Ce n’est pas une news incroyable que de dire que l’école et principalement le lycée est l’un des décors les plus usités dans la cinématographie japonaise. Les animés et dramas, principalement, participe de la diffusion de l’image de l’écolière japonaise revêtue de son uniforme réglementaire. Le long métrage, cependant, et surtout en prise de vue réelle n’est toutefois pas aussi enthousiaste vis à vis des jupes patineuses courtes et des longues chaussettes. On en retrouve tout de même des occurrences et notamment dans le domaine de l’animation. Films et séries partagent ainsi certaines caractéristiques de traitement “à la patte japonaise”. Le goût pour les aventures spirituelles presque magiques voire totalement surnaturelles et décalées (coucou Assassination Classroom) est, par exemple, un bon ambassadeur de cette “patte japonaise”. L’exemple le plus criant en est cependant ce contraste maîtrisé entre une violence parfois psychologique parfois clairement physique et l’esthétique soignée du pays des Geishas et de Hokusai.
Le Japon face à son histoire
L’école et surtout les interactions enfants/parents, enfants/adultes ou encore enfants/ professeur permettent de questionner le monde. Le regard jeune et (plus ou moins) innocent pointe ainsi les non dits et un système dans lequel il doit faire sa place.
L’un des thèmes qui ressort le plus de ces interactions reste l’histoire du Japon et son intégration au monde moderne. Il se retrouve ainsi de nombreux scénarios qui mettent en relief le gap grandissant entre la ville et la campagne. Les studios Ghibli en tête, les croyances animistes et le respect des traditions qui ont fait la culture japonaise sont bien souvent violemment opposées à l’appétit du monde connecté du Japon de l’endroit. Un débat toujours lié à l’actualité japonaise et à l’intégration du monde global.
Le seconde thématique à noter est les conséquences voire le traumatisme de la WW2. Vécu comme une humiliation au pays des samouraïs, la guerre fut lourde de pertes. L’occupation américaine et le tourisme de masse ne faisant qu’accentuer ainsi la crise identitaire d’un Japon entre ultra-modernité et traditions séculaires.
Bushido, émotion et collectif
L’école permet ainsi de questionner le monde comme le ferait le regard d’un enfant. Le thème du chemin initiatique n’est donc pas bien loin mais d’une façon bien spécifique. Là où au USA, c’est l’expression de soi et de sa différence qui prime, le Japon apporte ainsi une toute autre vision de l’individu et de la collectivité.
Au pays du bushido, cette initiation de jeunesse prend un tournant plus mystique. Il s’agit ici de prendre conscience de sa place dans la société et de savoir composer avec ses émotions et surtout se battre pour ce que l’on souhaite. Le pouvoir de la volonté, la gestion des émotions et le respect de la vie, voilà qui nous rappelle vaguement quelque chose.
Le jeune prend ainsi peu à peu conscience de lui même, s’affirme puis trouve sa place dans une société qui porte haut les concepts de respect, discrétion et de force tranquille.
Le cinéma à l’école japonaise c’est donc un petit concentré de Japon. La culture japonaise respectueuse et très impliquée dans sa relation à la nature et aux autres se voit ainsi mise en scène au travers des aventures de jeunes gens. Celle ci, cependant, s’oppose de plus en plus, aux films plus violents, surnaturels et de science fiction (qui ont fait son succès ne se le cachons pas) et qui dénote de l’avancée de la mondialisation au pays du contraste.
Battle Royal, Kinji Fukasaku, 2001
La Chorale, Akio Nishizawa, 2006
Je peux entendre l’océan (Oceans Waves), Tomomi Mochizuki, 1993
L’école tient une place particulière dans le cinéma français. Si il figure plutôt dans le domaine du documentaire, on trouve cependant quelques fictions cultes. A l’instar du documentaire, cependant, une fiction qui prend place dans le milieu scolaire permet alors de faire ressortir une réflexion sur le social et le collectif. Les grandes questions sociales et politiques ainsi que l’actualité sont ainsi mis en exergue grâce au microcosme offert par le milieu de l’école.
L’agora
L’école c’est un lieu publique. Les enfants et ados de toutes les classes sociales sont ainsi potentiellement représentés. Ceci permet alors un brassage des points de vue et pose les bases de la vie en collectivité. Le vie en société et les questions qui en découlent sont alors expérimentée par les élèves et leurs professeurs de par le microcosme scolaire donc, d’une part, et par l’inexpérience des protagonistes, d’autre part. L’apprentissage de la chose publique ou (res publica, tmtc) par les uns à l’écran permet ainsi de questionner le politique in real life. Très franco-française, cette démarche de remise en question ne détonne pas vraiment au pays de la philosophie des Lumières et autre Résistance. Une conversation se crée alors entre l’écran et le public et permet de continuer le débat sur la place publique.
