Alors que le Japon révolutionne le monde de la robotique en créant un androïde réceptionniste dans un grand magasin, le monde se lance à la conquête d’un nouveau défi : celui de la création d’êtres humanoïdes.
En ce mois dédié aux androïdes, il nous était impossible de ne pas parler de la série phénomène Westworld.
La série se déroule dans un parc d’attraction futuriste où nous pouvons revivre différentes périodes de l’histoire du monde comme la conquête de l’Ouest aux Etats-Unis. Les visiteurs sont guidés par les hôtes qui ne sont autres que des androïdes. Chaque visiteur peut alors vivre son histoire à sa guise sans se préoccuper des conséquences. Les Hommes peuvent ainsi dévoiler leur vraie nature et laisser libre court à leurs pulsions les plus sauvages.
Mais tout ne va pas se passer comme prévu. En effet, suite à une mises à jour, les androïdes vont être victime de nombreux bugs qui provoquent des dysfonctionnements de comportement.
Mais au delà de ce bug certains de ces androïdes vont se montrer plus complexes qu’il n’y paraît et les humains ne seront pas toujours ce qu’ils prétendent être. Ainsi certains égos auront du mal à mourir et laisser la place à la génération suivante.
La série met alors en lumière un fantasme aussi vieux que le monde lui-même, celui de la vie éternelle. Car à travers ses androïdes à l’apparence humaine, qui réagissent comme des humains avec leurs émotions (même si elle sont programmées), c’est le désir d’éternité qui est mis en avant. Notre peur de mourir. Cette étape inévitable à laquelle nous sommes préparés depuis notre naissance mais qui ne cessera jamais de nous effrayer.
Au delà de notre peur de mourir c’est aussi et surtout la peur d’être oublié qui est mis en avant. Je ne peux en dire d’avantages sans risquer d’en dévoiler trop sur l’intrigue de la série. Mais ici le besoin de créer des « vies » humanoïdes est une réponse à la peur de disparaître, d’être oublié ou tout simplement de ne pas avoir le temps de terminer certaines tâche avant l’heure fatidique.
Extrait: Westworld, J. Nolan et L. Joy
Il résulte d’un besoin de reproduction, car après tout cela fait parti de nos instincts primaires. L’Être Humain a besoin de se reproduire. Alors certes, ici la reproduction n’est pas naturelle et elle ne constitue pas en la naissance d’un enfant. Mais il s’agit bien de reproduction. La reproduction de notre être, d’une version de nous qui nous paraît la meilleure, qui nous mettrait la plus en valeur à un âge où nous l’étions.
La question de l’androïde est plus que d’actualité, les avancés sont incroyables et peuvent parfois effrayer. L’histoire nous l’a démontré: de grandes avancés technologiques impliquent de grands changements dans nos modes de vies. La période de l’industrialisation avec le remplacement des hommes par les machines à entraîné de nombreuses suppressions d’emplois, avant, une fois l’adaptation faite, de permettre la création de nouveaux métiers et donc de nouveaux emplois.
Les changements de grandes envergures sont toujours effrayants. À voir à l’avenir si les androïdes ne nous remplaceront pas définitivement dans tous les corps de métier et dans la vie également. Affaire à suivre …
La saison 3 est disponible depuis le 15 mars sur OCS :
L’androïde est un emblème de la science fiction. Un succès qui fut fulgurant dès ses débuts et le place, depuis les années 1990’s principalement, à égale position (voire devant) l’extraterrestre en terme d’occurrence. La peur ne vient plus d’ailleurs mais bien de nos laboratoires. Le développement de la robotique, des réseaux et surtout de l’intelligence artificielle rendent réelles les questions (et surtout les tensions) qui se rapportent à ces machines qui parlent. Parfois désincarnée, comme le vicieux HAL 9000 (2001, l’Odyssée de l’espace, Stanley Kubrick, 1968), la machine peut revêtir un corps et se fondre dans la masse humaine.
L’automate
L’automate est un dispositif reproduisant un ensemble d’actions en autonomie. Au début du siècle dernier, on se passionne pour ses nouvelles machines qui semblent presque magiques. L’idée d’une telle machine à forme humaine fait rapidement son petit bout de chemin chez les inventeurs mais aussi (bien évidemment) chez les auteurs.
