Le punk c’est une esthétique caractéristique. Outre le fameux combo résille/cuir/motif camouflage qui vient pimper tout outfit quelque soit votre version du punk (classique, post-punk, grunge…), la contre-culture s’exprime aussi via les arts plastiques et notamment le graphisme. En lutte contre la mondialisation et surtout la conformisation qu’elle induit, le punk à son heure de gloire distribue des tracts et des fanzines et couvre les rues d’affiches au look aussi reconnaissable que fut le psychédélique en son temps. Mais qu’est ce qui démarque l’art punk des autres produits des contre-cultures ?
Anti-conformiste
Alors, non, on ne reconnaît pas une production punk à sa palette de couleur noir/blanc/gris. Certaines oeuvres usent de couleurs vives et surtout de combinaisons à fort contraste sur la roue chromatique. L’objectif est d’interpeller, de “réveiller”, voire de questionner de manière brut et sans détour. Le punk prend ses inspirations dans la philosophie et le travail des dadas notamment. Ces derniers, tout comme eux, contestait le système établi et souhaitait appeler par leurs oeuvres à la réflexion. Parmi les oeuvres dadas les plus célèbres figurent la fameuse fontaine de Marcel Duchamps ou les collages de Raoul Haussmann.
On cherche ici à questionner les valeurs, notamment par leur inversion. Le laid devient le beau mais surtout le laid devient le vrai.
De cette parenté, le punk s’inspire de sa philosophie autant que de son goût pour les collages.
Provocateur
Issu des luttes des classes ouvrières, le punk veut montrer la vie brute, sa beauté et surtout questionner son concept. A l’inverse du glamour coloré des années 1970-80, il choisit de prendre un chemin plus simple par lequel son message ne faiblira pas et pourra aller droit aux yeux du public. La photo et notamment celles des groupes et sa grande prêtresse est Roberta Bayley (la photographe derrière l’iconique photo des Ramones) en est la parfaite illustration.
Outre questionner le système d’autorité et de valeurs, le punk se démarque par une volonté de provoquer. Il doit se voir, interpeller et au mieux encore questionner.
Que ce soit par des couleurs explosives, des contrastes forts ou inattendus, ou encore des slogans (up)percutants, le punk ne charme pas, ne sollicite pas l’attention, il s’impose.
Parodique
Ce qui caractérise le punk surtout, c’est une essence profondément versée dans l’humouristique et le parodique. Rien n’est véritablement sérieux. On ne se prend la tête, tout le monde est à la même enseigne. Le seul impératif est de respecter la sainte liberté des uns comme celle des autres.
Un exemple de cet humour brut en association avec le côté provocateur du punk est l’usage caractéristique du blackmail lettering (en FR: écriture du chantage). Cette mise en page qui consiste à écrire un message à l’aide de lettres découpées dans des journaux est, en effet, à l’époque plus utilisée sur des lettres de rançons que des affiches de concerts.
Le punk c’est donc une esthétique et un graphisme aussi brutes que ses idées. Un complet revirement avec le mouvement psychédélique qui l’a précédé mais dont l’impact est tout aussi retentissant.
Né au début du XXe siècle, le western est considéré comme l’un des premiers genres du cinéma. Initialement, il met en scène les mythes fondateurs des USA pleins de tuniques bleues, de tribus indiennes, de duels au pistolet et bien sur de grands espaces. Au fil des décennies, cependant il s’est politisé, “philosophisé” même. Les héros ont changé de camp, sont devenus moins manichéens et le discours s’est approfondi. S’il garde son caractère légendaire et fait toujours rêver toutes générations confondues, le western ne se limite plus aux frontières de la mythologie américaine.