Si de grandes questions restent des sujets phares et intemporel tels que les caractéristiques de l’amour ou la classe sociale, les sujets abordés sont aussi largement reliés à l’actualité. La France ces dernières décennies, par exemple, a subit de nombreuses vagues d’émigration. Celles ci apportent ainsi leur lot de conséquences sur la scène sociale du plus positif avec le multi culturalisme au racisme le plus violent. La plus grande visibilité apportée aux communautés queer, au combat féministe … figure également un terreau fertile pour nombre de parabole cinématographique.
L’égalité des chances
L’égalité des chances est alors désormais un sujet prégnant. Les préjugés et le racisme ainsi que le fossé toujours plus grand entre les niveaux de vie sont autant de handicap scolaire et social pour les enfants et jeunes adolescents. La question des cités et des ZUP, notamment, est très souvent représentée à l’écran français. Certains profs font tout pour hisser leurs élèves, certains battent pour sortir de l’image et de l’avenir qu’on leur impose, d’autres, encore, tentent de réaliser leur rêves coûte que coûte et racontent ainsi à l’écran le débat de l’intégration.
Le sujet du harcèlement, également, et surtout depuis le développement des réseaux sociaux, est de plus en plus représenter à l’écran.
Moderne VS Anciens
L’inexpérience des enfants figure ainsi la meilleure toile pour ses paraboles filmées. Il va, tout au long du film, remettre en question ces croyances mais également ce que lui inculque ses parents. Que cette réflexion se fasse de plein gré ou non, le protagoniste s’interroge. Les institutions, ses parents, tout est matière à questionnement pour ce jeune inexpérimenté et surtout, en pleine construction de lui-même.
La lutte contre l’ordre établi est un grand sujet dans et hors écran. La jeunesse, aujourd’hui sur-connectée et aux minorités visibles, tente ainsi de se faire une place dans un monde qu’il apprend à connaître et qui, parfois, n’est que celui de son entourage.
Le décor de l’école dans le cinéma nord américain tient une place choix. Les aventures de jeunes gens en goguette est même devenu un genre à part entière : le teen movie. L’école permet alors au jeune public de s’identifier aux personnages et à l’action en cours.
On pourrait citer Easy Girl (Will Gluck, 2010), College attitude (Raja Gosnell, 1999) ou encore, l’inénarrable American Pie (Paul et Chris Weitz, 1999) et tant d’autres. Il s’agit d’autant de titres qui ont marqué l’adolescence de nombres d’adolescents américains mais aussi à travers le monde. Certains sont même devenus des classiques du teen movie mais également du cinéma US en général (cf. notre sélection au bas de cet article).
Du show et des paillettes
Le pays d’Hollywood et des Ziegfeld Girls a fait depuis longtemps sa spécialité des scènes de danses ultra chorégraphiées, des ponctuations chantées et autres comédies musicales. Le teen movie ne fait pas exception à la règle et si chaque teen movie ne comporte pas forcément de scène musicale, le show est très régulièrement au rendez vous.
L’intrigue est également souvent placé au cours de l’année de Terminale (Senior Year) ou à la suite d’un événement important dans la vie du protagoniste principal. Changement d’école, décès dans la famille, divorce des parents, choix de l’université ou encore tout simplement puberté soudaine sont autant de thèmes qui marquent le début d’une bonne intrigue teen hollywood. Le jeune se cherche. Il expérimente et surtout chante, chante et re chante ses peines, ses joies, ses sentiments…
Au pays de l’Oncle Sam, rien ne se fait dans la sobriété. La forte culture du musical hall “à l’américaine” transpire au travers des strass, des sourires ultra bright et du show must go on !
Au pays de l’American Dream
Le teen movie US est pour sa grande majorité centré sur le protagoniste principal et sa quête de lui même. Il s’agit ainsi d’une sorte de parabole bling autour de la construction et de l’acceptation de soi. Il s’agit d’une sorte de chemin initiatique donc sur les voies de l’individualité.
Le personnage principal possède une caractéristique particulière voire est parfois carrément outcast de la masse. Parfois simplement plus profond qu’il n’en a l’air (cf. Clueless), d’autre fois gay ou rebelle (cf. Breakfast Club), le teen movie pousse l’ado à s’accepter tel qu’il est et accepter les autres. Le concept d’individualité et d’affirmation de soi est ici central. La philosophie de l’American Dream en background culturel, on pousse les jeunes à expérimenter, à s’imposer et à révéler leur personnalité.
Le teen movie nord américain et plus particulièrement ceux qui prennent place à l’école sont ainsi des plaidoyers pour une culture de l’American Dream où chacun peut être qui il veut. Ils appellent donc à ne pas “Stick with the status quo” et bien de “Bop to the Top”. L’école, finalement n’est que “The start of something new”.
