Le conseil série : Blood & Water

Le conseil série : Blood & Water

Et voilà, c’est (déjà) la rentrée ! Mais pour ne pas trop déprimer en ces temps incertains, Netflix est là pour remonter un peu le moral de chacun.

Et ici le focus va être mis sur une série Sud-Africaine (oui, oui ils font aussi des séries !…) qui s’intitule Blood & Water. Sortie en Mai 2020, cette série nous raconte l’histoire de Puleng Khumalo, une lycéenne vivant dans l’ombre de sa sœur, enlevée lorsqu’elle était bébé dans le cadre d’un trafic humain. Le premier épisode s’ouvre sur la famille Khumalo qui fête un anniversaire. On apprend rapidement que c’est l’anniversaire de Phumele – la sœur disparue – qui est célébré. Pour se changer les idées, Puleng décide de faire le mur et d’aller à une soirée d’anniversaire d’une certaine Fikile Bhele. Celle-ci partage donc la même date d’anniversaire que sa sœur disparue. Puleng nourrit alors l’espoir que cette jeune fille pourrait être sa grande sœur. 

La série est plutôt adaptée pour les adolescents car on retrouve surtout des lycéens qui tentent de gérer leur jeunesse -dorée- pour la plupart d’entre eux. On peut alors y découvrir le système scolaire très anglosaxon du pays : uniformes, casiers, clubs plus ou moins “in” à intégrer au lycée etc… Par ailleurs, il peut être également intéressant d’y jeter un coup d’œil pour apercevoir quelques paysages de la côte sud-africaine et entre apercevoir les inégalités qui prennent place dans le pays sans pour autant être littéralement plongée dans la culture à 100% (cependant, on peut noter une bonne playlist d’artiste sud-africains). Certains diront qu’on y retrouve un « Elite » à la sud-africaine.

En tout cas, les jeunes acteurs sont convaincants et on a tendance à s’attacher, à se poser des questions et à vouloir aider Phumele dans sa quête de vérité, même si le scénario n’est pas toujours au top ; un peu lent par moment. Netflix a annoncé par ailleurs qu’une deuxième saison était commandée donc il n’y a plus qu’à espérer qu’ils trouveront un rythme un peu plus soutenu et qu’ils arriveront à nous surprendre.

#Explociné : Back to school / Clair obscur au pays du Mont Fuji

#Explociné : Back to school / Clair obscur au pays du Mont Fuji

Ce n’est pas une news incroyable que de dire que l’école et principalement le lycée est l’un des décors les plus usités dans la cinématographie japonaise. Les animés et dramas, principalement, participe de la diffusion de l’image de l’écolière japonaise revêtue de son uniforme réglementaire. Le long métrage, cependant, et surtout en prise de vue réelle n’est toutefois pas aussi enthousiaste vis à vis des jupes patineuses courtes et des longues chaussettes. On en retrouve tout de même des occurrences et notamment dans le domaine de l’animation. Films et séries partagent ainsi certaines caractéristiques de traitement “à la patte japonaise”. Le goût pour les aventures spirituelles presque magiques voire totalement surnaturelles et décalées (coucou Assassination Classroom) est, par exemple, un bon ambassadeur de cette “patte japonaise”. L’exemple le plus criant en est cependant ce contraste maîtrisé entre une violence parfois psychologique parfois clairement physique et l’esthétique soignée du pays des Geishas et de Hokusai. 

Le Japon face à son histoire 

L’école et surtout les interactions enfants/parents, enfants/adultes ou encore enfants/ professeur permettent de questionner le monde. Le regard jeune et (plus ou moins) innocent pointe ainsi les non dits et un système dans lequel il doit faire sa place. 

L’un des thèmes qui ressort le plus de ces interactions reste l’histoire du Japon et son intégration au monde moderne. Il se retrouve ainsi de nombreux scénarios qui mettent en relief le gap grandissant entre la ville et la campagne. Les studios Ghibli en tête, les croyances animistes et le respect des traditions qui ont fait la culture japonaise sont bien souvent violemment opposées à l’appétit du monde connecté du Japon de l’endroit. Un débat toujours lié à l’actualité japonaise et à l’intégration du monde global. 

