L’un des visages les plus fameux du peuple viking est celui de la spiritualité. Les dieux Odin, Thor, Loki et tous les autres régissent ainsi la vie et la destinée des différentes peuplades de l’Europe du nord réunies sous le terme commun de Viking. Si ces croyances furent quelques peu (mais seulement un peu) dénoncées comme participant de l’œuvre du démon par la chrétienté, elles surfent aujourd’hui dans le haut de la hype. La montée en puissance d’une vision romantique du paganisme depuis le XIXe siècle principalement permet, en effet, à la “religion” viking d’acquérir une toute nouvelle audience de curieux. Tout comme la sorcière, le viking devient alors le gardien des anciens cultes, victime de la soif de pouvoir des chrétiens. Le côté plutôt badass de ces héros et un intérêt du public pour l’occulte qui ne fait qu’augmenter en font une mine d’or pour tout cinéastes, scénaristes en mal de péripéties.

Couverture: Le seigneur des anneaux: Le retour du roi, Peter Jackson (2003)

Une cosmogonie riche  

A l’époque des raids les populations du nord, ainsi que la plupart de ses contemporains, est plutôt porté sur le polythéisme. La chrétienté, monothéiste, n’en est qu’aux débuts de sa conquête du monde occidental et l’islam n’est pas encore la puissante religion qu’elle sera quelques siècles plus tard. Seul le judaïsme est présent mais, déjà, la diaspora et les persécutions ne lui permettent pas de s’imposer.

C’est le règne des cultes polythéistes et spirituels. Chez les vikings, celui-ci s’exprime via un complexe réseau de dieux et de créatures d’une très grande richesse. Tout ce petit monde repose sur les branches d’Yggdrasil ou l’Arbre monde. Celui comprend ainsi les neuf royaumes à savoir : Asgard (royaume des Ases), Vanaheim (celui des Vanes), Alfheim (royaume des elfes clairs), Midgard (royaume du milieu, celui des hommes), Jotunheim (domaine des géants), Svartalfheim (royaume des elfes sombres), Niflheim (domaine des Brumes et des Nibelungen), Muspellheim (royaume du feu) et Helheim (domaine des morts). Pour les plus curieux, l’Edda poétique est un must quant à l’étude des bases de cette mythologie scandinave. Il s’agit d’un recueil de poèmes en vieux norrois rassemblés en islandais au XIIIe siècle, le Codex Regius et fut attribué Saemundr Sigfusson.

Les comics Marvel, s’ils conservent la séparation de l’univers en plusieurs mondes, symbolisent le passage de l’un à l’autre de ces dimensions par un pont « arc en ciel » résultat d’une énergie dimensionnelle : le Bifrost.

Un réseau complexe de dieux et de légendes qui inspirera moults quêtes que ce soit pour relater les aventures des dieux eux-mêmes ou d’humains au destin éclairé. La fantasy, surtout, est friande de ces mythes et s’en inspire parfois largement comme un certain J.R.R Tolkien et son Seigneur des Anneaux dont l’intrigue ressemble à s’y méprendre à la légende de l’Anneau maudit d’Albéric. Il est à noter d’ailleurs que J.R.R Tolkien fut professeur de vieil anglais et étudia les langues germaniques ainsi que les légendes s’y rapportant. Il bouleversera l’étude du fameux poème Beowulf. La Terre du Milieu regorge ainsi d’un très grand nombre de références à cette mythologie germanique mais aussi scandinave.

Les signes, la nature et les hommes 

Cette mythologie s’accompagne d’un ensemble de croyances autour de la nature. Celle-ci est, en effet, est remplie de messages divins que seuls quelques initiés peuvent comprendre. La figure du chaman, largement répandue pré-colonisation chrétienne prend ici principalement la forme du devin. Celui-ci interprète les signes envoyés par les dieux et les esprits afin d’agir au mieux selon leurs désirs. 

Les runes, principalement et parmi d’autres outils, lui permettent de soumettre directement ses questions aux esprits. Une théorie contestée par certains historiens spécialisés, notamment du fait du peu de preuves archéologiques. Elle fut néanmoins largement reprise par les arts et surtout le cinéma qui en a fait un alphabet magique à l’instar des hiéroglyphes qui apparaissent sur le corps d’Amaneth dans le remake de La Momie en 2017.

 Il existe un certain nombre d’alphabets runiques parmi les langues germaniques (frisons, anglo-saxons, scandinaves..) et celtiques. Les plus célèbres restent néanmoins celles dites du Futhark nordique ancien (24 runes) et récent (16 runes) . 

La mythologie viking fascine aujourd’hui plus que jamais. La vision romantique du paganisme en a fait une vraie star de l’écran et constitue encore aujourd’hui une source d’inspiration d’une imposante richesse.