Le Festival de Cannes, temps fort parmi les temps fort du printemps si il en est, est reporté cette année en raison de la crise sanitaire mondiale. Qu’à cela ne tienne, son délégué général, Thierry Frémaux a d’ores et déjà annoncé une sélection en juin (laquelle sera estampillée du label « Cannes 2020 ») ainsi que des opérations hors les murs et diverses partenariats avec les festivals partenaires.
En attendant de voir comment l’industrie du grand écran se réorganise malgré la crise, on a eu envie de se replonger dans ces films palmés qui ont fait l’histoire du Festival. Voici donc notre petite sélection (non exhaustive):
. La Vie d’Adèle: chapitres 1 & 2, Abdellatif Kechiche (palme d’or 2013)
. La Dolce Vita, Federico Fellini (palme d’or 1960)
. Apocalypse Now, Francis Ford Coppola (palme d’or 1979)
. Amour, Michael Haneke (palme d’or 2012)
. Le Guépard, Luchino Visconti (palme d’or 1963)
. Taxi Driver, Martin Scorsese (palme d’or 1976)
Vétéran de la Guerre du Vietnam, Travis Bickle est chauffeur de taxi dans la ville de New York. Ses rencontres dans le monde de la nuit, la violence quotidienne qu’il croise lui font peu à peu perdre la tête.
. Orfeu Negro, Marcel Camus (palme d’or 1959)
. Kagemusha, l’ombre du guerrier, Akira Kurosawa (palme d’or 1980)
Fun fact : Francis Ford Coppola et Georges Lucas sont tout deux producteurs exécutifs.
. Barton Fink, Ethan & Joel Coen (palme d’or 1991)
Fun fact: Barton Fink rafla presque tous les prix du festival cette année là et c’est à partir de cette date que son administration prit des mesures pour empêcher que cela se reproduise.
Couverture: Minority Report, Steven Spielberg (2002)
Une machine à apparence humaine et qui servirait nos intérêts est une idée aujourd’hui bien répandue. Tâches ingrates, impossibles à l’homme mais aussi espionnage ou prostitution, la liste de ses usages ne semble pas avoir de limite. Au delà du domaine pratique, c’est le rêve de “se rendre maître et possesseur de la Nature” qui se traduit là. La machine c’est un outil fabuleux et encore plus si elle possède l’apparence et les qualités humaines poussées dans leur extrême. C’est bien là que le bât blesse. La machine, plus forte, plus intelligente et plus belle est alors “sur” humaine. Tant qu’elle reste simple exécutante, tout va bien (pour son programmateur du moins). L’avancée des recherches en IA interroge cependant notre capacité à contrôler ce monde que nous avons créée. Le cinéma, miroir des époques et de nos peurs, n’est pas en reste quant à réfléchir autour de la question depuis bien longtemps.
Une ressemblance trompeuse
L’apparence de l’androïde est la première des problématiques. Elle nous ressemble à s’y méprendre. Très vite, on se laisse abuser. C’est d’ailleurs son intérêt premier dans une mission d’espionnage. On ne peut s’empêcher toutefois de ressentir une sorte de malaise, une sensation d’étrange. L’être en face de nous nous ressemble mais elle possède un “je ne sais quoi” qui la rend lointaine voire inaccessible. Elle nous ressemble donc mais elle n’est pas comme nous et c’est ce qui la rend si instinctivement dangereuse.
Programmée par un autre être humain, elle devient arme à l’image d’un Terminator. Elle est aussi sensible aux virus et aux failles de conception ou de défense de son système.
Plus la ressemblance est poussée et son système développé et plus c’est inquiétant. Lorsqu’elle atteint une très forte autonomie, c’est une toute autre menace. Cet individu est il réel ? Où est ce un programme voire un bug ?
Le cinéma par ses choix de cadrages, costumes … peut ainsi renforcer cette impression de malaise ou au contraire nous pousser dans une direction ou une autre (ne pas différencier les androïdes des humains ou les séparer totalement). La caméra interrogeant alors cette inquiétante étrangeté de l’androïde.
