont les excès d’une génération numérique poussés à l’extrême. Les faux semblants, la recherche identitaire et sexuelle sont ainsi explorés au maximum. Une sorte de catharsis existentielle qui nous plonge dans un trip autour de notre propre identité.
Point négatif :
. Une surenchère assumée mais qui lasse parfois. Euphoria est une série de l’excès. Elle nous montre les travers et excès adolescents poussés à leur summum ainsi que les questions existentielles à cet âge. Elle peut cependant tomber parfois dans une sorte de “musée du freak” où ce qui importe n’est plus la qualité mais la quantité de situations problématiques au sein du scénario. De même que le nombre d’apparitions de corps nus voire carrément de bijoux de famille et autres joyeusetés qui paraissent à force plus stratégie marketing post GOT qu’acte militant.
Euphoria n’est pas révolutionnaire en soi. Des ados en crise, leur exploration des limites n’est, en effet, pas nouvelle. La série Skins (version UK pour les puristes que nous sommes) faisait déjà débat en son temps. Elle réussit cependant à coller aux questions et à l’esthétique de notre époque. Le besoin d’expression individuelle et la limite virtuel/ réel qui se fait de plus en plus ténue sont, en effet, au centre du schéma social made in 2019.
Du 28 août au 7 septembre dernier se tenait la 76e édition du festival de cinéma, La Mostra à Venise (Italie). Créée en 1932, le festival se déroule annuellement au sein de l’historique Palais du cinéma de la cité des Doges. Elle a, de plus, été intégrée depuis quelques années à la Biennale d’art de Venise en qualité de section cinéma.
Pour cette 76e édition, c’est l’actrice Alessandra Mastronardi (To Rome with Love) qui se prête au jeu de la maîtresse de cérémonie et la réalisatrice Lucrecia Martel (La ciénaga, La Sainte fille) qui prend la direction du jury succédant à Guillermo del Toro. Retour …
Le palmarès
. En compétition officielle
Lion d’or : Joker, Todd Philipps (Etats Unis)
Lion d’argent : About endlessness, Roy Andersson (Suède)
Coupe Volpi Meilleure actrice : Ariane Ascaride pour Gloria Mundi (France)
Coupe Volpi du Meilleur acteur: Luca Marinelli pour Martin Eden (Italie)
Lion d’Argent du scénario : Yonfan pour N°7, Cherry Lane (Hong Kong)
Prix Marcello Mastroianni du Meilleur espoir : Toby Wallace pour Babyteeth (Australie)
Grand Prix du Jury : J’accuse, Roman Polanski (France)
Prix spécial du Jury : La Mafia non è piu quella di una volta, Franco Maresco (Italie)
. Orizzonti (Horizons)
Meilleur film : Atlantis, Valentyn Vasyanovych (Ukraine)
Meilleur réalisateur : Théo Court pour Blanco en blanco (Chili)
Meilleure actrice : Marta Nieto pour Madre (Espagne)
Meilleur acteur : Sami Bouajila pour Un fils (Algérie)
Meilleur scénario : Jessica Palud, Philippe Lioret, Diastème pour Revenir (France)
Meilleur court-métrage : Darling, Saim Sadiq (Pakistan)
Prix spécial du jury: Verdict, Raymund Ribay Gutierrez (Philippines)
. Prix Luigi De Laurentiis (Prix de la meilleure première oeuvre)
Meilleur premier film Prix Luigi de Laurentiis : You will die at 20, Amjad Abu Alala (Soudan)
. Venice VR
Meilleur film VR : The Key, Céline Tricard (France)
Meilleur scénario pour film linéaire : Daughters of Chibok, Joel Kachi Benson (Nigeria)
Meilleure expérience immersive : A Linha, Ricardo Laganaro (Brésil)
. Venezia Classici
Meilleure restauration : Extase, Gustav Machaty (Tchécoslovaquie)
Meilleur documentaire sur le cinéma : Babenco – Tell me when I die, Barbara Paz (Brésil)
. Autres catégories
Prix Campari Passion for film : Luca Bigazzi
Prix Jaeger -Lecoultre Glory to the filmmaker : Costa-Gavras
Lion d’or pour leur carrière : Julie Andrews & Pedro Almodovar
Les surprises (bonnes et… mauvaises)
. Le Joker de Todd Philipps rafle le Lion d’or à grands coups d’applaudissements et d’éloges. Le film raconte, en effet, la naissance du méchant iconique de DC avec en lead role rien de moins que Joaquin Phoenix (Gladiator,Her…). Réputé comme psychologiquement dérangé et dérangeant et ayant, de plus, une illustre parenté d’interprètes (Heath Ledger, Jack Nicholson notamment) le projet est très attendu. Le film a, d’ailleurs, été classé “R Rated” aux USA pour “violence importante et sanglante, comportement perturbant, vulgarité et brèves images sexuelles”. Il sera donc interdit aux moins de 12 ans en France et 17 ans outre Atlantique. Malgré cela, il est encensé partout où il passe et les pronostics pour son démarrages. sont plus qu’ optimistes. Un succès commercial et critique qui semble dépasser le simple comics illustré (vous l’avez ?). Beaucoup s’y sont cassés les dents (cc Jared Leto) mais Joaquin Phoenix semble avoir rallumé la flamme. Affaire à suivre le 9 octobre en salle.
