Robert Rodriguez et Quentin Tarantino sont mondialement reconnus pour leur patte respective souvent copiée, jamais égalée. Les deux réalisateurs, en effet, partagent un goût certain pour les couleurs qui flashent, les combats sanglants et une nostalgie cinéphilique. Amis dans la vie, ils sortent en 2007 leur double programme: Grindhouse. Celui-ci est composé des long métrages, Death Proof (ou Boulevard de la Mort pour les francophones) et Planet Terror. Ces deux là, bien que pièce d’un ensemble plus large, sont construits de sorte qu’ils se visionnent aussi bien ensemble (et c’est ce que l’on vous recommande) qu’ indépendamment l’un de l’autre.
Death Proof est donc non seulement une pièce du puzzle mais aussi la vision personnelle du Grindhouse par Tarantino. Il s’agit donc bien du 6e film de Quentin et en cela est une oeuvre à part entière.
Petit point scénario avant toute chose: C’est à la tombée du jour que Jungle Julia, la DJ la plus sexy d’Austin, peut enfin se détendre avec ses meilleures copines, Shanna et Arlene. Ce trio infernal, qui vit la nuit, attire les regards dans tous les bars et dancings du Texas. Mais l’attention dont ces trois jeunes femmes sont l’objet n’est pas forcément innocente.
. Grindhouse… quoi ?
Le Grindhouse c’est plus qu’un genre, c’est un univers visuel complet avec ses (quelques) codes et une façon de raconter des histoires sans commune mesure.
Death Proof fait donc partie du diptyque Grindhouse avec le survolté Planet Terror de Robert Rodriguez. Sang, sexe, drogue et gros calibres sont au rendez vous. Ce qui caractérise surtout le Grindhouse c’est cette manière de ne surtout pas se prendre au sérieux. L’étalage impressionnant de seins, pus et autres joyeusetés défile alors à l’écran avec une auto dérision non voilée. On remarquera également (en même temps, il est très difficile de rater ça), l’amour presque obsessionnel des CGI et autres cascades grandioses. Tout ceci se mêle dans une esthétique aux accents vintages 50’s et rend un tout surréaliste et incroyablement visuel. Le Grindhouse possède également ses sujets de prédilection à savoir notamment horreur, thriller et slasher le tout parsemés de relents western.
Si ce double programme pose les bases du Grindhouse moderne, le phénomène ne date cependant pas d’hier. Le point de départ, en effet, est le “film d’exploitation” des années 50/60’s. Ceux ci sont un tel déchaînement de violence qu’ils ne peuvent être diffusés au sein des réseaux habituels. Le faible budget de leur production également ne les aident pas à se créer une place sur le devant de l’affiche. Ils sont alors distribués dans des théâtres sur la scène desquels se produisait les spectacles de bump’n’grind. C’est d’ailleurs de ceux ci que viendra le nom des ces salles d’un genre nouveau: les Grindhouses. Ces films ont ainsi inspiré toute une génération de cinéastes.
. La patte de Tarantino
Death Proof, si il s’insère dans l’univers Grindhouse ainsi que dans le dyptique éponyme de 2007 reste avant tout une oeuvre estampillée Tarantino. Il contient en effet tous les ingrédients de la recette tarantinesque, de même que Planet Terror et Robert, fan de comics, Rodriguez. Chaque plan est minutieusement travaillé et on ressent fortement l’influence des films de l’âge d’or.
De nombreuses références sont d’ailleurs disséminées à l’écran par Quentin comme à son habitude. Les voitures notamment font l’objet d’une attention toute particulière et renvoient à de grands moments de cinéma mais également aux précédentes oeuvres du réalisateur. On peut apercevoir ainsi un autocollant “Pussy Wagon” sur le pare choc de la voiture sur laquelle Lee s’adosse en attendant que ses amies finissent les courses. La plaque de Mike, également, qui au début du film affiche JJZ 109 reprend celle de Steeve MCQueen dans Bullitt (Peter Yates, 1969).
. Le Grand Frisson
La voiture possède une place à part dans l’univers de Tarantino mais également du Grindhouse. Elle est vu presque comme un élément à part entière du casting voire une extension des personnages qui en sont propriétaires. L’amour de la vitesse est d’ailleurs une caractéristique répandue parmi les personnages Grindhouse.
La route permet aussi d’insérer les personnages et l’action dans la mythologie du héros à la manière du mercenaire des westerns d’antan.