Xénophobie, racisme et autres joyeusetés de l’Autre
L’androïde est problématique quant à son apparence d’inquiétante étrangeté. C’est aussi notre rapport à l’autre et au différent qui est en action ici. Réflexe somme toute instinctif que nous aurions hérité de l’âge de pierre : l’Autre fait peur. On se méfie de celui que l’on ne connaît pas et dont les intentions ne nous semble pas claires. Plus important encore, on se méfie de ce que l’on ne comprend pas. Comment réagir en cas d’attaque ? Comment contrôler si ce n’est cet autre, au moins la situation ?
A l’écran, l’androïde est donc ségrégé, utilisé voire supprimé lorsqu’il devient trop intelligent, trop autonome ou trop … humain. Que penser de la chasse au réplicant de Blade Runner ? De l’évasion d’Ex Machina ? Les exemples ne manquent pas ainsi que les parallèles avec toute autre situation hors écran.
L’androïde c’est donc une question plus que d’actualité. L’émission de Jimmy Fallon, par exemple, présente les avancées en terme de robots dans le “Tonight Robotics” tous les ans depuis 2017 prouve d’avancées remarquables. Jimmy cependant ne peut s’empêcher de sursauter lorsque le robot Sophia lui tend la main. La machine dotée d’une IA toujours plus performante est plus que jamais au coeur des débats tant scientifiques que sociologiques. C’est surtout l’occasion pour le cinéma de science fiction de faire ce qu’il fait le mieux: imaginer, émettre des hypothèses et questionner. Celui ci permet alors d’interroger notre rapport à une technique toujours plus connectée, présente et performante. Il interroge également notre rapport à l’autre et ce, dans une situation, où pour une fois, l’Humanité ne semble pas en position de force.
L’androïde est un emblème de la science fiction. Un succès qui fut fulgurant dès ses débuts et le place, depuis les années 1990’s principalement, à égale position (voire devant) l’extraterrestre en terme d’occurrence. La peur ne vient plus d’ailleurs mais bien de nos laboratoires. Le développement de la robotique, des réseaux et surtout de l’intelligence artificielle rendent réelles les questions (et surtout les tensions) qui se rapportent à ces machines qui parlent. Parfois désincarnée, comme le vicieux HAL 9000 (2001, l’Odyssée de l’espace, Stanley Kubrick, 1968), la machine peut revêtir un corps et se fondre dans la masse humaine.
L’automate
L’automate est un dispositif reproduisant un ensemble d’actions en autonomie. Au début du siècle dernier, on se passionne pour ses nouvelles machines qui semblent presque magiques. L’idée d’une telle machine à forme humaine fait rapidement son petit bout de chemin chez les inventeurs mais aussi (bien évidemment) chez les auteurs.
Les “puces à l’air” (C3PO, Star Wars V, l’Empire Contre Attaque, 1980), l’automate est rarement très effrayant. Son apparence l’affirme dans son rôle de machine mono-tâche qu’il suffit de débrancher. Il remplit donc plutôt des missions subalternes comme garde du corps ou majordome. Fidèle, il n’abandonne jamais son “grand constructeur” et l’accompagne dans ses aventures.
La première apparition d’un tel robot est attribuée à Méliès dans son court métrage, Coppelia, la poupée animée (1900). Ce film est cependant aujourd’hui disparu. On retrouve l’automate dans The Master Mystery (Harry Grossman et Burton L. King, 1920) ou, plus récemment la saga Star Wars avec le courtois C3PO et Hugo Cabret (Martin Scorsese, 2011).
Le choix de faire jouer les robots par de véritables humains en chair et en os présente plusieurs avantages. C’est une solution moins coûteuse en moyens techniques et financiers. C’est également le moyen de lui faire revêtir une “inquiétante étrangeté”. La machine colle parfaitement au physique humain dans ses moindres expressions. On s’y tromperait.
La machine se fait alors espionne et révèle le danger qu’elle représente pour l’humanité.
1. Metropolis, Fritz Lang (1927), 2. Blade Runner, Ridley Scott (1982)
L’hybride
Montrer à l’écran une créature qui mélange caractéristiques humaines et technologiques peut s’avérer plus coûteuse en terme d’effets spéciaux. Elle est toutefois largement utilisée ces dernières décennies. L’avancée des techniques de créations numériques permet, en effet, une esthétique plus uniforme et surtout une plus grande liberté. Ce type d’apparition révèle également l’angoisse grandissante face à des machines de plus en plus perfectionnées. Proche du cyborg, elle est physiquement et “psychiquement” créée par l’homme et se fond avec lui. Ceci révèle le côté duel d’une telle technologie : si proche et pourtant si différente.