Avant tout un peu de contexte
A ses prémices, le western est un genre littéraire. On y conte déjà les faits d’arme des tuniques bleues et surtout des héros de l’Amérique pionnière comme George Custer, défait à la bataille de Little Big Horn. On considère souvent que le premier film du genre fut Le Vol du Grand Rapide de Edwin S.Porter sorti en décembre 1903 et distribué par la Edison Manufacturing Company. Il connaît sa première heure de gloire au temps du cinéma muet. Rapidement, l’industrie se rend compte que ces récits d’aventures épiques se marient bien avec le burlesque, en vogue à cette époque. De nombreux noms de l’humour vont alors s’y frotter tel que Buster Keaton. Un ton comique qui restera l’un des piliers du genre à base de bruitages parfois surréalistes, de surenchère…
Le western connaît cependant un passage à vide au moment de la transition avec le parlant avant de retrouver les salles avec notamment les films de John Ford dans les années 1930’s. C’est à cette époque que le genre s’approfondit et se politise. Les films ne sont plus de longues odes à la gloire des grandes figures coloniales (grands noms militaires mais aussi le Pionnier). Il ne s’agit plus seulement de glorifier la victoire de la culture sur la nature (tant dans les “relations” avec les tribus autochtones que littéralement avec la naissance des villes et surtout du chemin de fer). Le western se dote ici d’une double lecture afin de décrire, et décrier, les maux de l’Amérique de l’époque. Les premières nations ne sont plus les grands méchants de l’histoire et deviennent parfois même des héros. Une avancée certaine pour l’époque même si l’amérindien est encore bien souvent campé par un acteur blanc grimé et serti de plumes.
Le western s’exporte bien. La portée légendaire du genre fait rêver le monde si bien qu’outre atlantique on se tente aussi au western. La France ou l’Allemagne s’y essayeront mais c’est en Italie que les USA rencontreront un concurrent sérieux. Appelé western spaghetti de façon sarcastique, le western à l’italienne à marqué l’histoire au point de s’inscrire profondément dans la culture du genre. Les films de Sergio Leone, par exemple, ont rencontré un succès immédiat et sont encore aujourd’hui des classiques du genre. Le western passe ici un cap et la portée de son message devient plus globale. Le grand méchant n’est plus le “sauvage” mais le promoteur qui exproprie les petites gens pour faire passer sa ligne de chemin de fer comme un écho avec les changements sociaux qui secouent l’Europe. Avec des influences diverses comme le japonais Kurosawa et une approche plus philosophique, le réalisateur italien donne au genre ses lettres de noblesse. A tel point que sa trilogie du dollar (Pour une poignée de dollars, 1964, Pour quelques dollars de plus, 1965 et Le Bon, la Brute et le Truand, 1966).
Ecrire sa légende
Bref, le western, ce n’est pas que des cow boys et des indiens qui se battent à coup de carabines. ça, un certain William Frederick Cody l’avait bien compris. Plus connu sous son surnom de Buffalo Bill, gagné au cours d’un duel qui l’opposa à un autre chasseur de bison en en tuant 69 contre 48 en une seule journée, Cody est aujourd’hui une légende de la conquête de l’ouest. Conscient qu’il assiste, fin XIXe, à l’extinction d’une époque faite d’aventure et de grandes plaines et surtout convaincu de l’immense potentiel de divertissement de celle-ci, il se lance dans une tournée de spectacles grandioses. Bisons, chevaux et véritables indiens se partagent la piste dans des reconstitutions (très) romancées de la conquête de l’ouest. Représentations après représentations, ville après ville, cette conquête ressemble plus en plus à une épopée légendaire et fait rêver le monde entier. L’American Dream s’inscrit dans la culture populaire. Le cinéma le marquera au fer rouge quelques décennies plus tard. Le western fait rapidement genre avec ses héros et ses demi-dieux comme John Wayne, Clint Eastwood ou John Fonda.
Un outil marketing
Le western est encore très apprécié de nos jours comme le démontre le succès de Django Unchained de Quentin Tarantino (2013). Les films de Ford ou même ceux de Leone sont aujourd’hui des classiques au panthéon de l’histoire du cinéma.
Le western c’est aussi l’un des piliers de la mythologie américaine et surtout du soft power nord-américain. Le cinéma en tant que divertissement de masse et surtout d’outil de propagande ultra puissant est un atout de choix dans l’attirail d’un pays dont l’histoire s’écrit (semble-t-il) seulement à partir du XVIe siècle. Une tradition si brillamment narrée par l’Olympe-Hollywood qu’aujourd’hui encore, le genre fait parler de lui comme l’illustre le succès du Django Unchained de Quentin Tarantino (2013).