La route est ainsi la voie de la liberté laquelle permet un déchaînement cathartique et la recherche du Grand Frisson. Elle est d’ailleurs à la base du scénario de Death Proof puisque le point de départ de ce dernier est (justement) un départ en road trip entre amies.
. Bagnole, bain de sang et féminisme
Une telle explosion de violence, trips et boyaux est bien sûr cathartique. Il permet surtout la dénonciation. Les traits des personnages et les situations sont, en effet, étirés au maximum afin d’en démontrer le ridicule. Ce que Death Proof met en ainsi en lumière, c’est la libération des femmes et le spectre de l’homme qui reste tout de même au dessus d’elles.
Les jeunes filles, si elles sont (très) sexualisées, restent toutefois maîtresses de leur corps et de leurs envies. Elles aiment aussi les grosses bagnoles et n’hésitent pas à jouer de leurs charmes pour amadouer la gente masculine.
Death Proof est ainsi représentatif de l’esprit Grindhouse tant dans son univers narratif que dans sa construction visuelle. Il trouve également complètement sa juste place au sein de la filmographie de Quentin Tarantino. Une bande originale cultissime achève de faire de ce film un indispensable. Si le double programme fut un échec commercial, son impact continue de se faire sentir sur la route de la cinéphilie.
Pour ceux qui souhaitent aller plus loin dans la découverte de cet univers explosif:
La recherche du bonheur. L’Illumination. Vaste sujet. Cette problématique emmène son lot de questionnements douteux et de phrases bateaux.
La route de l’initiation est toutefois largement représentée au cinéma et dans la littérature. Cette thématique figure ainsi un genre à part entière au sein de laquelle la route devient le symbole du chemin vers le sens de la vie.
Le Little Buddha de Bernardo Bertolucci (1993) et Hector et la recherche du bonheur de Peter Chelsom (2014) réussissent cependant à explorer le thème de façon légère et sans (trop) de clichés.
Commençons par un petit point scénario: Hector est un psychiatre londonien à la vie bien ordonnée et sans remous. Il s’enfonce cependant petit à petit dans une profonde crise existentielle : qu’est ce que le bonheur ? Suis – je heureux ? Et sinon, comment l’atteindre ? Il part alors sur la route afin de trouver des réponses et (pourquoi pas ?) l’épiphanie tant souhaitée. Notons qu’il s’agit bien de l’adaptation du roman éponyme de François Lelord paru en 2002.
Little Buddha, quant à lui prend les traits de Jesse, petit garçon américain qui serait la réincarnation d’un grand maître bouddhiste. Un vieux moine le prend alors sous son aile et le guide sur les voies du Buddha à travers les aventures du prince Siddhartha.
Leurs castings respectifs sont plutôt réussi avec, notamment, Simon Pegg (Shaun of the Dead) dans le rôle d’Hector pour l’un et Keanu Reeves (Matrix, John Wick..) pour l’autre. Des compagnons de routes 4 étoiles pour un voyage inspirant au cours duquel la route se fait véritable chemin initiatique voire fantasmagorique.
L’élèv(ation)
Les deux oeuvres permettent ici une vraie identification au personnage principal. L’élève est aussi et surtout le spectateur après tout. Si elle est assez évidente pour Hector,Jesse cristallise également une vision certaine du spectateur.
L’aventure d’Hector c’est un peu celle de Mr. Tout le monde finalement. C’est en cela que réside son essence “good vibes”. Qui ne s’est jamais interrogé sur le sens de sa vie ? Et surtout qui n’a jamais souhaité tout quitter pour partir à l’aventure ?
On se reconnaît donc très facilement en Hector, bien dans sa vie où rien ne manque sinon l’essentiel, la spontanéité. Une crise du “où vais je ? Dans quel état j’erre ?” que tout le monde traverse un jour ou l’autre.
Jesse, quant à lui, symbolise plutôt l’Homme au début de sa quête de sens. L’individu ordinaire est alors un enfant à qui il faut enseigner les grands préceptes du monde.
De l’art de vivre
L’art tient également une grande place dans le processus initiatique. Il permet, en effet, de visualiser, imager et interpréter l’enseignement qui est alors dispensé au cours de la (ou les) leçons.