. Le nouveau film de James Gray, Ad Astra fit également sensation à la cité des Doges. Celui ci raconte, en effet, l’aventure de l’astronaute Roy MacBride aux confins du système solaire sur les traces de son père et d’un mystère qui pourrait bien menacer l’Humanité. Un space opéra façon Interstellar avec à l’affiche Brad Pitt, Tommy Lee Jones, Liv Tyler ou encore Ruth Negga. Une pluie d’étoiles, donc, à découvrir le 18 septembre.
. Pour sa troisième édition, la section Réalité Virtuelle de la Mostra a encore une fois révélé de très belles oeuvres. Il est noter, d’ailleurs, que c’est la française Céline Tricard qui remporte le prix de Meilleur film VR avec son The Key. Une belle preuve de l’intérêt porté par la France aux technologies immersives et de son souhait de se positionner en temps que tête de file.
Hors champ L’annonce de la sélection de Roman Polanski créa la polémique (rappelons le, le réalisateur fut jugé pour un viol sur mineure qui se serait déroulé fin 70’s). Son ex victime a tenu toutefois à lui adresser ses félicitations pour son prix italien. Elle explique, en effet, être fatiguée de l’acharnement médiatique et juridique dont ils sont tous les deux les frais. Suite à la déferlante du mouvement MeToo et la révélation d’autres victimes, le réalisateur de Rosmary’s Baby a été radié de l’Académie des Oscars. Décision qu’il a décidé de contester devant la justice.
Le 3 septembre dernier, la famille de Peter Lindbergh annonce la mort du photographe et réalisateur à l’âge de 74 ans. Le monde de la mode est en deuil. Retour sur une carrière qui a définitivement laissé son empreinte.
Peter Brodbeck (aka, plus tard, Lindbergh) naît le 23 novembre 1944 dans la ville de Lezno en Pologne. Il s’intéresse très vite à l’art et suit les cours de l’école des Beaux Arts de Berlin. Il collaborera, par la suite, avec les marques et les médias les plus prestigieux. Naomi Campbell (dont il a contribué au lancement sur les podiums), Estelle Lefébure et bien d’autres passeront ainsi devant son objectif. Plus récemment, il collabore avec Megan Markle pour la couverture du Vogue UK de Septembre 2019 (la fameuse September Issue).
Ce sont les années 1980’s et surtout 90’s qui figureront la période charnière de sa carrière en ce qu’il participera à la création du mouvement que l’on nomme plus tard, les “super models”. Ces femmes seront à l’image de cette période : fortes et libres, de vraies business woman qui n’ont rien à envier aux hommes et n’ont peur de rien.
Les femmes sont d’ailleurs le sujet de prédilection de Peter. Il préfèrera toutefois se revendiquer “photographe du côté des femmes” et non “photographe féministe”.
La femme Lindbergh est donc libre, belle, audacieuse mais surtout pas parfaite car c’est là que réside sa personnalité et sa beauté. Androgyne, le minimalisme cher au photographe fait ressortir un magnétisme intemporel.
Le photographe a ainsi en horreur, et ce dès le début de sa carrière, les retouches lourdes en post-production et lui privilégie le travail par la caméra. “C’est là le vrai sport de la photographie”, insiste-t-il dans une interview pour le Festival Planche(s) Contact (Deauville,14).
Sa composition souvent très simple, naturelle, traduit sa vision du monde épurée et naturellement ciselée. Beaucoup de noir et blanc, peu de maquillage, tout est fait pour se concentrer uniquement sur son principal outil de travail : la lumière.
Le caractère narratif de ses photos ajoute alors un grain onirique à un artiste dont les plus grandes influences ont été : le Metropolis de Fritz Lang (1927), le vieux cinéma allemand et les cabarets. « La beauté, c’est la vérité », déclarera – t – il à Libé en 2014.
C’est ainsi bien plus qu’un simple photographe de mode qui disparaît. C’est un monstre sacré.
A lire :
Peter Lindbergh, A different vision of photography, éditions Taschen
Publié en lien avec la grande rétrospective proposée par le Kunsthal de Rotterdam, aux Pays-Bas, cet ouvrage rassemble plus de 400 images réalisées par Lindbergh en quarante ans de carrière et rend ainsi hommage à sa façon si singulière de raconter la mode et ses bouleversements.