Quelques classiques du genre à voir avant de mourir
Si on regarde la pochette de l’album du Jimi Hendrix Expérience “Are you experienced”, de l’album éponyme “The sacred mushroom” ou encore celle de “Odyssey and Oracles” par The Zombies, le style musical de ces albums transpire sans même connaître l’artiste. L’art psychédélique est, en effet, indissociable de la fin des sixties. Ses arabesques et collages aux couleurs vives ont grandement marqué l’esthétique de la période et sont encore associés à sa philosophie. Au-delà d’une esthétique bien distincte, l’art psychédélique de cette fin de décennie traduit le caractère de son époque et s’intègre dans une place de choix dans l’histoire de l’art avec un grand H.
Qu’est ce que ça veut dire “psychédélique “?
Selon le cnrtl, il s’agit d’un état psychique provoqué par l’absorption de drogues hallucinogènes et consiste en un débordement délirant des idées et une distorsion des faits et images réels qui peuvent aller jusqu’aux hallucinations psycho-sensorielles. Jusqu’ici rien de nouveau. Le terme psychédélique, en lui-même signifie “qui révèle l’âme”. De “psyché” qui signifie âme en grec, et “deloos” , c’est-à-dire “montrer, rendre visible”, psychédélique est un terme inventé par le psychiatre H. Osmond en 1957 dans un échange de poème avec le poète Aldous Huxley. Les deux hommes échangeaient à propos de leurs expériences mutuelles sous substances. Le terme fut toutefois popularisé par Timothy Leary, l’un des papes du mouvement de l’usage thérapeutique du LSD.
Dans les années 1950’s, le milieu médical s’intéresse fortement au cerveau humain et à sa perception du monde. Chimie, psychologie et psychiatrie s’associent pour des recherches sur le pouvoir de diverses substances et notamment une toute nouvelle substance, le LSD. Cette dernière fut synthétisée par Albert Hoffman et Arthur Stoll chez Sandoz en 1938 et 1943 d’après des dérivés de l’ergot de seigle. Elle intéresse très tôt les médecins mais aussi les artistes (Beat generation et hippy en tête) puis plus tard les premiers rois de la Silicon Valley. Assez facile d’accès au début des années 1960’s, elle marquera de nombreuses têtes connues du milieu culturel.
LSD, donc, mais aussi l’intérêt des sixties envers les substances utilisées par les chamanes des tribus amérindiennes (du nord comme du sud), ont marqué la fin des sixties par une recherche de l’au delà (des sens, de la perception, de l’égo, de la réalité…). L’esthétique de l’époque fut ainsi très fortement marquée par ces trips extra-psyché.
Un mouvement moderne
A la fin du XIXe et au début du XXe siècle, le monde était en proie à de grands changements. La révolution industrielle a apporté avec elle, le télégramme puis le téléphone, la télévision et surtout les grandes industries. Les vies et l’environnement de l’époque s’en trouvent radicalement transformés. Ce qui n’était pas tout à fait au goût de nombre d’artistes qui trouvait tout simplement que ce nouveau monde industriel et urbain était tout simplement moche. Ils choisirent alors de traduire le dynamisme de leur temps par des motifs floraux associés à une calligraphie tout en pleins et déliés. C’est ainsi que se développa un mouvement qu’on connaît aujourd’hui sous le nom d’art nouveau chargé, lui aussi d’une forte identité historique. Cette esthétique fut alors déployée non seulement dans la peinture mais aussi dans l’architecture, le textile, la joaillerie ou encore le design d’objet. L’idée principale ici était que l’esthétique devait rimer avec utilité.
Les sixties, elles aussi étaient en proie à des changements radicaux et principalement du côté social. La jeunesse ne se reconnaît plus dans le monde qu’ont construit ses parents. Elle prône un retour à un état de nature utopique plus simple et plus joyeux. Vers le milieu des années 1960’s, déjà, l’art nouveau trouvait un regain d’intérêt auprès notamment des groupes de rock pour qui une bonne affiche était le meilleur moyen d’attirer le public. Cet intérêt s’est alors étendu aux textiles. Modernisé par de nombreuses références comme les comic books ou les trips sous différentes drogues comme le LSD, l’art nouveau devient alors l’art psychédélique que l’on connaît. Au couleurs pastels de l’art nouveau, les sixties lui préféreront une palette de couleurs vives, de même qu’elles choisiront plutôt les impressions de volumes aux illustrations plates de leurs aînés. On retrouve cependant, de temps à autres des images presque identiques quoique adaptées pour l’époque.