1. Terminator (1984,2019) 2. AI, Steven Spielberg (2001)
Celui qui peut changer de forme
L’animation (et les CGI) est toutefois la technique qui laisse le plus de liberté quant à la création d’une telle créature. Les dessins animés et surtout les mangas présentent ainsi des machines capables de devenir invisibles, de changer de visage ou encore de transformer certaines parties de leur corps. La machine est alors plus qu’humaine. Elle est plurielle et protéiforme. Elle est partout et peut se glisser dans les moindres recoins connectés.
Ghost in the shell, Mamoru Oshii (1995)
Chacune des formes que revêt l’androïde traduit donc une approche différente. De l’automate au répliquant, il cristallise les questionnements de l’humanité face à une technologie qui tend à la dépasser quant à se rendre “maître et possesseur de la Nature”.
L’homme mécanique est l’outil ultime. Une grande logique, une force titanesque et surtout une absence d’émotions en font, en effet, le serviteur idéal. Connu d’abord sous le terme générique “automate”, l’androïde est un robot “qui ressemble à l’homme”. “Andros” signifie, en effet, “homme” en grec et le suffixe “oïde”, “forme”. “Andréïde” est alors le terme unisexe et “Gynoïde” désigne plutôt un automate féminin. De là, dérive l’appellation plus générique de “droïde”, largement utilisée dans la SF.
Ces robots à forme humaine c’est donc l’incarnation du fantasme d’un humain amélioré. Ceux ci, contrairement aux cyborgs qui eux sont un mélange d’organique et de mécanique, sont entièrement technologique. Plus que de l’eugénisme, l’androïde c’est l’idée de se faire démiurge, dieu tout puissant, capable de créer la vie et de la reprendre.
L’androïde c’est aussi cependant la peur de l’humain face à la machine. C’est la cristallisation des inquiétudes de l’homme face à ses faiblesses confronté à une machine si évoluée qu’elle peut le surpasser. L’androïde est double: arme et ennemi, esclave et créature supérieure.
Ces êtres tout de métal conçu c’est donc l’analyse froide. Un androïde c’est une base de données organisée et non biaisée qui prend des décisions logiques basées sur la connaissance et un certain empirisme. Une telle chose n’est pas faite pour vivre mais pour bien pour exister et servir. Il arrive cependant qu’on lui offre des capacités qui tendent à se rapprocher de l’émotion. Cinéma, littérature mais aussi de récentes recherches ne manquent pas de creuser et retourner le sujet. Il s’agit, bien souvent, d’émotions peu “dangereuses” telle que l’attachement à un maître et la loyauté envers celui ci. On ne peut que citer ici le superbe Artificial Intelligence de Steven Spielberg (attention âmes facilement émues, vous en aurez pour votre pixel). Ceci peut amener parfois lesdit “maîtres” à en oublier même le caractère mécanique de l’androïde. Il arrive parfois également que le perfectionnement (ou une erreur de code) amène ces machines à développer une réflexion individuelle et surtout un instinct de survie digne des meilleurs moments du genre humain. L’intelligence logique et analytique de la machine rencontre l’intelligence émotionnelle réservée à l’organique. C’est là que démarre les débats de comptoirs. Qu’est ce qui fait le concept appelé si égoïstement “humanité” (en comparaison avec le “monstrueux”) ?
Toutes ces réflexions et noeuds à la tête amènent surtout un questionnement plus large : qu’est ce qui fait la vie finalement ?
Petite selection (non exhaustive) des classiques de la question. A (re)voir absolument !
Terminator, réalisateurs multiples, 1984 – 2019
AI: Artificial Intelligence, Steven Spielberg, 2001
Dans les 70’s et 80’s, dans le même temps que lʼarrivée des films traitant la rencontre Humanité/ Extraterrestres, on assiste à l’arrivée de films dans lesquels lʼespèce terrienne et les autres formes de vie cohabitent ensemble dans ce vaste territoire quʼest lʼUnivers.