Hector, par exemple, emporte avec lui un petit carnet dans lequel il consigne ce qu’il tire de ses péripéties. La route et ses étapes se mêlent au dessin et autres réflexions à la manière du carnet de voyage ou plutôt d’un journal pas si intime. Ce voyage se fait alors tant physique que spirituel. Partir à la recherche du bonheur serait donc partir en quête de qui l’on est et de ce que l’on souhaite. L’apparition d’Hector enfant à plusieurs reprises puis de celui-ci se changeant en homme adulte participe de cette dynamique. Le dessin apporte alors une dimension onirique et mystique à cette aventure.
Jesse, notre little Buddha, lui use de la littérature bouddhiste et notamment des légendes autour de la naissance de cette religion. Le conte est d’ailleurs utilisé dans ses fonctions d’enseignement dès les premières scènes du film ! Le principe du film d’initiation, lui même, est d’ailleurs construit en ce sens rappelons le.
Qu’il soit oral, écrit ou dessiné, la narration est alors présenté comme le moyen privilégié d’illustrer ces leçons de vie.
Eclaircissements
Si les deux oeuvres traitent le même sujet à savoir l’initiation, leur moralité n’est pas tout à fait la même. Ils empruntent cependant tous les deux le même outil, à savoir le voyage donc la Route dans tous ses sens. Elle est, en effet, le chemin physique en ce que chacun des personnages sort de sa zone de confort et part vers le vaste monde. Elle symbolise également le concept légendaire du voyage intérieur.
Hector recherche toutefois un sens à donner à sa vie terrestre actuelle tandis que Jesse se voit offrir une Illumination plus complexe à base de réincarnation. Deux versions qui se rejoignent autour d’une grande question: comment être pleinement vivant. Deux aventures qui se complètent en somme.
La recherche de l’Illumination est donc un thème largement exploré au cinéma. Marqué par les problématiques de chaque époques, le message distillé, si il est toujours plus ou moins le même en substance s’adapte. L’avancée de la cause écologique voit fleurir ses dernières années quantité de retours à la nature sauvage à l’image de Into the Wild (Sean Penn, 2007). Little Buddha et Hector et la recherche du bonheur traitent principalement de l’homme face à son propre mysticisme dans une société toujours plus mondialisée. On notera toutefois que si Little Buddha a reçu la Caméra d’or de Berlin en 1994, Hector peine à se détacher du lot (assez impressionnant) d’oeuvres initiatiques.
Ça y est la saison des festivals est officiellement lancée ! Nous vous proposons de vivre avec nous ces moments incroyables de partage et de convivialité. Notre périple commence donc avec Les Papillons de Nuit, un festival normand situé à Saint-Laurent-de-Cuves (50).
Habituée du festival, je vous avoue que cette année la programmation ne m’a que moyennement inspirée. Entre Maître Gims et Kendji mon coeur balançait. Alors je n’ai rien contre ces deux artistes. Je suis la première à chanter lorsque j’entends Sapé comme jamais ou Andalouse , mais pour moi ce ne sont pas des artistes de festival. Cela étant dit j’ai tout de même trouvé mon bonheur dans la programmation du samedi.
18h15 Eddy de Pretto
Bon pas de surprise pour moi c’est la troisième fois que je le vois. Mais mon enthousiasme ne dépérit pas. J’adore sa présence sur scène, ce qu’il dégage, ses chansons, ses textes plein de douleur et de tendresse. J’adore sa sensibilité et l’énergie qu’il dégage sur scène. Le concert commence et il enchaîne les titres de son album avec une telle sincérité qu’il en devient touchant. Touchant de simplicité et d’authenticité. Lorsqu’il interprète ses deux tubes Kid et La fête de Trop le public ne s’y trompe pas et reprend à l’unisson chaque refrain.
Bref vous l’aurez compris je suis irrévocablement fan de lui et s’il y a bien un artiste que je vous recommande d’aller voir en concert c’est bien lui.
20h Clara Luciani
Je dois vous avouer que je ne suis pas une grande fan de Clara Luciani. Alors je sais que c’est une artiste très populaire en ce moment et je comprends que son style puisse plaire, mais pour moi, rien à faire, je n’y arrive pas. Et malheureusement ce n’est pas ce concert qui m’a fait changer d’avis. Alors oui elle a su capter l’attention du public et je reconnais volontiers qu’elle dégage un petit « je ne sais quoi » sur scène. Mais rien n’y fait je n’accroche pas. Je vous recommande ce concert uniquement si vous êtes déjà un(e) amateur(trice) de Clara Luciani.
