Mettons les choses au clair tout de suite ! Le terme musique classique n’a pas de définition …définie. Dans le langage courant, il désigne les œuvres occidentales qui datent plus ou moins d’avant le XIXe siècle. Il est souvent élargi aux oeuvres qui reprennent les structures orchestrales et techniques de ces époques comme les concertos, les opéras ou encore les symphonies. C’est vague tout ça, non ? L’adjectif “classique” désigne plutôt des canons, qui ont fait date ou plutôt entrée dans le patrimoine musical. Il est donc possible de considérer comme classique l’album blanc des Beatles au même titre que le Requiem de Mozart.
La musique classique telle qu’on le comprend donc couramment est un concept qui englobe la musique orchestrale, symphonique mais aussi la musique de chambre, par exemple. C’est de cette dernière acceptation du terme dont il est question ici. Une partie des genres musicaux qui est aujourd’hui moins connue du grand public et surtout des jeunes public. Le cinéma en tant que nouvel art (extrêmement) populaire de la représentation et par la place qu’il fait à la musique tant dans son esthétique que dans sa technique, est alors l’un des meilleurs outils de diffusion et de découverte pédagogique.
I°. Le film éducatif
Il existe de nombreuses occurrences d’apparitions de musique classique au cinéma. Certains usent d’oeuvres cultes comme 2001, l’Odyssée de l’espace avec Ainsi parlait Zarathoustra (et les rendent d’autant plus cultes ensuite). La musique symphonique est aussi grandement utilisée par des compositeurs contemporains. Ces bandes son devenues cultes remettent alors au goût du jour un genre souvent considéré comme désuet voire associée à une certaine classe sociale.
Le film d’animation Fantasia va cependant encore plus loin. La musique n’est plus ici décoration ou élément de l’intrigue mais au centre du film. Walt Disney, en effet, était un grand amateur de musique classique et souhaitait la mettre à l’honneur avec un film adapté à toutes les générations et surtout, tout public. Pour la petite histoire, il fut même créé spécialement pour le film un système audio le Fantasound. Il ne fit malheureusement pas longtemps en raison du coût qu’il imposait aux salles de diffusion pour s’équiper. Le Fantasound est cependant l’un des pionniers de nos systèmes sonores actuels.
II°. L’éducation par l’histoire
Bien évidemment, une éducation ne peut être complète sans une certaine plongée dans l’histoire du genre et de son milieu. La sensibilisation à la musique classique par la bande son est complétée par les biopics et autres incartades dans le monde des compositeurs. Si ces œuvres sont (malheureusement) encore trop peu présentes, il convient de citer Amadeus, le plus célèbre.
III°. La musique classique au service des plus belles scènes de cinéma
L’alliance du cinéma et de la musique symphonique classique nous a surtout livré de petits bijoux cinématographiques, c’est à dire qui lie le visuel et le sonore de manière magistrale. Ces scènes sont devenues de véritables canons du grand écrans et font beaucoup plus pour la sensibilisation des publics et principalement des jeunes que n’importe quel cours de musique de 4e.
On n’a pas pu s’empêcher de vous faire un petit palmarès :
Apocalypse now, Francis Ford Coppola, 1979
Le pianiste, Roman Polanski, 2002
2001, L’odyssée de l’espace, Stanley Kubrick, 1968
Le cinéma de part son système complexe de son, d’image et d’émotion est l’un des plus grand vecteur pédagogique. De part sa popularité, il permet de diffuser au plus grand nombre des histoires et des oeuvres diverses. Grâce au cinéma et son pouvoir de sensibilisation, la musique classique et son univers perdurent et se renouvelle.
Au milieu des loups-garous, vampires et autres créatures de l’enfer, le revenant semble indétrônable. Un peu comme le film pornographique, la figure du fantôme, et plus largement le film d’horreur, fut très rapidement exploité par les cinéastes. Un succès qui n’est toujours pas démenti. Un fantôme fait toujours son petit effet (encore faut-il bien l’amener). Pourquoi un tel succès ? Un élément de réponse consisterait en l’universalité du concept de revenant. Le fantôme parle en effet à tout le monde mais pas forcément de la même manière.