On observe alors la montée en puissance de l’idée d’une Fédération. Illustrée dans nombre de films à succès, elle rencontre un rapide succès auprès du public et des scénaristes. Celle ci traduit la tendance contemporaine pour un idéalisme fort, un monde sans guerre et des populations unies derrière une seule nationalité sans discrimination d’espèce.
Cette vague d’optimisme est fortement liée à la forte médiatisation du programme Apollo et des suites que pourrait avoir la Conquête spatiale. La multitude de témoignage autour des UFO à cette époque témoigne également de cet intérêt grandissant pour l’exploration spatiale et, surtout, l’accueil de la différence.
On observe également le succès des comics adaptés de plus en plus souvent sur grand écran. Comics dans lesquels nombre de super héros (et leur némésis, les super méchants) viennent d’autres planètes voire galaxie, soit dit en passant.
Saga Star Wars, réalisateurs multiples, 1977 – 2019
https://www.youtube.com/watch?v=g6PDcBhODqo
Saga Star Trek, réalisateurs multiples, 1979 – 2016
Même si notre passion première avec les extraterrestres a toujours été de les combattre et de leur donner l’image d’envahisseurs exorcisants notre peur de l’autre, très vite nous avons également voulu les rencontrer de manière pacifiste.
Vu sous un autre jour, les aliens deviennent alors une civilisation toujours plus avancée que nous mais surtout bienveillante à notre égard. La rencontre avec les êtres venus de l’espace se transforment alors en opportunité de s’élever sous tous les plans.
Le jour où la Terre s’arrêta, Robert Wise, 1951
https://www.youtube.com/watch?v=y5sBiliznTk
Une soucoupe volante atterrit à Washington D.C. Klaatu, un extraterrestre et son acolyte robotique Gort sortent du vaisseau, et sont accueillis par l’armée américaine. Ils se font tirer dessus et, blessé, l’extraterrestre se retrouve à devoir fuir. Il prend forme humaine et se cache chez une famille. Sa mission ? Délivrer à la Terre un message qu’elle n’est peut-être pas prête à recevoir…
Le jour où la Terre s’arrêta est devenu un film culte, et est considéré comme l’un des premier grand chef d’oeuvre de la science fiction. L’originalité est que le personnage principal est l’extraterrestre et non un humain, et qu’au lieu de venir pour nous décimer, ils viennent nous avertir.
(Attention, spoiler !) En effet, le message de Klaatu se révèle être ce-dernier : toutes les races de l’Univers se rassemblent sous une seule et même Fédération. Ils sont venus proposer à l’Humanité d’être des leurs, mais ils sont surtout là pour intimer aux êtres humains d’être moins violents… Sinon nous risquons une destruction certaine. En période de Guerre Froide et quelques années après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, cette fiction tout public ose délivrer un message de paix certes, mais une forme d’avertissement silencieux : avec ou sans l’intervention extraterrestre, l’escalade de notre violence pourrait très bien causer notre extinction.
2001, L’Odyssée de l’Espace, Stanley Kubrick, 1968
Arthur C.Clark, auteur de science fiction, écrivit d’abord une nouvelle : La Sentinelle. Elle servit de base au projet que lui et le réalisateur américain Stanley Kubrick allait mener ensemble : l’écriture parallèle du film 2001, L’Odyssée de l’Espace et du roman du même nom.
Le début du film nous amène au début de l’Humanité, lors de l’apparition du mystérieux monolithe, grand rectangle noir, au milieu de nos ancêtres australopithèques. Des millénaires plus tard, en 2001, la même chose est déterrée sur la Lune, et émet une onde radioélectrique vers Jupiter. Une mission de deux astronautes y est envoyée, mais ces-derniers n’ont aucune idée du véritable but de leur voyage. Avec eux, l’ordinateur central, HAL, doté d’une intelligence artificielle qui posera problème…
Il n’est pas nécessaire de présenter à quel point ce film est culte et considéré comme un chef d’oeuvre grandiose du cinéma de science fiction, et du cinéma tout court. 2001 n’a pas de protagoniste principal que l’on suit du début à la fin du film, si ce n’est l’Humanité toute entière. En effet, ce film raconte notre quête en tant qu’espèce, notre évolution de l’aube de notre existence à un futur dans les étoiles.