Le seconde thématique à noter est les conséquences voire le traumatisme de la WW2. Vécu comme une humiliation au pays des samouraïs, la guerre fut lourde de pertes. L’occupation américaine et le tourisme de masse ne faisant qu’accentuer ainsi la crise identitaire d’un Japon entre ultra-modernité et traditions séculaires. 

Bushido, émotion et collectif 

L’école permet ainsi de questionner le monde comme le ferait le regard d’un enfant. Le thème du chemin initiatique n’est donc pas bien loin mais d’une façon bien spécifique. Là où au USA, c’est l’expression de soi et de sa différence qui prime, le Japon apporte ainsi une toute autre vision de l’individu et de la collectivité. 

Au pays du bushido, cette initiation de jeunesse prend un tournant plus mystique. Il s’agit ici de prendre conscience de sa place dans la société et de savoir composer avec ses émotions et surtout se battre pour ce que l’on souhaite. Le pouvoir de la volonté, la gestion des émotions et le respect de la vie, voilà qui nous rappelle vaguement quelque chose. 

Le jeune prend ainsi peu à peu conscience de lui même, s’affirme puis trouve sa place dans une société qui porte haut les concepts de respect, discrétion et de force tranquille. 

Le cinéma à l’école japonaise c’est donc un petit concentré de Japon. La culture japonaise respectueuse et très impliquée dans sa relation à la nature et aux autres se voit ainsi mise en scène au travers des aventures de jeunes gens. Celle ci, cependant, s’oppose de plus en plus, aux films plus violents, surnaturels et de science fiction (qui ont fait son succès ne se le cachons pas) et qui dénote de l’avancée de la mondialisation au pays du contraste. 

Battle Royal, Kinji Fukasaku, 2001

La Chorale, Akio Nishizawa, 2006

https://www.youtube.com/watch?v=QfYx-tOz-6A

Je peux entendre l’océan (Oceans Waves), Tomomi Mochizuki, 1993

https://www.youtube.com/watch?v=Gj1vL10P5yw

A silent voice, Naoko Yamada, 2016

#Explociné: Back to school/ L’école, l’agora et du lol

#Explociné: Back to school/ L’école, l’agora et du lol

L’école tient une place particulière dans le cinéma français. Si il figure plutôt dans le domaine du documentaire, on trouve cependant quelques fictions cultes. A l’instar du documentaire, cependant, une fiction qui prend place dans le milieu scolaire permet alors de faire ressortir une réflexion sur le social et le collectif. Les grandes questions sociales et politiques ainsi que l’actualité sont ainsi mis en exergue grâce au microcosme offert par le milieu de l’école. 

L’agora 

L’école c’est un lieu publique. Les enfants et ados de toutes les classes sociales sont ainsi potentiellement représentés. Ceci permet alors un brassage des points de vue et pose les bases de la vie en collectivité. Le vie en société et les questions qui en découlent sont alors expérimentée par les élèves et leurs professeurs de par le microcosme scolaire donc, d’une part, et par l’inexpérience des protagonistes, d’autre part. L’apprentissage de la chose publique ou (res publica, tmtc) par les uns à l’écran permet ainsi de questionner le politique in real life. Très franco-française, cette démarche de remise en question ne détonne pas vraiment au pays de la philosophie des Lumières et autre Résistance. Une conversation se crée alors entre l’écran et le public et permet de continuer le débat sur la place publique. 

Si de grandes questions restent des sujets phares et intemporel tels que les caractéristiques de l’amour ou la classe sociale, les sujets abordés sont aussi largement reliés à l’actualité. La France ces dernières décennies, par exemple, a subit de nombreuses vagues d’émigration. Celles ci apportent ainsi leur lot de conséquences sur la scène sociale du plus positif avec le multi culturalisme au racisme le plus violent. La plus grande visibilité apportée aux communautés queer, au combat féministe … figure également un terreau fertile pour nombre de parabole cinématographique. 

L’égalité des chances 

L’égalité des chances est alors désormais un sujet prégnant. Les préjugés et le racisme ainsi que le fossé toujours plus grand entre les niveaux de vie sont autant de handicap scolaire et social pour les enfants et jeunes adolescents. La question des cités et des ZUP, notamment, est très souvent représentée à l’écran français. Certains profs font tout pour hisser leurs élèves, certains battent pour sortir de l’image et de l’avenir qu’on leur impose, d’autres, encore, tentent de réaliser leur rêves coûte que coûte et racontent ainsi à l’écran le débat de l’intégration. 