Une réminiscence du passé
Commençons par le commencement, finalement c’est quoi un fantôme ? Du côté purement académique, le Larousse le définit comme une “apparition d’un défunt sous l’aspect d’un être réel”. Plus largement, le fantôme peut définir tout ce qui tient à quelque chose de disparu, d’irréel ou presque. Les expressions “voir un fantôme du passé” , “ressentir des douleurs fantômes”, par exemple, participent de cette idée.
Le fantôme peut donc être rapproché du concept de l’illusion mais surtout du souvenir. Le plus commun des fantômes reste le revenant coincé entre le monde matériel et l’au-delà. Il est donc bien souvent la manifestation d’une personne défunte que l’on peine à oublier.
Il peut être également évoquer le souvenir d’un événement passé comme la Dame Blanche voire d’une époque passé comme le gentil Casper qui symbolise l’âme de la maison ou encore les sorcières en colère du temps de la persécution de la ville de Salem dans la Massachusetts.
Une création de l’esprit
Le fantôme se rapproche donc plutôt d’un souvenir. D’un souvenir qui reviendrait et qui hanterait le ou les protagonistes. Le revenant est donc finalement quelque chose de personnel dans son approche et son interprétation.
Il représente ainsi bien souvent le poids de la culpabilité. Il ne se montre pas ou peu et ne cesse de revenir comme un souvenir que l’on souhaiterait oublier et enterrer pour de bon. Cette approche du fantôme diffère ainsi de la première approche en ce qu’il est perçu comme nuisible chez les vivants.
Le poids du culturel
Le fantôme et son interprétation sont donc plutôt personnelles. Elles sont aussi extrêmement culturelles. L’Occident et son passé judéo-chrétien, par exemple, personnifie le fantôme. Il est bien souvent une personne, une brebis égarée des champs d’or et de lumière du Paradis. Il appartient donc au monde spirituel et, par là, son apparition est indiquée par un halo de lumière voire des contours flous ou carrément le package du corps évanescent gris et flottant.
Le cinéma asiatique et notamment japonais, de passif shinto, bouddhiste et animiste, dépeint le fantôme comme un esprit. Le revenant a ainsi perdu son humanité au moment de sa mort et se serait fondu dans le monde spirituel. Il est ainsi le plus souvent représenté les cheveux longs et noirs et la peau plus pâle que Chamonix au mois de février.
Le fantôme n’est pas un concept unique. Il est à rapprocher du concept de souvenir mais il nous parle également d’individualité, de culture et d’histoire. Le fantôme est bien plus bavard qu’il n’en a l’air.
L’un des visages les plus fameux du peuple viking est celui de la spiritualité. Les dieux Odin, Thor, Loki et tous les autres régissent ainsi la vie et la destinée des différentes peuplades de l’Europe du nord réunies sous le terme commun de Viking. Si ces croyances furent quelques peu (mais seulement un peu) dénoncées comme participant de l’œuvre du démon par la chrétienté, elles surfent aujourd’hui dans le haut de la hype. La montée en puissance d’une vision romantique du paganisme depuis le XIXe siècle principalement permet, en effet, à la “religion” viking d’acquérir une toute nouvelle audience de curieux. Tout comme la sorcière, le viking devient alors le gardien des anciens cultes, victime de la soif de pouvoir des chrétiens. Le côté plutôt badass de ces héros et un intérêt du public pour l’occulte qui ne fait qu’augmenter en font une mine d’or pour tout cinéastes, scénaristes en mal de péripéties.
Couverture: Le seigneur des anneaux: Le retour du roi, Peter Jackson (2003)
Une cosmogonie riche
A l’époque des raids les populations du nord, ainsi que la plupart de ses contemporains, est plutôt porté sur le polythéisme. La chrétienté, monothéiste, n’en est qu’aux débuts de sa conquête du monde occidental et l’islam n’est pas encore la puissante religion qu’elle sera quelques siècles plus tard. Seul le judaïsme est présent mais, déjà, la diaspora et les persécutions ne lui permettent pas de s’imposer.