Les “puces à l’air” (C3PO, Star Wars V, l’Empire Contre Attaque, 1980), l’automate est rarement très effrayant. Son apparence l’affirme dans son rôle de machine mono-tâche qu’il suffit de débrancher. Il remplit donc plutôt des missions subalternes comme garde du corps ou majordome. Fidèle, il n’abandonne jamais son “grand constructeur” et l’accompagne dans ses aventures.
La première apparition d’un tel robot est attribuée à Méliès dans son court métrage, Coppelia, la poupée animée (1900). Ce film est cependant aujourd’hui disparu. On retrouve l’automate dans The Master Mystery (Harry Grossman et Burton L. King, 1920) ou, plus récemment la saga Star Wars avec le courtois C3PO et Hugo Cabret (Martin Scorsese, 2011).
Le choix de faire jouer les robots par de véritables humains en chair et en os présente plusieurs avantages. C’est une solution moins coûteuse en moyens techniques et financiers. C’est également le moyen de lui faire revêtir une “inquiétante étrangeté”. La machine colle parfaitement au physique humain dans ses moindres expressions. On s’y tromperait.
La machine se fait alors espionne et révèle le danger qu’elle représente pour l’humanité.
1. Metropolis, Fritz Lang (1927), 2. Blade Runner, Ridley Scott (1982)
L’hybride
Montrer à l’écran une créature qui mélange caractéristiques humaines et technologiques peut s’avérer plus coûteuse en terme d’effets spéciaux. Elle est toutefois largement utilisée ces dernières décennies. L’avancée des techniques de créations numériques permet, en effet, une esthétique plus uniforme et surtout une plus grande liberté. Ce type d’apparition révèle également l’angoisse grandissante face à des machines de plus en plus perfectionnées. Proche du cyborg, elle est physiquement et “psychiquement” créée par l’homme et se fond avec lui. Ceci révèle le côté duel d’une telle technologie : si proche et pourtant si différente.
1. Terminator (1984,2019) 2. AI, Steven Spielberg (2001)
Celui qui peut changer de forme
L’animation (et les CGI) est toutefois la technique qui laisse le plus de liberté quant à la création d’une telle créature. Les dessins animés et surtout les mangas présentent ainsi des machines capables de devenir invisibles, de changer de visage ou encore de transformer certaines parties de leur corps. La machine est alors plus qu’humaine. Elle est plurielle et protéiforme. Elle est partout et peut se glisser dans les moindres recoins connectés.
Ghost in the shell, Mamoru Oshii (1995)
Chacune des formes que revêt l’androïde traduit donc une approche différente. De l’automate au répliquant, il cristallise les questionnements de l’humanité face à une technologie qui tend à la dépasser quant à se rendre “maître et possesseur de la Nature”.
L’homme mécanique est l’outil ultime. Une grande logique, une force titanesque et surtout une absence d’émotions en font, en effet, le serviteur idéal. Connu d’abord sous le terme générique “automate”, l’androïde est un robot “qui ressemble à l’homme”. “Andros” signifie, en effet, “homme” en grec et le suffixe “oïde”, “forme”. “Andréïde” est alors le terme unisexe et “Gynoïde” désigne plutôt un automate féminin. De là, dérive l’appellation plus générique de “droïde”, largement utilisée dans la SF.
Ces robots à forme humaine c’est donc l’incarnation du fantasme d’un humain amélioré. Ceux ci, contrairement aux cyborgs qui eux sont un mélange d’organique et de mécanique, sont entièrement technologique. Plus que de l’eugénisme, l’androïde c’est l’idée de se faire démiurge, dieu tout puissant, capable de créer la vie et de la reprendre.
L’androïde c’est aussi cependant la peur de l’humain face à la machine. C’est la cristallisation des inquiétudes de l’homme face à ses faiblesses confronté à une machine si évoluée qu’elle peut le surpasser. L’androïde est double: arme et ennemi, esclave et créature supérieure.
Ces êtres tout de métal conçu c’est donc l’analyse froide. Un androïde c’est une base de données organisée et non biaisée qui prend des décisions logiques basées sur la connaissance et un certain empirisme. Une telle chose n’est pas faite pour vivre mais pour bien pour exister et servir. Il arrive cependant qu’on lui offre des capacités qui tendent à se rapprocher de l’émotion. Cinéma, littérature mais aussi de récentes recherches ne manquent pas de creuser et retourner le sujet. Il s’agit, bien souvent, d’émotions peu “dangereuses” telle que l’attachement à un maître et la loyauté envers celui ci. On ne peut que citer ici le superbe Artificial Intelligence de Steven Spielberg (attention âmes facilement émues, vous en aurez pour votre pixel). Ceci peut amener parfois lesdit “maîtres” à en oublier même le caractère mécanique de l’androïde. Il arrive parfois également que le perfectionnement (ou une erreur de code) amène ces machines à développer une réflexion individuelle et surtout un instinct de survie digne des meilleurs moments du genre humain. L’intelligence logique et analytique de la machine rencontre l’intelligence émotionnelle réservée à l’organique. C’est là que démarre les débats de comptoirs. Qu’est ce qui fait le concept appelé si égoïstement “humanité” (en comparaison avec le “monstrueux”) ?