Le dernier trailer de la saga Star Wars : Star Wars IX: L’Ascension de Skywalker a été présenté lors de la D23 (23 août 2019 – 26 août 2019), la convention de Disney. Ce trailer est l’occasion de faire un retour sur la série et de son évolution depuis le rachat de la licence par Disney. Surtout depuis le départ de notre regretté Georges LUCAS de la saga qu’il a forgé.
C’est quoi un bon Star Wars ?
Ce qui fait la marque de Star Wars, c’est avant tout une narration universelle et l’application d’une technologie innovante.
Placé au cœur de sa réflexion le chemin du héros, entre jeunesse et maturité, reprend les plus grandes odyssées à son compte. Nombreuses sont les influences et les figures utilisées dans Star Wars. Elles sont, par exemple, tirées de la mythologie gréco-romaine avec la figure du père à défier pour le dépasser tel un Oedipe moderne, ou bien de l’univers japonais avec la figure du samouraï pour Dark Vador. Cela donne une valeur universelle au discours et une profondeur de lecture beaucoup plus percutante.
Le récit s’inscrit toujours dans l’actualité de son époque et donne une lecture de notre environnement. La première trilogie, à savoir celle parue en premier (épisode IV, V et VI), nous replace dans le contexte de la Guerre Froide. L’Empire est une vision du communisme où les libertés individuelles sont interdites au profit d’un système politique dictatorial. L’économie est tourné vers les machines de guerre, toujours plus puissante au détriment du peuple, pauvre et affamé qui entraîne une augmentation de la criminalité. Les rebelles sont les libérateurs de cette injustice en faisant la promotion de l’individu comme maître de son destin. Une figure appuyée par le fait que seuls les rebelles soient identifiables individuellement, les stormtroopers portant tous le même casque. La seconde trilogie (épisode I, II et III) nous raconte l’ascension d’un politicien jusqu’au sommet de l’Etat grâce à des manoeuvres politiques douteuses voir illégales. Le Sénat est vide de sens et de pouvoir, corrompu par des lobbyistes qui entraîne la chute de la démocratie. Une critique de la politique américaine à cette époque (Bush, 11 septembre 2001).
Les évolutions technologiques étaient également au cœur de la démarche de Georges LUCAS et de ses équipes. Le réalisateur a ainsi toujours voulu fournir les plus belles images afin de créer un univers le plus réaliste possible. A tel point qu’il fait, dans les années 2000, une réédition des 3 premiers films avec des effets numériques inédits. Et il est vrai qu’il nous amène à chaque fois dans les étoiles.
En complément, une fois n’est pas coutume, voici l’émission de radio de France Inter Si l’Amérique m’était contée : L’Empire Star Wars – Sabres Laser, Etoile noire et dollars. Il faut préciser qu’à l’époque de l’enregistrement il n’y avait que deux trilogies :
Les œuvres qui ont été créé après la cession de Lucasfilm à Disney n’ont pas permis de retrouver une telle qualité narrative et technique. Il existe cependant une exception à cette offense, Rogue One. Il s’agit du premier spin off de la série (qui ne retrace pas les aventure de la famille Skywalker). L’histoire prend place juste avant le IVème film (donc le premier film à sortir sur grand écran en 1977) et décrit comment les rebelles ont réussi à récupérer les plans de l’Etoile Noire. Une aventure plus sombre mais qui a su retranscrire ce qu’était un bon Star Wars. Le film n‘est pas parfait mais l’on y retrouve une histoire qui sait s’inscrire dans notre temps. En effet la rébellion est une lecture froide du conflit contre les puissances politiques et entrepreneuriales. Une envie de rébellion et de changement que l’on sent dans notre actualité.
Les images sont également d’une beauté à couper le souffle. Ce que l’on retrouve également dans les derniers Star Wars il faut le dire. Les capacités techniques qui sont déployées dans Rogue One pour recréer les personnage de Tarkin et de la princesse Leia sont bluffantes à tel point que l’on se demande pendant tout le film si ce ne sont pas des rushes des premiers films. On y retrouve alors un récit sombre mais qui donne de l’espoir et des images marquantes comme la poursuite de Dark Vador dans le vaisseau de Leila qui saura mouiller toutes les moustaches. A must-see !
Rogue One rend hommage aux premiers films de la saga dans la construction de son univers sale mais réaliste. On pense notamment au marché de Jakku qui rappelle la crasse de Tatooine. Un aspect documentaire qui donne une crédibilité au discours bien loin du classique de la SF à l’époque avec ses lignes parfaites synonyme de progrès. Le film ne se perd cependant jamais dans un copié collé des premiers volets. Ils gardent, en effet, une identité propre. C’est ce que n’a pas réussi à faire la troisième trilogie et le spin off autour du personnage de Han SOLO.