C’est le règne des cultes polythéistes et spirituels. Chez les vikings, celui-ci s’exprime via un complexe réseau de dieux et de créatures d’une très grande richesse. Tout ce petit monde repose sur les branches d’Yggdrasil ou l’Arbre monde. Celui comprend ainsi les neuf royaumes à savoir : Asgard (royaume des Ases), Vanaheim (celui des Vanes), Alfheim (royaume des elfes clairs), Midgard (royaume du milieu, celui des hommes), Jotunheim (domaine des géants), Svartalfheim (royaume des elfes sombres), Niflheim (domaine des Brumes et des Nibelungen), Muspellheim (royaume du feu) et Helheim (domaine des morts). Pour les plus curieux, l’Edda poétique est un must quant à l’étude des bases de cette mythologie scandinave. Il s’agit d’un recueil de poèmes en vieux norrois rassemblés en islandais au XIIIe siècle, le Codex Regius et fut attribué Saemundr Sigfusson.
Les comics Marvel, s’ils conservent la séparation de l’univers en plusieurs mondes, symbolisent le passage de l’un à l’autre de ces dimensions par un pont « arc en ciel » résultat d’une énergie dimensionnelle : le Bifrost.
Un réseau complexe de dieux et de légendes qui inspirera moults quêtes que ce soit pour relater les aventures des dieux eux-mêmes ou d’humains au destin éclairé. La fantasy, surtout, est friande de ces mythes et s’en inspire parfois largement comme un certain J.R.R Tolkien et son Seigneur des Anneaux dont l’intrigue ressemble à s’y méprendre à la légende de l’Anneau maudit d’Albéric. Il est à noter d’ailleurs que J.R.R Tolkien fut professeur de vieil anglais et étudia les langues germaniques ainsi que les légendes s’y rapportant. Il bouleversera l’étude du fameux poème Beowulf. La Terre du Milieu regorge ainsi d’un très grand nombre de références à cette mythologie germanique mais aussi scandinave.
1. Le seigneur des anneaux: le retour du roi, P.Jackson (2003)/ 2. Alberich’s pursuit of the Nibelungen Ring, Hans Makart
Les signes, la nature et les hommes
Cette mythologie s’accompagne d’un ensemble de croyances autour de la nature. Celle-ci est, en effet, est remplie de messages divins que seuls quelques initiés peuvent comprendre. La figure du chaman, largement répandue pré-colonisation chrétienne prend ici principalement la forme du devin. Celui-ci interprète les signes envoyés par les dieux et les esprits afin d’agir au mieux selon leurs désirs.
Les runes, principalement et parmi d’autres outils, lui permettent de soumettre directement ses questions aux esprits. Une théorie contestée par certains historiens spécialisés, notamment du fait du peu de preuves archéologiques. Elle fut néanmoins largement reprise par les arts et surtout le cinéma qui en a fait un alphabet magique à l’instar des hiéroglyphes qui apparaissent sur le corps d’Amaneth dans le remake de La Momie en 2017.
Il existe un certain nombre d’alphabets runiques parmi les langues germaniques (frisons, anglo-saxons, scandinaves..) et celtiques. Les plus célèbres restent néanmoins celles dites du Futhark nordique ancien (24 runes) et récent (16 runes) .
La mythologie viking fascine aujourd’hui plus que jamais. La vision romantique du paganisme en a fait une vraie star de l’écran et constitue encore aujourd’hui une source d’inspiration d’une imposante richesse.
A mesure que l’exploration du monde avance, ce n’est plus tant l’infiniment grand qui fait peur à l’homme mais l’infiniment petit.
L’exploration des grands fonds et sa technologie toujours plus poussée amène leur lot de questionnement scientifiques. Ceux ci mènent ainsi à réfléchir autour de la structure même du vivant et de sa matière.