Toutes ces réflexions et noeuds à la tête amènent surtout un questionnement plus large : qu’est ce qui fait la vie finalement ?
Petite selection (non exhaustive) des classiques de la question. A (re)voir absolument !
Terminator, réalisateurs multiples, 1984 – 2019
AI: Artificial Intelligence, Steven Spielberg, 2001
Image de couverture extraite de la série Alien Nation
Qu’il s’agisse de la lutte contre une invasion, de l’exploration des mondes galactiques voire de la cohabitation entre les différentes patrie de l’Univers, une intrigue autour des extra terrestre sied complètement au format de la série. Utilisés très souvent pour traduire les grands questionnements humains, les petits hommes verts envahissent aussi nos écrans.
Petite sélection des plus cultes de ces séries d’une autre galaxie…
X-Files, créée par Chris Carter (1994 2002)
1. Extrait série Xfiles, 2. Affiche série Xfiles
Deux agents du FBI, Dana Scully et Fox Mulder, sont chargés d’enquêter sur les dossiers non résolus appelés “Xfiles”. De nombreuses situations les confrontent au surnaturel ce qui ne manque pas d’agacer la sceptique Scully et fascine Mulder qui tente de prouver sa thèse d’un complot gouvernemental et extraterrestre. Le souvenir persistant de sa soeur disparue alors qu’il avait 12 ans continue cependant de le tourmenter.
Stargate SG 1, créée par Brad Wright et Jonathan Glassner (1997 2007)
Suite de l’intrigue développée dans le film Stargate : La porte des étoiles (R.Emmerich, 1994), que l’on vous conseille très fortement, la série s’intéresse à l’exploration intergalactique par une équipe militaire dirigée par le colonel O’Neill (interpété par Richard Dean Anderson) à travers la fameuse “porte des étoiles”. Série culte parmi le panthéon des séries, elle s’intègre dans un univers dérivé extrêmement varié avec des jeux vidéos, de société, des romans et surtout ses fameuses déclinaisons sériesques et web sériesque (Stargate Atlantis, Infinity, Univers et Origins).
Futurama, créée par Matt Groening et développée par David X Cohen (1999 2013)
https://www.youtube.com/watch?v=0rY0HJT_CvM
Accidentellement cryogénisé le 31 décembre 1999 alors qu’il livrait une pizza, Fry se réveille mille ans plus tard à New York. Le jeune homme retrouve l’un de ses descendants qui l’engage lui et ses nouveaux amis, Leela et Bender à l’entreprise de livraison Planet Express. Imprégnée de la patte de Matt Groening (Les Simpsons, Désenchanté), à voir absolument.
Star Trek, Gene Roddenbberry (1966 1969)
Extraits série Star Trek Saison 1
Difficile de parler de Star Trek dans un paragraphe, tant son univers est vaste. La toute première apparition de Spok et du capitaine Kirk date, en effet, de 1966 avec Star Trek: La patrouille du Cosmos et relate les aventures d’un vaisseau d’exploration spatiale au cours du 23e siècle. Il s’ensuivra de nombreuses déclinaisons télé mais aussi cinéma, un roman, des jeux vidéos. Un univers extrêmement fourni qui met en scène les grands questionnements de chaque époque tant politique (autoritarisme, géopolitique, lutte des classes..), sociales (racisme, droit de l’homme, féminisme..) et technologique.
Alien Nation, créée par Rockne S. O’Bannon (1989 1990)
Cinq ans après le crash de leur vaisseau dans le désert californien, les extra terrestres se sont mêlés aux humains. Localisés dans la région de Los Angeles, ils sont victimes de discrimination et de racisme. Un peu tombée dans l’oubli, il s’agit là d’une parabole alternative autour de la question encore (trop) actuelle de la xénophobie.