21h30 Orelsan
Une nouvelle fois pas de surprise pour moi c’est également la troisième fois que je le vois. Aurélien nous livre un show rondement mené et bien rodé. Peut être un peu trop justement. Je me rend compte en effet, d’avoir vu trois fois le même concert. Alors oui il a une énergie débordante, ses chansons sont géniales et s’accordent vraiment avec l’ambiance du festival. Mais je reste tout de même sur ma faim. Le spectacle manque un peu de spontanéité à l’inverse d’Eddy de Pretto même si évidemment le concert reste le même. Mise à part quelques chansons qu’il a ajouté du fait de la réédition de son album, rien de nouveau. La mise en scène est la même, le jeu avec le public également. Mais, malgré
tout, cela reste un spectacle à voir ne serait ce que pour la qualité de ses chansons et de sa prestation scénique. Je dirai donc qu’il s’agit d’un concert en demi teinte. Si vous ne l’avez jamais vu sur scène, courrez vite l’applaudir. En revanche si vous êtes un(e) habitué(e) préférez peut être un artiste moins connu sur une scène plus intime.
00h30 Kungs
Dernier concert de la soirée avec le DJ Kungs. La foule est électrique, ça se bouscule de partout, on sent que l’alcool commence à faire son effet. Le concert commence enfin et là l’ambiance atteint son paroxysme. Kungs nous fait littéralement le show. Mon seul regret serait peut être un peu trop de house et pas assez de ses propres chansons.
En résumé ce fut un bon festival mais pas le meilleur, c’est certain.
Mais la joie et la bonne humeur étaient cependant au rendez-vous c’est tout ce qui importe finalement.
On se retrouve l’année prochaine les Papillons. En attendant, prochaine étape: Bobital les 5 et 6 juillet.
“En faisant ce film, je voulais rappeler des choses qui ont fait mes films mais aussi les remettre au présent” .
Le 29 mars 2019, Agnès Varda s’éteint à Paris. Une vague d’émotion soulève le monde culturel. L’ouverture du festival de Cannes 2019 sera d’ailleurs l’occasion de lui rendre un hommage en grande pompe avec le discours d’Edouard Baer et le (très beau) “Sans toi”, tiré de la BO de Cléo de 5 à 7 (1962) interprété par Angèle.
Agnès Varda c’était une artiste prolifiquement curieuse. Agnès Varda c’était une figure de la Nouvelle Vague française. L’une des seules féminines d’ailleurs.
Agnès Varda c’était avant tout Agnès. Accessible. Indubitablement moderne. Libre.
Son dernier film, Varda par Agnès (2019), fut disponible sur Youtube via la chaîne Arte cinéma suite à sa disparition. Autoportrait en forme de travelling documentaire discontinu, Agnès explore la Mémoire(s) de Varda comme une dernière masterclass.
L’influence de la nouvelle vague
Agnès commence sa carrière en tant que photographe avant de se lancer dans le cinéma un peu comme ça, au hasard de sa curiosité. Elle réalise alors son premier long métrage, en 1955, La pointe courte et, déjà, les traits de son style bien à elle se font sentir.
L’influence de son époque tout d’abord. Il s’agit, en effet, des débuts de la période “hippy” et surtout, surtout, de la Nouvelle Vague. Période mouvementée s’il en est.
Elle fut la femme de Jacques Demy et amie de Godard et Jim Morrison. Son oeuvre tant cinématographique que plastique et photographique est imprégnée de ces influences et de ce rapport au monde si caractéristique.
Varda par Agnès ne fait pas exception. On retrouve la très grande importance accordée au montage mais aussi à la couleur, à la musique et la diction. Le film n’est plus seulement un conte narratif, mime d’une quelconque réalité. C’est une oeuvre complète tant au niveau de sa narration que de son identité visuelle ou musicale.
Elle teste. Elle invente. Elle s’amuse avec la caméra et le spectateur comme, par exemple, avec son “fondu à la couleur” (parce qu’après tout pourquoi n’aurions nous que des “fondus au noir” ?)
Exploratrice du regard
Agnès Varda est avant tout une très très bonne documentariste. Le mouvement des Blacks Panthers, le combat pour l’avortement ou encore la Guerre du Vietnam (1955-1975) sont passés devant son objectif.