Pour les deux premiers films de la dernière trilogie, il s’agit d’un remake des premiers mais sans aucune originalité et dans une déconstruction du discours des premiers qui n’apporte rien à l’univers. Ils passent dans une démesure propre à ceux qui n’ont pas l’inspiration et le talent pour hériter d’un tel monument. L’Etoile noire devient Starkiller, et donc 10 fois plus grosse, l’empereur devient Snog et la Force nous fait tomber du côté lumineux et non du côté obscur. Une mise en abîme et un gigantisme inintéressant qui bafoue l’œuvre originale. Hormis de belles images, il n’y a aucun progrès technique tel que ce fut le cas avec Star Wars II, le premier film a avoir été tourné entièrement en numérique. Il n’y a même parfois aucun sens aux situations à tel point que la destruction de la flotte par un vaisseau dans l’hyperespace dans le dernier film en date remet en question la logique même des combats dans l’espace. Si un vaisseau est capable de détruire une flotte en fonçant sur elle lors d’un saut dans l’hyperespace, il n’y a donc aucune raison de s’affronter dans des conflits spatiaux gigantesques.
Le spin off SOLO, quant à lui, pourrait être résumé ainsi « ils nous montrent ce que l’on ne voulait pas voir ». La part de mystère d’Han SOLO permet de créer la profondeur et la complexité du personnage. Nous montrer son histoire en reprenant toutes les petites phrases qu’il a pu dire dans les films du genre « Le raid de Kessel en 12 parsecs », n’a d’autre intérêt que de vider le personnage de sa substance. Un défaut majeur dans le film qui perd alors le spectateur non initié car le film est vide si l’on ne connaît pas les références. Cela est particulièrement visible dans la dernière scène du film qui ne parlera qu’à ceux qui ont suivi la série animé Star Wars : The Clone Wars.
Star Wars IX
Star Wars IX sortira en décembre prochain et nous a déjà proposé deux trailers. Dont voici le premier:
Le deuxième trailer, quant à lui, nous montre tout d’abord des scènes des autres films pour nous indiquer qu’il s’agit du film clôturant la série des Skywalker. Une approche intéressante car elle nous indique la fin définitive d’un arc tout en nous remémorant les scènes les plus marquantes des trois trilogies. La voie qui nous guide pendant cette remontée fulgurante dans le temps est Luke SKYWALKER. Il souligne les images nous précisant qu’il s’agit de la fin et du dernier combat. La suite du trailer fait apparaître les personnages principaux de la saga actuelle, Rey et sa petite bande ainsi que la princesse Leia. La scène permet alors de recentrer l’action sur les personnages de la dernière trilogie.
L’arrivé à l’écran de plusieurs vaisseaux et d’une armada qui remplit alors le ciel nous montre un conflit en approche dans un gigantisme propre aux derniers films. C3PO a les yeux rouges et un laser tiré depuis l’espace déchire le sol, puis Rey apparaît en pleine démonstration de ses pouvoirs. La guerre approche, le dénouement ! Puis c’est la voix de l’empereur qui monte sur le bruit du sabre laser de Kylo Ren. Il nous indique également que le conflit arrive à son terme. Le bien et le mal s’affrontent de nouveau dans un combat au sabre laser. La scène de fin arrive comme un choc, Rey dans une tenue obscure, un sabre laser rouge !
Le trailer est bien construit et le retour de l’Empereur est alors inévitable. Nous nous y attendions depuis le dernier trailer de Star Wars IX. Cela nous confirme que l’originalité ne sera pas de mise dans ce dernier volet. La présence d’une Rey obscure à la fin du trailer, également, le confirme. Le service marketing adore décidément inverser les rôles entre lumière et ténèbre. Le gigantisme est de nouveau de mise. On peut donc s’attendre à une suite digne des deux premiers films : sans histoire bien construite ou qui nous parle. On ne retrouve pas non plus la présence d’une technologie bien utilisé qui nous immerger davantage dans cet univers avec un effet Whaooo.
Peut-être faudra-t-il attendre les séries sur Les Mandaloriens (avec comme personnage principal Boba Fett et qui est prévu pour le 12 novembre 2019), sur Obi wan et peut être même sur Dark Maul pour connaître un renouveau dans l’univers de Star Wars. En attendant, comme un acte citoyen, je n’irais pas voir le prochain film. Il s’agit de crier haut et fort que l’on veut moins de personnages qui ne servent qu’à vendre des peluches mais une vraie histoire qui ne fera qu’étendre l’influence de ce merveilleux univers Star Wars. En attendant on peut toujours se plonger dans les livres et autres support de l’univers étendu, les jeux vidéo entre autres.