La calligraphie, elle aussi fut adaptée, adoucie et rendu presque illisible afin de capter l’attention du public.
A mesure que la musique de San Francisco se déployait dans le monde, une vague d’art psychédélique marqua ainsi grandement toute une époque. Certains artistes qui produisirent les affiches et autres pochettes d’albums devinrent ainsi presque aussi connu que les groupes pour lesquels ils travaillaient.
Victor Moscoso Wes Wilson 1. Stanley « mouse » Miller / 2. Martin Sharp
Si il est UN film à retenir de la fin des sixties, c’est bien Le Lauréat ! S’il est souvent éclipsé au profit du célèbre Easy Rider, Le Lauréat, adapté par Mike Nichols d’après un roman en grande partie autobiographique de Charles Webb (selon ce dernier),pourtant, est un vrai condensé de la révolte culturelle qui se trame à ce moment précis. Là où Easy Rider explore les limites d’un mouvement sur le déclin, il se pose en véritable manifeste de ce même mouvement qui vit alors son heure de gloire. Un classique donc, tant dans le discours qu’il déploie que par sa forme avec des plans inhabituels pour l’époque et qui lui aura valu d’être considéré comme le point de départ du Nouvel Hollywood.
Les femmes au pouvoir
L’un des premiers éléments de rupture est la place qu’occupent les femmes tout au long du film. Alors, certes, il y a encore du chemin à faire. Les personnages féminins sont encore très marqués par la dichotomie de la vierge (Elaine) et de la putain (Mrs Robinson). Elles occupent cependant une place centrale dans l’action. Benjamin est ballotté entre deux femmes et leurs décisions de sorte que ce sont elles qui mènent la danse. Notre héros désabusé aurait pu se laisser guider par une figure paternelle, un mentor, un gourou mais ce sont les femmes Robinson qui l’entraîneront dans un imbroglio presque oedipien. On est alors tenté de faire le lien avec le revival des mouvements féministes de cette époque et notamment le Women’s International Terrorist Conspiracy from Hell ou Witch.
L’affiche, elle-même, traduit cette nouvelle place que commencent à se faire les femmes. On y voit, en effet, Benjamin posant avec une panthère noire, un symbole sensuel mais non moins dangereux.
La sexualité
La figure de la panthère, et plus largement du félin, est, en effet, largement associée aux femmes. Sa beauté, ses traits fins mais aussi ses mouvements souples ont très tôt inspiré ce lien dans l’imaginaire collectif dont le fameux chat noir, familier des sorcières en est l’exemple le plus répandu. On eût dit même qu’une sorcière pouvait se transformer en chat à l’envie.
Le félin, par ses mouvements lascifs, est aussi associé à la sexualité et surtout à la sensualité féminine. Dans Le Lauréat, le sexe prend en effet une toute nouvelle place. On en parle, il fait partie de l’initiation de Benjamin comme n’importe quel domaine de la vie mais surtout on parle du désir de Mrs Robinson, délaissée par son mari ou encore de sa grossesse. N’oublions pas, non plus, les célèbres plans subliminaux de poitrine féminine. Une approche résolument moderne du sexe à l’écran qui fait écho à la libération sexuelle de cette fin des sixties.
Jeunesse et révolte
Le film dans son ensemble est donc un condensé de la pensée des sixties. Il transpire de cette rupture entre une jeunesse avide d’expérience et un système dans lequel elle ne se reconnaît pas. Plusieurs scènes traduisent ainsi ce détachement de façon presque littérale. La scène du cadeau du père du jeune diplômé à celui-ci, par exemple, en est une allégorie aussi criante qu’un tableau. Engoncé dans un scaphandre peu pratique, Benjamin se voit obligé de faire une démonstration de l’équipement devant tout un parterre de relations de ses parents. Ne voulant pas les embarrasser, il saute dans la piscine sous le regard de tous qui le regarde plonger avec une joie polie. Son hublot devient son seul moyen de voir autour de lui mais son tuba l’empêche d’interagir.