Le sujet du harcèlement, également, et surtout depuis le développement des réseaux sociaux, est de plus en plus représenter à l’écran. 

Moderne VS Anciens 

L’inexpérience des enfants figure ainsi la meilleure toile pour ses paraboles filmées. Il va, tout au long du film, remettre en question ces croyances mais également ce que lui inculque ses parents. Que cette réflexion se fasse de plein gré ou non, le protagoniste s’interroge. Les institutions, ses parents, tout est matière à questionnement pour ce jeune inexpérimenté et surtout, en pleine construction de lui-même. 

La lutte contre l’ordre établi est un grand sujet dans et hors écran. La jeunesse, aujourd’hui sur-connectée et aux minorités visibles, tente ainsi de se faire une place dans un monde qu’il apprend à connaître et qui, parfois, n’est que celui de son entourage. 

Lol, Liza Azuelos, 2009

La journée de la jupe, Jean-Paul Lilienfeld, 2009

https://www.youtube.com/watch?v=Wl7vzunhCGg

Entre les murs, Laurent Cantet, 2008

Les héritiers, Marie-Castille Mention-Schaar 

Explociné : Back to school/ Show must go on au pays des teen movies

Explociné : Back to school/ Show must go on au pays des teen movies

Le décor de l’école dans le cinéma nord américain tient une place choix. Les aventures de jeunes gens en goguette est même devenu un genre à part entière : le teen movie. L’école permet alors au jeune public de s’identifier aux personnages et à l’action en cours. 

On pourrait citer Easy Girl (Will Gluck, 2010), College attitude (Raja Gosnell, 1999) ou encore, l’inénarrable American Pie (Paul et Chris Weitz, 1999) et tant d’autres. Il s’agit d’autant de titres qui ont marqué l’adolescence de nombres d’adolescents américains mais aussi à travers le monde. Certains sont même devenus des classiques du teen movie mais également du cinéma US en général (cf. notre sélection au bas de cet article). 

Du show et des paillettes 

Le pays d’Hollywood et des Ziegfeld Girls a fait depuis longtemps sa spécialité des scènes de danses ultra chorégraphiées, des ponctuations chantées et autres comédies musicales. Le teen movie ne fait pas exception à la règle et si chaque teen movie ne comporte pas forcément de scène musicale, le show est très régulièrement au rendez vous. 

L’intrigue est également souvent placé au cours de l’année de Terminale (Senior Year) ou à la suite d’un événement important dans la vie du protagoniste principal. Changement d’école, décès dans la famille, divorce des parents, choix de l’université ou encore tout simplement puberté soudaine sont autant de thèmes qui marquent le début d’une bonne intrigue teen hollywood. Le jeune se cherche. Il expérimente et surtout chante, chante et re chante ses peines, ses joies, ses sentiments… 

Au pays de l’Oncle Sam, rien ne se fait dans la sobriété. La forte culture du musical hall “à l’américaine” transpire au travers des strass, des sourires ultra bright et du show must go on !

Au pays de l’American Dream

Le teen movie US est pour sa grande majorité centré sur le protagoniste principal et sa quête de lui même. Il s’agit ainsi d’une sorte de parabole bling autour de la construction et de l’acceptation de soi. Il s’agit d’une sorte de chemin initiatique donc sur les voies de l’individualité. 

Le personnage principal possède une caractéristique particulière voire est parfois carrément outcast de la masse. Parfois simplement plus profond qu’il n’en a l’air (cf. Clueless), d’autre fois gay ou rebelle (cf. Breakfast Club), le teen movie pousse l’ado à s’accepter tel qu’il est et accepter les autres. Le concept d’individualité et d’affirmation de soi est ici central. La philosophie de l’American Dream en background culturel, on pousse les jeunes à expérimenter, à s’imposer et à révéler leur personnalité. 

Le teen movie nord américain et plus particulièrement ceux qui prennent place à l’école sont ainsi des plaidoyers pour une culture de l’American Dream où chacun peut être qui il veut. Ils appellent donc à ne pas “Stick with the status quo” et bien de “Bop to the Top”. L’école, finalement n’est que “The start of something new”. 