“Par delà les montagnes de la lune, et au fond de la vallée de l’ombre, chevauche hardiment, répondit l’ombre, – si tu cherches l’Eldorado” , Edgar Allan Poe, 1849 (traduction de Stéphane Mallarmé)
El Dorado signifie littéralement “le doré” ou encore “l’homme doré”. Si l’on retrouve plusieurs occurrences de villes mythiques (ou du moins perdues) dans la jungle des anciens empires précolombiens, la ville dorée est LA référence ultime. Son nom est même devenu une expression commune pour désigner une découverte archéologique exceptionnelle ou encore un paradis inaccessible. Une ville couverte d’or et de joyaux voilà qui est propre à éveiller les convoitises mais aussi les théories les plus dantesques.
Une ville d’or et de mystères
Il existe une foultitude de mythes quant aux origines de la légende. Des figures de style de bardes en manque d’inspiration aux interprétations de codex, tout y passe (ou presque). Certains avancent même des théories aux airs de Stargate SG1 !
Toute légende qui durent, cependant, renferme quelques touche de vérité.
L’Amérique du sud possède, en effet, des mines d’or et de minéraux encore très largement emplies de leur précieuse ressource car épargné par le modèle d’exploitation de masse à l’européenne. S’il y a bien eu des populations qui utilisaient l’or dans la vie quotidienne, le minéral était cependant réservé aux rituels, devantures de temples et autres marqueurs sociaux. Certaines tribus auraient ainsi pour tradition de jeter des offrandes dans des lacs souterrains appelés cenotes à certaines dates symboliques. Ces offrandes pouvaient ainsi contenir des victuailles, des étoffes et de l’or.
L’explication la plus répandue au cours de ces dernières années se concentrerait autour d’une cérémonie tribale qui se serait déroulée aux abords du lac Guatavita (Colombie). Un dignitaire se couvrirait ainsi d’or et plongerai dans le lac afin d’apaiser les dieux (plus d’infos par ici https://www.nationalgeographic.fr/histoire/la-legende-de-la-contree-mythique-de-leldorado ). De là viendrait, semble-il, son nom de “l’homme doré”.
Comme toute légende, la rumeur fut colportée d’années en années et de siècle en siècle jusqu’à devenir mythe. Celui ci servit ainsi d’appât pour nombre d’explorateurs en mal d’aventure, de richesse et de gloire mais aussi pour la main d’oeuvre des conquistadors venu chercher fortune.
Un certain nombre d’hypothèses ont donc été avancées quant à la naissance de la légende mais aucune n’a pour l’instant pris le pas sur les autres (mise à part les ovnis sorry). Un halo d’incertitudes qui laisse ainsi le champ libre aux arts narratifs et surtout celui qui nous intéresse ici, le cinéma.
Le cinéma et le colonialisme
Le cinéma n’est donc pas en reste quant aux occurrences de villes mythiques ensevelies sous la végétation tropicale. Lara Croft et Indiana Jones en tête, les villes de la jungle sont devenues le passage obligé de tout protagoniste qui se revendiquent aventurier.
Certains tel que Werner Herzog ont cependant pris le parti d’utiliser la légende pour traduire la fièvre de l’or des conquistadors. Une fièvre telle qu’elle s’est mise à les consumer, les menant parfois à des actes d’une violence extrême envers les indigènes mais aussi envers leurs propres camps parfois. Rendu fous par leur désir de richesse, ils volent, trichent, mentent et trahissent.
La caméra dévoile ainsi un appel de l’or qui sert ainsi d’appât voire d’excuse à un colonialisme brutal.
Courte sélection de nos épopées préférées :
. The Lost City of Z, James Gray, 2017
. El Dorado, Eric Bergeron, Don Paul, Jeffrey Katzenberg, 2000
Civilisation hyper avancées, pouvoirs magiques, trésors rutilants, invention du langage voire même véritables visites extra terrestres, la liste est très très longue lorsqu’il s’agit des suppositions qui entourent les cités englouties.
L’Atlantide en figure de proue, les villes submergées ont la cote mythiquement parlant. Si l’archéologie sous marine a permis de mettre au jour des sites de toute beauté (Heracleion, Atlit Yam ou encore Olous) sans trace pour le moment de la fameuse cité, le mythe ne fait que se renforcer à chaque découverte.