Elle filmera néanmoins en priorité ce qui se trouve près d’elle. Le quotidien, les gens et les lieux qu’elle connaît. Elle recherche principalement ceux qu’elle appelle “les vrais gens”. Ces personnes, ces lieux et ces situations de tous les jours qui lorsque l’on y accorde un regard révèlent tant. C’est ainsi le regard que nous portons aux choses du monde qui interroge Agnès.
Ce n’est donc pas un documentaire au sujet d’elle même que nous livre la réalisatrice. Il s’agit là, en effet, beaucoup plus d’une balade, au gré de sa mémoire, certes, mais également de ses idées. C’est une réelle causerie entre Agnès et l’objectif, son vieil ami, support d’un regard magnifié.
Le regard ne devient cependant oeuvre qu’une fois réfléchi et travaillé. Notre inconscient est ainsi le filtre premier ; au cinéma, c’est le montage.
“Je signe tout mes montages.(…) C’est la vraie écriture au cinéma”, déclare Agnès à Léa Salamé pour l’émission Stupéfiant ! Fidèle à ses premiers amours cinématographiques, elle use et s’amuse du montage pour créer le discours mais aussi et surtout l’émotion souhaitée. Le montage devient ainsi le principe de notre imaginaire qui se superpose à l’image perçue par la caméra ou l’oeil. La causerie/mémoires de Varda par Agnès ne déroge pas à la règle et nous propose une pérégrination aux côtés de ce et ceux qui l’ont inspiré.
Paysage mental
Varda par Agnès trouve ainsi sa place au sein de son oeuvre complète en ce qu’il regroupe ses inspirations mais aussi ses réflexions et confessions. C’est un véritable journal intime artistique qu’elle nous dévoile. Il est à remarquer, par ailleurs que Varda aime à distiller des bribes d’Agnès au sein de ses productions en général, à divers degrés.
Les deux causeries, ici, revêtent cependant un caractère plus intime. Agnès revient sur ce qui a fait Varda. Dates, lieux, personnes, réflexions, tout est présent dans ce carnet de croquis qui se transforme au fil de la timeline en un carnet de voyage coloré et bien rempli.
“Si on ouvre les gens, on trouverait des paysages. Si on m’ouvrait, on trouverait des plages”, s’amuse Agnès, dans sa chaise de direction, face à la mer.
Une sociologie de l’imaginaire
Varda par Agnès c’est donc une entrée dans la réflexion de Varda presque comme une masterclass. Le déroulement et les choix autour du film viennent ainsi illustrer les confessions contées et rythment la balade.
Cette réflexion autour du cinématographe mais encore plus autour de l’art et du regard font de son oeuvre entière un recueil ludique et presque sociologique.
La question de l’image, notamment, est au centre du discours et permet ainsi d’appuyer le rapport entre image et imaginaire. Elle interroge ainsi tant ce que l’on voit que notre perception du réel et surtout sa hiérarchisation.
Pourquoi prête t on plus attention à certaines choses ?
Qu’est ce qui fait que je ressente cela à la vue de ceci ?
Pourquoi cela est il comme cela ? Ne pourrait il pas être comme ceci ?
Elle insiste principalement et surtout sur “(l’importance) de filmer des choses que l’on ne comprend pas. Parce que même au cinéma, c’est important de sentir, d’éprouver”.
Il est très compliqué d’écrire à propos d’Agnès Varda, autant l’oeuvre que le personnage. Outre l’émotion de son décès, encore trop récent, Agnès c’est une oeuvre plutôt conséquente. Elle fut prolifique autant en quantité qu’en qualité. Son travail fut comme sa vie divers et ludique. Il est surtout accessible et ouvert à la réflexion face à notre perception individuelle. Celle ci en retire alors ce qui lui plaira comme un miroir. Un journal intime collectif et pour tous.
“C’est comme cela que je finis cette causerie. Je disparais dans le flou. Je vous quitte.”
Voilà. Agnès a finit sa causerie. Elle s’enfonce dans la brume. Elle part vers on ne sait où. C’est fini.
La veille du lancement de la plus grande convention de jeux vidéo au monde, l’E3, Stadia a décidé de nous en dire un peu plus sur son projet au cours du Stadia Connect. Deux grands axes se précisent : le prix et les premiers jeux. Jusque-là zone d’ombre mais qui influencera grandement le choix des joueurs pour l’acquisition de cette prestation de cloud gaming.