Les envahisseurs, créée par Larry Cohen (1967 1968)
1. Affiche série Les envahisseurs, 2. Extrait Les Envahisseurs
David Vincent les a vus. Une nuit sombre alors qu’il cherchait un raccourci le long d’une route de campagne, il s’assoupit et est témoin de l’atterrissage d’une soucoupe volante. Depuis cette nuit, il n’a de cesse de tenter de convaincre ses semblables. Il faut lutter contre ces envahisseurs qui, sous forme humaine, s’infiltrent sur la Terre dans le but de les coloniser. Avis aux amateurs de science fiction vintage.
Dans les 70’s et 80’s, dans le même temps que lʼarrivée des films traitant la rencontre Humanité/ Extraterrestres, on assiste à l’arrivée de films dans lesquels lʼespèce terrienne et les autres formes de vie cohabitent ensemble dans ce vaste territoire quʼest lʼUnivers.
On observe alors la montée en puissance de l’idée d’une Fédération. Illustrée dans nombre de films à succès, elle rencontre un rapide succès auprès du public et des scénaristes. Celle ci traduit la tendance contemporaine pour un idéalisme fort, un monde sans guerre et des populations unies derrière une seule nationalité sans discrimination d’espèce.
Cette vague d’optimisme est fortement liée à la forte médiatisation du programme Apollo et des suites que pourrait avoir la Conquête spatiale. La multitude de témoignage autour des UFO à cette époque témoigne également de cet intérêt grandissant pour l’exploration spatiale et, surtout, l’accueil de la différence.
On observe également le succès des comics adaptés de plus en plus souvent sur grand écran. Comics dans lesquels nombre de super héros (et leur némésis, les super méchants) viennent d’autres planètes voire galaxie, soit dit en passant.
Saga Star Wars, réalisateurs multiples, 1977 – 2019
https://www.youtube.com/watch?v=g6PDcBhODqo
Saga Star Trek, réalisateurs multiples, 1979 – 2016
Même si notre passion première avec les extraterrestres a toujours été de les combattre et de leur donner l’image d’envahisseurs exorcisants notre peur de l’autre, très vite nous avons également voulu les rencontrer de manière pacifiste.
Vu sous un autre jour, les aliens deviennent alors une civilisation toujours plus avancée que nous mais surtout bienveillante à notre égard. La rencontre avec les êtres venus de l’espace se transforment alors en opportunité de s’élever sous tous les plans.
Le jour où la Terre s’arrêta, Robert Wise, 1951
https://www.youtube.com/watch?v=y5sBiliznTk
Une soucoupe volante atterrit à Washington D.C. Klaatu, un extraterrestre et son acolyte robotique Gort sortent du vaisseau, et sont accueillis par l’armée américaine. Ils se font tirer dessus et, blessé, l’extraterrestre se retrouve à devoir fuir. Il prend forme humaine et se cache chez une famille. Sa mission ? Délivrer à la Terre un message qu’elle n’est peut-être pas prête à recevoir…
Le jour où la Terre s’arrêta est devenu un film culte, et est considéré comme l’un des premier grand chef d’oeuvre de la science fiction. L’originalité est que le personnage principal est l’extraterrestre et non un humain, et qu’au lieu de venir pour nous décimer, ils viennent nous avertir.
(Attention, spoiler !) En effet, le message de Klaatu se révèle être ce-dernier : toutes les races de l’Univers se rassemblent sous une seule et même Fédération. Ils sont venus proposer à l’Humanité d’être des leurs, mais ils sont surtout là pour intimer aux êtres humains d’être moins violents… Sinon nous risquons une destruction certaine. En période de Guerre Froide et quelques années après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, cette fiction tout public ose délivrer un message de paix certes, mais une forme d’avertissement silencieux : avec ou sans l’intervention extraterrestre, l’escalade de notre violence pourrait très bien causer notre extinction.
2001, L’Odyssée de l’Espace, Stanley Kubrick, 1968
Arthur C.Clark, auteur de science fiction, écrivit d’abord une nouvelle : La Sentinelle. Elle servit de base au projet que lui et le réalisateur américain Stanley Kubrick allait mener ensemble : l’écriture parallèle du film 2001, L’Odyssée de l’Espace et du roman du même nom.