Les extraterrestres sont une forme de vie supérieure à la nôtre. Ils déposent le monolithe à des moments et des lieux précis, pour déclencher le passage à l’étape suivante de l’évolution. Ils sèment ainsi des civilisations, les amenant à grandir, à voyager.
La rencontre ici se fait par l’intermédiaire de cet étrange outil, venu nous donner l’impulsion d’avancer. Nous ne rencontrons jamais ces semeurs de monde en chair et en os, tout contact de cette sorte serait impossible car comment appréhender une forme de vie qui n’a rien à voir la nôtre ? H.P.Lovecraft disait que les créatures de ses mondes imaginaires n’étaient pas visibles et compréhensibles par le cerveau humain, et il en est de même pour les extraterrestres.
Expérimental, 2001 a souvent fait froncer des sourcils par sa fin, ou même sa longueur. Mais il s’agit bien d’une épopée à échelle spatiale, traversant les âges et les planètes, qui nous amène à repenser à notre Histoire et à notre place dans l’Univers.
Rencontres du Troisième Type, Steven Spielberg, 1977
Dans l’Indiana, pendant une coupure d’électricité, Roy Neary aperçoit une une soucoupe volante. Dès lors, lui et les autres témoins de l’évènement sont hantés par ce souvenir et d’autres visions d’une montagne inconnue. Il cherche alors absolument à découvrir la vérité derrière ces phénomènes mais le gouvernement impose le silence. De son côté, le scientifique Claude Lacombe enquête sur des faits absurdes : des avions de la Seconde Guerre Mondiale retrouvés en état de marche, un cargo découvert au milieu du désert de Gobi…
ll s’agit peut-être d’un des films les plus personnel de Steven Spielberg. Il a, en effet, réécrit les trois quart du scénario, à l’origine rédigé par Paul Schrader. Son intention était de raconter l’histoire d’un contact extraterrestre non pas du point de vue d’un militaire ou d’un scientifique, mais d’une personne « lambda ». Le personnage du film, père de famille maladroit, est abandonné par sa femme et ses enfants à cause de son obsession pour ses visions. La figure du père absent et séparé est un archétype du cinéma de Spielberg qui donne à cette histoire d’extraterrestre un nouvel angle d’attaque.
Venus dans un but heureusement bienveillant, la rencontre avec ces êtres se fait à travers les yeux de celui qui pourrait être notre propre parent ou ami et nous plonge davantage dans l’expérience.
E.T., Steven Spielberg, 1982
Trois enfants découvrent et se prennent d’affection pour un petit extraterrestre qu’ils hébergent en secret chez eux.
Film culte de notre enfance, c’est un autre classique de Steven Spielberg que nous citons. Encore une fois, le réalisateur s’est éloigné du schéma de la rencontre entre un groupe de scientifiques et militaires, pour établir le lieu de l’action dans le jardin d’une modeste famille. Ici, pas de grand message pour l’Humanité, pas de vaisseau spatial à prendre ni d’élévation vers un stade supérieur. En revanche, un sublime film sur l’amitié et la famille, rythmé par la composition de John Williams. Lorsque le gouvernement débarque, c’est dans des blouses blanches menaçantes, pas en héros. Car ET l’Extraterrestre n’est pas venu dans une grande soucoupe pour nous anéantir ou nous tendre la main, il s’est perdu, oublié par les siens.
À l’instar de l’oeuvre précédente, c’est un film extrêmement personnel pour Spielberg qui le considère comme son projet le plus intime. Enfant solitaire fan d’ovnis, il s’était créé un ami imaginaire qui servit d’inspiration au plus célèbre des extraterrestres. ET est donc plus un film sur l’enfance et la solitude, c’est plutôt le lien parfois maladroit entre enfants et adultes, qu’un film d’extraterrestre pur et c’est sans doute ce qui l’a fait sortir du lot : nous nous sommes tous vus en les jeunes héros, et nous avons tous rêvé de créatures, parfois venues des étoiles…
Abyss, James Cameron, 1989
Quand un sous-marin américain coule dans l’Atlantique, une équipe de recherche et de récupération des États-Unis travaille avec l’équipage d’une plateforme pétrolière, faisant la course contre les navires soviétiques, pour retrouver le navire. Au fond de l’océan, ils rencontrent une nouvelle et mystérieuse espèce.