Le mystère atlante
Située au delà des colonnes d’Hercule (aka le Détroit de Gibraltar) par Platon, la cité atlante déchaîne les passions. Platon, qui le premier en fait mention, décrit une “immense puissance qui marchait insolemment sur l’Europe” et situe sa chute vers 9500 avant JC. Il développe ainsi dans ses dialogues du “Timée” et “Critias”, une cité empire qui sous le patronage de Poséidon aurait repoussé ses frontières de la Libye jusqu’à l’Egypte et de l’Europe à la Tyrrhénie. La cité aurait été engloutie, selon la traduction la plus répandue, sous la mer en très peu de temps sans laisser aucun survivant. Chacun y va depuis de sa théorie et traduction. Les légendes vont également bon train. Les richesses atlantes sont elles encore sous la mer à attendre d’être remonté ?
A mesure que les siècles passent, la ville demeure toujours introuvable et les mythes se colorent d’hypothèses toute plus inventives les unes que les autres. Comment se fait-il que la ville est toujours introuvable et comment ont-il pu réunir un si grand empire ? Ont-il fait usage de la magie ? D’une technologie extra-terrestre ?
Des oeuvres pas si mythiques
Autant d’hypothèses qui éveille les curiosités et pas seulement des Lara Croft du dimanche. Les auteurs, peintres et autres scénaristes y ont plongé à coeur joie. Des séries de romans, des personnages de comics voire même des séries télé lui sont consacré ou en font mention. Le cinéma, quant à lui, est un peu plus pauvre quant aux occurrences de ces cités sous marines légendaires. Outre le long métrage animé de Disney “Atlantis: the lost empire” sorti en 2001, on en retrouve, en effet, que peu d’exemple atlante ou non. Si celui ci a marqué les esprits d’une grande partie de la génération de cette époque et que les cours de récréation ont fleuri de répliques (plus ou moins réussies) de “collier de cristal atlante”, il n’a néanmoins pas eu l’impact d’un “Belle et la Bête” dans le coeur du public. Sans doute trop éloigné du classique conte de fées. Il a néanmoins participer, à mon sens, de ce mouvement entamé par la firme avec Mulan (Tony Bancroft & Barry Cook) en 1998 d’ouverture quant aux sujets traités, les personnages retroussant les manches de leur robes à froufrous.
L’Atlantide reste donc un mystère à creuser tant du côté archéologique qu’artistique.
. l’Atlantide, l’empire perdu, Gary Trousdale, 2001
A mesure que l’exploration du monde avance, ce n’est plus tant l’infiniment grand qui fait peur à l’homme mais l’infiniment petit.
L’exploration des grands fonds et sa technologie toujours plus poussée amène leur lot de questionnement scientifiques. Ceux ci mènent ainsi à réfléchir autour de la structure même du vivant et de sa matière.
Les récents événements l’ont montré. Les sociétés humaines peuvent avoir autant de vaisseaux qu’ils le veulent, une bactérie à tôt fait de décimer une population. Le radeau le plus solide ou même le sous marin le plus perfectionné ne peut sauver personne en cas de crise sanitaire à son bord ou sur les terres autrefois habitées.
Face à la menace et à la peur grandissante d’un conflit bactériologique (et en l’absence de grand conflit armé pendant un long moment en Occident), le film de zombie et autres épidémies permet ainsi de mettre en scène ce fantasme horrifique d’une population qui, si elle ne craint plus vraiment le grand inconnu, doute d’elle même.
Raconter une épidémie de masse, c’est invoquer nos peurs d’un danger plus proche que ce que l’on pourrait penser. C’est également parler au mal de l’homme moderne : la société. Les populations au mode de vie occidental n’ont ainsi pas connu de conflit direct, les privations et tout ce qui s’ensuit. Elles connaissent cependant un nouveau mal la cohabitation avec les autres en période d’abondance, le confort et les excès qu’il entraîne. Addiction à toutes sortes de substances, dépendance aux médias parfois corrompus, fake news, stratégies politiques ou encore tests médicaux politiques ou non sont autant de menaces qui inquiètent aujourd’hui. La société ne s’intéresse plus à ce qu’il y a dehors, elle en connaît déjà beaucoup par la télévision et les livres. L’homme moderne à peur des autres. Il a peur de celui qu’il ne connaît pas et qui pourrait lui faire du mal. Le zombie permet ainsi de parfaitement personnifier cette peur de l’autre. L’homme moderne, toutefois, a aussi très peur de lui même et de ce que l’abondance fait de lui. Il a peur de finir “zombifié” par un système qui n’est pas le sien, par une technologie et une industrie du divertissement qui finira peut être par l’abrutir (big up aux fans de la série Black Mirror, Charlie Brooker, 2011).
Mais qu’arriverait il si, d’un seul coup, un nouveau produit, une nouvelle drogue ou que sais je encore venait à nous ramener à notre dure réalité de simple maillon d’une chaîne ?
Le cinéma se sert ainsi de ces peurs et nous rappelle que nous ne sommes pas tout puissant.