La scène d’ouverture, déjà, nous présentait également un Benjamin blasé à l’aéroport. Il se laisse glisser le long du tapis roulant sans aucune expression. Des visages, des silhouettes passent sans lui prêter la moindre attention (il ne leur en prête pas non plus). On ne peut en distinguer réellement l’une ou l’autre et elles ne semblent être que des ombres colorées prise dans un ballet monotone sur le superbe The sound of Silence de Simon and Garfunkel.
Une bande son, d’ailleurs, qui restera estampillée sixties pour les décennies à venir.
Le Lauréat fait partie de la liste des films à voir avant de mourir. Par son sujet, le traitement qui en est fait, ses personnages et sa mise en scène, il casse les codes de l’ancienne garde et met en place ce qui devra le nouvel Hollywood. Surtout, le film de Mike Nichols cristallise toute une génération plongée dans une époque de grands changements sociétaux. Il déclare une nouvelle approche du monde mais laisse toutefois planer le doute quand à sa mise en pratique à l’image de sa scène finale qui laisse libre cours à l’interprétation.
Diderot disait (déjà) que “les grands artistes ont un petit coup de hache dans la tête”. L’association du concept de santé mentale et de l’art n’est pas nouvelle et universellement connue. Les comics Marvel parlaient de traumatismes et de leurs conséquences dès les années 1960 (Batman, Moonlight Knight). Le grunge de Kurt Cobain ou la vibe dark de Billie Eilish ont, quant eux, mis en avant leur bataille avec eux-même. Aujourd’hui, les artistes parlent toujours de santé mentale mais c’est tout autant pour exorciser leurs propres démons que pour partager leur expérience avec ceux qui la vivent également. Une large scène s’est créée pour le discours autour des troubles mentaux ces dernières décennies. La question est en passe d’être normalisée mais n’est elle pas aussi en train de se transformer lentement en norme commerciale ? Entre soutien et coup marketing, petite enquête..
Libération de la parole
La pandémie mondiale a permis de libérer le discours autour de la santé mentale et des pathologies qui y sont associées. Si le mouvement n’est pas nouveau, le vaste ré
seau numérique l’a amplifié. Des comptes Instagram spécialisés aux témoignages Youtube, le tabou se brise lentement autour de l’illusion d’un équilibre mental immuable et sans failles. Bella Hadid parle de sa dysmorphophobie sur Instagram. Billie Eilish chante ses envies suicidaires et des millions de personnes se connectent à ce discours qu’ils ont, eux aussi, connu. Ce phénomène, par la communauté de ses portes paroles, participe alors d’une meilleure acceptation des pathologies telles que la dépression, le syndrome post-traumatique ou encore l’autisme et surtout d’un accompagnement et d’une meilleure prise en charge de celles-ci.
Glamourisation du mal être
Cette vague d’intérêt autour de la santé mentale apporte aussi son lot de dérives. La masse de contenus autour de la question et surtout d’œuvres créées participe néanmoins d’un phénomène de glamourisation des ces pathologies. Tout comme les jeunes des années 1990’s portaient leur marginalisation en hommage à leur idole de Nirvana, parler de sa santé mentale et montrer son mal être semble être devenu un incontournable sur les réseaux. Des hashtag comme “sadboy” et “saddepressed” comprennent des dizaines de publications Instagram. Les clichés, cependant, sont encore présents comme la violence systématique du trouble mental ou encore le génie absolu des autistes (cc Rain man) et, bien entendu, le lien entre santé mentale et créativité. Des séries comme Euphoria sont un exemple criant de cette tendance à mi-chemin entre l’éducation des publics et la glamourisation de pathologies bien réelles et pas forcément remplies de make-up pailletés.
Normalisation ou effet de mode ?
Si la libération de la parole autour du concept de santé mentale ne date pas d’hier, il est aujourd’hui plus que jamais sur le devant de la scène. Les industries culturelles, par leur capacité à parler à un large public, participent de ce phénomène. C’est justement cette capacité qui en fait un outil tout aussi formidable que problématique. Si elle permet de rendre accessible le discours autour des troubles mentaux comme le fait Euphoria, elles peuvent participer d’une romantisation de leur représentation mais aussi dans le cliché du génie incompris qui réussit à surpasser ses troubles pour créer une œuvre originale. Comme toute révolution, l’éducation à la santé mentale apporte son lot de dérives qui ne pourront être contenues que par là d’où elles viennent, la pop culture.