Les récents événements l’ont montré. Les sociétés humaines peuvent avoir autant de vaisseaux qu’ils le veulent, une bactérie à tôt fait de décimer une population. Le radeau le plus solide ou même le sous marin le plus perfectionné ne peut sauver personne en cas de crise sanitaire à son bord ou sur les terres autrefois habitées.
Face à la menace et à la peur grandissante d’un conflit bactériologique (et en l’absence de grand conflit armé pendant un long moment en Occident), le film de zombie et autres épidémies permet ainsi de mettre en scène ce fantasme horrifique d’une population qui, si elle ne craint plus vraiment le grand inconnu, doute d’elle même.
Raconter une épidémie de masse, c’est invoquer nos peurs d’un danger plus proche que ce que l’on pourrait penser. C’est également parler au mal de l’homme moderne : la société. Les populations au mode de vie occidental n’ont ainsi pas connu de conflit direct, les privations et tout ce qui s’ensuit. Elles connaissent cependant un nouveau mal la cohabitation avec les autres en période d’abondance, le confort et les excès qu’il entraîne. Addiction à toutes sortes de substances, dépendance aux médias parfois corrompus, fake news, stratégies politiques ou encore tests médicaux politiques ou non sont autant de menaces qui inquiètent aujourd’hui. La société ne s’intéresse plus à ce qu’il y a dehors, elle en connaît déjà beaucoup par la télévision et les livres. L’homme moderne à peur des autres. Il a peur de celui qu’il ne connaît pas et qui pourrait lui faire du mal. Le zombie permet ainsi de parfaitement personnifier cette peur de l’autre. L’homme moderne, toutefois, a aussi très peur de lui même et de ce que l’abondance fait de lui. Il a peur de finir “zombifié” par un système qui n’est pas le sien, par une technologie et une industrie du divertissement qui finira peut être par l’abrutir (big up aux fans de la série Black Mirror, Charlie Brooker, 2011).
Mais qu’arriverait il si, d’un seul coup, un nouveau produit, une nouvelle drogue ou que sais je encore venait à nous ramener à notre dure réalité de simple maillon d’une chaîne ?
Le cinéma se sert ainsi de ces peurs et nous rappelle que nous ne sommes pas tout puissant.
“Aucun homme n’est une île, complet en soi-même; chaque humain est une partie du continent, une partie du tout”, John Donne in Devotions (1624)
Cette leçon essentielle, Robinson, Chuck Noland (Seul au monde, Robert Zemeckis, 2001) ou encore Pi Patel (L’Odyssée de Pi, Ang Lee, 2012) l’apprennent brutalement.
Le film de survie (ou, en anglais, le “Survival”) est aujourd’hui un genre cinématographique à part entière et sous catégorie du film d’aventure. Le pitch met ainsi en place un personnage ou un groupe de personnages qui se retrouvent brutalement bloqués en milieu hostile. Isolés de la civilisation, le ou les protagoniste(s) ne peuvent alors compter que sur leur ingéniosité pour survivre.
La solitude mais aussi la vie en pleine nature amène alors son lot de questions et réflexions philosophiques. Le personnage autant que le spectateur est ainsi amené à réfléchir au sens du monde qu’il s’est construit (ou que l’on a construit pour lui) et à remettre en perspective sa place en tant qu’être humain et maillon d’un écosystème fragile.
La définition même de ce milieu hostile évolue au cours des explorations et de l’expansion des sociétés. Initialement, on retrouve l’île perdue en plein océan. Petit à petit, cependant, l’homme s’aventure aux confins de son univers. La nature coupée du monde et, surtout, de la technologie reste cependant un classique inépuisable de (re)mise en perspective de nos vies.
Les Robinsons, plus qu’une aventure quelconque, appellent ainsi à une prise de recul sur ce qui fait sens dans nos vies humaines. Contact humain, nourriture, eau, temps… sont ainsi des luxes qu’une telle aventure nous fait apprécier.
Nos survivals préférés :
Robinson Crusoe, Rod Hardy et George Miller (II), 1997