Un jeu, une cible
Lors de la conférence, plusieurs jeux ont été annoncés, dont voici la liste exhaustive :
Une belle myriade de jeux qui viendra s’enrichir au fur et à mesure avant la sortie officielle en novembre 2019. Aspect très intéressant dans la conférence, l’ordre de présentation de la première salve de jeux. A chaque nouveau jeu, un nouveau public. Après l’annonce mondiale de la sortie de Baldur’s gate 3 (lequel s’adresse surtout aux puristes),Google a, en effet, présenté des jeux très différents et, notamment, Ghost Recon Breakpoint, Gylt ou encore Get Packed. Ces jeux s’adressent à des publics très divers et traduit la stratégie de Google de toucher tous les joueurs potentiels.
Les jeux ne seront pas en illimité. Il faudra donc les acheter un à un. Ce modèle économique est assez classique par rapport aux concurrents comme le Playstation Now. On est donc bien éloigné, ici, du tout compris comme peut l’être Netflix.
On attend de voir alors comment fonctionnera le lien entre YouTube et le lancement du jeu puisqu’un achat sera obligatoire entre les deux. Il s’agit d’une grosse déception pour ma part en raison de la rupture de la promesse du Click’n’play. Mais on comprend qu’il est plus simple de faire ce choix pour des raisons d’accords entre Google et les éditeurs.
Il n’y a d’ailleurs pas eu d’annonce pour des exclusivités Stadia. Il faudra peut-être attendre le prochain Stadia Connect pour avoir plus d’information à ce sujet. On remarque cependant qu’il y a déjà un grand nombre de portage de la Nintendo Switch, ce qui présage un catalogue assez fournit au regard de celui de la console.
Les partenariats sont sans doute en cours. Il y aura donc normalement beaucoup d’autres annonces d’ici la sortie de la plateforme en novembre.
Une offre finalement assez classique
Tous les espoirs étaient permis sur la gratuité de ses services et l’innovation de son offre. Les modèles économiques du jeux vidéo de demain était presque déjà annoncés, du Freemium (gratuit avec des fonctionnalités payantes) au all-included (tout inclus). Voilà qui aurait pu changer des offres concurrentes, notamment avec l’arrivée prochaine d’Amazon sur le marché du jeux vidéo. C’est alors sans originalité que Stadia nous annonce ses offres :
Nous aurons ainsi le choix entre une version payante et une version gratuite. Le prix de la version payante est néanmoins assez abordable ce qui est cohérent par rapport à leur crédo : des jeux accessibles pour tous. Le petit plus de la version payante est la définition qui atteint les 4K 60 fps avec un son surround 5.1, ainsi que l’accès à des jeux supplémentaires gratuits et distribués régulièrement (Destiny 2 pour le lancement) ainsi que des remises sur les jeux que vous achèterez.
Pour rendre accessible les jeux pour le plus grand nombre, la définition sera évolutive suivant votre débit. Un minimum de 10 Mbit/s est cependant obligatoire pour avoir accès au service et il faudra un débit de 35 Mbit/s pour profiter des jeux dans la plus haute des résolutions. Un argument de plus dans le choix de l’offre.
Pour rassurer, la plateforme sera bien disponible en France au moment de son lancement comme dans 14 pays, dont le nombre devrait augmenter régulièrement après la sortie. Vous pouvez donc d’ores et déjà vous précipiter sur la Founder’s Edition pour 129 €. Elle vous permettra de bénéficier de tout l’équipement pour commencer à jouer dès novembre dans les meilleures conditions. Elle contient, en effet, l’équipement nécessaire pour bien démarrer, avec une manette Stadia exclusive en couleur bleu nuit et la Google Chromecast Ultra pour profiter du jeu en 4K. Elle vous offre également trois mois d’abonnement gratuit à Stadia Pro, ainsi qu’un autre pass de 3 mois pour un ami. Vous pourrez ainsi commencer à jouer dès les premières minutes de lancement avec votre nom Founder Stadia, pour être le premier à choisir votre nom et ainsi avoir l’embarras du choix. A réserver aux convaincus de la première heure, dont je ne fais malheureusement pas partie. Une conférence faite au bon moment mais qui manque de renouveau, en demi teinte donc ! On ne peut qu’espérer que les constructeurs présents lors de l’E3 seront plus créatifs sur leurs offres de services, notamment Microsoft avec son Xcloud.
Voici la conférence en entier pour les bilingues :