C’est le film parfois oublié de James Cameron (avec Piranha 3D, son premier long métrage mais passons vite à autre chose…). Dans ce film là, pas de soucoupe descendue du ciel. Tout se déroule… sous l’eau ! Les extraterrestres sont d’ailleurs longs à venir : le film se concentre surtout sur la situation de huis-clos oppressants entre les membres de l’équipage, coincés ensemble sous le poids de l’océan. Soumis à la pression physique et psychologique, les tensions apparaissent… Ce n’est que plus tard que le contact a lieu entre les deux formes de vie.
Suite à la menace nucléaire entre les blocs États-Unis et URSS, ils viennent nous demander d’arrêter de nous faire la guerre. Mi-menace, mi-avertissement pacifiste, leur message se veut aussi une proposition d’éducation afin de prévenir notre prochaine extinction. …
Contact, Robert Zemeckis, 1997
Ellie Arroway est à la tête d’un programme d’écoute spatiale que la communauté scientifique ne prend absolument pas au sérieux, et qu’elle tente de sauver en permanence avec son équipe, dans l’espoir un jour de découvrir l’existence d’une forme de vie extraterrestre intelligente. Un jour, ils captent un message venu du système solaire de l’étoile Vega.
À l’origine, c’est un roman de l’écrivain et astronome Carl Sagan (que l’on vous recommande d’ailleurs de lire ! ), avant de devenir l’adaptation cinématographique de Robert Zemeckis. Ici, les extraterrestres nous envoie les plans d’un véhicule permettant de les rejoindre afin de les rencontrer. Le contact a bien lieu, mais pas de la façon à laquelle on s’attendrait. En effet, l’auteur Carl Sagan avait déjà conseillé à Stanley Kubrick de ne pas montrer en chair et en os les aliens dans 2001, et il l’a appliqué à sa propre oeuvre et fait respecter par Zemeckis.
La rencontre se fait par le biais d’images mentales, les extraterrestres prenant la forme d’un souvenir d’Ellie, car les voir en vrai serait un choc trop brutal pour l’esprit humain. Quant au reste de l’Humanité, ce premier contact établi est un sursaut, une préparation pour la suite, car comme nos voisins célestes nous le disent, il faut y aller pas à pas.
Premier Contact, Denis Villeneuve, 2016
Douze vaisseaux extraterrestres s’immobilisent sur toute la Terre. Une experte en linguistique comparée est engagée par les gouvernements pour établir un contact avec les aliens et découvrir leurs intentions…
Le principal atout de ce film — outre la sublime réalisation de Denis Villeneuve — est sa façon d’aborder le sujet : le langage. On a toujours créé des films où humains et extraterrestres se comprennent à peu près, par les mots ou par les gestes. Jusqu’ici, il était rare que la langue soit une barrière essentielle à surpasser. Au lieu de se concentrer sur la science brute, c’est la communication qui est au coeur de cette oeuvre.
Toujours au coeur des films d’extraterrestres : le thème de l’Humanité et nos relations entre pays. Car c’est ce que reflètent les aliens : rien de plus que nous-mêmes. La barrière du langage et les tensions qui mènent à l’affrontement militaire font partie des problèmes qui ont secoué notre monde et notre espèce.
Pour ceux qui ne l’ont pas encore vu, vous nous donnerez des nouvelles de la fin, qui retourne l’esprit et le coeur…
Autrefois, ils venaient surtout nous exterminer. Mais les aliens se sont vite vus devenir porteurs de messages pacifistes à notre encontre et d’impulsions à l’avancée de l’Humanité.
Malveillants comme bienveillants, les extraterrestres dans nos histoires servent avant tout à soulever les problèmes de notre espèce : la peur de l’autre, la tentative d’avertissement quant aux dangers de la guerre, l’importance de l’évolution.
Cette liste est non exhaustive, et bien d’autres films traitent de ce vaste sujet, sans malheureusement pouvoir répondre avec certitude à l’éternelle question : sommes-nous seuls dans l’Univers