Le début du film nous amène au début de l’Humanité, lors de l’apparition du mystérieux monolithe, grand rectangle noir, au milieu de nos ancêtres australopithèques. Des millénaires plus tard, en 2001, la même chose est déterrée sur la Lune, et émet une onde radioélectrique vers Jupiter. Une mission de deux astronautes y est envoyée, mais ces-derniers n’ont aucune idée du véritable but de leur voyage. Avec eux, l’ordinateur central, HAL, doté d’une intelligence artificielle qui posera problème…
Il n’est pas nécessaire de présenter à quel point ce film est culte et considéré comme un chef d’oeuvre grandiose du cinéma de science fiction, et du cinéma tout court. 2001 n’a pas de protagoniste principal que l’on suit du début à la fin du film, si ce n’est l’Humanité toute entière. En effet, ce film raconte notre quête en tant qu’espèce, notre évolution de l’aube de notre existence à un futur dans les étoiles.
Les extraterrestres sont une forme de vie supérieure à la nôtre. Ils déposent le monolithe à des moments et des lieux précis, pour déclencher le passage à l’étape suivante de l’évolution. Ils sèment ainsi des civilisations, les amenant à grandir, à voyager.
La rencontre ici se fait par l’intermédiaire de cet étrange outil, venu nous donner l’impulsion d’avancer. Nous ne rencontrons jamais ces semeurs de monde en chair et en os, tout contact de cette sorte serait impossible car comment appréhender une forme de vie qui n’a rien à voir la nôtre ? H.P.Lovecraft disait que les créatures de ses mondes imaginaires n’étaient pas visibles et compréhensibles par le cerveau humain, et il en est de même pour les extraterrestres.
Expérimental, 2001 a souvent fait froncer des sourcils par sa fin, ou même sa longueur. Mais il s’agit bien d’une épopée à échelle spatiale, traversant les âges et les planètes, qui nous amène à repenser à notre Histoire et à notre place dans l’Univers.
Rencontres du Troisième Type, Steven Spielberg, 1977
Dans l’Indiana, pendant une coupure d’électricité, Roy Neary aperçoit une une soucoupe volante. Dès lors, lui et les autres témoins de l’évènement sont hantés par ce souvenir et d’autres visions d’une montagne inconnue. Il cherche alors absolument à découvrir la vérité derrière ces phénomènes mais le gouvernement impose le silence. De son côté, le scientifique Claude Lacombe enquête sur des faits absurdes : des avions de la Seconde Guerre Mondiale retrouvés en état de marche, un cargo découvert au milieu du désert de Gobi…
ll s’agit peut-être d’un des films les plus personnel de Steven Spielberg. Il a, en effet, réécrit les trois quart du scénario, à l’origine rédigé par Paul Schrader. Son intention était de raconter l’histoire d’un contact extraterrestre non pas du point de vue d’un militaire ou d’un scientifique, mais d’une personne « lambda ». Le personnage du film, père de famille maladroit, est abandonné par sa femme et ses enfants à cause de son obsession pour ses visions. La figure du père absent et séparé est un archétype du cinéma de Spielberg qui donne à cette histoire d’extraterrestre un nouvel angle d’attaque.
Venus dans un but heureusement bienveillant, la rencontre avec ces êtres se fait à travers les yeux de celui qui pourrait être notre propre parent ou ami et nous plonge davantage dans l’expérience.
E.T., Steven Spielberg, 1982
Trois enfants découvrent et se prennent d’affection pour un petit extraterrestre qu’ils hébergent en secret chez eux.
Film culte de notre enfance, c’est un autre classique de Steven Spielberg que nous citons. Encore une fois, le réalisateur s’est éloigné du schéma de la rencontre entre un groupe de scientifiques et militaires, pour établir le lieu de l’action dans le jardin d’une modeste famille. Ici, pas de grand message pour l’Humanité, pas de vaisseau spatial à prendre ni d’élévation vers un stade supérieur. En revanche, un sublime film sur l’amitié et la famille, rythmé par la composition de John Williams. Lorsque le gouvernement débarque, c’est dans des blouses blanches menaçantes, pas en héros. Car ET l’Extraterrestre n’est pas venu dans une grande soucoupe pour nous anéantir ou nous tendre la main, il s’est perdu, oublié par les siens.
À l’instar de l’oeuvre précédente, c’est un film extrêmement personnel pour Spielberg qui le considère comme son projet le plus intime. Enfant solitaire fan d’ovnis, il s’était créé un ami imaginaire qui servit d’inspiration au plus célèbre des extraterrestres. ET est donc plus un film sur l’enfance et la solitude, c’est plutôt le lien parfois maladroit entre enfants et adultes, qu’un film d’extraterrestre pur et c’est sans doute ce qui l’a fait sortir du lot : nous nous sommes tous vus en les jeunes héros, et nous avons tous rêvé de créatures, parfois venues des étoiles…
Abyss, James Cameron, 1989
Quand un sous-marin américain coule dans l’Atlantique, une équipe de recherche et de récupération des États-Unis travaille avec l’équipage d’une plateforme pétrolière, faisant la course contre les navires soviétiques, pour retrouver le navire. Au fond de l’océan, ils rencontrent une nouvelle et mystérieuse espèce.