Grease, Randal Kleiser, 1978

High School Musical, Kenny Ortega, 2006

Clueless, Amy Heckerling, 1995


Breakfast Club, John Hughes, 1985

Explociné : Les cités perdues / L’homme doré, le colonialisme & le cinéma

Explociné : Les cités perdues / L’homme doré, le colonialisme & le cinéma

Par delà les montagnes de la lune, et au fond de la vallée de l’ombre, chevauche hardiment, répondit l’ombre, – si tu cherches l’Eldorado” , Edgar Allan Poe, 1849 (traduction de Stéphane Mallarmé) 

El Dorado signifie littéralement “le doré” ou encore “l’homme doré”. Si l’on retrouve plusieurs occurrences de villes mythiques (ou du moins perdues) dans la jungle des anciens empires précolombiens, la ville dorée est LA référence ultime. Son nom est même devenu une expression commune pour désigner une découverte archéologique exceptionnelle ou encore un paradis inaccessible. Une ville couverte d’or et de joyaux voilà qui est propre à éveiller les convoitises mais aussi les théories les plus dantesques. 

Une ville d’or et de mystères 

Il existe une foultitude de mythes quant aux origines de la légende. Des figures de style de bardes en manque d’inspiration aux interprétations de codex, tout y passe (ou presque). Certains avancent même des théories aux airs de Stargate SG1 ! 

Toute légende qui durent, cependant, renferme quelques touche de vérité. 

L’Amérique du sud possède, en effet, des mines d’or et de minéraux encore très largement emplies de leur précieuse ressource car épargné par le modèle d’exploitation de masse à l’européenne. S’il y a bien eu des populations qui utilisaient l’or dans la vie quotidienne, le minéral était cependant réservé aux rituels, devantures de temples et autres marqueurs sociaux. Certaines tribus auraient ainsi pour tradition de jeter des offrandes dans des lacs souterrains appelés cenotes à certaines dates symboliques. Ces offrandes pouvaient ainsi contenir des victuailles, des étoffes et de l’or. 

L’explication la plus répandue au cours de ces dernières années se concentrerait autour d’une cérémonie tribale qui se serait déroulée aux abords du lac Guatavita (Colombie). Un dignitaire se couvrirait ainsi d’or et plongerai dans le lac afin d’apaiser les dieux (plus d’infos par ici https://www.nationalgeographic.fr/histoire/la-legende-de-la-contree-mythique-de-leldorado ). De là viendrait, semble-il, son nom de “l’homme doré”. 

Comme toute légende, la rumeur fut colportée d’années en années et de siècle en siècle jusqu’à devenir mythe. Celui ci servit ainsi d’appât pour nombre d’explorateurs en mal d’aventure, de richesse et de gloire mais aussi pour la main d’oeuvre des conquistadors venu chercher fortune. 

Un certain nombre d’hypothèses ont donc été avancées quant à la naissance de la légende mais aucune n’a pour l’instant pris le pas sur les autres (mise à part les ovnis sorry). Un halo d’incertitudes qui laisse ainsi le champ libre aux arts narratifs et surtout celui qui nous intéresse ici, le cinéma. 

Le cinéma et le colonialisme 

Le cinéma n’est donc pas en reste quant aux occurrences de villes mythiques ensevelies sous la végétation tropicale. Lara Croft et Indiana Jones en tête, les villes de la jungle sont devenues le passage obligé de tout protagoniste qui se revendiquent aventurier. 

Certains tel que Werner Herzog ont cependant pris le parti d’utiliser la légende pour traduire la fièvre de l’or des conquistadors. Une fièvre telle qu’elle s’est mise à les consumer, les menant parfois à des actes d’une violence extrême envers les indigènes mais aussi envers leurs propres camps parfois. Rendu fous par leur désir de richesse, ils volent, trichent, mentent et trahissent. 

La caméra dévoile ainsi un appel de l’or qui sert ainsi d’appât voire d’excuse à un colonialisme brutal. 


Courte sélection de nos épopées préférées :

. The Lost City of Z, James Gray, 2017


. El Dorado, Eric Bergeron, Don Paul, Jeffrey Katzenberg, 2000


. Aguirre, la colère de Dieu, Werner Herzog, 1972


. El Dorado, Carlos Saura, 1988