C’est le film parfois oublié de James Cameron (avec Piranha 3D, son premier long métrage mais passons vite à autre chose…). Dans ce film là, pas de soucoupe descendue du ciel. Tout se déroule… sous l’eau ! Les extraterrestres sont d’ailleurs longs à venir : le film se concentre surtout sur la situation de huis-clos oppressants entre les membres de l’équipage, coincés ensemble sous le poids de l’océan. Soumis à la pression physique et psychologique, les tensions apparaissent… Ce n’est que plus tard que le contact a lieu entre les deux formes de vie.
Suite à la menace nucléaire entre les blocs États-Unis et URSS, ils viennent nous demander d’arrêter de nous faire la guerre. Mi-menace, mi-avertissement pacifiste, leur message se veut aussi une proposition d’éducation afin de prévenir notre prochaine extinction. …
Contact, Robert Zemeckis, 1997
Ellie Arroway est à la tête d’un programme d’écoute spatiale que la communauté scientifique ne prend absolument pas au sérieux, et qu’elle tente de sauver en permanence avec son équipe, dans l’espoir un jour de découvrir l’existence d’une forme de vie extraterrestre intelligente. Un jour, ils captent un message venu du système solaire de l’étoile Vega.
À l’origine, c’est un roman de l’écrivain et astronome Carl Sagan (que l’on vous recommande d’ailleurs de lire ! ), avant de devenir l’adaptation cinématographique de Robert Zemeckis. Ici, les extraterrestres nous envoie les plans d’un véhicule permettant de les rejoindre afin de les rencontrer. Le contact a bien lieu, mais pas de la façon à laquelle on s’attendrait. En effet, l’auteur Carl Sagan avait déjà conseillé à Stanley Kubrick de ne pas montrer en chair et en os les aliens dans 2001, et il l’a appliqué à sa propre oeuvre et fait respecter par Zemeckis.
La rencontre se fait par le biais d’images mentales, les extraterrestres prenant la forme d’un souvenir d’Ellie, car les voir en vrai serait un choc trop brutal pour l’esprit humain. Quant au reste de l’Humanité, ce premier contact établi est un sursaut, une préparation pour la suite, car comme nos voisins célestes nous le disent, il faut y aller pas à pas.
Premier Contact, Denis Villeneuve, 2016
Douze vaisseaux extraterrestres s’immobilisent sur toute la Terre. Une experte en linguistique comparée est engagée par les gouvernements pour établir un contact avec les aliens et découvrir leurs intentions…
Le principal atout de ce film — outre la sublime réalisation de Denis Villeneuve — est sa façon d’aborder le sujet : le langage. On a toujours créé des films où humains et extraterrestres se comprennent à peu près, par les mots ou par les gestes. Jusqu’ici, il était rare que la langue soit une barrière essentielle à surpasser. Au lieu de se concentrer sur la science brute, c’est la communication qui est au coeur de cette oeuvre.
Toujours au coeur des films d’extraterrestres : le thème de l’Humanité et nos relations entre pays. Car c’est ce que reflètent les aliens : rien de plus que nous-mêmes. La barrière du langage et les tensions qui mènent à l’affrontement militaire font partie des problèmes qui ont secoué notre monde et notre espèce.
Pour ceux qui ne l’ont pas encore vu, vous nous donnerez des nouvelles de la fin, qui retourne l’esprit et le coeur…
Autrefois, ils venaient surtout nous exterminer. Mais les aliens se sont vite vus devenir porteurs de messages pacifistes à notre encontre et d’impulsions à l’avancée de l’Humanité.
Malveillants comme bienveillants, les extraterrestres dans nos histoires servent avant tout à soulever les problèmes de notre espèce : la peur de l’autre, la tentative d’avertissement quant aux dangers de la guerre, l’importance de l’évolution.
Cette liste est non exhaustive, et bien d’autres films traitent de ce vaste sujet, sans malheureusement pouvoir répondre avec certitude à l’éternelle question : sommes-nous seuls dans l’Univers